HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 300-399

  Vers 300-399

[300] φροντίδ᾽, ἕξειν, αὐτὸν ὥστἐλθεῖν πέλας;
(Χορός) καὶ κάρθ᾽, ὅταν περ τοὔνομαἴσθηται τὸ σόν.
(Οἰδίπους) τίς δἔσθ κείνῳ τοῦτο τοὔπος ἀγγελῶν;
(Χορός)
μακρὰ κέλευθος· πολλὰ δἐμπόρων ἔπη
φιλεῖ πλανᾶσθαι, τῶν ἐκεῖνος ἀΐων,
305 θάρσει, παρέσται. πολὺ γάρ, γέρον, τὸ σὸν
ὄνομα διήκει πάντας, ὥστε κεἰ βραδὺς
εὕδει, κλύων σοῦ δεῦρἀφίξεται ταχύς.
(Οἰδίπους)
ἀλλεὐτυχὴς ἵκοιτο τῇ θαὑτοῦ πόλει
ἐμοί τε· τίς γὰρ ἐσθλὸς οὐχ αὑτῷ φίλος;
310 (Ἀντιγόνη) Ζεῦ, τί λέξω; ποῖ φρενῶν ἔλθω, πάτερ;
(Οἰδίπους) τί δἔστι, τέκνον (Ἀντιγόνη
(Ἀντιγόνη) -- γυναῖχὁρῶ
στείχουσαν ἡμῶν ἆσσον, Αἰτναίας ἐπὶ
πώλου βεβῶσαν· κρατὶ δἡλιοστεγὴς
κυνῆ πρόσωπα Θεσσαλίς νιν ἀμπέχει.
315 τί φῶ;
ἆρἔστιν; ἆροὐκ ἔστιν; γνώμη πλανᾷ;
καὶ φημὶ κἀπόφημι κοὐκ ἔχω τί φῶ.
τάλαινα.
οὐκ ἔστιν ἄλλη· φαιδρὰ γοῦν ἀπὀμμάτων
320 σαίνει με προσστείχουσα· σημαίνει δὅτι
μόνης τόδἐστὶ δῆλον (Ἰσμήνη)ς κάρα.
(Οἰδίπους) πῶς εἶπας, παῖ;
(Ἀντιγόνη) -- παῖδα σήν, ἐμὴν δὁρᾶν
ὅμαιμον· αὐδῇ δαὐτίκἔξεστιν μαθεῖν.
(Ἰσμήνη)
δισσὰ πατρὸς καὶ κασιγνήτης ἐμοὶ
325 ἥδιστα προσφωνήμαθ᾽, ὡς ὑμᾶς μόλις
εὑροῦσα λύπῃ δεύτερον μόλις βλέπω.
(Οἰδίπους) τέκνον, ἥκεις;
(Ἰσμήνη) -- πάτερ δύσμοιρὁρᾶν.
(Οἰδίπους) τέκνον, πέφηνας;
(Ἰσμήνη) -- οὐκ ἄνευ μόχθου γέ μοι.
(Οἰδίπους) πρόσψαυσον, παῖ.
(Ἰσμήνη) -- θιγγάνω δυοῖν ὁμοῦ.
330 (Οἰδίπους) σπέρμὅμαιμον.
(Ἰσμήνη) -- δυσάθλιαι τροφαί.
(Οἰδίπους) τῆσδε κἀμοῦ;
(Ἰσμήνη) -- δυσμόρου τἐμοῦ τρίτης.
(Οἰδίπους) τέκνον, τί δἦλθες;
(Ἰσμήνη) -- σῇ, πάτερ, προμηθίᾳ.
(Οἰδίπους) πότερα πόθοισι;
(Ἰσμήνη) -- καὶ λόγων γαὐτάγγελος,
ξὺν ᾧπερ εἶχον οἰκετῶν πιστῷ μόνῳ.
335 (Οἰδίπους) οἱ δαὐθόμαιμοι ποῦ νεανίαι πονεῖν;
(Ἰσμήνη) εἴσοὗπέρ εἰσι· δεινὰ τἀν κείνοις τανῦν.
(Οἰδίπους)
πάντἐκείνω τοῖς ἐν Αἰγύπτῳ νόμοις
φύσιν κατεικασθέντε καὶ βίου τροφάς·
ἐκεῖ γὰρ οἱ μὲν ἄρσενες κατὰ στέγας
340 θακοῦσιν ἱστουργοῦντες, αἱ δὲ σύννομοι
τἄξω βίου τροφεῖα πορσύνουσἀεί.
σφῷν δ᾽, τέκν᾽, οὓς μὲν εἰκὸς ἦν πονεῖν τάδε,
κατοἶκον οἰκουροῦσιν ὥστε παρθένοι,
σφὼ δἀντἐκείνων τἀμὰ δυστήνου κακὰ
345 ὑπερπονεῖτον. μὲν ἐξ ὅτου νέας
τροφῆς ἔληξε καὶ κατίσχυσεν δέμας,
ἀεὶ μεθἡμῶν δύσμορος πλανωμένη
γερονταγωγεῖ, πολλὰ μὲν κατἀγρίαν
ὕλην ἄσιτος νηλίπους τἀλωμένη,
[300] OEDIPE. Pensez-vous qu'il ait quelque égard, quelque complaisance
pour un vieillard avengle, et qu'il consente sans peine à venir me trouver?
LE CHOEUR. Sans doute, il viendra lorsqu'il aura entendu ton nom.
OEDIPE. Et qui l'en instruira?
LE CHOEUR. La route est longue, il est vrai; mais les propos des
voyageurs circulent avec rapidité; ils iront jusqu'à lui , et sois certain
qu'il viendra bientôt. Car ton nom, ô vieillard , est dans toutes les
bouches, et bien qu'enchaîné par le repos, Thésée, en entendant
parler de toi, se hâtera d'accourir en ces lieux.
OEDIPE. Qu'il vienne pour le bonheur d'Athènes et pour le mien!
Quel homme sensé ne songe pas d'abord à lui-même?
ANTIGONE. O Zeus, que dire? que penser, ô mon père?
OEDIPE. Antigone, ma fille, qu'y a-t-il?
ANTIGONE. Je vois venir vers nous une femme montée sur un
coursier de Sicile; un chapeau thessalien couvre sa tète et ombrage
sa figure. Que dire? est-ce elle? n'est-ce pas elle? Mon esprit est dans
l'incertitude. J'assurerais ... mais non : je ne sais que dire, malheureuse.
Mais ce ne peut être une autre. Son air riant m'émeut doucement
à mesure qu'elle approche. Je n'en puis douter, c'est Ismène,
oui, c'est elle que je vois.
OEDIPE. Qu'as-tu dit, ma fille?
ANTIGONE. C'est ta fille, ma soeur, qui est devant nies yeux; tu
vas reconnaître sa voix.
ISMÈNE. Mon père, ma soeur, quel bonheur de vous revoir tous
deux! Que j'ai eu de peine pour vous retrouver, et que votre vue me
cause encore de douleur!
OEDIPE. O ma fille, est-ce toi?
ISMÈNE. O père infortuné!
OEDIPE. Ma fille, tu es donc venue?
ISMÈNE. Ce n'est pas sans avoir souffert.
OEDIPE. Embrasse-moi, ma fille.
ISMÈNE. Je vous tiens tous deux dans mes bras.
OEDIPE. O toi, ma fille et ma soeur!
ISMÈNE. Malheureuse existence !
OEDIPE. Celle d'Antigone et la mienne?
ISMÈNE. Et la mienne aussi, infortunée!
OEDIPE. Quel sujet t'amène, ma fille?
ISMÈNE. Ton intérêt, mon père.
OEDIPE. Est-ce aussi la douleur de mon absence?
ISMÈNE. Oui , et la nouvelle que je viens t'apporter, accompagnée
du seul serviteur qui me soit resté fidèle.
OEDIPE. Et tes jeunes frères, que font-ils?
ISMÈNE. Je ne sais, mais ils sont malheureux.
OEDIPE. Oh ! que leur caractère et leur conduite ressemblent bien
aux moeurs des peuples de l'Égypte! Là, les hommes assis dans l'intérieur
des maisons travaillent à la toile, tandis que leurs compagnes
vont au dehors pourvoir aux besoins de la vie. Ainsi, mes filles, ceux
de mes enfants qui auraient dû veiller sur mes jours, restent dans leurs
palais comme des vierges timides; et c'est vous oui, à leur place,
partagez les souffrances d'un père infortuné. L'une, depuis qu'elle est
sortie de l'enfance, et que l'âge a fortifié son corps, errant tristement
avec moi, ne cesse de conduire son vieux père, marchant souvent,
pieds nus, sans pain, à travers les foréts sauvages,
[350] πολλοῖσι δὄμβροις ἡλίου τε καύμασιν
μοχθοῦσα τλήμων δεύτερἡγεῖται τὰ τῆς
οἴκοι διαίτης, εἰ πατὴρ τροφὴν ἔχοι.
σὺ δ᾽, τέκνον, πρόσθεν μὲν ἐξίκου πατρὶ
μαντεῖἄγουσα πάντα, Καδμείων λάθρᾳ,
355 τοῦδἐχρήσθη σώματος, φύλαξ τέ μου
πιστὴ κατέστης, γῆς ὅτἐξηλαυνόμην·
νῦν δαὖ τίνἥκεις μῦθον, Ἰσμήνη, πατρὶ
φέρουσα; τίς σἐξῆρεν οἴκοθεν στόλος;
ἥκεις γὰρ οὐ κενή γε, τοῦτἐγὼ σαφῶς
360 ἔξοιδα, μὴ οὐχὶ δεῖμἐμοὶ φέρουσά τι.
(Ἰσμήνη)
ἐγὼ τὰ μὲν παθήμαθἅπαθον, πάτερ,
ζητοῦσα τὴν σὴν ποῦ κατοικοίης τροφήν,
παρεῖσἐάσω· δὶς γὰρ οὐχὶ βούλομαι
πονοῦσά τἀλγεῖν καὶ λέγουσαὖθις πάλιν.
365 δἀμφὶ τοῖν σοῖν δυσμόροιν παίδοιν κακὰ
νῦν ἐστι, ταῦτα σημανοῦσἐλήλυθα.
πρὶν μὲν γὰρ αὐτοῖς ἦν ἔρως Κρέοντί τε
θρόνους ἐᾶσθαι μηδὲ χραίνεσθαι πόλιν,
λόγῳ σκοποῦσι τὴν πάλαι γένους φθοράν,
370 οἵα κατέσχε τὸν σὸν ἄθλιον δόμον·
νῦν δἐκ θεῶν του κἀλιτηρίου φρενὸς
εἰσῆλθε τοῖν τρὶς ἀθλίοιν ἔρις κακή,
ἀρχῆς λαβέσθαι καὶ κράτους τυραννικοῦ.
χὠ μὲν νεάζων καὶ χρόνῳ μείων γεγὼς
375 τὸν πρόσθε γεννηθέντα Πολυνείκη θρόνων
ἀποστερίσκει, κἀξελήλακεν πάτρας.
δ᾽, ὡς καθἡμᾶς ἔσθ πληθύων λόγος,
τὸ κοῖλον Ἄργος βὰς φυγὰς προσλαμβάνει
κῆδός τε καινὸν καὶ ξυνασπιστὰς φίλους
380 ὡς αὐτίκἌργος τὸ Καδμείων πέδον
τιμῇ καθέξον πρὸς οὐρανὸν βιβῶν.
ταῦτοὐκ ἀριθμός ἐστιν, πάτερ, λόγων,
ἀλλἔργα δεινά· τοὺς δὲ σοὺς ὅπου θεοὶ
πόνους κατοικτιοῦσιν οὐκ ἔχω μαθεῖν.
(Οἰδίπους)
385 ἤδη γὰρ ἔσχες ἐλπίδὡς ἐμοῦ θεοὺς
ὤραν τινἕξειν, ὥστε σωθῆναί ποτε;
(Ἰσμήνη) ἔγωγε τοῖς νὺν γ᾽, πάτερ, μαντεύμασιν.
(Οἰδίπους) ποίοισι τούτοις; τί δὲ τεθέσπισται, τέκνον;
(Ἰσμήνη)
σὲ τοῖς ἐκεῖ ζητητὸν ἀνθρώποις ποτὲ
390 θανόντἔσεσθαι ζῶντά τεὐσοίας χάριν.
(Οἰδίπους) τίς δἂν τοιοῦδὑπἀνδρὸς εὖ πράξειεν ἄν;
(Ἰσμήνη) ἐν σοὶ τὰ κείνων φασὶ γίγνεσθαι κράτη.
(Οἰδίπους) ὅτοὐκέτεἰμί, τηνικαῦτἄρεἴμἀνήρ;
(Ἰσμήνη) νῦν γὰρ θεοί σὀρθοῦσι, πρόσθε δὤλλυσαν.
395 (Οἰδίπους) γέροντα δὀρθοῦν φλαῦρον ὃς νέος πέσῃ.
(Ἰσμήνη)
καὶ μὴν Κρέοντά γἴσθι σοι τούτων χάριν
ἥξοντα βαιοῦ κοὐχὶ μυρίου χρόνου.
(Οἰδίπους) ὅπως τί δράσῃ, θύγατερ; ἑρμήνευέ μοι.
(Ἰσμήνη)
ὥς σἄγχι γῆς στήσωσι Καδμείας, ὅπως
[350] souvent exposée aux pluies, aux ardeurs du soleil, et,
malgré ces souffrances, l'infortunée préfère à la vie paisible
de ses fovers le soin de nourrir son père.
Et toi, ma fille, naguère tu es venue, à l'insu des Thébains,
apprendre à ton père les oracles qui le touchent ; tu as été mon gardien
fidèle, quand on me chassait de ma patrie. Maintenant, Ismène,
que viens-tu annoncer à ton père? quel motif t'a fait sortir de Thèbes?
Tu ne viens pas sans raison , je le sais, et sans m'apporter quelque
sujet de crainte.
ISMÈNE. Tout ce que j'ai souffert pour découvrir le lieu de ta retraite,
je ne te le dirai pas, mon père; je ne veux point ajouter à mes
peines celle de t'en faire le récit. C'est pour t'informer des malheurs
de tes fils que je suis venue. Ils voulaient d'abord laisser l'empire à
Créon, et ne pas souiller Thèbes (en régnant sur elle), songeant,
disaient-ils, aux malheurs héréditaires attachés à ta déplorable famille.
Mais depuis, le courroux des dieux et la perversité de leur coeur ont
excité entre eux, pour leur ruine, une criminelle rivalité et le désir
d'exercer la puissance souveraine. Le plus jeune, au mépris des
droits de la naissance, a détrôné Polynice son frère aîné, et l'a
chassé de sa patrie. L'autre, comme on le dit partout à Thèbes, ayant
porté son exil dans Argos, y forme une alliance nouvelle, appelle
aux armes de nombreux amis, et bientôt les Argiens vont conquérir
avec gloire les champs de Cadmus, ou les illustrer à jamais par leur
défaite. Ce ne sont pas, ô mon père, de vaines paroles , mais des menaces
qui s'exécutent. Pour toi, je ne sais quand les dieux auront pitié
de tes malheurs
OEDIPE. As-tu jamais espéré que les dieux prendraient soin de
moi et termineraient enfin mes souffrances?
ISMÈNE. Oui, mon père, si j'en crois des oracles récents.
OEDIPE. Quels oracles? qu'annoncent-ils, ma fille?
ISMÈNE. Qu'un jour les Thébains voudront te posséder mort ou
vivant, pour assurer leur salut.
OEDIPE. Et que peuvent-ils espérer d'un malheureux tel que moi?
ISMÈNE. En toi, dit-on, réside leur puissance.
OEDIPE. Puis-je donc être puissant, quand je ne suis plus rien?
ISMÈNE. Les dieux te relèvent, après t'avoir abattu.
OEDIPE. Il est inutile de relever un vieillard, tombé dans sa jeunesse.
ISMÈNE. Apprends toutefois que, dans cet espoir, Créon va bientôt
se rendre ici.
OEDIPE. Que vent-il faire, ma fille? Explique-le-moi.


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Dernière mise à jour : 24/05/2005