[9] Τἀν μέσῳ δὲ ὁ ἡμεδαπὸς φιλόσοφος ἄμεινον ἔσκεπται·
ὁδὸν γὰρ παρεσκευάσατο καὶ κλιμακηδὸν ἄνεισιν,
ὥστε καὶ παρ´ ἑαυτόν τι ποιῆσαι· προιόντα γὰρ εἰκὸς ἐντυχεῖν
ποι τῷ ἐραστῷ· καὶ μὴ τυχὼν δὲ πρὸ ὁδοῦ γέγονε,
καὶ οὐδὲ τοῦτο μέντοι σμικρόν· ἀλλὰ διαφέροι ἂν τῶν πολλῶν
ἀνθρώπων πλέον ἢ ὅσον ἐκεῖνοι τῶν βοσκημάτων.
ταύτῃ καὶ πλείους ἂν εἶεν οἱ παρ´ ἡμῶν ἀφικνούμενοι, κατὰ
φύσιν ἐχούσης τῆς ἐπιχειρήσεως· ἐκείνῃ δ´, εἰ μή τις εὐγένεια
τύχοι ψυχῆς ἄνωθεν ἕλκουσα τὴν πρώτην καταβολήν,
καὶ νοῦ χρῆμα ἐξαίσιον, οἷον αὔταρκες εἶναι καὶ παρ´ ἑαυτοῦ
κινηθῆναι. ὁποῖος Ἀμοῦς ὁ Αἰγύπτιος οὐκ ἐξεῦρεν,
ἀλλ´ ἔκρινε χρείαν γραμμάτων· τοσοῦτον αὐτῷ τοῦ νοῦ
περιῆν. ὁ δὲ δὴ τοιοῦτος καὶ περὶ τῆς φιλοσόφου μεθόδου
θᾶττον ἀναλύσειεν· ὁ γάρ τοι φυσικὸς ἀρκεῖ. πολὺ δήπου
μᾶλλον, εἰ καί τις αὐτὸν παραθήξειέ τε καὶ ἐκκαλέσαιτο·
τὸ γὰρ ἔνδοθεν σπέρμα δεινὸς αὐξῆσαι, καὶ σμικρὸν σπινθῆρα
λόγου παραλαβών, πυρκαιὰν ὅλην ἀνάψαι. τούτοις
μὲν οὖν οὐδὲν παρὰ τοῦτο μεῖον, εἰ μή γε καὶ προὔργου
ποιήσει τὰ τῆς Ἑλληνικῆς διαγωγῆς, καὶ τοὺς ἧττον
ἁδροὺς προάγει τε καὶ ἀναρριπίζει, καὶ τὸ ἐν αὐτοῖς θεῖον
ἐκθάλπει· ἐκεῖ δὲ μόνοις τοῖς οἴκοθεν μακαρίοις τὸ τέλος
ἐπιτυγχάνεται. σπανιώτερον δὲ δήπου τὸ γένος τῶν τοιούτων
ψυχῶν ἢ τὸ τοῦ φοίνικος, ᾧ τὰς περιόδους μετροῦσιν
Αἰγύπτιοι. οἱ δὲ πολλοὶ μάτην ἂν πονοῖεν καὶ ἀποτρύχοιντο,
δίχα νοῦ τὴν νοητὴν οὐσίαν θηρώμενοι, καὶ μάλιστα
οὓς οὐχ ἡ πρώτη φύσις ἐπὶ τόνδε τὸν βίον ἐξώρμησεν.
οὗτοι γὰρ ἂν ὄναιντο τῆς ὁρμῆς· μᾶλλον δὲ αὐτὴν
ἐγὼ τὴν ὁρμὴν νοῦ κινουμένου γνώρισμα ποιοῦμαι· οἱ δὲ
πλείους οὐδὲ οἴκοθεν ἐκινήθησαν, ἀλλ´ οὐδέ, τὸν δεύτερον
λεγόμενον πλοῦν, ὑπὸ τῆς σχολῆς εἰς νοῦν διεγείρονται·
ὥσπερ δὲ ἄλλο τι τῶν εὐδοκιμούντων, τὴν γενναίαν αἵρεσιν
ἐζηλώκασι, παντοδαποί τε ὄντες τὰ γένη καὶ κατὰ
χρείας ἕκαστοι συνιστάμενοι. περὶ τούτων δὴ καὶ σαφῶς
διατείνομαι, ὅτι μάτην ἂν οὗτοι πονοῖεν καὶ ἀποτρύχοιντο,
οἷς οὔτε αὐτοφυής ἐστι νοῦς οὔτε ἐπίκτητος. κινδυνεύει
γὰρ οὐδ´ εἶναι θεμιτὸν ἄλλῳ τῳ τῶν ἐν ἡμῖν οἴεσθαι τὸν
θεὸν ἐνδημήσειν ἀντὶ τοῦ νοῦ· νεὼς γὰρ οὗτος οἰκεῖος
θεῷ. ταῦτ´ ἄρα καὶ τὰς καθαρτικὰς ἀρετὰς σπουδάζεσθαι
παραδεδώκασιν Ἕλληνες σοφοὶ καὶ βάρβαροι, ἀποτειχίζοντες
ἅπασαν τὴν πραγματείαν τῆς φύσεως, ἵνα μηδὲν
ἐμπόδιον παρέχοιτο ταῖς νοήσεσιν. αὕτη μὲν ἡ διάνοια
τῶν πρώτων καταστησαμένων ἑκατέραν φιλοσοφίαν· οἱ
δὲ καὶ τὰς ἀρετὰς ἔθεσι μᾶλλον ἢ λόγῳ κρατύνουσι, καὶ
τρεῖς αὐτὰς ἥγηνται· φρόνησιν γὰρ οὐ προσίενται, οἵ γε
καὶ σωφροσύνην, εἴ γε δὴ σωφροσύνην εἶναι τὸ κατ´ αὐτοὺς
συγχωρήσομεν. ὡς οὐκ ἔστι γε μὴ οὐκ εἰσιέναι τε
καὶ συναιρεῖσθαι τὰς ἀρετὰς διὰ τὴν ἀναγκαίαν ἀντακολούθησιν.
ἀλλ´ οἴονταί γε δεῖν σωφρονεῖν, οὐ διότι σωφρονητέον
εἰδότες, ἀλλ´ ἐπίταγμα λαβόντες, ὥσπερ νόμον ἀναίτιον,
ὃν ὁ μὲν θεὶς οἶδεν ὅτι τοῦτο δι´ ἄλλο, διὰ τὰς
νοήσεις, καὶ ὅτι προὔργου πρὸς ἄνοδον, τὸ πρὸς μηδὲν
τῶν ἐν ὕλῃ παθαίνεσθαι· οἱ δὲ ἀπέχονται μίξεων, αὐτὸ
δι´ αὑτὸ τεθαυμακότες, καὶ μέγιστον ἄγοντες τὸ σμικρότατον,
τὴν παρασκευὴν τέλος ἡγούμενοι. ἡμεῖς δὲ τὰς ἀρετὰς
ὥσπερ στοιχεῖα τῆς ὅλης φιλοσοφίας σπουδάζομεν.
τὸ μὴ καθαρῷ γὰρ καθαροῦ ἐφάπτεσθαι μὴ οὐ θεμιτὸν ᾖ,
Πλάτωνος ἀπεδεξάμεθα. ἀρεταὶ δὲ καθαίρουσι τὸ ἀλλότριον
ῥιπτοῦσαι. ἀλλ´ εἰ μὲν ἦν ἡ ψυχὴ τἀγαθόν, ἤρκει καθήρασθαι,
καὶ ἦν ἀγαθὸν ἤδη τῷ μόνη γενέσθαι· νῦν δὲ οὐ
γάρ ἐστιν ἀγαθόν· οὐ γὰρ ἂν ἐγένετό ποτε ἐν κακῷ·
ἀλλ´ ἀγαθοειδής ἐστι καὶ μέση τὴν φύσιν. ῥέψασαν οὖν εἰς
τὸ χεῖρον ἐπανήγαγεν ἡ ἀρετὴ καὶ τῆς κηλῖδος ἀπέλυσε,
καὶ πάλιν μέσην ἐποίησε. δεῖ δὴ καὶ προελθεῖν ἐπὶ τἀγαθόν·
τοῦτο δὲ ἤδη διὰ λόγου. νοῦς γάρ ἐστι τὸ σύζυγον
ὄμμα τῶν νοητῶν. οἷον εἰ τέλος εἴη τὸ πρὸς οὐρανὸν
ἰδεῖν, οὐκ ἀπόχρη μὴ κεκυφέναι πρὸς τοὔδαφος, ἀλλὰ δεῖ
μετὰ τὴν ἐν μέσῳ στάσιν τῆς ὄψεως ἐπὶ τὰ ἄνω νεῦσαι.
καὶ δῆτα τῶν ἀρετῶν ὄναιτο ἄν τις τὸ ἀπηλλάχθαι τῆς
ὑλικῆς προσπαθείας· δεῖ δὲ καὶ ἀναγωγῆς· οὐ γὰρ ἀπόχρη
μὴ κακὸν εἶναι, ἀλλὰ δεῖ καὶ θεὸν εἶναι. καὶ ἔοικεν εἶναι
τὸ μὲν οἷον ἀπεστράφθαι τὸ σῶμα καὶ ὅσα τοῦ σώματος,
τὸ δὲ οἷον ἐπεστράφθαι διὰ νοῦ πρὸς θεόν.
| [9] C’est ainsi que beaucoup de nos philosophes peuvent s’élever bien haut, tout
naturellement et par leurs propres efforts; mais, pour atteindre tout de suite à ces
sublimes connaissances, il faut une âme de noble race, inspirée du ciel; il faut une
intelligence éminente qui trouve en elle toutes les ressources dont elle a besoin. Tel
était Amus, l’Égyptien: sans avoir inventé les lettres, il jugeait excellemment cette
invention; c’est qu’il avait un génie supérieur. Des esprits aussi bien doués n’ont pas
besoin de la méthode philosophique pour découvrir promptement la vérité : leur
pénétration naturelle leur suffit, surtout quand on les excite, quand on les provoque à
déployer leur force; le germe qui est en eux se développe merveilleusement; la parole
qu’ils reçoivent est comme l’étincelle qui allume un grand incendie. L’absence de toute
préparation antérieure ne leur nuit en rien. Pour les esprits plus ordinaires la discipline
grecque est un soutien, une force; elle donne plus d’activité à la pensée. En dehors de
cette discipline ceux-là seulement qui sont doués de merveilleuses facultés atteignent
le but. Mais de tels génies sont plus rares que le phénix, qui ne reparaît en Egypte
qu’après plusieurs siècles écoulés. La plupart des hommes s’épuiseraient en vains
efforts à vouloir poursuivre, dénués qu’ils sont des secours de l’intelligence d’en haut,
les essences intelligibles, surtout quand ce n’est pas une ardeur naturelle et
spontanée qui les pousse à ces recherches : car cette ardeur spontanée est déjà un
gage de succès; je la regarde comme le signe de l’intelligence divine qui agit dans
l’homme. Mais le vulgaire manque de ce ressort intérieur, et ne sait pas non plus, par
la voie facile de l’étude, s’élever doucement à la contemplation. Mais on veut
cependant se faire considérer : on s’attache donc à quelque secte en renom ; et
comme il en est de toute espèce, chacun choisit à sa convenance. Mais je l’affirme
hardiment, on se consume en inutiles efforts quand on n’a pas cette intelligence dont
nous parlons, naturelle ou acquise: car, n’en doutez point, si Dieu habite quelque part
en nous, c’est dans l’intelligence, et nulle part ailleurs; elle est le seul temple qui
convienne à Dieu. Aussi la pratique des vertus de purification a-t-elle été
recommandée, chez les Grecs comme chez les barbares, par les sages, qui veulent
réprimer les mouvements importuns de la nature, pour qu’elle ne vienne pas troubler la
pensée. Voilà l’idée à laquelle ont obéi les fondateurs de la philosophie dans les
contrées les plus diverses. Mais les barbares croient que les vertus sont le fruit de
l’habitude plutôt que de la raison, et ils n’en reconnaissent que trois; car ils ne
comptent pas la prudence parmi les vertus, mais ils admettent la tempérance. La
tempérance! pouvons-nous la leur laisser? Car, dans leur dépendance mutuelle les
unes des autres, les vertus doivent nécessairement exister ou disparaître toutes
ensemble. S’ils estiment, ces barbares, qu’il faut être tempérant, ce n’est pas qu’ils
sachent pourquoi il faut l’être; mais c’est une règle qui leur est imposée, une loi qu’ils
acceptent aveuglément. Le législateur, lui, avait une vue nette des choses; il savait
qu’il affranchirait ainsi la pensée; car, pour s’élever, l’esprit doit se dégager des
affections de la matière. Ces disciples obéissants s’abstiennent de tout commerce
avec les femmes: cette abstention leur semble par elle-même des plus méritoires; car
ils attachent une grande importance à ce qui n’en a guère, et ils confondent la fin avec
les moyens. Mais pour nous, nous considérons les vertus comme les prémisses de la
vraie philosophie; car nous dirons avec Platon qu’il n’est pas permis à l’homme impur
de toucher aux choses pures. Les vertus purifient; elles chassent de l’âme tous les
éléments qui lui sont étrangers. Si l’âme en elle-même était le bien, il lui suffirait d’être
purifiée ; le bien ne serait que la conséquence de cet état de l’âme, exempte de tout
alliage. Mais l’âme n’est pas le bien, car comment serait-elle accessible au mal? Elle a
seulement quelque ressemblance avec le bien, elle s’en rapproche par sa nature.
Quand elle tombe vers les basses régions, la vertu la relève, et, après l’avoir lavée de
ses souillures, la ramène à son point de départ. L’âme doit tendre constamment vers
le bien ; elle ne l’atteindra qu’à l’aide de la raison: car l’intelligence et l’intelligible
s’appellent mutuellement. Si l’on doit regarder le ciel, il ne suffit pas de ne point tenir
ses yeux baissés vers la terre: il faut, après les avoir tournés sur les objets qui nous
entourent, les lever encore plus haut. Secouer le joug de la matière, voilà l’avantage
que nous retirons de la vertu. Mais ne bornons pas là nos aspirations : ne pas se
traîner dans la fange, c’est trop peu; il faut tendre vers la Divinité, c’est-à-dire qu’il faut
en quelque sorte se séparer de son corps et des choses corporelles, car c’est par
l’intelligence que l’on se rapproche de Dieu.
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