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[6,11] καίτοι τοὺς μὲν κατεργασάμενοι κἂν κατάσχοιμεν·
τῶν δ' εἰ καὶ κρατήσαιμεν,
διὰ πολλοῦ γε καὶ πολλῶν ὄντων χαλεπῶς ἂν ἄρχειν δυναίμεθα.
ἀνόητον δ' ἐπὶ τοιούτους ἰέναι ὧν κρατήσας τε μὴ κατασχήσει τις καὶ μὴ
κατορθώσας μὴ ἐν τῷ ὁμοίῳ καὶ πρὶν ἐπιχειρῆσαι
(6.11.2) ἔσται. Σικελιῶται δ' ἄν μοι δοκοῦσιν, ὥς γε νῦν
ἔχουσι, καὶ ἔτι ἂν ἧσσον δεινοὶ ἡμῖν γενέσθαι, εἰ ἄρξειαν
αὐτῶν Συρακόσιοι· ὅπερ οἱ Ἐγεσταῖοι μάλιστα ἡμᾶς ἐκφοβοῦσιν.
(6.11.3) νῦν μὲν γὰρ κἂν ἔλθοιεν ἴσως Λακεδαιμονίων
ἕκαστοι χάριτι, ἐκείνως δ' οὐκ εἰκὸς ἀρχὴν ἐπὶ ἀρχὴν στρατεῦσαι·
ᾧ γὰρ ἂν τρόπῳ τὴν ἡμετέραν μετὰ Πελοποννησίων
ἀφέλωνται, εἰκὸς ὑπὸ τῶν αὐτῶν καὶ τὴν σφετέραν διὰ τοῦ
(6.11.4) αὐτοῦ καθαιρεθῆναι. ἡμᾶς δ' ἂν οἱ ἐκεῖ Ἕλληνες μάλιστα
μὲν ἐκπεπληγμένοι εἶεν εἰ μὴ ἀφικοίμεθα, ἔπειτα δὲ καὶ εἰ
δείξαντες τὴν δύναμιν δι' ὀλίγου ἀπέλθοιμεν· τὰ γὰρ διὰ
πλείστου πάντες ἴσμεν θαυμαζόμενα καὶ τὰ πεῖραν ἥκιστα
τῆς δόξης δόντα. εἰ δὲ σφαλείημέν τι, τάχιστ' ἂν ὑπεριδόντες
(6.11.5) μετὰ τῶν ἐνθάδε ἐπιθοῖντο. ὅπερ νῦν ὑμεῖς ὦ
Ἀθηναῖοι ἐς Λακεδαιμονίους καὶ τοὺς ξυμμάχους πεπόνθατε·
διὰ τὸ παρὰ γνώμην αὐτῶν πρὸς ἃ ἐφοβεῖσθε τὸ πρῶτον
περιγεγενῆσθαι, καταφρονήσαντες ἤδη καὶ Σικελίας ἐφίεσθε.
(6.11.6) χρὴ δὲ μὴ πρὸς τὰς τύχας τῶν ἐναντίων ἐπαίρεσθαι, ἀλλὰ
τὰς διανοίας κρατήσαντας θαρσεῖν, μηδὲ Λακεδαιμονίους
ἄλλο τι ἡγήσασθαι ἢ διὰ τὸ αἰσχρὸν σκοπεῖν ὅτῳ τρόπῳ
ἔτι καὶ νῦν, ἢν δύνωνται, σφήλαντες ἡμᾶς τὸ σφέτερον
ἀπρεπὲς εὖ θήσονται, ὅσῳ καὶ περὶ πλείστου καὶ διὰ πλείστου
(6.11.7) δόξαν ἀρετῆς μελετῶσιν. ὥστε οὐ περὶ τῶν ἐν Σικελίᾳ
Ἐγεσταίων ἡμῖν, ἀνδρῶν βαρβάρων, ὁ ἀγών, εἰ σωφρονοῦμεν, ἀλλ' ὅπως
πόλιν δι' ὀλιγαρχίας ἐπιβουλεύουσαν ὀξέως φυλαξόμεθα.
| [6,11] XI. – « Pourtant une fois ces peuples soumis nous pourrons leur imposer notre
domination. Mais, même en cas de victoire sur les Siciliens, comme ils sont
éloignés et nombreux nous ne pourrons maintenir sur eux notre empire qu'au prix
de grandes difficultés. Il est donc insensé d'attaquer des gens qu' il sera
impossible de maîtriser en cas de succès et contre qui, en cas d'insuccès, nous
nous trouverions dans une situation diminuée. A mon avis, les Siciliens peu
redoutables pour nous dans leur état actuel, le seraient moins encore, s'ils
tombaient sous la domination de Syracuse ; et c'est là l'éventualité dont les
Égestains cherchent à nous effrayer. Actuellement il est bien possible que, pour
complaire aux Lacédémoniens, diverses cités marchent contre nous ; mais dans
l'autre supposition, il est peu vraisemblable qu'un empire s'attaque à un autre
empire. Supposez qu'unis aux Péloponnésiens, ils nous dépouillent de notre
domination ; vraisemblablement, ils ne tarderaient pas à être dépouillés de la
même façon par les Péloponnésiens de la domination dont ils se seraient emparés
! Le meilleur moyen d'inspirer de l'effroi aux Grecs de là-bas, ce serait de n'y
pas aller ; ou alors, après avoir fait une démonstration de notre force, de
nous retirer sans tarder ! Car nous savons tous que ce qu'on admire, c'est ce
qui est éloigné et ce qui se soustrait à l'épreuve de l'expérience.
Subirions-nous en revanche quelque échec, immédiatement ils nous mépriseraient
et s'uniraient aux Grecs du continent pour foncer sur nous. C'est ce qui vous
est arrivé, Athéniens, à l'égard des Lacédémoniens et de leurs alliés ; contre
votre attente et en dépt de la crainte qu'ils vous inspiraient au début, vous
les avez vaincus et voilà que vous en êtes venus déjà à les dédaigner et à
convoiter la Sicile. Pourtant il ne faut pas s'enorgueillir des malheurs de ses
adversaires ; la première condition pour prendre confiance est d'avoir abattu
leur orgueil. Dites-vous bien que les Lacédémoniens n'ont qu'un but, imposé par
leur humiliation même ils cherchent dès à présent tous les moyens possibles
d'ébranler notre domination et d'effacer leur déshonneur, d'autant mieux qu'ils
apportent le plus grand soin - et depuis longtemps - à acquérir une réputation
de bravoure. Aussi n 'avons-nous pas à nous préoccuper, si nous sommes sages,
des Égestains, ces Barbares de Sicile ! Nous devons chercher les moyens de nous
défendre promptement avec une attention toujours en éveil, contre une cité que
ses aspirations oligarchiques excitent à nous mettre en danger.
| [6,12] ’Καὶ μεμνῆσθαι χρὴ ἡμᾶς ὅτι νεωστὶ ἀπὸ νόσου μεγάλης
καὶ πολέμου βραχύ τι λελωφήκαμεν, ὥστε καὶ χρήμασι καὶ
τοῖς σώμασιν ηὐξῆσθαι· καὶ ταῦτα ὑπὲρ ἡμῶν δίκαιον ἐνθάδε
εἶναι ἀναλοῦν, καὶ μὴ ὑπὲρ ἀνδρῶν φυγάδων τῶνδε ἐπικουρίας δεομένων,
οἷς τό τε ψεύσασθαι καλῶς χρήσιμον καὶ
τῷ τοῦ πέλας κινδύνῳ, αὐτοὺς λόγους μόνον παρασχομένους,
ἢ κατορθώσαντας χάριν μὴ ἀξίαν εἰδέναι ἢ πταίσαντάς που
(6.12.2) τοὺς φίλους ξυναπολέσαι. εἴ τέ τις ἄρχειν ἄσμενος αἱρεθεὶς
παραινεῖ ὑμῖν ἐκπλεῖν, τὸ ἑαυτοῦ μόνον σκοπῶν, ἄλλως
τε καὶ νεώτερος ὢν ἔτι ἐς τὸ ἄρχειν, ὅπως θαυμασθῇ μὲν
ἀπὸ τῆς ἱπποτροφίας, διὰ δὲ πολυτέλειαν καὶ ὠφεληθῇ τι ἐκ
τῆς ἀρχῆς, μηδὲ τούτῳ ἐμπαράσχητε τῷ τῆς πόλεως κινδύνῳ
ἰδίᾳ ἐλλαμπρύνεσθαι, νομίσατε δὲ τοὺς τοιούτους τὰ μὲν
δημόσια ἀδικεῖν, τὰ δὲ ἴδια ἀναλοῦν, καὶ τὸ πρᾶγμα μέγα εἶναι
καὶ μὴ οἷον νεωτέρῳ βουλεύσασθαί τε καὶ ὀξέως μεταχειρίσαι.
| [6,12] XII. – « Il ne faut pas oublier non plus que nous sortons à grand'peine d'une
maladie et d'une guerre cruelles, qu'à peine nous avons refait nos finances et
réparé nos pertes en vies humaines. Ces biens, il est juste que nous ne les
dépensions que pour notre propre intérêt et non au profit de ces exilés, qui
mendient notre assistance et qui ont tout avantage à faire de beaux mensonges.
Laissant aux autres les dangers, ne fournissant que des paroles, en cas de
succès leur reconnaissance ne sera pas en proportion avec le service rendu ; en
cas d'échec ils entraîneront leurs amis dans leur ruine. Si un citoyen, tout
fier d'avoir été désigné pour le commandement, vous engage à cette
expédition, c'est qu'il n'a en vue que son intérêt ; trop jeune encore pour
exercer le commandement, il ne cherche qu'à se faire valoir en élevant des
chevaux et dans le commandement il ne vise que son propre avantage. Ne lui
donnez pas l'occasion de briller aux dépens de l'État ; dites-vous bien que les
gens de sa trempe nuisent à l'intérêt public en gaspillant leurs propres biens,
qu'une affaire de cette sorte est importante, qu'elle ne doit pas être débattue
par des jouvenceaux ni entreprise à la légère.
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