HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

Chapitre 2

  par. 18

[1,2,18] Τοιαῦτα μὲν εἴρηκεν. Ἔστι δὲ τἆλλα μὲν εὖ λεγόμενα· ὅταν δ' ἀνασκευάζῃ τὸν ἐξωκεανιζόμενον καὶ πρὸς ἀκριβῆ μέτρα τὸν τῶν ἡμερῶν πλοῦν ἀνάγῃ καὶ διαστήματα, ὑπερβολὴν οὐκ ἀπολείπει τῆς ἀνομολογίας· ἅμα μὲν γὰρ παρατίθησι τὰ τοῦ ποιητοῦ ἔπη· Ἔνθεν δ' ἐννῆμαρ φερόμην ὀλοοῖς ἀνέμοισιν, ἅμα δ' ἐπικρύπτεται· καὶ γὰρ ταῦτα τοῦ ποιητοῦ, Αὐτὰρ ἐπεὶ ποταμοῖο λίπεν ῥόον ὠκεανοῖο νηῦς, καὶ τὸ Νήσῳ ἐν Ὠγυγίῃ, ὅθι τ' ὀμφαλός ἐστι θαλάσσης· καὶ ὅτι ἐνταῦθα οἰκεῖ Ἄτλαντος θυγάτηρ· καὶ τὸ περὶ τῶν Φαιάκων, Οἰκέομεν δ' ἀπάνευθε πολυκλύστῳ ἐνὶ πόντῳ ἔσχατοι· οὐ δέ τις ἄμμι βροτῶν ἐπιμίσγεται ἄλλος. Ταῦτα γὰρ πάντα φανερῶς ἐν τῷ Ἀτλαντικῷ πελάγει πλαττόμενα δηλοῦται. δὲ ταῦτ' ἐπικρυπτόμενος τὰ φανερῶς λεγόμενα ἀναιρεῖ. Τοῦτο μὲν οὖν οὐκ εὖ· τὸ δὲ περὶ Σικελίαν καὶ Ἰταλίαν γεγονέναι τὴν πλάνην ὀρθῶς, ἐπεὶ τίς ἔπεισε ποιητὴς συγγραφεὺς Νεαπολίτας μὲν λέγειν μνῆμα Παρθενόπης τῆς Σειρῆνος, τοὺς δὲ ἐν Κύμῃ καὶ Δικαιαρχείᾳ καὶ Οὐεσουίῳ Πυριφλεγέθοντα καὶ Ἀχερουσίαν λίμνην καὶ νεκυομαντεῖον τὸ ἐν τῷ Ἀόρνῳ καὶ Βάιον καὶ Μισηνὸν τῶν Ὀδυσσέως ἑταίρων τινάς; Οὕτω δὲ καὶ τὰ περὶ Σειρηνούσσας καὶ τὰ περὶ τὸν πορθμὸν καὶ Σκύλλαν καὶ Χάρυβδιν καὶ Αἰόλον· ἅπερ οὔτ' ἀκριβῶς ἐξετάζειν δεῖ οὔτ' ἄρριζα καὶ ἀνέστια ἐᾶν, ἀληθείας μηδὲν προσαπτόμενα μηδ' ὠφελείας ἱστορικῆς. [1,2,18] 18. Ainsi s'exprime Polybe, et en général il a raison. Mais quand il révoque en doute le fait de la navigation d'Ulysse hors des limites de la mer intérieure et en plein Océan, et qu'il entreprend de ramener la distance parcourue dans les neuf jours à une évaluation rigoureuse et à des mesures précises, il atteint lui-même en vérité aux dernières limites de l'inconséquence. Il cite bien. à l'appui de sa thèse certains vers d'Homère, celui-ci par exemple, «Dès là et durant neuf jours je me sentis emporté par les vents pernicieux» mais, d'un autre côté, il en dissimule d'importants comme celui-ci, «Quand le navire eut quitté le courant du fleuve Océan,» comme celui-ci encore, «Dans l'île d’Ogygie, surnommée le nombril ou le centre de la mer,» comme cette autre circonstance que dans ladite île précisément habite la fille d'Atlas, et comme ces vers relatifs aux Phéaciens , «Nous vivons isolés au sein de la mer immense, et, perdus aux derniers confins de la terre, nous n'avons de commerce avec aucun des mortels,» tous passages, pourtant, dans lesquels le théâtre de la fiction est évidemment la mer Atlantique. Or, en les dissimulant, comme il fait, Polybe supprime ou étouffe proprement l'évidence, en quoi, certes, il a tort. En revanche, il a pleinement raison de faire des parages de l'Italie et de la Sicile le théâtre principal des erreurs d'Ulysse et {la nomenclature géographique desdits parages} est là pour confirmer son opinion. Peut-on admettre, en effet, que l'unique autorité d'un poète, d'un historien, quel qu'il soit, ait pu persuader aux habitants de Neapolis de se dire possesseurs du tombeau de la sirène Parthénopé, à ceux de Cymé, de Dicaearchie et du Vésuve de consacrer chez eux les noms du Pyriphlégéthon, du lac Achérusien, du necyoranteum de l'Aorne, voire même les noms de Baïus et de Misène, deux des compagnons d'Ulysse? Même observation pour ce qui est des Sirénusses, du détroit de Sicile, de Charybde, de Scylla et d'Éole, mythes poétiques qu'il ne faut assurément pas examiner dans la grande rigueur, mais qu'il ne faudrait pas non plus laisser tout à fait de côté, comme on ferait de pures fictions, n'ayant ni racines ni fondements, et dénuées absolument de vérité et de ce genre d'utilité propre à l'histoire.


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Dernière mise à jour : 14/12/2005