HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Oedipe à Colone

Vers 1100-1199

  Vers 1100-1199

[1100] τίς ἂν θεῶν σοι τόνδἄριστον ἄνδρἰδεῖν
δοίη, τὸν ἡμᾶς δεῦρο προσπέμψαντά σοι;
(Οἰδίπους) τέκνον, πάρεστον;
(Ἀντιγόνη) -- αἵδε γὰρ χέρες
Θησέως ἔσωσαν φιλτάτων τὀπαόνων.
(Οἰδίπους)
προσέλθετ παῖ, πατρὶ καὶ τὸ μηδαμὰ
1105 ἐλπισθὲν ἥξειν σῶμα βαστάσαι δότε.
(Ἀντιγόνη) αἰτεῖς τεύξει· σὺν πόθῳ γὰρ χάρις.
(Οἰδίπους) ποῦ δῆτα, ποῦστόν;
(Ἀντιγόνη) -- αἵδὁμοῦ πελάζομεν.
(Οἰδίπους) φίλτατἔρνη.
(Ἀντιγόνη) -- τῷ τεκόντι πᾶν φίλον.
(Οἰδίπους) σκῆπτρα φωτός.
(Ἀντιγόνη) -- δυσμόρου γε δύσμορα.
1110 (Οἰδίπους) ἔχω τὰ φίλτατ᾽, οὐδἔτἂν πανάθλιος
θανὼν ἂν εἴην σφῷν παρεστώσαιν ἐμοί.
ἐρείσατ᾽, παῖ, πλευρὸν ἀμφιδέξιον
ἐμφύντε τῷ φύσαντι, κἀναπαύσατον
τοῦ πρόσθἐρήμου τοῦδε δυστήνου πλάνου.
1115 καί μοι τὰ πραχθέντεἴπαθὡς βράχιστ᾽, ἐπεὶ
ταῖς τηλικαῖσδε σμικρὸς ἐξαρκεῖ λόγος.
(Ἀντιγόνη)
ὅδἔσθ σώσας· τοῦδε χρὴ κλύειν, πάτερ,
οὗ κἄστι τοὔργον· τοὐμὸν ὧδἔσται βραχύ.
(Οἰδίπους)
ξεῖνε, μὴ θαύμαζε, πρὸς τὸ λιπαρὲς
1120 τέκνεἰ φανέντἄελπτα μηκύνω λόγον.
ἐπίσταμαι γὰρ τήνδε τὴν ἐς τάσδε μοι
τέρψιν παρἄλλου μηδενὸς πεφασμένην·
σὺ γάρ νιν ἐξέσωσας, οὐκ ἄλλος βροτῶν.
καί σοι θεοὶ πόροιεν ὡς ἐγὼ θέλω,
1125 αὐτῷ τε καὶ γῇ τῇδ᾽, ἐπεὶ τό γεὐσεβὲς
μόνοις παρὑμῖν ηὗρον ἀνθρώπων ἐγὼ
καὶ τοὐπιεικὲς καὶ τὸ μὴ ψευδοστομεῖν.
εἰδὼς δἀμύνω τοῖσδε τοῖς λόγοις τάδε·
ἔχω γὰρ ἅχω διὰ σὲ κοὐκ ἄλλον βροτῶν·
1130 καί μοι χέρ᾽, ὦναξ, δεξιὰν ὄρεξον, ὡς
ψαύσω φιλήσω τ᾽, εἰ θέμις, τὸ σὸν κάρα.
καίτοι τί φωνῶ; πῶς σἂν ἄθλιος γεγὼς
θιγεῖν θελήσαιμἀνδρός, τίς οὐκ ἔνι
κηλὶς κακῶν ξύνοικος; οὐκ ἔγωγέ σε,
1135 οὐδοὖν ἐάσω· τοῖς γὰρ ἐμπείροις βροτῶν
μόνοις οἷόν τε συνταλαιπωρεῖν τάδε.
σὺ δαὐτόθεν μοι χαῖρε καὶ τὰ λοιπά μου
μέλου δικαίως, ὥσπερ ἐς τόδἡμέρας.
(Θησεύς)
οὔτεἴ τι μῆκος τῶν λόγων ἔθου πλέον,
1140 τέκνοισι τερφθεὶς τοῖσδε, θαυμάσας ἔχω,
οὔτεἰ πρὸ τοὐμοῦ προύλαβες τὰ τῶνδἔπη.
βάρος γὰρ ἡμᾶς οὐδὲν ἐκ τούτων ἔχει.
οὐ γὰρ λόγοισι τὸν βίον σπουδάζομεν
λαμπρὸν ποεῖσθαι μᾶλλον τοῖς δρωμένοις.
1145 δείκνυμι δ᾽· ὧν γὰρ ὤμοσοὐκ ἐψευσάμην
οὐδέν σε, πρέσβυ· τάσδε γὰρ πάρειμἄγων
ζώσας, ἀκραιφνεῖς τῶν κατηπειλημένων.
χὤπως μὲν ἁγὼν ᾑρέθη, τί δεῖ μάτην
κομπεῖν, γεἴσει καὐτὸς ἐκ ταύταιν ξυνών;
[1100] quel dieu t'accordera de voir le mortel généreux qui nous ramène
auprès de toi?
OEDIPE. O mon enfant, êtes-vous la toutes les deux ?
ANTIGONE. Oui, et c'est la valeur de Thésée et de ses compagnons
qui nous a sauvées.
OEDIPE. Approchez, mes filles, de votre père, laissez-moi vous
serrer dans mes bras et goûter un bonheur que je n'espérais plus.
ANTIGONE. Tes voeux seront satisfaits; il nous est doux de les remplir.
OEDIPE. Eh bien! Où êtes-vous?
ANTIGONE. Nous voici toutes deux près de toi.
OEDIPE. Chers rejetons!
ANTIGONE. Tout est cher à un père.
OEDIPE. Soutiens de mes vieux aus!
ANTIGONE. Tristes soutiens du malheur!
OEDIPE. Je tiens dans mes bras ce que j'ai de plus cher; je ne
mourrai point tout à fait malheureux , puisque vous êtes près de moi.
Mes filles, soutenez-moi des deux côtés, serrez-vous dans les bras
d'un père, que j'oublie le cruel abandon auquel j'étais réduit. Faites-moi
un court récit de ce qui s'est passé; car à votre âge peu de mots
suffisent.
ANTIGONE. Voici notre sauveur : écoute-le, mon père, et ainsi
j'aurai peu de mots à te dire.
OEDIPE. Etranger, ne sois pas surpris que dans la joie du retour
inespéré de mes enfants, je prolonge cet entretien. Je sais que ce n'est
pas à un autre, mais à toi seul que je dois le bonheur de les posséder.
C'est toi, oui c'est toi qui les a sauvées. Puissent les dieux exaucer
mes voeux pour toi et pour cette contrée! Car ce n'est qu'auprès de
vous que j'ai trouvé la piété, l'humanité et la franchise. Oui, ma
reconnaissance te rend ce témoignage. Ce que j'ai, c'est à toi, à toi seul
que je le dois. Prince, donne-moi ta main, que je la touche, que mes
lèvres, comme le veut l'usage, pressent ton front. Mais que dis-je?
Comment un malheureux comme moi, entaché des souillures de tous
les crimes, oserait-il toucher ta main? Non , je ne le veux point, je
ne le souffrirais même pas. Ceux qui ont l'expérience de mes malheurs
peuvent seuls m'aider à les supporter. Reçois donc mes voeux,
sans approcher de moi , et continue d'être pour moi secourable et
juste, comme tu l'as été jusqu'à ce jour.
THÉSÉE. Que dans la joie de revoir tes filles tu aies prolongé l'entretien,
que tes premières paroles aient été pour elles, je ne m'en
étonne point, je n'en suis pas offensé. C'est moins par des paroles que
par des actions que je cherche à répandre quelque éclat sur ma vie.
Je l'ai prouvé, car je n'ai manqué, ô vieillard, à aucune de mes promesses.
Je te ramène tes filles, que j'ai sauvées des vaines menaces de
Créon. Que sert de te faire un récit pompeux des détails de ce combat?
Tes filles pourront t'en instruire.
[1150] λόγος δὃς ἐμπέπτωκεν ἀρτίως ἐμοὶ
στείχοντι δεῦρο, συμβαλοῦ γνώμην, ἐπεὶ
σμικρὸς μὲν εἰπεῖν, ἄξιος δὲ θαυμάσαι·
πρᾶγος δἀτίζειν οὐδὲν ἄνθρωπον χρεών.
(Οἰδίπους)
τί δἔστι, τέκνον Αἰγέως; δίδασκέ με
1155 ὡς μὴ εἰδόταὐτὸν μηδὲν ὧν σὺ πυνθάνει.
(Θησεύς)
φασίν τινἡμῖν ἄνδρα, σοὶ μὲν ἔμπολιν
οὐκ ὄντα, συγγενῆ δέ, προσπεσόντα πως
βωμῷ καθῆσθαι τῷ Ποσειδῶνος, παρ
θύων ἔκυρον, ἡνίχὡρμώμην ἐγώ.
1160 (Οἰδίπους) ποδαπόν; τί προσχρῄζοντα τῷ θακήματι·
(Θησεύς)
οὐκ οἶδα πλὴν ἕν· σοῦ γάρ, ὡς λέγουσί μοι,
βραχύν τιναἰτεῖ μῦθον οὐκ ὄγκου πλέων.
(Οἰδίπους)
ποῖόν τιν᾽; οὐ γὰρ ἥδἕδρα σμικροῦ λόγου.
σοὶ φασὶν αὐτὸν ἐς λόγους ἐλθεῖν μόνον
1165 αἰτεῖν ἀπελθεῖν τἀσφαλῶς τῆς δεῦρὁδοῦ.
τίς δῆτἂν εἴη τήνδ προσθακῶν ἕδραν;
(Θησεύς)
ὅρα κατἌργος εἴ τις ὑμὶν ἐγγενὴς
ἔσθ᾽, ὅστις ἄν σου τοῦτο προσχρῄζοι τυχεῖν.
(Οἰδίπους) φίλτατε, σχὲς οὗπερ εἶ.
(Θησεύς) -- τί δἔστι σοι;
1170 (Οἰδίπους) μή μου δεηθῇς.
(Θησεύς) -- πράγματος ποίου; λέγε.
(Οἰδίπους) ἔξοιδἀκούων τῶνδὅς ἐσθ προστάτης.
(Θησεύς) καὶ τίς ποτἐστὶν ὅν γἐγὼ ψέξαιμί τι;
(Οἰδίπους)
παῖς οὑμός, ὦναξ, στυγνός, οὗ λόγων ἐγὼ
ἄλγιστἂν ἀνδρῶν ἐξανασχοίμην κλύων.
(Θησεύς)
1175 τί δ᾽; οὐκ ἀκούειν ἔστι καὶ μὴ δρᾶν μὴ
χρῄζεις; τί σοι τοῦτἐστὶ λυπηρὸν κλύειν;
(Οἰδίπους)
ἔχθιστον, ὦναξ, φθέγμα τοῦθἥκει πατρί·
καὶ μή μἀνάγκῃ προσβάλῃς τάδεἰκαθεῖν.
(Θησεύς)
ἀλλεἰ τὸ θάκημἐξαναγκάζει, σκόπει
1180 μή σοι πρόνοι τοῦ θεοῦ φυλακτέα.
(Ἀντιγόνη)
πάτερ, πιθοῦ μοι, κεἰ νέα παραινέσω.
τὸν ἄνδρἔασον τόνδε τῇ θαὑτοῦ φρενὶ
χάριν παρασχεῖν τῷ θεῷ θ βούλεται,
1185 καὶ νῷν ὕπεικε τὸν κασίγνητον μολεῖν.
οὐ γάρ σε, θάρσει, πρὸς βίαν παρασπάσει
γνώμης, μή σοι συμφέροντα λέξεται.
λόγων δἀκοῦσαι τίς βλάβη; τά τοι κακῶς
ηὑρημένἔργα τῷ λόγῳ μηνύεται.
1190 ἔφυσας αὐτόν· ὥστε μηδὲ δρῶντά σε
τὰ τῶν κακίστων δυσσεβέστατ᾽, πάτερ,
θέμις σέ γεἶναι κεῖνον ἀντιδρᾶν κακῶς.
ἀλλἔασον· εἰσὶ χἀτέροις γοναὶ κακαὶ
καὶ θυμὸς ὀξύς, ἀλλὰ νουθετούμενοι
1195 φίλων ἐπῳδαῖς ἐξεπᾴδονται φύσιν.
σὺ δεἰς ἐκεῖνα, μὴ τὰ νῦν, ἀποσκόπει
πατρῷα καὶ μητρῷα πήμαθἅπαθες·
κἂν κεῖνα λεύσσῃς, οἶδἐγώ, γνώσει κακοῦ
θυμοῦ τελευτὴν ὡς κακὴ προσγίγνεται.
[1150] Mais une nouvelle que je viens d'apprendre en arrivant ici mérite
ton attention ; c'est un incident assez léger en apparence, mais qui a droit
de te surprendre. L'homme ne doit rien négliger.
OEDIPE. Qu'y a-t-il, fils d'Égée? Instruis-moi , car j'ignore entièrement
ce que tu as appris.
THÉSÉE. On m'a dit qu'un étranger, qui n'est pas de la même
ville que toi, mais qui est ton parent, est venu, pendant mon absence,
se prosterner en suppliant au pied de l'autel de Poseidon, où
j'offrais un sacrifice.
OEDIPE. D'où vient-il ? Que veut-il par cette démarche?
THÉSEE. Je ne sais qu'une chose , c'est qu'il te demande, m'a-t-on
dit, une faveur légère, et qui te coûtera peu.
OEDIPE. Laquelle? Le choix de cet asile annonce une affaire importante.
THÉSEE. On dit qu'il demande à t'entretenir et à se retirer ensuite
en sûreté.
OEDIPE. Mais enfin quel est cet homme qui se présente en suppliant?
THÉSÉE. Vois si dans Argos tu aurais quelque parent qui désirât
de t'entretenir.
OEDIPE. Cher Thésee, arréte.
THESLE. Qu'as-tu?
OEDIPE. N'insiste pas ...
THÉSÉE. Sur quoi? parle.
OEDIPE. Je sais, par ce que je viens d'entendre, quel est ce suppliant.
THÉSEE. Quel est donc cet homme, que je doive blâmer sa presence?
OEDIPE. C'est mon fils, prince, un fils que j'abhorre, celui dont
l'entretien me serait le plus pénible à supporter.
THÉSÉE. Quoi! ne peux-tu l'écouter, sans faire ensuite ce que tu
ne veux pas faire? Pourquoi cette répugnance à l'entendre?
OEDIPE. Prince, sa voix seule est odieuse à un père ; ne m'impose
pas l'obligation de céder à tes désirs.
THÉSÉE. Mais si ton titre de suppliant exige cette complaisance,
songe que je dois respecter le dieu qu'il implore.
ANTIGONE. Mon père, malgré ma jeunesse, écoute mes conseils.
Permets que ce prince satisfasse à la fois son propre désir et la volonté
du dieu, et accorde-nous de laisser venir mon frère. Rassure-toi;
ses discours, s'ils te déplaisent, ne te forceront pas de changer
de sentiment. Mais quel danger y a-t-il à entendre des paroles? Les
mauvaises pensées, c'est la parole qui les fait connaître. Tu es son
père; ainsi, sa conduite envers toi eût-elle été la plus criminelle, la
plus impie, ô mou père, il ne serait pas juste de lui rendre le mal pour
le mal : ce serait te frapper toi-même. D'autres aussi ont des enfants
coupables, et de vifs ressentiments ; cependant les conseils et la douce
voix de l'amitié apaisent leur colère. Songe en ce moment aux
malheurs par lesquels tu as expié l'injure d'un père et d'une mère,
et en y réfléchissant tu recommitras, je n'en doute pas , les suites
funestes d'un aveugle emportement.


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Dernière mise à jour : 24/05/2005