[1,1,1] 1. Τῆς τοῦ φιλοσόφου πραγματείας εἶναι νομίζομεν, εἴπερ
ἄλλην τινά, καὶ τὴν γεωγραφικήν, ἣν νῦν προῃρήμεθα ἐπισκοπεῖν. Ὅτι δ'
οὐ φαύλως νομίζομεν, ἐκ πολλῶν δῆλον. Οἵ τε γὰρ πρῶτοι
θαρρήσαντες αὐτῆς ἅψασθαι τοιοῦτοί τινες ὑπῆρξαν· Ὅμηρός τε καὶ
Ἀναξίμανδρος ὁ Μιλήσιος καὶ Ἑκαταῖος, ὁ πολίτης αὐτοῦ, καθὼς
καὶ Ἐρατοσθένης φησί· καὶ Δημόκριτος δὲ καὶ εὔδοξος καὶ
Δικαίαρχος καὶ Ἔφορος καὶ ἄλλοι πλείους· ἔτι δὲ οἱ μετὰ τούτους,
Ἐρατοσθένης τε καὶ Πολύβιος καὶ Ποσειδώνιος, ἄνδρες φιλόσοφοι.
Ἥ τε πολυμάθεια, δι' ἧς μόνης ἐφικέσθαι τοῦδε τοῦ ἔργου δυνατόν,
οὐκ ἄλλου τινός ἐστιν, ἢ τοῦ τὰ θεῖα καὶ τὰ ἀνθρώπεια ἐπιβλέποντος,
ὧνπερ τὴν φιλοσοφίαν ἐπιστήμην φασίν. Ὡς δ' αὕτως καὶ ἡ ὠφέλεια
ποικίλη τις οὖσα, ἡ μὲν πρὸς τὰ πολιτικὰ καὶ τὰς ἡγεμονικὰς πράξεις,
ἡ δὲ πρὸς ἐπιστήμην τῶν τε οὐρανίων καὶ τῶν ἐπὶ γῆς καὶ θαλάττης
ζῴων καὶ φυτῶν καὶ καρπῶν καὶ τῶν ἄλλων ὅσα ἰδεῖν παρ' ἑκάστοις
ἔστι, τὸν αὐτὸν ὑπογράφει ἄνδρα, τὸν φροντίζοντα τῆς περὶ τὸν βίον
τέχνης καὶ εὐδαιμονίας.
| [1,1,1] CHAPITRE PREMIER.
1. La géographie, que nous nous proposons d'étudier dans le présent
ouvrage, nous paraît être autant qu'aucune autre science du domaine du
philosophe; et plus d'un fait nous autorise à penser de la sorte : celui-ci
d'abord, que les premiers auteurs qui osèrent traiter de la géographie
étaient précisément ries philosophes, Homère, Anaximandre de Milet et
son compatriote Hécatée, comme Ératosthène en fait déjà la remarque ;
puis Démocrite, Eudoxe, Dicéarque, Éphore et maint autre avec eux; plus
récemment enfin Ératosthène, Polybe, Posidonius, philosophes aussi
tous trois. En second lieu, la multiplicité de connaissances, indispensable
à qui veut mener à bien une pareille oeuvre, est le partage uniquement de
celui qui embrasse dans sa contemplation les choses divines et
humaines, c'est-à-dire l'objet même de la philosophie. Enfin, la variété
d'applications dont est susceptible la géographie, qui peut servir à la fois
aux besoins des peuples et. aux intérêts des chefs, et qui tend à nous
faire mieux connaître le ciel d'abord, puis toutes les richesses de la terre
et des mers, aussi bien les animaux que les plantes, les fruits, et les
autres productions propres à chaque contrée, cette variété, disons-nous,
implique encore dans le géographe ce même esprit philosophique,
habitué à méditer sur le grand art de vivre et d'être heureux.
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