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[6,23] ἢν γὰρ αὐτοὶ ἔλθωμεν ἐνθένδε μὴ ἀντίπαλον μόνον
παρασκευασάμενοι,
πλήν γε πρὸς τὸ μάχιμον αὐτῶν, τὸ ὁπλιτικόν, ἀλλὰ καὶ
ὑπερβάλλοντες τοῖς πᾶσι, μόλις οὕτως οἷοί τε ἐσόμεθα τῶν
(6.23.2) μὲν κρατεῖν, τὰ δὲ καὶ διασῶσαι. πόλιν τε νομίσαι χρὴ ἐν
ἀλλοφύλοις καὶ πολεμίοις οἰκιοῦντας ἰέναι, οὓς πρέπει τῇ
πρώτῃ ἡμέρᾳ ᾗ ἂν κατάσχωσιν εὐθὺς κρατεῖν τῆς γῆς, ἢ
(6.23.3) εἰδέναι ὅτι, ἢν σφάλλωνται, πάντα πολέμια ἕξουσιν. ὅπερ
ἐγὼ φοβούμενος, καὶ εἰδὼς πολλὰ μὲν ἡμᾶς δέον εὖ βουλεύσασθαι,
ἔτι δὲ πλείω εὐτυχῆσαι (χαλεπὸν δὲ ἀνθρώπους
ὄντας), ὅτι ἐλάχιστα τῇ τύχῃ παραδοὺς ἐμαυτὸν βούλομαι
ἐκπλεῖν, παρασκευῇ δὲ ἀπὸ τῶν εἰκότων ἀσφαλὴς ἐκπλεῦσαι.
ταῦτα γὰρ τῇ τε ξυμπάσῃ πόλει βεβαιότατα ἡγοῦμαι καὶ
ἡμῖν τοῖς στρατευσομένοις σωτήρια. εἰ δέ τῳ ἄλλως δοκεῖ,
παρίημι αὐτῷ τὴν ἀρχήν.’
| [6,23] XXIII. – « Supposons que nous partions d'ici, avec des forces égales, sauf pour
la cavalerie, ou même supérieures sur tous les points ; même dans ces conditions
nous aurons les plus grandes difficultés à nous rendre maîtres d'une partie du
pays et à garder ce que nous aurons pris. Il faut vous dire que nous
ressemblerons à des gens qui s'en vont fonder une colonie dans un pays étranger
et ennemi. C'est le premier jour de leur débarquement qu'ils doivent s'emparer
du sol, bien assurés qu'en cas d'échec ils se heurteront à l'hostilité générale.
Voilà les dangers que je redoute. Bien convaincu d'ailleurs qu'il nous faut
prendre maintes sages décisions et plus encore qu'il est nécessaire d'être
favorisé par la chance, - ce qui est fort rare dans la vie humaine - je veux, en
m'embarquant abandonner le moins possible au hasard et m'assurer toutes les
précautions convenables. Voilà les mesures que j'estime le plus propres à
affermir l'Etat et à assurer le salut de ceux qui avec nous participeront à
l'expédition. Si quelqu'un est d'un autre avis, je lui passe le commandement! »
| [6,24] Ὁ μὲν Νικίας τοσαῦτα εἶπε νομίζων τοὺς Ἀθηναίους τῷ
πλήθει τῶν πραγμάτων ἢ ἀποτρέψειν ἤ, εἰ ἀναγκάζοιτο
(6.24.2) στρατεύεσθαι, μάλιστ' <ἂν> οὕτως ἀσφαλῶς ἐκπλεῦσαι· οἱ
δὲ τὸ μὲν ἐπιθυμοῦν τοῦ πλοῦ οὐκ ἐξῃρέθησαν ὑπὸ τοῦ
ὀχλώδους τῆς παρασκευῆς, πολὺ δὲ μᾶλλον ὥρμηντο, καὶ
τοὐναντίον περιέστη αὐτῷ· εὖ τε γὰρ παραινέσαι ἔδοξε καὶ
(6.24.3) ἀσφάλεια νῦν δὴ καὶ πολλὴ ἔσεσθαι. καὶ ἔρως ἐνέπεσε
τοῖς πᾶσιν ὁμοίως ἐκπλεῦσαι· τοῖς μὲν γὰρ πρεσβυτέροις
ὡς ἢ καταστρεψομένοις ἐφ' ἃ ἔπλεον ἢ οὐδὲν ἂν σφαλεῖσαν
μεγάλην δύναμιν, τοῖς δ' ἐν τῇ ἡλικίᾳ τῆς τε ἀπούσης πόθῳ
ὄψεως καὶ θεωρίας, καὶ εὐέλπιδες ὄντες σωθήσεσθαι· ὁ δὲ
πολὺς ὅμιλος καὶ στρατιώτης ἔν τε τῷ παρόντι ἀργύριον
οἴσειν καὶ προσκτήσεσθαι δύναμιν ὅθεν ἀίδιον μισθοφορὰν
(6.24.4) ὑπάρξειν. ὥστε διὰ τὴν ἄγαν τῶν πλεόνων ἐπιθυμίαν, εἴ
τῳ ἄρα καὶ μὴ ἤρεσκε, δεδιὼς μὴ ἀντιχειροτονῶν κακόνους
δόξειεν εἶναι τῇ πόλει ἡσυχίαν ἦγεν.
| [6,24] XXIV. - Tel fut le discours de Nicias. II espérait par ses multiples exigences
faire revenir les Athéniens sur leur décision, ou bien s'assurer toutes les
chances de succès au cas où il serait contraint de partir. Mais les Athéniens,
loin de renoncer à l'expédition en raison de l'énormité des armements, s'y
sentirent tout au contraire poussés par une nouvelle ardeur. Ses conseils furent
trouvés excellents et l'on s'imagina n'avoir rien à craindre. Tous sans
exception se sentirent pris d'un furieux désir de partir : les plus vieux se
disaient qu'ils allaient soumettre le pays où l'on se rendait et qu'un pareil
déploiement de troupes ne risquait aucun échec ; les hommes en âge de porter les
armes désiraient voir et connaître une terre éloignée et avaient bon espoir d'en
revenir. La foule et les soldats comptaient en rapporter une solde immédiate et,
tout en augmentant la puissance de l'Etat, y faire une conquête qui leur
assurerait une solde perpétuelle. Si vive était l'ardeur générale que ceux
qui étaient d'un avis différent se gardaient bien de manifester leurs sentiments
par crainte de paraître malintentionnés à l'égard de la cité.
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