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[3,93] οἱ δὲ Ἀθηναῖοι τῆς πόλεως ταύτης ξυνοικιζομένης τὸ πρῶτον ἔδεισάν τε καὶ
ἐνόμισαν ἐπὶ τῇ Εὐβοίᾳ μάλιστα καθίστασθαι, ὅτι βραχύς ἐστιν ὁ διάπλους
πρὸς τὸ Κήναιον τῆς Εὐβοίας. ἔπειτα μέντοι παρὰ δόξαν αὐτοῖς ἀπέβη· οὐ
γὰρ ἐγένετο ἀπ᾿ αὐτῆς δεινὸν οὐδέν. αἴτιον δὲ ἦν οἵ τε Θεσσαλοὶ ἐν δυνάμει
ὄντες τῶν ταύτῃ χωρίων, καὶ ὧν ἐπὶ τῇ γῇ ἐκτίζετο, φοβούμενοι μὴ σφίσι
μεγάλῃ ἰσχύι παροικῶσιν, ἔφθειρον καὶ διὰ παντὸς ἐπολέμουν ἀνθρώποις
νεοκαταστάτοις, ἕως ἐξετρύχωσαν γενομένους τὸ πρῶτον καὶ πάνυ πολλούς
(πᾶς γάρ τις Λακεδαιμονίων οἰκιζόντων θαρσαλέως ᾔει, βέβαιον νομίζων τὴν
πόλιν)· οὐ μέντοι ἥκιστα οἱ ἄρχοντες αὐτῶν τῶν Λακεδαιμονίων οἱ
ἀφικνούμενοι τὰ πράγματά τε ἔφθειρον καὶ ἐς ὀλιγανθρωπίαν κατέστησαν,
ἐκφοβήσαντες τοὺς πολλοὺς χαλεπῶς τε καὶ ἔστιν ἃ οὐ καλῶς ἐξηγούμενοι,
ὥστε ῥᾷον ἤδη αὐτῶν οἱ πρόσοικοι ἐπεκράτουν.
| [3,93] XCIII. - Les Athéniens, à la vue de cette ville qui se
peuplait, éprouvèrent des inquiétudes. Ils
pensaient bien que l'Eubée se trouvait
particulièrement menacée, car il n'y a qu'un étroit
bras de mer pour la séparer du cap Kénaeon.
Néanmoins rien ne vint confirmer leurs craintes ;
ils n'éprouvèrent de ce fait aucun dommage. En
voici la raison les Thessaliens étaient maîtres des
régions voisines et de celle où s'élevait la ville.
Dans la crainte que leurs voisins ne devinssent
trop puissants, ils les tourmentèrent et saisirent
toutes les occasions d'entrer en conflit avec ces
nouveaux venus. Ils en épuisèrent les forces, bien
que le nombre de ces colons eût été au début
considérable. Comme c'étaient les Lacédémoniens
qui fondaient cette colonie, tous y venaient avec
confiance et avec l'assurance que cette cité serait
florissante. Mais les chefs arrivés de Lacédémone
compromirent eux aussi la situation et
contribuèrent à dépeupler la ville par l'effroi qu'ils
inspirèrent au peuple et la dureté de leur
administration. Toutes ces causes firent que les
voisins d'Hérakleia prirent plus facilement l'avantage.
| [3,94] Τοῦ δ᾿ αὐτοῦ θέρους, καὶ περὶ τὸν αὐτὸν χρόνον ὃν ἐν τῇ Μήλῳ οἱ
Ἀθηναῖοι κατείχοντο, καὶ οἱ ἀπὸ τῶν τριάκοντα νεῶν Ἀθηναῖοι περὶ
Πελοπόννησον ὄντες πρῶτον ἐν Ἐλλομενῷ τῆς Λευκαδίας φρουρούς τινας
λοχήσαντες διέφθειραν, ἔπειτα ὕστερον ἐπὶ Λευκάδα μείζονι στόλῳ ἦλθον,
Ἀκαρνᾶσί τε πᾶσιν, οἳ πανδημεὶ πλὴν Οἰνιαδῶν ξυνέσποντο, καὶ Ζακυνθίοις
καὶ Κεφαλλῆσι καὶ Κερκυραίων πέντε καὶ δέκα ναυσίν. καὶ οἱ μὲν Λευκάδιοι
τῆς τε ἔξω γῆς δῃουμένης καὶ τῆς ἐντὸς τοῦ ἰσθμοῦ, ἐν ᾗ καὶ ἡ Λευκάς ἐστι
καὶ τὸ ἱερὸν τοῦ Ἀπόλλωνος, πλήθει βιαζόμενοι ἡσύχαζον· οἱ δὲ Ἀκαρνᾶνες
ἠξίουν Δημοσθένη τὸν στρατηγὸν τῶν Ἀθηναίων ἀποτειχίζειν αὐτούς,
νομίζοντες ῥᾳδίως γ᾿ ἂν ἐκπολιορκῆσαι καὶ πόλεως αἰεὶ σφίσι πολεμίας
ἀπαλλαγῆναι. Δημοσθένης δ᾿ ἀναπείθεται κατὰ τὸν χρόνον τοῦτον ὑπὸ
Μεσσηνίων ὡς καλὸν αὐτῷ στρατιᾶς τοσαύτης ξυνειλεγμένης Αἰτωλοῖς
ἐπιθέσθαι, Ναυπάκτῳ τε πολεμίοις οὖσι καί, ἢν κρατήσῃ αὐτῶν, ῥᾳδίως καὶ
τὸ ἄλλο Ἠπειρωτικὸν τὸ ταύτῃ Ἀθηναίοις προσποιήσειν. τὸ γὰρ ἔθνος μέγα
μὲν εἶναι τὸ τῶν Αἰτωλῶν καὶ μάχιμον, οἰκοῦν δὲ κατὰ κώμας ἀτειχίστους,
καὶ ταύτας διὰ πολλοῦ, καὶ σκευῇ ψιλῇ χρώμενον οὐ χαλεπὸν ἀπέφαινον,
πρὶν ξυμβοηθῆσαι, καταστραφῆναι. ἐπιχειρεῖν δ᾿ ἐκέλευον πρῶτον μὲν
Ἀποδωτοῖς, ἔπειτα δὲ Ὀφιονεῦσι καὶ μετὰ τούτους Εὐρυτᾶσιν, ὅπερ μέγιστον
μέρος ἐστὶ τῶν Αἰτωλῶν, ἀγνωστότατοι δὲ γλῶσσαν καὶ ὠμοφάγοι εἰσίν, ὡς
λέγονται· τούτων γὰρ ληφθέντων ῥᾳδίως καὶ τἆλλα προσχωρήσειν.
| [3,94] XCIV. - Le même été, vers l'époque où les
Athéniens étaient retenus à Mélos, les troupes
appartenant aux trente vaisseaux en croisière
autour du Péloponnèse débarquèrent à Elloménon,
ville appartenant à Leukas. Elles tendirent
une embuscade au cours de laquelle furent tués
quelques soldats de la garnison. Puis elles
attaquèrent Leukas avec des forces plus
considérables composées de tous les Akarnaniens,
en corps de nation, à l'exclusion des Oeniades.
Avec elles se trouvaient des Zakynthiens, des
Képhalléniens et quinze vaisseaux de Corcyre. Le
pays des Leukadiens fut ravagé, tant au delà qu'en
deçà de l'isthme où s'élèvent Leukas et le temple
d'Apollon. Néanmoins devant la violence et le
nombre de l'ennemi, les habitants se tinrent
tranquilles. Les Akarnaniens pressaient
Démosthénès le stratège athénien d'investir leur
ville ; ils pensaient ainsi n'avoir aucune difficulté à
la forcer et être débarrassés d'une cité qui leur
avait toujours été ennemie. Mais les Messéniens
réussirent à convaincre Démosthénès en lui
représentant qu'il serait glorieux, avec une armée
telle que la sienne, d'attaquer les Étoliens, ennemis
de Naupakte : une fois victorieux il lui serait facile
de soumettre aux Athéniens toute cette partie du
continent. Le peuple étolien était puissant et
belliqueux, il habitait dans des bourgades non
fortifiées, très distantes les unes des autres ; il
n'avait que des armes légères ; bref, il ne serait
évidemment pas difficile de soumettre les Étoliens,
avant qu'ils se fussent portés au secours les uns
des autres. Les Messéniens engagement
Démosthénès à attaquer d'abord les Apodôtes, puis
les Ophionées, finalement les Eurytanes. Ces
derniers forment le groupe le plus important des
Etoliens. Leur langue est tout à fait inintelligible et
ils pratiquaient l'omophagie, Une fois qu'ils
seraient réduits, les autres se soumettraient sans difficulté.
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