HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 1400-1499

  Vers 1400-1499

[1400] οἴμοι δἑταίρων· οἷον ἆρὁδοῦ τέλος
Ἄργους ἀφωρμήθημεν, τάλας ἐγώ,
τοιοῦτον οἷον οὐδὲ φωνῆσαί τινι
ἔξεσθἑταίρων, οὐδἀποστρέψαι πάλιν,
ἀλλὄντἄναυδον τῇδε συγκῦρσαι τύχῃ.
1405 τοῦδὅμαιμοι παῖδες, ἀλλὑμεῖς, ἐπεὶ
τὰ σκληρὰ πατρὸς κλύετε ταῦτἀρωμένου,
μή τοί με πρὸς θεῶν σφώ γ᾽, ἐὰν αἱ τοῦδἀραὶ
πατρὸς τελῶνται καί τις ὑμῖν ἐς δόμους
νόστος γένηται, μή μἀτιμάσητέ γε,
1410 ἀλλἐν τάφοισι θέσθε κἀν κτερίσμασιν.
καὶ σφῷν νῦν ἔπαινος, ὃν κομίζετον
τοῦδ᾽, ἀνδρὸς οἷς πονεῖτον, οὐκ ἐλάσσονα
ἔτἄλλον οἴσει τῆς ἐμῆς ὑπουργίας.
(Ἀντιγόνη)
Πολύνεικες, ἱκετεύω σε πεισθῆναί τί μοι.
1415 (Πολυνείκης) φιλτάτη, τὸ ποῖον, Ἀντιγόνη; λέγε.
(Ἀντιγόνη)
στρέψαι στράτευμἐς Ἄργος ὡς τάχιστά γε,
καὶ μὴ σέ ταὐτὸν καὶ πόλιν διεργάσῃ.
(Πολυνείκης)
ἀλλοὐχ οἷόν τε· πῶς γὰρ αὖθις ἂν πάλιν
στράτευμἄγοιμι ταὐτόν. εἰσάπαξ τρέσας;
(Ἀντιγόνη)
1420 τί δαὖθις, παῖ, δεῖ σε θυμοῦσθαι; τί σοι
πάτραν κατασκάψαντι κέρδος ἔρχεται;
(Πολυνείκης)
αἰσχρὸν τὸ φεύγειν καὶ τὸ πρεσβεύοντἐμὲ
οὕτω γελᾶσθαι τοῦ κασιγνήτου πάρα.
(Ἀντιγόνη)
ὁρᾷς τὰ τοῦδοὖν ὡς ἐς ὀρθὸν ἐκφέρει
1425 μαντεύμαθ᾽, ὃς σφῷν θάνατον ἐξ ἀμφοῖν θροεῖ;
(Πολυνείκης)
χρῄζει γάρ· ἡμῖν δοὐχὶ συγχωρητέα.
(Ἀντιγόνη)
οἴμοι τάλαινα· τίς δὲ τολμήσει κλύων
τὰ τοῦδἕπεσθαι τἀνδρός, οἷἐθέσπισεν;
(Πολυνείκης)
οὐκ ἀγγελοῦμεν φλαῦρ᾽· ἐπεὶ στρατηλάτου
1430 χρηστοῦ τὰ κρείσσω μηδὲ τἀνδεᾶ λέγειν.
(Ἀντιγόνη)
οὕτως ἄρ᾽, παῖ, ταῦτά σοι δεδογμένα;
(Πολυνείκης)
καὶ μή μἐπίσχῃς γ᾽· ἀλλἐμοὶ μὲν ἥδὁδὸς
ἔσται μέλουσα δύσποτμός τε καὶ κακὴ
πρὸς τοῦδε πατρὸς τῶν τε τοῦδἐρινύων·
1435 σφῷν δεὖ διδοίη Ζεύς, τάδεἰ θανόντι μοι
τελεῖτ᾽, ἐπεὶ οὔ μοι ζῶντί γαὖθις ἕξετον.
μέθεσθε δἤδη χαίρετόν τ᾽· οὐ γάρ μἔτι
βλέποντἐσόψεσθαὖθις.
(Ἀντιγόνη) -- τάλαινἐγώ.
(Πολυνείκης) μή τοί μὀδύρου.
(Ἀντιγόνη) -- καὶ τίς ἄν σὁρμώμενον
1440 εἰς προὖπτον Ἅιδην οὐ καταστένοι, κάσι;
(Πολυνείκης) εἰ χρή, θανοῦμαι.
(Ἀντιγόνη) -- μὴ σύ γ᾽, ἀλλἐμοὶ πιθοῦ.
(Πολυνείκης) μὴ πεῖθ μὴ δεῖ.
(Ἀντιγόνη) -- δυστάλαινά τἄρἐγώ,
εἴ σου στερηθῶ.
(Πολυνείκης)
-- ταῦτα δἐν τῷ δαίμονι
καὶ τῇδε φῦναι χἀτέρᾳ. σφὼ δοὖν ἐγὼ
1445 θεοῖς ἀρῶμαι μή ποτἀντῆσαι κακῶν·
ἀνάξιαι γὰρ πᾶσίν ἐστε δυστυχεῖν.
(Χορός)
νέα τάδε νεόθεν ἦλθέ μοι
κακὰ βαρύποτμὰ παρἀλαοῦ ξένου,
[1400] malheureux alliés! Était-ce pour ce résultat que nous sommes
partis d'Argos? infortuné! non, je ne puis l'apprendre à mes compagnons,
je puis encore moins reculer.
Eh bien, gardons le silence, et courons au-devant de ce destin. Filles
d'OEdipe, ô mes sœurs, vous avez entendu les cruelles imprécations
d'un père. Au moins, au nom des dieux, si cette malédiction s'accomplit,
si vous retournez à Thèbes, ne me refusez pas les derniers honneurs;
mais accordez-moi une tombe et des funérailles. La gloire
que méritent vos tendres soins pour un père s'accroîtra encore par le
service que vous m'aurez rendu.
ANTIGONE. Polynice, je t'en conjure, écoute-moi.
POLYNICE. Chère Antigone, que veux-tu? Parle.
ANTIGONE. Ramène au plus tôt ton armée à Argos, et ne cause
pas la perte de ta patrie et la tienne.
POLYNICE. Mais je ne le puis. Comment rassembler de nouveau
cette armée, si je montre une fois de la crainte?
ANTIGONE. Et pourquoi céder encore à ta haine? Que te sert de
renverser ta patrie?
POLYNICE. Il est honteux de fuir, et d'étre ainsi insulté par un
frère plus jeune que moi.
ANTIGONE. Et ne vois-tu pas que tu vas accomplir les prédictions
d'un père, qui annonce que vous périrez l'un par l'autre ?
POLYNICE. C'est son désir, mais moi je ne puis reculer.
ANTIGONE. Ah ! malheureuse que je suis! Qui osera te suivre, en
apprenant ces fatales prédictions?
POLYNICE. Aussi je n'en parlerai pas; un bon général annonce ce
qui est favorable, et cache ce qui est funeste.
ANTIGONE. Ainsi, ô mon frère, tu l'as résolu?
POLYNICE. Oui , cesse de me retenir. Je vais entrer dans cette
route que les imprécations d'un père me rendront fatale. Que Zeus
vous soit propice, si vous m'accordez après ma mort ce que je
réclame! Car vous n'aurez plus rien h faire pour moi pendant ma vie.
Ne me retenez plus, adieu. Vous me voyez vivant pour la dernière fois.
ANTIGONE. Ah! malheureuse que je suis!
POLYNICE. Ne pleure pas sur moi.
ANTIGONE. Et comment ne pas gémir, ô mon frère, en te voyant
courir à une mort certaine?
POLYNICE. S'il le faut, je mourrai.
ANTIGONE. Non, non, cède plutôt à mes conseils.
POLYNICE. Ne me conseille pas le déshonneur.
ANTIGONE. Quel sera mon malheur, si je te perds!
POLYNICE. Le sort en décidera. Je prie les dieux d'éloigner de
vous le malheur; car vous ne méritez pas de souffrir.
LE CHOEUR. Le courroux du vieillard aveugle nous annonce de
nouveaux et d'affreux malheurs,
[1450] εἴ τι μοῖρα μὴ κιγχάνει.
μάταν γὰρ οὐδὲν ἀξίωμα δαιμόνων ἔχω φράσαι.
ὁρᾷ ὁρᾷ ταῦτἀεὶ χρόνος, τρέχων μὲν ἕτερα,
1455 τὰ δὲ παρἦμαρ αὖθις αὔξων ἄνω.
ἔκτυπεν αἰθήρ, Ζεῦ.
(Οἰδίπους)
τέκνα τέκνα, πῶς ἄν, εἴ τις ἔντοπος,
τὸν πάντἄριστον δεῦρο Θησέα πόροι;
(Ἀντιγόνη)
πάτερ, τί δἐστὶ τἀξίωμἐφ καλεῖς;
(Οἰδίπους)
1460 Διὸς πτερωτὸς ἥδε μαὐτίκἄξεται
βροντὴ πρὸς Ἅιδην· ἀλλὰ πέμψαθὡς τάχος.
(Χορός)
μέγας, ἴδε, μάλὅδἐρείπεται
κτύπος ἄφατος διόβολος· ἐς δἄκραν
1465 δεῖμὑπῆλθε κρατὸς φόβαν.
ἔπτηξα θυμόν· οὐρανία γὰρ ἀστραπὴ φλέγει πάλιν.
τί μὰν ἀφήσει τέλος; δέδοικα δ᾽· οὐ γὰρ ἅλιον
1470 ἀφορμᾷ ποτ᾽, οὐκ ἄνευ ξυμφορᾶς.
μέγας αἰθήρ, Ζεῦ.
(Οἰδίπους)
παῖδες, ἥκει τῷδἐπἀνδρὶ θέσφατος
βίου τελευτὴ κοὐκέτἔστἀποστροφή.
(Ἀντιγόνη)
πῶς οἶσθα; τῷ δὲ τοῦτο συμβαλὼν ἔχεις;
(Οἰδίπους)
1475 καλῶς κάτοιδ᾽· ἀλλὡς τάχιστά μοι μολὼν
ἄνακτα χώρας τῆσδέ τις πορευσάτω.
(Χορός)
ἔα ἔα, ἰδοὺ μάλαὖθις ἀμφίσταται διαπρύσιος ὄτοβος.
1480 ἵλαος, δαίμων, ἵλαος εἴ τι γᾷ
ματέρι τυγχάνεις ἀφεγγὲς φέρων.
ἐναισίου δὲ σοῦ τύχοιμι, μηδἄλαστον ἄνδρἰδὼν
ἀκερδῆ χάριν μετάσχοιμί πως. Ζεῦ ἄνα σοὶ φωνῶ.
(Οἰδίπους)
1486 ἆρἐγγὺς ἁνήρ; ἆρἔτἐμψύχου, τέκνα,
κιχήσεταί μου καὶ κατορθοῦντος φρένα;
(Ἀντιγόνη) τί δἂν θέλοις τὸ πιστὸν ἐμφῦναι φρενί;
(Οἰδίπους)
ἀνθὧν ἔπασχον εὖ, τελεσφόρον χάριν
1490 δοῦναί σφιν, ἥνπερ τυγχάνων ὑπεσχόμην.
(Χορός)
ἰὼ ἰὼ παῖ, βᾶθι βᾶθ᾽, εἴτἄκρα,
περὶ γύαλἐναλίῳ Ποσειδωνίῳ θεῷ, τυγχάνεις
βούθυτον ἑστίαν ἁγίζων, ἱκοῦ.
γὰρ ξένος σε καὶ πόλισμα καὶ φίλους ἐπαξιοῖ
δικαίαν χάριν παρασχεῖν παθών.
{σπεῦσον} ἄϊσσ᾽, ὦναξ.
[1450] à moins que son destin ne soit prét à s'accomplir. Car jamais
les décrets des dieux ne sont vains. Le temps veille toujours sur eux,
et chaque jour apportant des vicissitudes nouvelles ...
O Zeus le tonnerre a grondé.
OEDIPE. O mes filles, mes filles, y a-t-il ici quelqu'un qui puisse
aller chercher le généreux Thésée?
ANTIGONE. Mon père, quel motif t'engage à l'appeler?
OEDIPE. La foudre ailée de Zeus va bientôt me précipiter aux
enfers. Qu'on se hâte d'avertir le roi.
LE CHOEUR. Voici que Zeus fait retentir son tonnerre avec un
horrible fracas; mes cheveux se dressent de terreur; mon coeur a
tremblé. Les éclairs enflamment de nouveau les cieux. Quelle sera la
fin de ce présage? Je tremble ; car jamais il n'éclate en vain et sans
un grand événement. O cieux! ô Zeus!
OEDIPE. Mes filles, voici le terme fatal de ma vie; je ne puis m'y
soustraire
ANTIGONE. Comment le sais-tu ? quel signe te l'annonce?
OEDIPE. Un signe certain. Qu'on se hâte d'avertir le roi de cette contrée.
LE CHOEUR. Hélas! hélas! ce bruit terrible vient de gronder encore
autour de moi. O Dieu, sois-nous propice, si tu prépares quelque
malheur â notre patrie. Puissé-je avoir rencontré un homme
chéri des dieux! Ou si c'est un coupable, que sa société ne me soit
pas funeste! Puissant Zeus, je t'implore.
OEDIPE. Thésée arrive-t-il? O mes filles, me trouvera-t-il encore
vivant et maître de ma raison?
ANTIGONE. Quel secret veux-tu lui confier?
OEDIPE Je veux récompenser dignement ses bienfaits, et remplir
ma promesse.
LE CHOEUR. Accours, Thésée, ô mon fils, accours! Quand tu
serais sur le rivage de la mer, occupé à immoler un taureau à l'autel
de Poseidon, viens. L'étranger veut payer à cette ville et à toi-même
le juste prix des bienfaits qu'il a reçus. Hàte-toi, prince, précipite tes pas.


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Dernière mise à jour : 24/05/2005