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[1000] σὺ δ᾽, εἶ γὰρ οὐ δίκαιος, ἀλλ᾽ ἅπαν καλὸν
λέγειν νομίζων ῥητὸν ἄρρητόν τ᾽ ἔπος,
τοιαῦτ᾽ ὀνειδίζεις με τῶνδ᾽ ἐναντίον.
καί σοι τὸ Θησέως ὄνομα θωπεῦσαι καλόν,
καὶ τὰς Ἀθήνας, ὡς κατῴκηνται καλῶς·
1005 κᾆθ᾽ ὧδ᾽ ἐπαινῶν πολλὰ τοῦδ᾽ ἐκλανθάνει,
ὁθούνεκ᾽ εἴ τις γῆ θεοὺς ἐπίσταται
τιμαῖς σεβίζειν, ἥδε τοῦθ᾽ ὑπερφέρει·
ἀφ᾽ ἧς σὺ κλέψας τὸν ἱκέτην γέροντ᾽ ἐμὲ
αὐτόν τ᾽ ἐχειροῦ τὰς κόρας τ᾽ οἴχει λαβών.
1010 ἀνθ᾽ ὧν ἐγὼ νῦν τάσδε τὰς θεὰς ἐμοὶ
καλῶν ἱκνοῦμαι καὶ κατασκήπτω λιταῖς
ἐλθεῖν ἀρωγοὺς ξυμμάχους θ᾽, ἵν᾽ ἐκμάθῃς
οἵων ὑπ᾽ ἀνδρῶν ἥδε φρουρεῖται πόλις.
(Χορός)
ὁ ξεῖνος, ὦναξ, χρηστός· αἱ δὲ συμφοραὶ
1015 αὐτοῦ πανώλεις, ἄξιαι δ᾽ ἀμυναθεῖν.
(Θησεύς)
ἅλις λόγων, ὡς οἱ μὲν ἐξειργασμένοι
σπεύδουσιν, ἡμεῖς δ᾽ οἱ παθόντες ἕσταμεν.
(Κρέων) τί δῆτ᾽ ἀμαυρῷ φωτὶ προστάσσεις ποεῖν;
(Θησεύς)
ὁδοῦ κατάρχειν τῆς ἐκεῖ, πομπὸν δέ με
1020 χωρεῖν, ἵν᾽, εἰ μὲν ἐν τόποισι τοῖσδ᾽ ἔχεις
τὰς παῖδας ἡμῖν αὐτὸς ἐκδείξῃς ἐμοί·
εἰ δ᾽ ἐγκρατεῖς φεύγουσιν, οὐδὲν δεῖ πονεῖν.
ἄλλοι γὰρ οἱ σπεύδοντες, οὓς οὐ μή ποτε
χώρας φυγόντες τῆσδ᾽ ἐπεύξωνται θεοῖς.
1025 ἀλλ᾽ ἐξυφηγοῦ· γνῶθι δ᾽ ὡς ἔχων ἔχει
καί σ᾽ εἷλε θηρῶνθ᾽ ἡ τύχη· τὰ γὰρ δόλῳ
τῷ μὴ δικαίῳ κτήματ᾽ οὐχὶ σῴζεται.
κοὐκ ἄλλον ἕξεις εἰς τάδ᾽· ὡς ἔξοιδά σε
οὐ ψιλὸν οὐδ᾽ ἄσκευον ἐς τοσήνδ᾽ ὕβριν
1030 ἥκοντα τόλμης τῆς παρεστώσης τανῦν,
ἀλλ᾽ ἔσθ᾽ ὅτῳ σὺ πιστὸς ὢν ἔδρας τάδε.
ἃ δεῖ μ᾽ ἀθρῆσαι, μηδὲ τήνδε τὴν πόλιν
ἑνὸς ποῆσαι φωτὸς ἀσθενεστέραν.
νοεῖς τι τούτων, ἢ μάτην τὰ νῦν τέ σοι
1035 δοκεῖ λελέχθαι χὤτε ταῦτ᾽ ἐμηχανῶ;
(Κρέων)
οὐδὲν σὺ μεμπτὸν ἐνθάδ᾽ ὢν ἐρεῖς ἐμοί·
οἴκοι δὲ χἠμεῖς εἰσόμεσθ᾽ ἃ χρὴ ποεῖν.
(Θησεύς)
χωρῶν ἀπείλει νῦν· σὺ δ᾽ ἡμίν, Οἰδίπους,
ἕκηλος αὐτοῦ μίμνε, πιστωθεὶς ὅτι,
1040 ἢν μὴ θάνω ᾽γὼ πρόσθεν, οὐχὶ παύσομαι
πρὶν ἄν σε τῶν σῶν κύριον στήσω τέκνων.
(Οἰδίπους)
ὄναιο, Θησεῦ, τοῦ τε γενναίου χάριν
καὶ τῆς πρὸς ἡμᾶς ἐνδίκου προμηθίας.
(Χορός)
εἴην ὅθι δαΐων
1045 ἀνδρῶν τάχ᾽ ἐπιστροφαὶ
τὸν χαλκοβόαν Ἄρη
μείξουσιν, ἢ πρὸς Πυθίαις
ἢ λαμπάσιν ἀκταῖς,
| [1000] Et toi, homme inique, qui te fais gloire de tout dire, sans crainte de
souiller ta bouche par des paroles impures, tu m'adresses ces reproches
en présenoe de ces étrangers. Il te sied bien de vanter le nom de
Thésée, de louer Athènes et la sagesse de ses lois! Au milieu de tous
ces éloges, tu oublies que s'il est un pays qui sache honorer les dieux,
c'est surtout Athènes, d'où tu veux enlever par la ruse et la violence
un vieillard suppliant à qui déjà tu as ravi ses deux filles. Ah ! Puissent
les déesses de ces lieux que j'implore, que j'invoque par mes
prières, venir à notre secours et nous protéger, afin que tu saches
quels hommes veillent à la défense de cette ville!
LE CHOEUR. O roi, cet étranger a le coeur généreux ; ses infortunes
sont cruelles et méritent notre secours.
THÉSÉE. C'est assez de paroles; car les ravisseurs hâtent leur fuite,
et nous qu'ils ont outragés, nous restons inactifs.
CRÉON. Eh bien, qu'ordonnes-tu à un homme sans défense?
THÉSÉE. De me montrer quel chemin je dois suivre ; je vais accompagner
tes pas, afin que, si tu tiens cachées dans quelque lieu
voisin ces jeunes filles que nous réclamons, tu me montres leur asile;
mais si les ravisseurs s'enfuient avec leur proie, il ne faut pas nous
en inquiéter; d'autres poursuivent leurs traces, et ils n'auront pas à
remercier les dieux d'avoir fui de cette contrée. Allons, marche le
premier; songe que tu es pris dans tes piéges, et que la fortune t'a
enveloppé dans tes propres filets; on ne conserve pas longtemps le
fruit de la ruse et de l'injustice. N'attends aucun secours ; car je vois
à ton audace que ce n'est pas sans armes et sans soldats que tu t'es
porté à cette violence ; tu comptais sans doute sur quelque appui. J'y
veillerai, et je ne souffrirai pas que cette ville cède à un seul
homme. Me comprends-tu? Ou crois-tu sans effet et mes paroles et ce
qu'on t'a dit, quand tu préparais cet outrage?
CRÉON. Ici je n'ai rien à te répondre ; à Thèbes je saurai ce que
je dois faire
THÉSÉE. Marche d'abord et menace ensuite; pour toi, OEdipe
reste ici sans crainte , et compte que si la mort ne vient me surprendre,
je n'aurai de repos qu'après t'avoir rendu tes filles.
OEDIPE. O Thésée, que les dieux récompensent ta générosité et la
juste protection que tu nous accordes!
LE CHOEUR. Que ne suis-je aux lieux on bientôt des guerriers ennemis
vont engager la lutte de Arès à la voix d'airain, soit aux environs
de Pythium , soit près des rivages éclairés de mille flambeaux,
| [1050] οὗ πότνιαι σεμνὰ τιθηνοῦνται τέλη
θνατοῖσιν, ὧν καὶ χρυσέα
κλῂς ἐπὶ γλώσσᾳ βέβακε
προσπόλων Εὐμολπιδᾶν·
ἔνθ᾽ οἶμαι τὸν ἐγρεμάχαν
1055 Θησέα καὶ τὰς διστόλους
ἀδμῆτας ἀδελφὰς
αὐτάρκει τάχ᾽ ἐμμίξειν βοᾷ
τούσδ᾽ ἀνὰ χώρους·
ἤ που τὸν ἐφεσπέρου
1060 πέτρας νιφάδος πελῶσ᾽
Οἰάτιδος εἰς νόμον,
πώλοισιν ἢ ῥιμφαρμάτοις
φεύγοντες ἁμίλλαις.
1065 ἁλώσεται· δεινὸς ὁ προσχώρων Ἄρης,
δεινὰ δὲ Θησειδᾶν ἀκμά.
πᾶς γὰρ ἀστράπτει χαλινός,
πᾶσα δ᾽ ὁρμᾶται καθεῖσ᾽
ἀμπυκτήρια στομίων
1070 ἄμβασις, οἳ τὰν ἱππίαν
τιμῶσιν Ἀθάναν
καὶ τὸν πόντιον γαιάοχον
῾Ρέας φίλον υἱόν.
ἔρδουσ᾽ ἢ μέλλουσιν; ὡς
1075 προμνᾶταί τί μοι
γνώμα τάχ᾽ ἀντάσειν
τᾶν δεινὰ τλασᾶν, δεινὰ δ᾽ εὑρουσᾶν πρὸς αὐθαίμων πάθη.
τελεῖ τελεῖ Ζεύς τι κατ᾽ ἆμαρ
μάντις εἴμ᾽ ἐσθλῶν ἀγώνων.
εἴθ᾽ ἀελλαία ταχύρρωστος πελειὰς
1080 αἰθερίας νεφέλας κύρσαιμ᾽ ἄνωθ᾽ ἀγώνων
αἰωρήσασα τοὐμὸν ὄμμα.
1085 ἰὼ θεῶν πάνταρχε, παντόπτα
Ζεῦ, πόροις
γᾶς τᾶσδε δαμούχοις
σθένει ᾽πινικείῳ τὸν εὔαγρον τελειῶσαι λόχον,
1090 σεμνά τε παῖς Παλλὰς Ἀθάνα.
καὶ τὸν ἀγρευτὰν Ἀπόλλω
καὶ κασιγνήταν πυκνοστίκτων ὀπαδὸν
ὠκυπόδων ἐλάφων στέργω διπλᾶς ἀρωγὰς
μολεῖν γᾷ τᾷδε καὶ πολίταις.
1095 ὦ ξεῖν᾽ ἀλῆτα, τῷ σκοπῷ μὲν οὐκ ἐρεῖς
ὡς ψευδόμαντις· τὰς κόρας γὰρ εἰσορῶ
τάσδ᾽ ἆσσον αὖθις ὧδε προσπολουμένας.
(Οἰδίπους) ποῦ ποῦ; τί φής; πῶς εἶπας;
(Ἀντιγόνη) -- ὦ πάτερ πάτερ,
| [1050] où les vénérables déesses président avec amour aux saints mystères
que célèbrent les mortels dont les lèvres sont fermées par la clef d'or
des Eumolpides ! C'est là sans doute que Thésée, traversant les montagnes,
va combattre les ravisseurs des deux jeunes filles avec des
forces suffisantes pour les sauver.
Ou serait-ce plutôt à l'occident, vers la roche couverte de frimas, que
des pâturages d'OEa les ravisseurs dirigeront la fuite rapide de leurs
coursiers et de leurs chars? Créon sera vaincu : terrible est le courage
des habitants de Colone , terrible est la valeur des soldats de Thésée.
Partout les freins étincellent, partout s'élancent sur des coursiers
couverts de harnais brillants les guerriers qui adorent Athéna Équestre,
et le dieu des mers, ce fils chéri de -Rhéa.
Combattent-ils, ou vont-ils combattre? Si j'en crois mes pressentiments,
bientôt elle nous sera rendue, celle qui a tant souffert et que
ses proches ont si cruellement outragée. Zeus, oui Zeus va opérer
en ce jour un grand événement. Je suis le prophète de la victoire.
Que ne suis-je la colombe au vol rapide comme le vent! Que ne puis-je
du haut de la nue voir de mes yeux ces combats!
O Zeus, roi des dieux, toi qui vois tout, accorde aux chefs de
cette contrée de revenir vainqueurs après avoir repris sa proie à l'ennemi.
Je t'implore aussi, vierge auguste, belliqueuse Athéna. Qu'Apollon,
dieu de la chasse, et sa soeur, habile à suivre la trace
des cerfs aux pieds légers, viennent tous deux au secours de cette
contrée et de ses habitants!
O étranger, tu ne pourras pas dire que mes prédictions sont vaines;
j'aperçois ces jeunes filles qui reviennent vers nous.
OEDIPE. Où sont-elles ? Où sont-elles ? Quoi? Qu'as-tu dit?
ANTIGONE. O mon père, mon père,
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