| [1,14g] Ἕκτος ἐστὶ τρόπος ὁ παρὰ τὰς ἐπιμιγάς, καθ´ ὃν συνάγομεν ὅτι, ἐπεὶ μηδὲν 
τῶν ὑποκειμένων καθ´ ἑαυτὸ ἡμῖν ὑποπίπτει ἀλλὰ σύν τινι, ὁποῖον μέν ἐστι 
τὸ μῖγμα ἔκ τε τοῦ ἐκτὸς καὶ τοῦ ᾧ συνθεωρεῖται τάχα δυνατὸν εἰπεῖν, 
ὁποῖον δέ ἐστι τὸ ἐκτὸς ὑποκείμενον εἰλικρινῶς οὐκ ἂν ἔχοιμεν λέγειν. Ὅτι 
δὲ οὐδὲν τῶν ἐκτὸς καθ´ αὑτὸ ὑποπίπτει ἀλλὰ πάντως σύν τινι, καὶ ὅτι παρὰ 
τοῦτο ἀλλοῖον θεωρεῖται, πρόδηλον, οἶμαι. Τὸ γοῦν ἡμέτερον χρῶμα ἀλλοῖον 
μὲν ὁρᾶται ἐν ἀλεεινῷ ἀέρι, ἀλλοῖον δὲ ἐν {τῷ} ψυχρῷ, καὶ οὐκ ἂν ἔχοιμεν 
εἰπεῖν ὁποῖον ἔστι τῇ φύσει τὸ χρῶμα ἡμῶν, ἀλλ´ ὁποῖον σὺν ἑκάστῳ τούτων 
θεωρεῖται. Καὶ ἡ αὐτὴ φωνὴ ἀλλοία μὲν φαίνεται σὺν λεπτῷ ἀέρι, ἀλλοία δὲ 
σὺν παχυμερεῖ, καὶ τὰ ἀρώματα ἐν βαλανείῳ καὶ ἡλίῳ πληκτικώτερα μᾶλλόν 
ἐστιν ἢ ἐν ἀέρι καταψύχρῳ, καὶ τὸ σῶμα ὑπὸ ὕδατος μὲν περιεχόμενον κοῦφόν 
ἐστιν, ὑπὸ δὲ ἀέρος βαρύ. 
Ἵνα δὲ καὶ τῆς ἔξωθεν ἐπιμιξίας ἀποστῶμεν, οἱ ὀφθαλμοὶ ἡμῶν ἔχουσιν ἐν 
ἑαυτοῖς καὶ χιτῶνας καὶ ὑγρά. Τὰ οὖν ὁρατὰ ἐπεὶ μὴ ἄνευ τούτων θεωρεῖται, 
οὐ καταληφθήσεται πρὸς ἀκρίβειαν· τοῦ γὰρ μίγματος ἀντιλαμβανόμεθα, καὶ 
διὰ τοῦτο οἱ μὲν ἰκτερικοὶ πάντα ὠχρὰ ὁρῶσιν, οἱ δ´ ὑπόσφαγμα ἔχοντες 
ὕφαιμα. Καὶ ἐπεὶ ἡ φωνὴ ἡ αὐτὴ ἀλλοία μὲν φαίνεται ἐν ἀναπεπταμένοις 
τόποις, ἀλλοία δὲ ἐν στενοῖς καὶ ἑλικοειδέσι, καὶ ἀλλοία μὲν ἐν καθαρῷ 
ἀέρι, ἀλλοία δὲ ἐν τεθολωμένῳ, εἰκός ἐστι μὴ ἀντιλαμβάνεσθαι ἡμᾶς 
εἰλικρινῶς τῆς φωνῆς· τὰ γὰρ ὦτα σκολιόπορά ἐστι καὶ στενόπορα καὶ 
ἀτμώδεσιν ἀποφορήσεσιν, αἳ δὴ ἀπὸ τῶν περὶ τὴν κεφαλὴν φέρεσθαι λέγονται 
τόπων, τεθολωμένα. Ἀλλὰ καὶ ἐν τοῖς μυξωτῆρσι καὶ ἐν τοῖς τῆς γεύσεως 
τόποις ὑλῶν ὑποκειμένων, μετ´ ἐκείνων ἀντιλαμβανόμεθα τῶν γευστῶν καὶ τῶν 
ὀσφρητῶν, ἀλλ´ οὐκ εἰλικρινῶς. Ὣστε διὰ τὰς ἐπιμιξίας αἱ αἰσθήσεις οὐκ 
ἀντιλαμβάνονται ὁποῖα πρὸς ἀκρίβειαν τὰ ἐκτὸς ὑποκείμενά ἐστιν. Ἀλλ´ οὐδὲ 
ἡ διάνοια, μάλιστα μὲν ἐπεὶ αἱ ὁδηγοὶ αὐτῆς αἰσθήσεις σφάλλονται· ἴσως δὲ 
καὶ αὕτη ἐπιμιξίαν τινὰ ἰδίαν ποιεῖται πρὸς τὰ ὑπὸ τῶν αἰσθήσεων 
ἀναγγελλόμενα· περὶ γὰρ ἕκαστον τῶν τόπων ἐν οἷς τὸ ἡγεμονικὸν εἶναι 
δοκοῦσιν οἱ δογματικοί, χυμούς τινας ὑποκειμένους θεωροῦμεν, εἴτε περὶ 
ἐγκέφαλον εἴτε περὶ καρδίαν εἴτε περὶ ὁτιδήποτε οὖν μέρος τοῦ ζῴου τοῦτο 
τίθεσθαι βούλοιτό τις. Καὶ κατὰ τοῦτον οὖν τὸν τρόπον ὁρῶμεν, ὅτι περὶ τῆς 
φύσεως τῶν ἐκτὸς ὑποκειμένων οὐδὲν εἰπεῖν ἔχοντες ἐπέχειν ἀναγκαζόμεθα.
 
 | [1,14g] Du sixième Moyen de L'Époque. 
Le sixième moyen se prend des mélanges. D'où nous inférons que, comme 
aucun objet ne tombe par lui même seul sous nos sens, mais toujours avec 
quelque chose, nous pouvons peut-être dire quel est ce mélange, ou ce 
composé, tant de l'objet extérieur, que de ce avec quoi il est aperçu ; 
mais que nous ne pouvons pas dire quel est cet objet extérieur par lui 
seul, c'est-à-dire, pur et sans mélange. Or il est évident, autant que 
j'en puis juger, que rien de tout ce qui est au-dehors de nous, ne tombe 
sous nos sens, tout seul et tout pur, mais toujours avec quelque autre 
chose : d'où il arrive qu'il est aperçu et senti diversement par ceux qui 
le considèrent. La couleur de notre visage, par exemple, paraît autre 
quand il fait chaud que quand il fait froid, ainsi nous ne pouvons pas 
dire quelle elle est purement et simplement, mais seulement quelle elle 
nous paraît avec le chaud ou avec le froid. C'est ainsi qu'une même voix 
paraît autre dans un air subtil, et autre dans un air épais : que les 
parfums se font sentir plus vivement dans les appartements chauds d'un 
bain, et au soleil, que dans un air froid ; et qu'un même corps est léger 
dans l'eau, et pesant dans l'air. 
Mais laissons-là ces mélanges extérieurs. Nos yeux ont en eux mêmes des 
tuniques et des humeurs: ainsi, comme nous ne pouvons pas voir les objets 
extérieurs sans le mélange de ces choses qui sont dans nos yeux, nous ne 
pouvons pas non plus les apercevoir purement et exactement, et  jamais 
nous ne les apercevons qu'avec quelque mélange. C'est là la raison pour 
quoi toutes choses paraissent pâles, et d'une couleur morte à ceux qui ont 
la jaunisse; et d'une couleur de sang à ceux qui ont un épanchement de 
sang dans les yeux. Il faut raisonner de même à l'égard de la voix. Comme 
elle paraît tout autre dans des lieux spacieux et droits, que dans des 
lieux étroits et pleins de détours, et qu'elle paraît autre dans un air 
trouble et autre dans un air pur; il  est vraisemblable que nous 
n'apercevons pas la voix purement et sans mélange: car les oreilles ont 
des trous étroits et obliques, et elles sont troubles et remplies 
d'ordures qui viennent des parties voisines de la tête. Tout de même dans 
nos narines, et dans l'organe du goût, il y a toujours quelques matières 
avec lesquelles nous apercevons les objets du goût et de l'odorat; de 
sorte que ces perceptions ne sont jamais celles qui nous viennent de 
l'objet tout pur.  Ainsi, à cause de ces mélanges, les sens ne reçoivent 
point exactement les qualités des  objets extérieurs, et l'entendement ne 
peut point non plus apercevoir quels ils sont purement et simplement : 
parce que les sens, qui lui servent de guides, se trompent ; outre que 
peut-être lui-même il mêle certaines choses, qui lui sont propres, aux 
perceptions, qui lui viennent des sens. Car nous voyons que dans tous les 
endroits, où les dogmatiques établissent le siège de l'âme, il y a 
toujours de certaines humeurs, soit autour du cerveau, soit autour du 
cœur, soit autour de quelque autre partie que ce soit de l'animal, où vous 
voudrez poser le siège de l'âme. Voilà donc encore un moyen par lequel 
nous voyons que, n'ayant rien à dire de certain sur la nature des objets 
extérieurs, nous sommes obligés de suspendre notre jugement. 
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