HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 600-699

  Vers 600-699

[600] πρὸς τῶν ἐμαυτοῦ σπερμάτων· ἔστιν δέ μοι
πάλιν κατελθεῖν μήποθ᾽, ὡς πατροκτόνῳ.
(Θησεύς) πῶς δῆτα σἂν πεμψαίαθ᾽, ὥστοἰκεῖν δίχα;
(Οἰδίπους) τὸ θεῖον αὐτοὺς ἐξαναγκάσει στόμα.
(Θησεύς) ποῖον πάθος δείσαντας ἐκ χρηστηρίων;
605 (Οἰδίπους) ὅτι σφἀνάγκη τῇδε πληγῆναι χθονί.
(Θησεύς) καὶ πῶς γένοιτἂν τἀμὰ κἀκείνων πικρά;
(Οἰδίπους)
φίλτατΑἰγέως παῖ, μόνοις οὐ γίγνεται
θεοῖσι γῆρας οὐδὲ κατθανεῖν ποτε.
τὰ δἄλλα συγχεῖ πάνθ παγκρατὴς χρόνος.
610 φθίνει μὲν ἰσχὺς γῆς, φθίνει δὲ σώματος,
θνῄσκει δὲ πίστις, βλαστάνει δἀπιστία,
καὶ πνεῦμα ταὐτὸν οὔποτοὔτἐν ἀνδράσιν
φίλοις βέβηκεν οὔτε πρὸς πόλιν πόλει.
τοῖς μὲν γὰρ ἤδη, τοῖς δἐν ὑστέρῳ χρόνῳ
615 τὰ τερπνὰ πικρὰ γίγνεται καὖθις φίλα.
καὶ ταῖσι Θήβαις εἰ τανῦν εὐημερεῖ
καλῶς τὰ πρὸς σέ, μυρίας μυρίος
χρόνος τεκνοῦται νύκτας ἡμέρας τἰών,
ἐν αἷς τὰ νῦν ξύμφωνα δεξιώματα
620 δόρει διασκεδῶσιν ἐκ σμικροῦ λόγου·
ἵνοὑμὸς εὕδων καὶ κεκρυμμένος νέκυς
ψυχρός ποταὐτῶν θερμὸν αἷμα πίεται,
εἰ Ζεὺς ἔτι Ζεὺς χὠ Διὸς Φοῖβος σαφής.
ἀλλοὐ γὰρ αὐδᾶν ἡδὺ τἀκίνητἔπη,
625 ἔα μἐν οἷσιν ἠρξάμην, τὸ σὸν μόνον
πιστὸν φυλάσσων, κοὔποτΟἰδίπουν ἐρεῖς
ἀχρεῖον οἰκητῆρα δέξασθαι τόπων
τῶν ἐνθάδ᾽, εἴπερ μὴ θεοὶ ψεύσουσί με.
(Χορός)
ἄναξ, πάλαι καὶ ταῦτα καὶ τοιαῦτἔπη
630 γῇ τῇδὅδἁνὴρ ὡς τελῶν ἐφαίνετο.
(Θησεύς)
τίς δῆτἂν ἀνδρὸς εὐμένειαν ἐκβάλοι
τοιοῦδ᾽, ὅτῳ πρῶτον μὲν δορύξενος
κοινή παρἡμῖν αἰέν ἐστιν ἑστία;
ἔπειτα δἱκέτης δαιμόνων ἀφιγμένος
635 γῇ τῇδε κἀμοὶ δασμὸν οὐ σμικρὸν τίνει.
ἁγὼ σεβισθεὶς οὔποτἐκβαλῶ χάριν
τὴν τοῦδε, χώρᾳ δἔμπολιν κατοικιῶ.
εἰ δἐνθάδἡδὺ τῷ ξένῳ μίμνειν, σέ νιν
τάξω φυλάσσειν, εἴτἐμοῦ στείχειν μέτα,
640 τόδἡδύ, τούτων, (Οἰδίπους), δίδωμί σοι
κρίναντι χρῆσθαι· τῇδε γὰρ ξυνοίσομαι.
(Οἰδίπους) Ζεῦ, διδοίης τοῖσι τοιούτοισιν εὖ.
(Θησεύς) τί δῆτα χρῄζεις; δόμους στείχειν ἐμούς;
(Οἰδίπους) εἴ μοι θέμις γἦν· ἀλλ χῶρός ἐσθὅδε,
645 (Θησεύς) ἐν τί πράξεις; οὐ γὰρ ἀντιστήσομαι.
(Οἰδίπους) ἐν κρατήσω τῶν ἔμἐκβεβληκότων.
(Θησεύς) μέγἂν λέγοις δώρημα τῆς συνουσίας.
(Οἰδίπους) εἰ σοί γἅπερ φῂς ἐμμενεῖ τελοῦντί μοι.
(Θησεύς) θάρσει τὸ τοῦδέ γἀνδρός· οὔ σε μὴ προδῶ.
[600] j'ai été chassé de ma patrie par mes propres fils ,
et je ne puis plus y rentrer à cause du parricide.
THÉSÉE. Comment donc te rappelleraient-ils, si tu ne dois pas habiter
avec eux?
OEDIPE. Un oracle les y force.
THÉSÉE. De quel malheur cet oracle les menace-t-il?
OEDIPE Ils doivent être vaincus par les habitants de cette contrée.
THÉSÉE. Et comment la haine s'allumera-t-elle entre nous?
OEDIPE. Cher Thésée, pour les dieux seuls il n'est ni vieillesse, ni
mort; tout le reste tombe pêle-mêle sous la main toute-puissante du
temps. La terre perd sa fécondité, le corps sa vigueur; la bonne foi
meurt, et la perfidie naît à sa place. Le même esprit n'anime pas toujours
les amis et les cités. Les uns voient tout à coup, les autres à la
longue, l'amitié faire place à la haine , et la haine se changer de nouveau
en amitié. Si Thèbes est maintenant en paix et d'accord avec
toi, lorsque le temps, dans son cours immense, aura enfanté des milliers
de jours et de nuits, l'alliance qui vous unit sera brisée par le fer,
sous un prétexte frivole. Alors, dans le sein de la terre, où elles dormiront,
mes froides cendres s'abreuveront des flots brûlants du sang
thébain, si Zeus est toujours Zeus, si Apollon son fils n'est point
trompeur. Mais ne révélons pas ce qu'il faut taire; ne me force pas
d'en dire davantage; garde-moi seulement ta promesse, et jamais,
si les dieux ne me trompent pas, tu ne pourras dire qu'en accuëillant
OEdipe, tu as reçu en ces lieux un hôte inutile.
LE CHOEUR. O roi, depuis longtemps déjà il promet à cette contrée
l'accomplissement de ces oracles et d'autres semblables.
THÈSÉE. Peut-on refuser les bienfaits d'un tel homme, pour qui
d'abord existe chez nous l'antique foyer d'une hospitalité réciproque,
et qui vient encore, suppliant envoyé par les déesses, apporter à ce
pays et à moi de grands avantages? Non, il est devenu sacré pour
moi, et loin de rejeter ses bienfaits, je veux lui accorder un asile
dans cette contrée. Si donc l'étranger veut demeurer ici, habitants
de Colone, je le confie à votre garde; ou aimes-tu mieux me suivre
Athènes, OEdipe ? Je t'en laisse le choix : quel que soit ton désir, je
m'y conformerai.
OEDIPE. O Zeus, récompense tant de générosité!
THÉSÉE. Eh bien, que veux-tu? venir dans mon palais?
OEDIPE. Que ne puis-je! Mais c'est en ce lieu ...
THÉSÉE. Que dois-tu y faire? Je ne m'y opposerai point.
OEDIPE. Que je triompherai de ceux qui m'ont banni.
THÉSÉE. Ce serait alors un grand bienfait que ta présence parmi nous.
OEDIPE. Oui, si tu gardes ta promesse comme j'accomplirai la mienne
THÉSÉE. Compte sur ma foi, je ne te trahirai point.
[650] (Οἰδίπους) οὔτοι σὑφὅρκου γὡς κακὸν πιστώσομαι.
(Θησεύς) οὔκουν πέρα γἂν οὐδὲν λόγῳ φέροις.
(Οἰδίπους) πῶς οὖν ποήσεις;
(Θησεύς) -- τοῦ μάλιστὄκνος σἔχει;
(Οἰδίπους) ἥξουσιν ἄνδρες
(Θησεύς) -- ἀλλὰ τοῖσδἔσται μέλον.
(Οἰδίπους) ὅρα με λείπων
(Θησεύς) -- μὴ δίδασχ χρή με δρᾶν.
655 (Οἰδίπους) ὀκνοῦντἀνάγκη.
(Θησεύς) -- τοὐμὸν οὐκ ὀκνεῖ κέαρ.
(Οἰδίπους) οὐκ οἶσθἀπειλὰς
(Θησεύς) -- οἶδἐγώ σε μή τινα
ἐνθένδἀπάξοντἄνδρα πρὸς βίαν ἐμοῦ.
πολλαὶ δἀπειλαὶ πολλὰ δὴ μάτην ἔπη
θυμῷ κατηπείλησαν, ἀλλ νοῦς ὅταν
660 αὑτοῦ γένηται, φροῦδα τἀπειλήματα.
κείνοις δἴσως κεἰ δείνἐπερρώσθη λέγειν
τῆς σῆς ἀγωγῆς, οἶδἐγώ, φανήσεται
μακρὸν τὸ δεῦρο πέλαγος οὐδὲ πλώσιμον.
θαρσεῖν μὲν οὖν ἔγωγε κἂν ἐμῆς ἄνευ
665 γνώμης ἐπαινῶ, Φοῖβος εἰ προὔπεμψέ σε·
ὅμως δὲ κἀμοῦ μὴ παρόντος οἶδὅτι
τοὐμὸν φυλάξει σὄνομα μὴ πάσχειν κακῶς.
(Χορός)
εὐίππου, ξένε, τᾶσδε χώρας
ἵκου τὰ κράτιστα γᾶς ἔπαυλα,
670 τὸν ἀργῆτα Κολωνόν, ἔνθ
λίγεια μινύρεται
θαμίζουσα μάλιστἀηδὼν
χλωραῖς ὑπὸ βάσσαις,
τὸν οἰνωπὸν ἔχουσα κισσὸν
675 καὶ τὰν ἄβατον θεοῦ
φυλλάδα μυριόκαρπον ἀνήλιον
ἀνήνεμόν τε πάντων
χειμώνων· ἵν βακχιώτας
ἀεὶ Διόνυσος ἐμβατεύει
680 θεαῖς ἀμφιπολῶν τιθήναις.
θάλλει δοὐρανίας ὑπἄχνας
καλλίβοτρυς κατἦμαρ ἀεὶ
νάρκισσος, μεγάλαιν θεαῖν
ἀρχαῖον στεφάνωμ᾽, τε
685 χρυσαυγὴς κρόκος· οὐδἄϋπνοι
κρῆναι μινύθουσιν
Κηφισοῦ νομάδες ῥεέθρων,
ἀλλαἰὲν ἐπἤματι
ὠκυτόκος πεδίων ἐπινίσσεται
690 ἀκηράτῳ σὺν ὄμβρῳ
στερνούχου χθονός· οὐδὲ Μουσᾶν
χοροί νιν ἀπεστύγησαν οὐδ
χρυσάνιος Ἀφροδίτα.
695 ἔστιν δοἷον ἐγὼ γᾶς Ἀσίας οὐκ ἐπακούω
οὐδἐν τᾷ μεγάλᾳ Δωρίδι νάσῳ Πέλοπος πώποτε βλαστὸν
φύτευμἀχείρωτον αὐτόποιον,
ἐγχέων φόβημα δαΐων,
[650] OEDIPE. Je ne t'enchaînerai pas par un serment; ce serait te faire
injure.
THÉSÉE. Ma parole d'ailleurs vaut un serment.
OEDIPE. Comment donc feras-tu?
THÉSÉE. Quel est le principal objet de ta crainte?
OEDIPE. Des hommes viendront ...
THÉSÉE. Ces citoyens veilleront sur toi.
OEDIPE. Prends garde, si tu m'abandonnes ...
THÉSÉE. Ne m'apprends pas ce que je dois faire.
OEDIPE. C'est la crainte qui me fait parler.
THÉSÉE. Mon coeur ne craint rien.
OEDIPE. Tu ne sais pas les menaces.
THÉSÉE. Je sais que personne ne t'emmènera d'ici malgré moi. La
colère est prodigue de menaces et de vaines paroles ; mais quand l'esprit
se calme , les menaces se dissipent. Lors même que l'audace des
Thébains menacerait de t'emmener, crois-moi, pour arriver ici, la
mer leur paraîtra trop large et trop orageuse. Rassure-toi donc, je t'y
engage, quand je n'aurais pas résolu de te défendre, puisque c'est
Apollon qui t'envoie. Au reste, même pendant mon absence, je sais
que mon nom suffira pour te préserver de toute insulte.
LE CHOEUR. Etranger, tu es dans une contrée célèbre par ses
coursiers, dans le plus beau séjour de ce pays, tu es sur le sol
du blanc Colone. Ici de nombreux rossignols font entendre leurs
plaintes mélodieuses dans des vallons toujours verts, sous l'ombrage
du lierre noirâtre, et dans ces bois sacrés, inaccessibles, impénétrables
au jour, où les arbres chargés de fruits sont respectés des orages,
et où, dans ses joyeux transports, Bacchus aime à errer au milieu du
cortége de ses divines nourrices.
Chaque jour la rosée du ciel y fait fleurir le narcisse aux belles
grappes, et le safran doré, couronne antique des deux grandes
déesses. La source du Céphise y verse à flots pressés une onde qui
ne dort jamais; et sans cesse son eau limpide court à travers la plaine
et féconde au loin les campagnes. Ni les choeurs des Muses, ni Vénus
aux rènes d'or ne dédaignent ces lieux.
Là croit un arbre que n'a jamais produit l'Asie, ni la grande île de
Pélops, habitée par les Doriens, un arbre qui vient de lui-méme, sans
culture, l'effroi des lances ennemies


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Dernière mise à jour : 24/05/2005