[4,5,10] αὗται ἠρώτων αὐτοὺς τίνες εἶεν. ὁ δ᾽ ἑρμηνεὺς εἶπε περσιστὶ
ὅτι παρὰ βασιλέως πορεύονται πρὸς τὸν σατράπην. αἱ δὲ ἀπεκρίναντο ὅτι οὐκ
ἐνταῦθα εἴη, ἀλλ᾽ ἀπέχει ὅσον παρασάγγην. οἱ δ᾽, ἐπεὶ ὀψὲ ἦν, πρὸς τὸν
κώμαρχον συνεισέρχονται εἰς τὸ ἔρυμα σὺν ταῖς ὑδροφόροις. (4.5.11) Χειρίσοφος
μὲν οὖν καὶ ὅσοι ἐδυνήθησαν τοῦ στρατεύματος ἐνταῦθα ἐστρατοπεδεύσαντο,
τῶν δ᾽ ἄλλων στρατιωτῶν οἱ μὴ δυνάμενοι διατελέσαι τὴν ὁδὸν ἐνυκτέρευσαν
ἄσιτοι καὶ ἄνευ πυρός· καὶ ἐνταῦθά τινες ἀπώλοντο τῶν στρατιωτῶν. (4.5.12)
ἐφείποντο δὲ τῶν πολεμίων συνειλεγμένοι τινὲς καὶ τὰ μὴ δυνάμενα τῶν
ὑποζυγίων ἥρπαζον καὶ ἀλλήλοις ἐμάχοντο περὶ αὐτῶν. ἐλείποντο δὲ τῶν
στρατιωτῶν οἵ τε διεφθαρμένοι ὑπὸ τῆς χιόνος τοὺς ὀφθαλμοὺς οἵ τε ὑπὸ τοῦ
ψύχους τοὺς δακτύλους τῶν ποδῶν ἀποσεσηπότες. (4.5.13) ἦν δὲ τοῖς μὲν
ὀφθαλμοῖς ἐπικούρημα τῆς χιόνος εἴ τις μέλαν τι ἔχων πρὸ τῶν ὀφθαλμῶν
ἐπορεύετο, τῶν δὲ ποδῶν εἴ τις κινοῖτο καὶ μηδέποτε ἡσυχίαν ἔχοι καὶ εἰς τὴν
νύκτα ὑπολύοιτο· (4.5.14) ὅσοι δὲ ὑποδεδεμένοι ἐκοιμῶντο, εἰσεδύοντο εἰς τοὺς
πόδας οἱ ἱμάντες καὶ τὰ ὑποδήματα περιεπήγνυντο· καὶ γὰρ ἦσαν, ἐπειδὴ
ἐπέλιπε τὰ ἀρχαῖα ὑποδήματα, καρβάτιναι πεποιημέναι ἐκ τῶν νεοδάρτων βοῶν.
(4.5.15) διὰ τὰς τοιαύτας οὖν ἀνάγκας ὑπελείποντό τινες τῶν στρατιωτῶν· καὶ
ἰδόντες μέλαν τι χωρίον διὰ τὸ ἐκλελοιπέναι αὐτόθι τὴν χιόνα εἴκαζον τετηκέναι·
καὶ ἐτετήκει διὰ κρήνην τινὰ ἣ πλησίον ἦν ἀτμίζουσα ἐν νάπῃ. ἐνταῦθ᾽
ἐκτραπόμενοι ἐκάθηντο καὶ οὐκ ἔφασαν πορεύεσθαι. (4.5.16) ὁ δὲ Ξενοφῶν ἔχων
ὀπισθοφύλακας ὡς ᾔσθετο, ἐδεῖτο αὐτῶν πάσῃ τέχνῃ καὶ μηχανῇ μὴ
ἀπολείπεσθαι, λέγων ὅτι ἕπονται πολλοὶ πολέμιοι συνειλεγμένοι, καὶ τελευτῶν
ἐχαλέπαινεν. οἱ δὲ σφάττειν ἐκέλευον· οὐ γὰρ ἂν δύνασθαι πορευθῆναι. (4.5.17)
ἐνταῦθα ἔδοξε κράτιστον εἶναι τοὺς ἑπομένους πολεμίους φοβῆσαι, εἴ τις
δύναιτο, μὴ ἐπίοιεν τοῖς κάμνουσι. καὶ ἦν μὲν σκότος ἤδη, οἱ δὲ προσῇσαν πολλῷ
θορύβῳ ἀμφὶ ὧν εἶχον διαφερόμενοι. (4.5.18) ἔνθα δὴ οἱ ὀπισθοφύλακες, ἅτε
ὑγιαίνοντες, ἐξαναστάντες ἔδραμον εἰς τοὺς πολεμίους· οἱ δὲ κάμνοντες
ἀνακραγόντες ὅσον ἐδύναντο μέγιστον τὰς ἀσπίδας πρὸς τὰ δόρατα ἔκρουσαν.
οἱ δὲ πολέμιοι δείσαντες ἧκαν ἑαυτοὺς κατὰ τῆς χιόνος εἰς τὴν νάπην, καὶ οὐδεὶς
ἔτι οὐδαμοῦ ἐφθέγξατο. (4.5.19) καὶ Ξενοφῶν μὲν καὶ οἱ σὺν αὐτῷ εἰπόντες τοῖς
ἀσθενοῦσιν ὅτι τῇ ὑστεραίᾳ ἥξουσί τινες ἐπ᾽ αὐτούς, πορευόμενοι πρὶν τέτταρα
στάδια διελθεῖν ἐντυγχάνουσιν ἐν τῇ ὁδῷ ἀναπαυομένοις ἐπὶ τῆς χιόνος τοῖς
στρατιώταις ἐγκεκαλυμμένοις, καὶ οὐδὲ φυλακὴ οὐδεμία καθειστήκει· καὶ
ἀνίστασαν αὐτούς. οἱ δ᾽ ἔλεγον ὅτι οἱ ἔμπροσθεν οὐχ ὑποχωροῖεν.
| [4,5,10] Elles demandèrent aux Grecs qui ils étaient ; l'interprète leur répondit en langue
perse que c'étaient des troupes qu'Artaxerxès envoyait au satrape. Elles répliquèrent
qu'on ne trouverait pas le satrape dans ce village, mais qu'il n'était qu'à un parasange de
là. Comme il était tard, les Grecs entrèrent dans les murs à la suite de ces femmes, et
allèrent chez celui qui avait la principale autorité du lieu. Chirisophe fit
loger tout ce qui avait pu suivre de l'armée ; le reste des soldats, auxquels il
avait été impossible d'arriver, passa la nuit sans feu et sans nourriture ; et
il y en eut qui périrent. Quelques ennemis s'étaient réunis et poursuivaient les
Grecs : ces Barbares prenaient les équipages qui restaient forcément arriérés,
puis se battaient les uns contre les autres pour le partage du butin. On laissa
en arrière aussi des soldats que la neige avait aveuglés ou à qui le froid
excessif avait fait geler des doigts des pieds. Le moyen de préserver ses yeux
de l'éclat de la neige était de mettre devant quelque chose de noir quand on
marchait, et l'on empêchait ses pieds de geler en les remuant, ne prenant pas de
repos et se déchaussant avant de se coucher. Lorsqu'on s'endormait chaussé, les
courroies entraient dans le pied, et la chaussure se durcissait et s'y attachait
en gelant ; car les vieux souliers des Grecs s'étaient usés, et ils s'étaient
fait faire des espèces de sandales avec du cuir de bœufs récemment écorchés.
Toutes ces raisons furent cause qu'il y eut quelques traîneurs. Ils aperçurent
un lieu qui paraissait noir, parce qu'il n'y avait plus de neige, et ils
jugèrent qu'elle s'y était fondue : ils ne se trompaient pas. C'était l'effet
d'une source voisine au-dessus de laquelle une sorte de brouillard s'élevait
dans le vallon ; ils se détournèrent du chemin pour gagner cette place, s'y
assirent et déclarèrent qu'ils ne marcheraient plus. Xénophon, dès qu'il en fut
instruit à l'arrière-garde qu'il commandait, y alla, les supplia, les conjura de
toutes manières de ne pas rester en arrière, leur disant qu'un gros corps
d'ennemis suivait les Grecs. Il finit par se fâcher aussi inutilement ; les
traîneurs lui répondirent qu'il n'avait qu'à les égorger s'il voulait, mais
qu'ils ne pouvaient faire un pas. On jugea que le meilleur parti à prendre était
d'inspirer, s'il était possible, une telle terreur aux ennemis, qu'ils ne
revinssent pas attaquer ces infortunés. Il faisait une nuit très noire ; les
Barbares s'avançaient avec un grand bruit et se disputaient entre eux ce qu'ils
avaient pillé. L'arrière-garde qui était en bon état s'étant relevée, courut sur
eux. Les traîneurs jetèrent les plus grands cris qu'ils purent, et frappèrent de
leurs piques sur leurs boucliers. Les ennemis effrayés fuirent à travers la
neige au fond du vallon, et on ne les entendit plus.
Xénophon et les troupes qu'il commandait promirent aux traîneurs qu'il leur
viendrait le lendemain du secours, puis continuèrent leur marche. Ils n'avaient
pas fait quatre stades qu'ils trouvent la colonne se reposant sur la neige et
les soldats couverts de leurs manteaux : on n'avait point placé de gardes.
Xénophon fit relever les troupes ; elles dirent que ce qui était en avant faisait halte.
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