HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 1300-1399

  Vers 1300-1399

[1300] ἔπειτα κἀπὸ μάντεων ταύτῃ κλύω.
ἐπεὶ γὰρ ἦλθον Ἄργος ἐς τὸ Δωρικόν,
λαβὼν Ἄδραστον πενθερόν, ξυνωμότας
ἔστησἐμαυτῷ γῆς ὅσοιπερ Ἀπίας
πρῶτοι καλοῦνται καὶ τετίμηνται δόρει,
1305 ὅπως τὸν ἑπτάλογχον ἐς Θήβας στόλον
ξὺν τοῖσδἀγείρας θάνοιμι πανδίκως
τοὺς τάδἐκπράξαντας ἐκβάλοιμι γῆς.
εἶεν· τί δῆτα νῦν ἀφιγμένος κυρῶ;
σοὶ προστροπαίους, πάτερ, λιτὰς ἔχων
1310 αὐτός τἐμαυτοῦ ξυμμάχων τε τῶν ἐμῶν,
οἳ νῦν σὺν ἑπτὰ τάξεσιν σὺν ἑπτά τε
λόγχαις τὸ Θήβης πέδιον ἀμφεστᾶσι πᾶν·
οἷος δορυσσοῦς Ἀμφιάρεως, τὰ πρῶτα μὲν
δόρει κρατύνων, πρῶτα δοἰωνῶν ὁδοῖς·
1315 δεύτερος δΑἰτωλὸς Οἰνέως τόκος
Τυδεύς. τρίτος δἘτέοκλος, Ἀργεῖος γεγώς·
τέταρτον Ἱππομέδοντἀπέστειλεν πατὴρ
Ταλαός· πέμπτος δεὔχεται κατασκαφῇ
Καπανεὺς τὸ Θήβης ἄστυ δῃώσειν πυρί·
1320 ἕκτος δὲ Παρθενοπαῖος Ἀρκὰς ὄρνυται,
ἐπώνυμος τῆς πρόσθεν ἀδμήτης χρόνῳ
μητρὸς λοχευθείς, πιστὸς Ἀταλάντης γόνος·
ἐγὼ δὲ σός, κεἰ μὴ σός, ἀλλὰ τοῦ κακοῦ
πότμου φυτευθείς, σός γέ τοι καλούμενος,
1325 ἄγω τὸν Ἄργους ἄφοβον ἐς Θήβας στρατόν.
οἵ σἀντὶ παίδων τῶνδε καὶ ψυχῆς, πάτερ,
ἱκετεύομεν ξύμπαντες ἐξαιτούμενοι
μῆνιν βαρεῖαν εἰκαθεῖν ὁρμωμένῳ
τῷδἀνδρὶ τοὐμοῦ πρὸς κασιγνήτου τίσιν,
1330 ὅς μἐξέωσε κἀπεσύλησεν πάτρας.
εἰ γάρ τι πιστόν ἐστιν ἐκ χρηστηρίων,
οἷς ἂν σὺ προσθῇ, τοῖσδἔφασκεἶναι κράτος.
πρὸς νῦν σε κρηνῶν καὶ θεῶν ὁμογνίων
αἰτῶ πιθέσθαι καὶ παρεικαθεῖν, ἐπεὶ
1335 πτωχοὶ μὲν ἡμεῖς καὶ ξένοι, ξένος δὲ σύ.
ἄλλους δὲ θωπεύοντες οἰκοῦμεν σύ τε
κἀγώ, τὸν αὐτὸν δαίμονἐξειληχότες.
δἐν δόμοις τύραννος, τάλας ἐγώ,
κοινῇ καθἡμῶν ἐγγελῶν ἁβρύνεται·
1340 ὅν, εἰ σὺ τἠμῇ ξυμπαραστήσει φρενί,
βραχεῖ σὺν ὄγκῳ καὶ χρόνῳ διασκεδῶ.
ὥστἐν δόμοισι τοῖσι σοῖς στήσω σἄγων.
στήσω δἐμαυτόν, κεῖνον ἐκβαλὼν βίᾳ.
καὶ ταῦτα σοῦ μὲν ξυνθέλοντος ἔστι μοι
1345 κομπεῖν, ἄνευ σοῦ δοὐδὲ σωθῆναι σθένω.
(Χορός)
τὸν ἄνδρα τοῦ πέμψαντος οὕνεκ᾽, Οἰδίπους
εἰπὼν ὁποῖα ξύμφορἔκπεμψαι πάλιν.
(Οἰδίπους)
ἀλλεἰ μέν, ἄνδρες, τῆσδε δημοῦχοι χθονός
μὴτύγχαναὐτὸν δεῦρο προσπέμψας ἐμοὶ
[1300] et les oracles me l'apprennent aussi. Arrivé à Argos, la ville
dorienne, j'épousai la fille d'Adraste, et fis embrasser ma cause à tous
les chefs de la contrée, que leur valeur a rendus fameux; et rassemblant
avec eux contre Thèbes une armée composée de sept corps, j'ai résolu
de périr, ou de chasser de ma patrie les auteurs de mes maux.
Mais enfin pourquoi suis-je venu auprès de toi? O mon père, je
t'implore, je te supplie pour moi et pour mes alliés, qui, à la
tête de sept corps, ont investi les remparts de Thèbes. Le premier
est le belliqueux Amphiaraüs, le plus habile à combattre et à tirer
des augures du vol des oiseaux ; le second est le fils d'OEnée, Tydée
l'Étolien; le troisième, Etéoclus d'Argos; le quatrième, Hippomédon,
envoyé par son père Talaüs; le cinquième, Capanée, qui se vante de
renverser et de détruire par le feu la ville de Thèbes; le sixième accourt
de l'Arcadie; c'est le fidèle Parthénopée, dont le nom atteste la
longue virginité d'Atalante sa mère ; enfin moi, ton fils, ou plutôt le
fils du malheur, moi du moins qu'on nomme ton fils, c'est moi qui
conduis contre Thèbes l'armée intrépide des Argiens. C'est au nom de
ces jeunes tilles, par ta propre vie, que nous te prions, que nous te
supplions tous d'apaiser ton cruel ressentiment contre moi, au moment
où je cours tirer vengeance d'un frère qui m'a indignement
chassé de ma patrie. S'il faut en croire les oracles, la victoire est au
parti que tu favoriseras. Je t'en conjure donc par les sources de
Thèbes, par les dieux protecteurs des familles, laisse-toi persuader et
calme ton courroux. Malheureux et bannis l'un et l'autre, contraints
de mendier des secours étrangers, nous partageons le même destin.
Et lui, roi dans Thèbes, ô désespoir! il insulte fièrement à nos communs
malheurs. Mais si tu secondes mes projets, j'aurai bientôt détruit
sa fragile puissance. Alors je te rétablis dans ton palais, j'y
rentre moi-même après l'avoir chassé. Et ce triomphe, avec ton secours,
j'en suis certain ; mais, sans toi, je ne puis même sauver mes jours.
LE CHOEUR. Par égard pour celui qui l'envoie vers toi, OEdipe,
réponds-lui ce que tu jugeras convenable, et qu'il parte avec ta réponse.
OEDIPE. Si le roi de cette contrée, si Thésée lui-même ne me l'eût
envoyé,
[1350] Θησεύς, δικαιῶν ὥστἐμοῦ κλύειν λόγους,
οὔ τἄν ποτὀμφῆς τῆς ἐμῆς ἐπῄσθετο·
νῦν δἀξιωθεὶς εἶσι κἀκούσας γἐμοῦ
τοιαῦθ τὸν τοῦδοὔ ποτεὐφρανεῖ βίον·
ὅς γ᾽, κάκιστε, σκῆπτρα καὶ θρόνους ἔχων,
1355 νῦν σὸς ξύναιμος ἐν Θήβαις ἔχει,
τὸν αὐτὸς αὑτοῦ πατέρα τόνδἀπήλασας
κἄθηκας ἄπολιν καὶ στολὰς ταύτας φορεῖν,
ἃς νῦν δακρύεις εἰσορῶν, ὅτἐν πόνῳ
ταὐτῷ βεβηκὼς τυγχάνεις κακῶν ἐμοί.
1360 οὐ κλαυστὰ δἐστίν, ἀλλἐμοὶ μὲν οἰστέα
τάδ᾽, ἕωσπερ ἂν ζῶ, σοῦ φονέως μεμνημένος·
σὺ γάρ με μόχθῳ τῷδἔθηκας ἔντροφον,
σύ μἐξέωσας, ἐκ σέθεν δἀλώμενος
ἄλλους ἐπαιτῶ τὸν καθἡμέραν βίον.
1365 εἰ δἐξέφυσα τάσδε μὴμαυτῷ τροφοὺς
τὰς παῖδας, τἂν οὐκ ἂν , τὸ σὸν μέρος·
νῦν δαἵδε μἐκσῴζουσιν, αἵδἐμαὶ τροφοί,
αἵδἄνδρες, οὐ γυναῖκες, εἰς τὸ συμπονεῖν·
ὑμεῖς δἀπἄλλου κοὐκ ἐμοῦ πεφύκατον.
1370 τοιγάρ σ δαίμων εἰσορᾷ μὲν οὔ τί πω
ὡς αὐτίκ᾽, εἴπερ οἵδε κινοῦνται λόχοι
πρὸς ἄστυ Θήβης. οὐ γὰρ ἔσθὅπως πόλιν
κείνην ἐρείψεις, ἀλλὰ πρόσθεν αἵματι
πεσεῖ μιανθεὶς χὼ σύναιμος ἐξ ἴσου.
1375 τοιάσδἀρὰς σφῷν πρόσθε τἐξανῆκἐγὼ
νῦν τἀνακαλοῦμαι ξυμμάχους ἐλθεῖν ἐμοί,
ἵνἀξιῶτον τοὺς φυτεύσαντας σέβειν
καὶ μὴξατιμάζητον, εἰ τυφλοῦ πατρὸς
τοιώδἐφύτην· αἵδε γὰρ τάδοὐκ ἔδρων.
1380 τοιγὰρ τὸ σὸν θάκημα καὶ τοὺς σοὺς θρόνους
κρατοῦσιν, εἴπερ ἐστὶν παλαίφατος
Δίκη ξύνεδρος Ζηνὸς ἀρχαίοις νόμοις.
σὺ δἔρρἀπόπτυστός τε κἀπάτωρ ἐμοῦ,
κακῶν κάκιστε, τάσδε συλλαβὼν ἀράς,
1385 ἅς σοι καλοῦμαι, μήτε γῆς ἐμφυλίου
δόρει κρατῆσαι μήτε νοστῆσαί ποτε
τὸ κοῖλον Ἄργος, ἀλλὰ συγγενεῖ χερὶ
θανεῖν κτανεῖν θὑφοὗπερ ἐξελήλασαι.
τοιαῦτἀρῶμαι καὶ καλῶ τὸ Ταρτάρου
1390 στυγνὸν πατρῷον ἔρεβος, ὥς σἀποικίσῃ,
καλῶ δὲ τάσδε δαίμονας, καλῶ δἌρη
τὸν σφῷν τὸ δεινὸν μῖσος ἐμβεβληκότα.
καὶ ταῦτἀκούσας στεῖχε, κἀξάγγελλἰὼν
καὶ πᾶσι Καδμείοισι τοῖς σαυτοῦ θἅμα
1395 πιστοῖσι συμμάχοισιν, οὕνεκΟἰδίπους
τοιαῦτἔνειμε παισὶ τοῖς αὑτοῦ γέρα.
(Χορός)
Πολύνεικες, οὔτε ταῖς παρελθούσαις ὁδοῖς
ξυνήδομαί σοι, νῦν τἴθὡς τάχος πάλιν.
(Πολυνείκης)
οἴμοι κελεύθου τῆς τἐμῆς δυσπραξίας,
[1350] en me priant de lui répondre, non, Thébains, jamais il n'aurait
entendu ma voix. Je lui ferai donc cette faveur, mais la réponse
qu'il remportera ne sera pas pour lui un sujet de joie. Fils dénaturé,
quand tu occupais à Thèbes ce trône où ton frère est assis maintenant,
n'as-tu pas toi-même chassé ton père ? Ne l'as-tu pas réduit à errer
sans patrie, à porter ces indignes vêtements dont la vue t'arrache
des larmes aujourd'hui que tu éprouves les mêmes malheurs que moi?
Mais il n'y a pas de raison pour pleurer ces maux; moi, je dois les supporter,
quelle que soit ma misère, pour me souvenir de ton parricide.
Car c'est toi qui m'as jeté dans cet état déplorable , c'est toi qui m'as
banni ; c'est grâce à toi que j'erre ainsi, mendiant chaque jour ma
subsistance. Si je n'avais donné le jour à ces deux filles qui soutiennent
ma vie, je serais mort, et mon trépas serait ton crime. Ce sont
elles qui conservent mes jours, qui me nourrissent, et partagent mes
maux avec un courage au-dessus de leur sexe. Mais vous, non, vous
n'êtes point mes fils. Aussi le dieu vengeur tient suspendu sur ta tête
le châtiment qui doit te frapper si ces phalanges marchent contre
Thèbes. Tu ne renverseras pas cette cité; mais tu tomberas avant
noyé dans ton sang, et ton frère avec toi. J'ai déjà lancé contre
vous ces imprécations, et maintenant je les répète pour hâter
ma vengeance, et pour vous apprendre à respecter ceux de qui vous
tenez la vie, et à ne point outrager un père aveugle. Telle n'a pas
ete la conduite de vos soeurs. Aussi ton asile et ton trône sont
déjà occupés par les Furies, si la Justice, avec ses antiques lois,
siége toujours à côté de Zeus. Cours à ta perte, fils exécrable, dont
je ne suis plus le père, fuis, scélérat, chargé des malédictions que
j'appelle sur ta tête : puissent tes armes ne point triompher de ta patrie!
Puisses-tu ne jamais rentrer au sein d'Argos, et périr de la main
d'un frère, en immolant toi-même ce frère qui t'a chassé ! Voila mes
voeux. Qu'arraché d'ici tu sois plongé dans les ténèbres odieuses du
Tartare habité par mon père! J'invoque aussi les déesses de ces lieux,
et Arès qui a soufflé dans vos coeurs cette haine implacable. Tu m'as
entendu ; pars; va annoncer à tous les Thébains et à tes fidèles alliés
quels sont les dons qu'OEdipe fait à ses fils.
LE CHOEUR. Ta démarche, ô Polynice, n'a point été heureuse;
maintenant hâte-toi de quitter ces lieux.
POLYNICE. Hélas! voyage fatal !


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Dernière mise à jour : 24/05/2005