[17a,45] Ἐντεῦθέν ἐστιν ἰσθμὸς εἰς τὴν Ἐρυθρὰν κατὰ
πόλιν Βερενίκην, ἀλίμενον μὲν τῇ δ´ εὐκαιρίᾳ τοῦ
ἰσθμοῦ καταγωγὰς ἐπιτηδείους ἔχουσαν. λέγεται δ´ ὁ
Φιλάδελφος πρῶτος στρατοπέδῳ τεμεῖν τὴν ὁδὸν ταύτην
ἄνυδρον οὖσαν, καὶ κατασκευάσαι σταθμούς, τοῦτο
δὲ πρᾶξαι διὰ τὸ τὴν Ἐρυθρὰν δύσπλουν εἶναι καὶ μάλιστα
τοῖς ἐκ τοῦ μυχοῦ πλοϊζομένοις. ἐφάνη δὴ τῇ
πείρᾳ πολὺ τὸ χρήσιμον, καὶ νῦν ὁ Ἰνδικὸς φόρτος
ἅπας καὶ ὁ Ἀράβιος καὶ τοῦ Αἰθιοπικοῦ ὁ τῷ Ἀραβίῳ
κόλπῳ κατακομιζόμενος εἰς Κοπτὸν φέρεται, καὶ τοῦτ´
ἔστιν ἐμπόριον τῶν τοιούτων φορτίων. οὐκ ἄπωθεν
δὲ τῆς Βερενίκης ἐστὶ Μυὸς ὅρμος, πόλις ἔχουσα τὸ
ναύσταθμον τῶν πλοϊζομένων, καὶ τῆς Κοπτοῦ οὐ πολὺ
ἀφέστηκεν ἡ καλουμένη Ἀπόλλωνος πόλις, ὥστε καὶ αἱ
διορίζουσαι τὸν ἰσθμὸν δύο πόλεις ἑκατέρωθέν εἰσιν.
ἀλλὰ νῦν ἡ Κοπτὸς καὶ ὁ Μυὸς ὅρμος εὐδοκιμεῖ, καὶ
χρῶνται τοῖς τόποις τούτοις. πρότερον μὲν οὖν ἐνυκτοπόρουν
πρὸς τὰ ἄστρα βλέποντες οἱ καμηλέμποροι
καὶ καθάπερ οἱ πλέοντες ὥδευον κομίζοντες καὶ ὕδωρ,
νυνὶ δὲ καὶ ὑδρεῖα κατεσκευάκασιν, ὀρύξαντες πολὺ
βάθος, καὶ ἐκ τῶν οὐρανίων καίπερ ὄντων σπανίων
ὅμως δεξαμενὰς πεποίηνται· ἡ δ´ ὁδός ἐστιν ἓξ ἢ ἑπτὰ
ἡμερῶν. ἐπὶ δὲ τῷ ἰσθμῷ τούτῳ καὶ τὰ τῆς σμαράγδου
μέταλλά ἐστι, τῶν Ἀράβων ὀρυττόντων βαθεῖς τινας
ὑπονόμους, καὶ ἄλλων λίθων πολυτελῶν.
| [17a,45] De Coptos part une espèce d'isthme qui aboutit à la mer Rouge près de
Bérénice. Cette ville de Bérénice n'a pas de port, mais les ressources
qu'elle tire de l'isthme lui permettent d'avoir toujours ses hôtelleries
largement approvisionnées. C'est Philadelphe qui entreprit, dit-on, de
faire ouvrir par ses troupes une route à travers cet isthme, et qui, pour
parer au manque d'eau, y disposa de distance en distance des stations
pourvues {d'aiguades pour les voyageurs et d'écuries pour les chameaux} ;
et ce qui paraît lui avoir suggéré l'idée d'un semblable travail, c'est
l'extrême difficulté de la navigation de la mer Rouge pour les bâtiments
surtout qui viennent du fond du golfe. Or l'expérience a vérifié à quel
point l'idée était utile et pratique, et aujourd'hui toutes les
marchandises de l'Inde et de l'Arabie, et, parmi les marchandises de
l'Ethiopie, toutes celles qu'on expédie par le golfe Arabique sont amenées
à Coptos qui en est devenu, pour ainsi dire, l'entrepôt général. Non loin
de Bérénice, maintenant, est la ville de Myoshormos, qui peut offrir,
elle, un abri sûr aux bâtiments naviguant dans ces parages. Apollonopolis
non plus n'est guère éloignée de Coptos : on voit donc que l'isthme se
trouve compris entre quatre villes se correspondant deux à deux ;
néanmoins Coptos et Myoshormos ont la vogue, et le commerce passe tout
entier par elles deux. Autrefois les marchands montés sur leurs chameaux
voyageaient de nuit, se guidant, comme font les marins, d'après les
astres, et portant avec eux leur eau ; mais aujourd'hui on a disposé sur
la route un certain nombre d'aiguades, soit sous forme de puits creusés à
une très grande profondeur, soit sous forme de citernes destinées à
recevoir les eaux du ciel, bien que les pluies soient rares dans le pays.
La route en question est de six à sept journées. C'est dans l'isthme
également que se trouvent les fameuses mines d'émeraudes et autres pierres
précieuses : pour exploiter ces mines, les Arabes ont creusé des galeries
à de grandes profondeurs.
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