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[1500] (Θησεύς) τίς αὖ παρ᾽ ὑμῶν κοινὸς ἠχεῖται κτύπος,
σαφὴς μὲν ἀστῶν, ἐμφανὴς δὲ τοῦ ξένου;
μή τις Διὸς κεραυνὸς ἤ τις ὀμβρία
χάλαζ᾽ ἐπιρράξασα; πάντα γὰρ θεοῦ
τοιαῦτα χειμάζοντος εἰκάσαι πάρα.
(Οἰδίπους)
1505 ἄναξ, ποθοῦντι προυφάνης, καί σοι θεῶν
τύχην τις ἐσθλὴν τῆσδ᾽ ἔθηκε τῆς ὁδοῦ.
(Θησεύς)
τί δ᾽ ἐστίν, ὦ παῖ Λαΐου, νέορτον αὖ;
(Οἰδίπους)
ῥοπὴ βίου μοι· καί σ᾽ ἅπερ ξυνῄνεσα
θέλω πόλιν τε τήνδε μὴ ψεύσας θανεῖν.
(Θησεύς)
1510 τῷ δ᾽ ἐκπέπεισαι τοῦ μόρου τεκμηρίῳ;
(Οἰδίπους)
αὐτοὶ θεοὶ κήρυκες ἀγγέλλουσί μοι,
ψεύδοντες οὐδὲν σῆμα τῶν προκειμένων.
(Θησεύς)
πῶς εἶπας, ὦ γεραιέ, δηλοῦσθαι τάδε;
(Οἰδίπους)
αἱ πολλὰ βρονταὶ διατελεῖς τὰ πολλά τε
1515 στράψαντα χειρὸς τῆς ἀνικήτου βέλη.
(Θησεύς)
πείθεις με· πολλὰ γάρ σε θεσπίζονθ᾽ ὁρῶ
κοὐ ψευδόφημα· χὤ τι χρὴ ποιεῖν λέγε.
(Οἰδίπους)
ἐγὼ διδάξω, τέκνον Αἰγέως, ἅ σοι
γήρως ἄλυπα τῇδε κείσεται πόλει.
1520 χῶρον μὲν αὐτὸς αὐτίκ᾽ ἐξηγήσομαι,
ἄθικτος ἡγητῆρος, οὗ με χρὴ θανεῖν.
τοῦτον δὲ φράζε μή ποτ᾽ ἀνθρώπων τινί,
μήθ᾽ οὗ κέκευθε μήτ᾽ ἐν οἷς κεῖται τόποις·
ὥς σοι πρὸ πολλῶν ἀσπίδων ἀλκὴν ὅδε
1525 δορός τ᾽ ἐπακτοῦ γειτονῶν ἀεὶ τιθῇ.
ἃ δ᾽ ἐξάγιστα μηδὲ κινεῖται λόγῳ,
αὐτὸς μαθήσει, κεῖσ᾽ ὅταν μόλῃς μόνος·
ὡς οὔτ᾽ ἂν ἀστῶν τῶνδ᾽ ἂν ἐξείποιμί τῳ
οὔτ᾽ ἂν τέκνοισι τοῖς ἐμοῖς, στέργων ὅμως.
1530 ἀλλ᾽ αὐτὸς αἰεὶ σῷζε, χὤταν εἰς τέλος
τοῦ ζῆν ἀφικνῇ, τῷ προφερτάτῳ μόνῳ
σήμαιν᾽, ὁ δ᾽ αἰεὶ τὠπιόντι δεικνύτω.
χοὔτως ἀδῇον τήνδ᾽ ἐνοικήσεις πόλιν
σπαρτῶν ἀπ᾽ ἀνδρῶν· αἱ δὲ μυρίαι πόλεις,
1535 κἂν εὖ τις οἰκῇ, ῥᾳδίως καθύβρισαν.
θεοὶ γὰρ εὖ μέν, ὀψὲ δ᾽ εἰσορῶσ᾽, ὅταν
τὰ θεῖ᾽ ἀφείς τις εἰς τὸ μαίνεσθαι τραπῇ·
ὃ μὴ σύ, τέκνον Αἰγέως, βούλου παθεῖν.
τὰ μὲν τοιαῦτ᾽ οὖν εἰδότ᾽ ἐκδιδάσκομεν.
1540 χῶρον δ᾽, ἐπείγει γάρ με τοὐκ θεοῦ παρόν,
στείχωμεν ἤδη μηδ᾽ ἔτ᾽ ἐντρεπώμεθα.
ὦ παῖδες, ὧδ᾽ ἕπεσθ᾽· ἐγὼ γὰρ ἡγεμὼν
σφῷν αὖ πέφασμαι καινός, ὥσπερ σφὼ πατρί.
χωρεῖτε καὶ μὴ ψαύετ᾽, ἀλλ᾽ ἐᾶτέ με
1545 αὐτὸν τὸν ἱερὸν τύμβον ἐξευρεῖν, ἵνα
μοῖρ᾽ ἀνδρὶ τῷδε τῇδε κρυφθῆναι χθονί.
τῇδ᾽ ὧδε, τῇδε βᾶτε· τῇδε γάρ μ᾽ ἄγει
Ἑρμῆς ὁ πομπὸς ἥ τε νερτέρα θεός.
ὦ φῶς ἀφεγγές, πρόσθε πού ποτ᾽ ἦσθ᾽ ἐμόν,
| [1500] THÉSÉE. Quel motif vous fait encore pousser ces cris? Car j'ai
reconnu votre voix et celle de l'étranger. Est-ce la foudre de Zeus,
ou la grêle qui tombe par torrents du sein de la nue? Ce sont des
effets ordinaires, quand le dieu déchaîne les orages.
OEDIPE. Roi, ton arrivée comble mes voeux. Sans doute un dieu
favorable a conduit tes pas.
THÉSÉE. Fils de Laïus, qu'est-il donc survenu?
OEDIPE. Je touche au terme de ma vie, et je veux, avant de mourir,
remplir mes promesses envers toi et envers cette ville.
THÉSÉE. Et sur quel témoignage attends-tu la mort?
OEDIPE. Les dieux eux-mêmes me l'annoncent par des signes qui
ne trompent jamais
THÉSÉE. Quels sont, ô vieillard , ces présages certains?
OEDIPE. Ces tonnerres nombreux et prolongés, ces traits enflammés
qui partent d'une main invincible.
THESÉE. Je te crois: car je vois toutes tes prédictions s'accomplir.
Parle, que dois-je faire?
OEDIPE. Apprends, fils d'Égée, ce qui doit être pour cette ville
un bienfait éternel. Je te conduirai bientôt moi-même, sans guide,
au lieu où je dois mourir. Ne révèle jamais à aucun mortel l'endroit
où sera caché mon tombeau; car il sera pour toi, contre tes voisins,
un rempart plus assuré que les boucliers et les lances de mille combattants.
Ce secret inviolable, sacré, tu le sauras au lieu où seul tu
dois me suivre. Je ne le révélerai à aucun de ces habitants, ni même
à mes filles, malgré ma tendresse pour elles. Garde-le fidèlement, et
quand tu toucheras au terme de ta vie, ne le découvre qu'à celui qui
devra régner après toi, et que chaque roi le transmette à son succeseur.
Ainsi tu préserveras cette cité des ravages des Thébains. Beaucoup
de villes, même gouvernées avec sagesse, se sont laissé facilement égarer.
Or, la justice des dieux, quelquefois tardive, est
toujours éveillée sur la folie de ceux qui méprisent leurs arrêts. Fils
d'Égée, ne t'expose pas à un pareil malheur. Mais pourquoi t'apprendre
ce que tu sais déjà! Partons, les ordres des dieux me pressent;
marchons droit au lieu qui m'attend. Mes filles, suivez-moi ; car c'est
moi, tout aveugle que je suis, qui vous guiderai à mon tour, comme
vous avez guidé votre père. Marchez, ne me touchez point; laissez-moi
découvrir seul le tombeau sacré, où le destin veut que je sois
enseveli dans cette terre. Venez de ce côté, venez. Voici le chemin
que m'indique Hermès, conducteur des âmes, et la déesse des enfers.
o lumière, obscure aujourd'hui pour moi, naguère j'ai connu ton éclat;
| [1550] νῦν δ᾽ ἔσχατόν σου τοὐμὸν ἅπτεται δέμας.
ἤδη γὰρ ἕρπω τὸν τελευταῖον βίον
κρύψων παρ᾽ Ἅιδην. ἀλλά, φίλτατε ξένων,
αὐτός τε χώρα θ᾽ ἥδε πρόσπολοί τε σοὶ
εὐδαίμονες γένοισθε, κἀπ᾽ εὐπραξίᾳ
1555 μέμνησθέ μου θανόντος εὐτυχεῖς ἀεί.
(Χορός)
εἰ θέμις ἐστί μοι τὰν ἀφανῆ θεὸν
καὶ σὲ λιταῖς σεβίζειν,
ἐννυχίων ἄναξ,
1560 Αἰδωνεῦ Αἰδωνεῦ, λίσσωμαι
ἄπονα μήτ᾽ ἐπὶ βαρυαχεῖ
ξένον ἐξανύσαι
μόρῳ τὰν παγκευθῆ κάτω
νεκρῶν πλάκα καὶ Στύγιον δόμον.
1565 πολλῶν γὰρ ἂν καὶ μάταν
πημάτων ἱκνουμένων
πάλιν σφε δαίμων δίκαιος αὔξοι.
(Χορός)
ὦ χθόνιαι θεαὶ σῶμά τ᾽ ἀνικάτου
θηρός, ὃν ἐν πύλαισι
1570 ταῖσι πολυξένοις
εὐνᾶσθαι κνυζεῖσθαί τ᾽ ἐξ ἄντρων
ἀδάματον φύλακα παρ᾽ Ἁίδᾳ
λόγος αἰὲν ἔχει·
τόν, ὦ Γᾶς παῖ καὶ Ταρτάρου,
1575 κατεύχομαι ἐν καθαρῷ βῆναι
ὁρμωμένῳ νερτέρας
τῷ ξένῳ νεκρῶν πλάκας·
σέ τοι κικλήσκω τὸν αἰένυπνον.
(Ἄγγελος)
ἄνδρες πολῖται, ξυντομωτάτως, μὲν ἂν
1580 τύχοιμι λέξας Οἰδίπουν ὀλωλότα·
ἃ δ᾽ ἦν τὰ πραχθέντ᾽, οὔθ᾽ ὁ μῦθος ἐν βραχεῖ
φράσαι πάρεστιν οὔτε τἄργ᾽ ὅσ᾽ ἦν ἐκεῖ.
(Χορός) ὄλωλε γὰρ δύστηνος;
(Ἄγγελος) -- ὡς λελοιπότα
κεῖνον τὸν ἀεὶ βίοτον ἐξεπίστασο.
1585 (Χορός) πῶς; ἆρα θείᾳ κἀπόνῳ τάλας τύχῃ;
(Ἄγγελος)
ταῦτ᾽ ἐστὶν ἤδη κἀποθαυμάσαι πρέπον.
ὡς μὲν γὰρ ἐνθένδ᾽ εἷρπε, καὶ σύ που παρὼν
ἔξοισθ᾽, ὑφηγητῆρος οὐδενὸς φίλων,
ἀλλ᾽ αὐτὸς ἡμῖν πᾶσιν ἐξηγούμενος.
1590 ἐπεὶ δ᾽ ἀφῖκτο τὸν καταρράκτην ὀδὸν
χαλκοῖς βάθροισι γῆθεν ἐρριζωμένον,
ἔστη κελεύθων ἐν πολυσχίστων μιᾷ,
κοίλου πέλας κρατῆρος, οὗ τὰ Θησέως
Περίθου τε κεῖται πίστ᾽ ἀεὶ ξυνθήματα.
1595 ἀφ᾽ οὗ μέσος στὰς τοῦ τε Θορικίου πέτρου
κοίλης τ᾽ ἀχέρδου κἀπὸ λαΐνου τάφου,
καθέζετ᾽· εἶτ᾽ ἔλυσε δυσπινεῖς στολάς.
κἄπειτ᾽ ἀΰσας παῖδας ἠνώγει ῥυτῶν
ὑδάτων ἐνεγκεῖν λουτρὰ καὶ χοάς ποθεν·
| [1550] c'est aujourd'hui la dernière fois que tes rayons viennent me
frapper. Je vais ensevelir mes jours dans le sombre empire. Pour toi,
le plus cher des hôtes, j'appelle le bonheur sur toi, sur cette contrée
et sur tes sujets : quand je ne serai plus, conservez mon souvenir au
sein d'une éternelle prospérité.
LE CHOEUR. S'il m'est permis de t'adresser des prières, déesse des
ténèbres, et toi, roi du sombre empire, Hadès, je vous
conjure d'accorder à cet étranger un passage doux et tranquille, pour
descendre aux bords du Styx , dans ce séjour des morts où tout doit
s'ensevelir. Après tant de malheurs si peu mérités, Œdipe, qu'un
dieu juste te regarde enfin d'un oeil favorable. Je vous invoque,
déesses infernales; et toi , monstre invincible, qu'on dit couché aux
portes de l'Érèbe, où du fond de ton antre tu pousses d'horribles
hurlements, indomptable gardien des enfers ; ô fille de la Terre et du
Tartare, que Cerbère laisse la route libre et pure au nouvel hôte qui
va descendre au sombre séjour des mânes; c'est toi que j'appelle, toi
qui endors tous les êtres d'un éternel sommeil.
LE MESSAGER. Citoyens, je puis en peu de mots vous apprendre
qu'OEdipe est mort ; mais les circonstances de sa mort, les prodiges
qui l'ont accompagnée, exigent de longs détails.
LE CHOEUR. Il est donc mort, l'infortuné?
LE MESSAGER. Oui, il a enfin quitté la vie.
LE CHOEUR. Comment est-il mort? Est-ce avec l'aide des dieux
et sans souffrance?
LE MESSAGER. Oui , et il n'est rien de plus merveilleux. Tu as vu
comme il est sorti d'ici, sans guide, marchant lui-même devant nous.
Arrivé à l'entrée du gouffre dont les fondements d'airain reposent
dans les entrailles dee la terre, il s'est arrété dans un chemin partagé
en plusieurs routes, près d'une caverne profonde, où sont enfermés
les monuments de l'éternelle amitié de Thésée et de Pirithoüs. Là,
également éloigné de la caverne, du rocher de Thoricos, d'un poirier
sauvage et d'un tombeau de pierre, il s'est assis; puis il s'est dépouillé
de ses hideux vêtements. Appelant alors ses filles à haute voix,
il leur ordonna de lui apporter de l'eau vive pour le bain et les libations.
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