[1,14f] Πέμπτος ἐστὶ λόγος ὁ παρὰ τὰς θέσεις καὶ τὰ διαστήματα καὶ τοὺς τόπους·
καὶ γὰρ παρὰ τούτων ἕκαστον τὰ αὐτὰ πράγματα διάφορα φαίνεται, οἷον ἡ αὐτὴ
στοὰ ἀπὸ μὲν τῆς ἑτέρας ἀρχῆς ὁρωμένη μείουρος φαίνεται, ἀπὸ δὲ τοῦ μέσου
σύμμετρος πάντοθεν, καὶ τὸ αὐτὸ πλοῖον πόρρωθεν μὲν μικρὸν φαίνεται καὶ
ἑστὼς, ἐγγύθεν δὲ μέγα καὶ κινούμενον, καὶ ὁ αὐτὸς πύργος πόρρωθεν μὲν
φαίνεται στρογγύλος ἐγγύθεν δὲ τετράγωνος. Ταῦτα μὲν παρὰ τὰ διαστήματα,
παρὰ δὲ τοὺς τόπους ὅτι τὸ λυχνιαῖον φῶς ἐν ἡλίῳ μὲν ἀμαυρὸν φαίνεται ἐν
σκότῳ δὲ λαμπρόν, καὶ ἡ αὐτὴ κώπη ἔναλος μὲν κεκλασμένη ἔξαλος δὲ εὐθεῖα,
καὶ τὸ ᾠὸν ἐν μὲν τῇ ὄρνιθι ἁπαλὸν ἐν ἀέρι δὲ σκληρόν, καὶ τὸ λυγγούριον
ἐν μὲν λυγγὶ ὑγρὸν ἐν ἀέρι δὲ σκληρόν, καὶ τὸ κοράλιον ἐν θαλάττῃ μὲν
ἁπαλὸν ἐν ἀέρι δὲ σκληρόν, καὶ φωνὴ ἀλλοία μὲν φαίνεται ἐν σύριγγι
γινομένη, ἀλλοία δὲ ἐν αὐλῷ, ἀλλοία δὲ ἐν ἀέρι ἁπλῶς.
Παρὰ δὲ τὰς θέσεις ὅτι ἡ αὐτὴ εἰκὼν ἐξυπτιαζομένη μὲν λεία φαίνεται, ποσῶς
δὲ ἐπινευομένη εἰσοχὰς καὶ ἐξοχὰς ἔχειν δοκεῖ. Καὶ οἱ τράχηλοι δὲ τῶν
περιστερῶν παρὰ τὰς διαφόρους ἐπικλίσεις διάφοροι φαίνονται κατὰ χρῶμα.
Ἐπεὶ οὖν πάντα τὰ φαινόμενα ἔν τινι θεωρεῖται καὶ ἀπό τινος διαστήματος
καὶ κατά τινα θέσιν, ὧν ἕκαστον πολλὴν ποιεῖ παραλλαγὴν περὶ τὰς
φαντασίας, ὡς ὑπεμνήσαμεν, ἀναγκασθησόμεθα καὶ διὰ τούτου τοῦ τρόπου
καταντᾶν εἰς ἐποχήν. Καὶ γὰρ ὁ βουλόμενος τούτων τῶν φαντασιῶν προκρίνειν
τινὰς ἀδυνάτοις ἐπιχειρήσει. Εἰ μὲν γὰρ ἁπλῶς καὶ ἄνευ ἀποδείξεως
ποιήσεται τὴν ἀπόφασιν, ἄπιστος ἔσται· εἰ δὲ ἀποδείξει βουλήσεται
χρήσασθαι, εἰ μὲν ψευδῆ λέξει τὴν ἀπόδειξιν εἶναι, ἑαυτὸν περιτρέψει,
ἀληθῆ δὲ λέγων εἶναι τὴν ἀπόδειξιν αἰτηθήσεται ἀπόδειξιν τοῦ ἀληθῆ αὐτὴν
εἶναι, κἀκείνης ἄλλην, ἐπεὶ καὶ αὐτὴν ἀληθῆ εἶναι δεῖ, καὶ μέχρις ἀπείρου.
Ἀδύνατον δέ ἐστιν ἀπείρους ἀποδείξεις παραστῆσαι· οὐκοῦν οὐδὲ μετὰ
ἀποδείξεως δυνήσεται προκρίνειν φαντασίαν φαντασίας. Εἰ δὲ μήτε ἄνευ
ἀποδείξεως μήτε μετὰ ἀποδείξεως δυνατὸς ἔσται τις ἐπικρίνειν τὰς
προειρημένας φαντασίας, συνάγεται ἡ ἐποχή, ὁποῖον μὲν φαίνεται ἕκαστον
κατὰ τήνδε τὴν θέσιν ἢ κατὰ τόδε τὸ διάστημα ἢ ἐν τῷδε εἰπεῖν ἴσως
δυναμένων ἡμῶν, ὁποῖον δέ ἐστιν ὡς πρὸς τὴν φύσιν ἀδυνατούντων
ἀποφαίνεσθαι διὰ τὰ προειρημένα.
| [1,14f] Du cinquième Moyen de l'Époque.
Le cinquième moyen se prend des situations, des distances, et des lieux.
Car selon que ces choses sont différentes, les mêmes choses paraissent
diversement. Un même portique, si l'on le regarde par une des extrémités
de sa longueur, paraît aller toujours en diminuant ; mais si on le regarde
par son milieu, il paraît égal partout. Et un vaisseau vu de loin, paraît
petit et sans mouvement ; et de près il paraît grand, et en mouvement. Et
une même tour vue de loin paraît ronde, et de près carrée. Voilà pour les
distances.
A l'égard des lieux. La lumière d'une lampe paraît obscure au soleil, et
brillante dans les ténèbres. Une rame paraît rompue dans l'eau et droite
dehors. Un œuf est mou dans le corps de l'oiseau, et dur dehors. La pierre
de lynx est humide dans le lynx et dure dans l'air. Le corail est mou dans
la mer, et dur dans l'air. Une même voix paraît autre dans une trompette,
autre dans des flûtes, et autre dans l'air tout simplement.
A l'égard des positions. Une image de plate peinture, vue presque tout à
fait de côté, en sorte que l'œil ne soit presque point élevé au-dessus du
tableau, paraît unie: mais si l'œil est plus élevé, si le tableau est
assez incliné, ou vis-à-vis de l'œil, l'image paraît avoir des éminences
et des enfoncements. Les cous des pigeons paraissent être de diverses
couleurs, selon qu'ils se tournent différemment.
Or, comme toutes les choses qui s'aperçoivent par quelque sens, sont
aperçues depuis quelque distance, dans quelque lieu, et dans quelque
position, (toutes choses, chacune à part, causent une grande différence dans les
perceptions ou dans les idées, comme nous l'avons dit,) nous serons
obligés par ces raisons-là de nous arrêter à l'Époque. Car une personne,
qui voudra préférer quelques-unes de ces apparences aux autres,
entreprendra l'impossible. La raison de cela est que, s'il prononce
simplement et sans démonstration, il ne méritera pas qu'on le croie : que
s'il veut se servir d'une démonstration, et qu'il dise que sa
démonstration est fausse, il se contredira lui même : que s'il dit qu'elle
est vraie, il faudra qu'il apporte une démonstration pour prouver cela: et
puis il faudra qu'il donne une démonstration de sa démonstration pour
prouver qu'elle est vraie, et ainsi à l'infini. Or il est impossible
d'apporter un nombre infini de démonstrations ; c'est pourquoi il ne
pourra jamais préférer une apparence à une autre, (pour dire que l'une
soit plus vraie que l'autre) non pas même en se servant de démonstration.
Que si on ne peut pas ni avec démonstration, ni sans démonstration,
discerner la vérité de ces apparences et de ces perceptions, dont j'ai
parlé ; il s'en suit qu'il faut suspendre son jugement : parce que nous
pouvons peut-être bien dire, comment une chose nous paraît, par rapport à
une certaine position, ou à une certaine distance, ou dans un certain lieu
; mais que nous ne pouvons pas prononcer quelle elle est, par rapport à sa
nature, à cause de ce que nous avons dit ci-dessus.
|