[17a,12] ἐπαρχία δὲ νῦν ἐστι, φόρους μὲν τελοῦσα
ἀξιολόγους, ὑπὸ σωφρόνων δὲ ἀνδρῶν διοικουμένη
τῶν πεμπομένων ἐπάρχων ἀεί. ὁ μὲν οὖν πεμφθεὶς
τὴν τοῦ βασιλέως ἔχει τάξιν, ὑπ´ αὐτῷ δ´ ἐστὶν ὁ δικαιοδότης
ὁ τῶν πολλῶν κρίσεων κύριος· ἄλλος δ´ ἐστὶν ὁ
προσαγορευόμενος ἰδιόλογος, ὃς τῶν ἀδεσπότων καὶ
τῶν εἰς Καίσαρα πίπτειν ὀφειλόντων ἐξεταστής ἐστι·
παρέπονται δὲ τούτοις ἀπελεύθεροι Καίσαρος καὶ οἰκονόμοι,
μείζω καὶ ἐλάττω πεπιστευμένοι πράγματα. ἔστι
δὲ καὶ στρατιωτικοῦ τρία τάγματα, ὧν τὸ ἓν κατὰ τὴν
πόλιν ἵδρυται τἆλλα δ´ ἐν τῇ χώρᾳ· χωρὶς δὲ τούτων
ἐννέα μέν εἰσι σπεῖραι Ῥωμαίων, τρεῖς μὲν ἐν τῇ πόλει
τρεῖς δ´ ἐπὶ τῶν ὅρων τῆς Αἰθιοπίας ἐν Συήνῃ, φρουρὰ
τοῖς τόποις, τρεῖς δὲ κατὰ τὴν ἄλλην χώραν. εἰσὶ δὲ καὶ
ἱππαρχίαι τρεῖς ὁμοίως διατεταγμέναι κατὰ τοὺς ἐπικαιρίους
τόπους. τῶν δ´ ἐπιχωρίων ἀρχόντων κατὰ
πόλιν μὲν ὅ τε ἐξηγητής ἐστι, πορφύραν ἀμπεχόμενος
καὶ ἔχων πατρίους τιμὰς καὶ ἐπιμέλειαν τῶν τῇ πόλει
χρησίμων, καὶ ὁ ὑπομνηματογράφος καὶ {ὁ} ἀρχιδικαστής,
τέταρτος δὲ ὁ νυκτερινὸς στρατηγός. ἦσαν μὲν
οὖν καὶ ἐπὶ τῶν βασιλέων αὗται αἱ ἀρχαί, κακῶς δὲ πολιτευομένων
τῶν βασιλέων ἠφανίζετο καὶ ἡ τῆς πόλεως
εὐκαιρία διὰ τὴν ἀνομίαν. ὁ γοῦν Πολύβιος γεγονὼς
ἐν τῇ πόλει βδελύττεται τὴν τότε κατάστασιν καί φησι
τρία γένη τὴν πόλιν οἰκεῖν, τό τε Αἰγύπτιον καὶ ἐπιχώριον
φῦλον ὀξὺ καὶ * πολιτικόν, καὶ τὸ μισθοφορικὸν
βαρὺ καὶ πολὺ καὶ ἀνάγωγον· ἐξ ἔθους γὰρ παλαιοῦ
ξένους ἔτρεφον τοὺς τὰ ὅπλα ἔχοντας, ἄρχειν
μᾶλλον ἢ ἄρχεσθαι δεδιδαγμένους διὰ τὴν τῶν βασιλέων
οὐδένειαν· τρίτον δ´ ἦν γένος τὸ τῶν Ἀλεξανδρέων
οὐδ´ αὐτὸ εὐκρινῶς πολιτικὸν διὰ τὰς αὐτὰς
αἰτίας, κρεῖττον δ´ ἐκείνων ὅμως· καὶ γὰρ εἰ μιγάδες,
Ἕλληνες ὅμως ἀνέκαθεν ἦσαν καὶ ἐμέμνηντο τοῦ κοινοῦ
τῶν Ἑλλήνων ἔθους· ἠφανισμένου δὲ καὶ τούτου
τοῦ πλήθους μάλιστα ὑπὸ τοῦ Εὐεργέτου τοῦ Φύσκωνος,
καθ´ ὃν ἧκεν εἰς τὴν Ἀλεξάνδρειαν ὁ Πολύβιος
(καταστασιαζόμενος γὰρ ὁ Φύσκων πλεονάκις τοῖς
στρατιώταις ἐφίει τὰ πλήθη καὶ διέφθειρε), τοιούτων
δή, φησίν, ὄντων τῶν ἐν τῇ πόλει λοιπὸν ἦν τῷ ὄντι
τὸ τοῦ ποιητοῦ „Αἴγυπτόνδ´ ἰέναι δολιχὴν ὁδὸν ἀργαλέην τε.“
| [17a,12] L'Egypte est aujourd'hui province romaine et acquitte à ce titre un
tribut considérable ; en revanche elle trouve dans les différents préfets
que Rome lui envoie autant d'administrateurs sages et éclairés. Le légat
romain a le rang de roi. Immédiatement au-dessous de lui est le
dicaeodote, juge souverain de la plupart des procès. Il y a aussi
l'idiologue, officier spécialement chargé de rechercher les biens vacants
et qui comme tels doivent échoir à César. Ces hauts dignitaires ont pour
les assister des affranchis de César et des économes, à qui ils confient
des affaires plus ou moins importantes. Ajoutons que les forces militaires
se composent de trois corps d'armée, dont un est caserné en ville, tandis
que les deux autres stationnent en pleine campagne. Indépendamment de ces
trois corps, il y a neuf cohortes romaines qui sont ainsi réparties :
trois à Alexandrie, trois à Syène sur la frontière de l'Ethiopie en guise
de poste avancé, trois dans le reste de l'Egypte. On compte enfin trois
détachements de cavalerie cantonnés de même dans les positions les plus
favorables. En fait de magistratures indigènes, Alexandrie nous offre : 1°
l'exégète, qui porte la robe de pourpre, représente la loi et la tradition
nationale et pourvoit aux besoins de la ville ; 2° le notaire ou
hypomnématographe ; 3° l'archidicaste ou chef de la justice ; 4° le
commandant de la garde de nuit. Ces différentes magistratures existaient
encore au temps des Ptolémées, mais, par suite de l'incurie des rois, les
lois et règlements avaient cessé d'être appliqués et dans cette anarchie
la prospérité de la ville avait complètement péri. Polybe, qui avait
visité Alexandrie {à cette époque}, flétrit l'état de désordre dans lequel
il l'avait trouvée. Il distingue dans sa population un triple élément : 1°
l'élément égyptien et indigène, vif et irritable de sa nature, et partant
fort difficile à gouverner ; 2° l'élément mercenaire, composé de gens
lourds et grossiers, devenus très nombreux et très indisciplinés, car il y
avait longtemps déjà qu'en Egypte la coutume était d'entretenir des
soldats étrangers, et ces mercenaires, encouragés par le caractère
méprisable des rois, avaient fini par apprendre à commander plutôt qu'à
obéir ; 3° l'élément alexandrin, devenu pour les mêmes causes presque
aussi ingouvernable, bien que supérieur aux deux autres par sa nature :
car, pour être de sang mêlé, les Alexandrins n'en avaient pas moins une
première origine grecque et ils n'avaient pas perdu tout souvenir du
caractère national et des moeurs de la Grèce. Et, comme cette partie de la
population, {la meilleure des trois,} était menacée de disparaître
complètement, ayant été presque exterminée par Evergète et par Physcon,
sous le règne duquel précisément Polybe visita l'Egypte (on sait comment
Physcon, tiraillé entre les factions, avait à plusieurs reprises lâché ses
soldats sur le peuple alexandrin et autorisé ainsi de vrais massacres), on
peut juger de l'état dans lequel était tombée cette malheureuse cité. Il
ne restait plus, en vérité, s'écrie Polybe, qu'à redire ces paroles
découragées du Poète :
«Aller en Egypte ! voyage long et pénible !» (Od. IV, 483)
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