HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 1600-1699

  Vers 1600-1699

[1600] τὼ δεὐχλόου Δήμητρος εἰς προσόψιον
πάγον μολοῦσαι τάσδἐπιστολὰς πατρὶ
ταχεῖπόρευσαν σῦν χρόνῳ, λουτροῖς τέ νιν
ἐσθῆτί τἐξήσκησαν νομίζεται.
ἐπεὶ δὲ παντὸς εἶχε δρῶντος ἡδονὴν
1605 κοὐκ ἦν ἔτοὐδὲν ἀργὸν ὧν ἐφίετο,
κτύπησε μὲν Ζεὺς χθόνιος αἱ δὲ παρθένοι
ῥίγησαν, ὡς ἤκουσαν· ἐς δὲ γούνατα
πατρὸς πεσοῦσαικλαιον οὐδἀνίεσαν
στέρνων ἀραγμοὺς οὐδὲ παμμήκεις γόους.
1610 δὡς ἀκούει φθόγγον ἐξαίφνης πικρόν,
πτύξας ἐπαὐταῖς χεῖρας εἶπεν· τέκνα,
οὐκ ἔστἔθὑμῖν τῇδἐν ἡμέρᾳ πατήρ.
ὄλωλε γὰρ δὴ πάντα τἀμά, κοὐκέτι
τὴν δυσπόνητον ἕξετἀμφἐμοὶ τροφήν·
1615 σκληρὰν μέν, οἶδα, παῖδες· ἀλλἓν γὰρ μόνον
τὰ πάντα λύει ταῦτἔπος μοχθήματα.
τὸ γὰρ φιλεῖν οὐκ ἔστιν ἐξ ὅτου πλέον
τοῦδε τἀνδρὸς ἔσχεθ᾽, οὗ τητώμεναι
τὸ λοιπὸν ἤδη τὸν βίον διάζετον.
1620 τοιαῦτἐπἀλλήλοισιν ἀμφικείμενοι
λύγδην ἔκλαιον πάντες. ὡς δὲ πρὸς τέλος
γόων ἀφίκοντοὐδἔτὠρώρει βοή,
ἦν μὲν σιωπή· φθέγμα δἐξαίφνης τινὸς
θώϋξεν αὐτόν, ὥστε πάντας ὀρθίας
1625 στῆσαι φόβῳ δείσαντας ἐξαίφνης τρίχας,
καλεῖ γὰρ αὐτὸν πολλὰ πολλαχῇ θεός·
οὗτος οὗτος, Οἰδίπους, τί μέλλομεν
χωρεῖν; πάλαι δὴ τἀπὸ σοῦ βραδύνεται.
δὡς ἐπῄσθετἐκ θεοῦ καλούμενος,
1630 αὐδᾷ μολεῖν οἱ γῆς ἄνακτα Θησέα.
κἀπεὶ προσῆλθεν, εἶπεν· φίλον κάρα,
δός μοι χερὸς σῆς πίστιν ὁρκίαν τέκνοις,
ὑμεῖς τε, παῖδες, τῷδε· καὶ καταίνεσον
μήποτε προδώσειν τάσδἑκών, τελεῖν δὅσἂν
1635 μέλλῃς φρονῶν εὖ ξυμφέρονταὐτοῖς ἀεί.
δ᾽, ὡς ἀνὴρ γενναῖος, οὐκ οἴκτου μέτα
κατῄνεσεν τάδὅρκιος δράσειν ξένῳ.
ὅπως δὲ ταῦτἔδρασεν, εὐθὺς Οἰδίπους
ψαύσας ἀμαυραῖς χερσὶν ὧν παίδων λέγει·
1640 παῖδε, τλάσας χρὴ τὸ γενναῖον φρενὶ
χωρεῖν τόπων ἐκ τῶνδε, μηδ μὴ θέμις
λεύσσειν δικαιοῦν μηδὲ φωνούντων κλύειν,
ἀλλἕρπεθὡς τάχιστα· πλὴν κύριος
Θησεὺς παρέστω μανθάνων τὰ δρώμενα.
1645 τοσαῦτα φωνήσαντος εἰσηκούσαμεν
ξύμπαντες· ἀστακτὶ δὲ σὺν ταῖς παρθένοις
στένοντες ὡμαρτοῦμεν. ὡς δἀπήλθομεν,
χρόνῳ βραχεῖ στραφέντες ἐξαπείδομεν
τὸν ἄνδρα τὸν μὲν οὐδαμοῦ παρόντἔτι,
[1600] Elles allèrent à la colline de la féconde Démèter, et eurent bientôt
exécuté les ordres de leur père; elles le baignèrent et le parèrent de
vêtements nouveaux, selon l'usage. Lorsque ses désirs furent satisfaits
et que tout fut achevé, le dieu des enfers tonna. A ce bruit, les
jeunes filles furent glacées d'effroi, et tombant aux genoux de leur
père, elles pleurent, se frappent la poitrine et poussent de longs
gémissements. Mais lui, aussitôt qu'il entend ce bruit terrible, il les
presse dans ses bras et s'écrie : "O mes enfants, dès ce jour vous
n'avez plus de père; tout est fini pour moi : vous n'aurez plus le soin
pénible de me nourir, et je sais ce qu'il vous a coûté, mes filles; mais
une chose suffit pour adoucir toutes vos peines, c'est que personne
ne vous a plus tendrement aimées que ce père, sans lequel vous allez
passer le reste de vos jours." Alors le père et les filles, se tenant
embrassés, confondaient leurs pleurs et leurs sanglots. Enfin leurs
gémissements cessent; à leurs cris succède un profond silence. Soudain
une voix appelle OEdipe, et la terreur nous fait à tous dresser les
cheveux sur la tete, car le dieu l'appelait à plusieurs reprises : "OEdipe,
OEdipe, qu'attendons-nous? Partons, tu tardes trop longtemps".
OEdipe, entendant le dieu qui l'appelle, ordonne à Thésée d'approcher
de lui. Quand le roi fut à ses côtés : "Cher Thésée, lui dit-il,
donne ta main à mes filles, comme gage d'une foi inviolable, et vous,
mes filles, donnez-lui la vôtre. Jure-moi de ne jamais consentir à les
abandonner, et de faire tout ce que ta bienveillance t'inspirera pour
leur intérêt". Thésée, en homme généreux, retient ses pleurs, et jure
à son hôte de lui obéir. Après ce serment, il dit à ses filles en les
pressant de ses mains défaillantes : "Mes filles, armez-vous de résignation
pour vous éloigner de ces lieux, et ne demandez pas à voir ou à entendre
ce qui vous est interdit. Retirez-vous promptement, que Thésée
seul demeure ; seul il a le droit de savoir ce qui va s'accomplir." A
cet ordre, que nous avons tous entendu, nous suivons les jeunes
filles en gémissant et en versant des larmes. A peine éloignés, nous
tournons les yeux : Œdipe avait disparu ; nous ne voyons plus que Thésée,
[1650] ἄνακτα δαὐτὸν ὀμμάτων ἐπίσκιον
χεῖρἀντέχοντα κρατός, ὡς δεινοῦ τινος
φόβου φανέντος οὐδἀνασχετοῦ βλέπειν.
ἔπειτα μέντοι βαιὸν οὐδὲ σὺν χρόνῳ
ὁρῶμεν αὐτὸν γῆν τε προσκυνοῦνθἅμα
1655 καὶ τὸν θεῶν Ὄλυμπον ἐν ταὐτῷ λόγῳ.
μόρῳ δὁποίῳ κεῖνος ὤλετ᾽, οὐδἂν εἷς
θνητῶν φράσειε, πλὴν τὸ Θησέως κάρα.
οὐ γάρ τις αὐτὸν οὔτε πυρφόρος θεοῦ
κεραυνὸς ἐξέπραξεν οὔτε ποντία
1660 θύελλα κινηθεῖσα τῷ τότἐν χρόνῳ,
ἀλλ τις ἐκ θεῶν πομπὸς τὸ νερτέρων
εὔνουν διαστὰν γῆς ἀλύπητον βάθρον.
ἁνὴρ γὰρ οὐ στενακτὸς οὐδὲ σὺν νόσοις
ἀλγεινὸς ἐξεπέμπετ᾽, ἀλλεἴ τις βροτῶν
1665 θαυμαστός. εἰ δὲ μὴ δοκῶ φρονῶν λέγειν,
οὐκ ἂν παρείμην οἷσι μὴ δοκῶ φρονεῖν.
(Χορός) ποῦ δαἵ τε παῖδες χοἰ προπέμψαντες φίλων;
(Ἄγγελος)
αἵδοὐχ ἑκάς· γόων γὰρ οὐκ ἀσήμονες
φθόγγοι σφε σημαίνουσι δεῦρὁρμωμένας.
(Ἀντιγόνη)
1670 αἰαῖ, φεῦ, ἔστιν ἔστι νῷν δὴ
οὐ τὸ μέν, ἄλλο δὲ μή, πατρὸς ἔμφυτον
ἄλαστον αἷμα δυσμόροιν στενάζειν,
ᾧτινι τὸν πολὺν
ἄλλοτε μὲν πόνον ἔμπεδον εἴχομεν,
1675 ἐν πυμάτῳ δἀλόγιστα παροίσομεν
ἰδόντε καὶ παθόντε.
(Χορός) τί δἔστιν;
(Ἀντιγόνη) ἔστιν μὲν εἰκάσαι, φίλοι.
(Χορός) βέβηκεν;
(Ἀντιγόνη)
-- ὡς μάλιστἂν ἐν πόθῳ λάβοις.
τί γάρ, ὅτῳ μήτἌρης
1680 μήτε πόντος ἀντέκυρσεν,
ἄσκοποι δὲ πλάκες ἔμαρψαν
ἐν ἀφανεῖ τινι μόρῳ φερόμενον.
τάλαινα· νῶν δὀλεθρία
νὺξ ἐπὄμμασιν βέβακε.
1685 πῶς γὰρ τινἀπίαν
γᾶν πόντιον κλύδωνἀλώμεναι, βίου δύσοιστον ἕξομεν τροφάν;
(Ἰσμήνη)
οὐ κάτοιδα. κατά με φόνιος
Ἀΐδας ἕλοι πατρὶ ξυνθανεῖν γεραιῷ
1690 τάλαιναν, ὡς ἔμοιγ μέλλων βίος οὐ βιωτός.
(Χορός)
διδύμα τέκνων ἀρίστα,
τὸ φέρον ἐκ θεοῦ φέρειν,
1695 μηδὲν ἄγαν φλέγεσθον· οὔ τοι κατάμεμπτἔβητον.
(Ἀντιγόνη)
πόθος τοὶ καὶ κακῶν ἄρἦν τις.
[1650] qui tenait la main devant ses yeux, comme effrayé par un
objet terrible dont il ne pouvait soutenir la vue. Quelques instants
après, nous le voyons se prosterner et adorer à la fois la terre et le
divin Olympe. Seul d'entre tous les mortels, Thésée pourrait dire
comment OEdipe a péri. Il n'a point été frappé par la foudre étincelante
de Zeus, ni englouti par une violente tempête. Sans doute
quelque envoyé des dieux est venu l'enlever, ou la terre favorable
s'est ouverte et l'a reçu doucement dans le séjour des Mânes. Il a
quitté la vie sans gémissement, sans douleur, et d'une manière toute
merveilleuse. Si quelqu'un accuse mes paroles de folie, il m'importe
peu de le convaincre.
LE CHOEUR. Où sont les filles d'OEdipe, et les amis qui les accompagnent?
LE MESSAGER. Elles ne sont pas éloignées : leurs gémissements
annoncent assez leur approche
ANTIGONE. Hélas! hélas! tout est à pleurer pour nous dans le
malheur d'être nées d'un sang criminel, d'un père pour qui nous
avons jusqu'ici supporté de continuelles infortunes, et pour qui enfin,
après ce que nous avons vu, ce que nous avons souffert, nous voici
entraînées vers des maux qu'on ne saurait prévoir.
LE CHOEUR. Qu'y a-t-il?
ANTIGONE. Amis, vous le devinez sans peine.
LE CHOEUR. Il est donc mort?
ANTIGONE. De la manière la plus digne d'envie. En effet , il n'a
point péri sons les coups d'Arès, ni au milieu des flots; mais la terre
entr'ouvrant pour lui ses sombres abîmes, il y a trouvé un trépas
mystérieux. Infortunée! une nuit funeste est répandue sur nos yeux.
Comment pourrons-nous, errant sur une terre étrangère ou sur une
mer orageuse, soutenir une triste existence?
ISMÈNE. Je ne sais. Pourquoi le cruel dieu des Mânes ne m'a-t-il pas
fait mourir, moi, infortunée, avec mon vieux père? Je ne puis plus
supporter la vie.
LE CHOEUR. Vertueuses filles, ce qu'un destin peu rigoureux vous
envoie, il ne faut pas le déplorer avec amertume ; car vous n'avez pas
tout à fait à vous plaindre de votre sort
ANTIGONE. Il est donc vrai que l'on regrette même les maux!


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Dernière mise à jour : 24/05/2005