[16] ἤρεσε δ' οὐδετέροις, ἀλλ' ἐλύπησε καὶ τοὺς πλουσίους
ἀνελὼν τὰ συμβόλαια, καὶ μᾶλλον ἔτι τοὺς πένητας, ὅτι γῆς
ἀναδασμὸν οὐκ ἐποίησεν ἐλπίσασιν αὐτοῖς, οὐδὲ παντάπασιν,
ὥσπερ ὁ Λυκοῦργος, ὁμαλοὺς τοῖς βίοις καὶ ἴσους κατέστησεν.
ἀλλ' ἐκεῖνος μὲν ἑνδέκατος ὢν ἀφ' Ἡρακλέους καὶ
βεβασιλευκὼς ἔτη πολλὰ τῆς Λακεδαίμονος, ἀξίωμα μέγα καὶ
φίλους καὶ δύναμιν οἷς ἔγνω καλῶς περὶ τῆς πολιτείας
ὑπηρετοῦσαν εἶχε, καὶ βίᾳ μᾶλλον ἢ πειθοῖ χρησάμενος, ὥστε
καὶ τὸν ὀφθαλμὸν ἐκκοπῆναι, κατειργάσατο τὸ μέγιστον εἰς
σωτηρίαν πόλεως καὶ ὁμόνοιαν, μηδένα πένητα μηδὲ πλούσιον
εἶναι τῶν πολιτῶν· (2) σόλων δὲ τούτου μὲν οὐκ ἐφίκετο τῇ
πολιτεία δημοτικὸς ὢν καὶ μέσος, ἐνδεέστερον δὲ τῆς
ὑπαρχούσης δυνάμεως οὐδὲν ἔπαξεν, ὁρμώμενος ἐκ μόνου τοῦ
βούλεσθαι καὶ πιστεύειν αὐτῷ τοὺς πολίτας. ὅτι δ' οὖν
προσέκρουσε τοῖς πλείστοις ἕτερα προσδοκήσασιν, αὐτὸς
εἴρηκε περὶ αὐτῶν, ὡς
χαῦνα μὲν τότ' ἐφράσαντο, νῦν δέ μοι χολούμενοι
λοξὸν ὀφθαλμοῖς ὁρῶσι πάντες ὥστε δήϊον.
καίτοι φησὶν ὡς, εἴ τις ἄλλος ἔσχε τὴν αὐτὴν δύναμιν,
οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον, οὐδ' ἐπαύσατο,
πρὶν ἀνταράξας, πῖαρ ἐξεῖλεν γάλα.
(3) ταχὺ μέντοι τοῦ συμφέροντος αἰσθόμενοι καὶ τὰς ἰδίας
αὑτῶν μέμψεις ἀφέντες ἔθυσάν τε κοινῇ, σεισάχθειαν τὴν
θυσίαν ὀνομάσαντες, καὶ τὸν Σόλωνα τῆς πολιτείας διορθωτὴν
καὶ νομοθέτην ἀπέδειξαν, οὐ τὰ μέν, τὰ δ' οὐχί, πάντα δ'
ὁμαλῶς ἐπιτρέψαντες, ἀρχάς, ἐκκλησίας, δικαστήρια, βουλάς,
καὶ τίμημα τούτων ἑκάστου καὶ ἀριθμὸν καὶ καιρὸν ὁρίσαι,
λύοντα καὶ φυλάττοντα τῶν ὑπαρχόντων καὶ καθεστώτων ὅ τι
δοκοίη.
| [16] Cette ordonnance déplut également aux deux partis :
elle offensa les riches, qui perdaient leurs créances, et mécontenta
encore plus les pauvres, qui se voyaient frustrés du nouveau partage des terres
qu'ils avaient espéré, et qui n'obtenaient pas cette parfaite égalité de biens que
Lycurgue avait établie entre les citoyens. Mais Lycurgue était le onzième descendant
d'Hercule; il avait régné plusieurs années à Lacédémone; il y jouissait d'une grande
autorité; il avait beaucoup d'amis ; il possédait de grands biens; et tous ces avantages
lui furent d'un grand secours pour exécuter son plan de réforme. Avec tout cela, il
fut obligé d'employer la force plus encore que la persuasion; et il lui en coûta un oeil
pour faire passer la plus importante de ses institutions, la plus propre à rendre sa
ville heureuse, à y maintenir la concorde, en ne laissant parmi les citoyens ni riche ni
pauvre. Solon, au contraire, né d'une famille plébéienne, et dans une condition
médiocre, ne pouvait aspirer à une pareille entreprise; mais du moins ne resta-t-il
pas au-dessous des moyens qu'il avait en sa puissance, n'étant soutenu que par sa
sagesse et par la confiance qu'on avait en lui. Au reste, il témoigne lui-même que
cette loi avait offensé la plupart des Athéniens, qui s'étaient attendus à autre chose.
"Ceux qui, le coeur rempli d'une douce espérance, De me plaire d'abord se
montraient si jaloux, Ne roulent aujourd'hui que projets de vengeance, Et fixent tous
sur moi des yeux pleins de courroux". Mais, ajoute-t-il, tout autre avec la même
autorité "N'eût pu d'un peuple altier réprimer la licence, Qu'il ne l'eût épuisé, réduit à
l'indigence". Toutefois les Athéniens ne tardèrent pas à reconnaître l'utilité de cette loi;
ils cessèrent de murmurer, firent en commun un sacrifice qu'ils appelèrent le sacrifice
de la décharge, confirmèrent à Solon le titre de législateur, et le chargèrent de
réformer le gouvernement. Ils lui conférèrent pour cela un pouvoir si illimité, qu'il se
trouva maître des charges, des assemblées, des délibérations et des jugements; qu'il
pouvait créer tous les officiers publics, régler leurs revenus, leur nombre, la durée
de leur administration, et révoquer ou confirmer à son gré tout ce qui avait été fait
avant lui.
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