[15] ταῦτα τοὺς πολλοὺς καὶ φαύλους περὶ αὐτοῦ πεποίηκε
λέγοντας. οὐ μὴν ἀπωσάμενός γε τὴν τυραννίδα τὸν
πρᾳότατον ἐχρήσατο τρόπον τοῖς πράγμασιν, οὐδὲ μαλακῶς
οὐδ' ὑπείκων τοῖς δυναμένοις οὐδὲ πρὸς ἡδονὴν τῶν ἑλομένων
ἔθετο τοὺς νόμους· ἀλλ' ᾗ μὲν ἄριστον ἦν, οὐκ ἐπήγαγεν
ἰατρείαν οὐδὲ καινοτομίαν, φοβηθεὶς μὴ συγχέας παντάπασι
καὶ ταράξας τὴν πόλιν ἀσθενέστερος γένηται τοῦ καταστῆσαι
πάλιν καὶ συναρμόσασθαι (2) πρὸς τὸ ἄριστον· ἃ δὲ καὶ λέγων
ἤλπιζε πειθομένοις καὶ προσάγων ἀνάγκην ὑπομένουσι
χρήσασθαι, ταῦτ' ἔπραττεν, ὥς φησιν αὐτός,
ὁμοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας.
ὅθεν ὕστερον ἐρωτηθεὶς εἰ τοὺς ἀρίστους Ἀθηναίοις νόμους
ἔγραψεν, “ὧν ἄν,” ἔφη, “προσεδέξαντο τοὺς ἀρίστους.” ἃ δ' οὖ
οἱ νεώτεροι τοὺς Ἀθηναίους λέγουσι τὰς τῶν πραγμάτων
δυσχερείας ὀνόμασι χρηστοῖς καὶ φιλανθρώποις
ἐπικαλύπτοντας ἀστείως ὑποκορίζεσθαι, (3) τὰς μὲν πόρνας
ἑταίρας, τοὺς δὲ φόρους συντάξεις, φυλακὰς δὲ τὰς φρουρὰς
τῶν πόλεων, οἴκημα δὲ τὸ δεσμωτήριον καλοῦντας, πρώτου
Σόλωνος ἦν, ὡς ἔοικε, σόφισμα τὴν τῶν χρεῶν ἀποκοπὴν
σεισάχθειαν ὀνομάσαντος. τοῦτο γὰρ ἐποιήσατο πρῶτον
πολίτευμα, γράψας τὰ μὲν ὑπάρχοντα τῶν· χρεῶν ἀνεῖσθαι,
πρὸς δὲ τὸ λοιπὸν ἐπὶ τοῖς σώμασι μηδένα δανείζειν. (4) καίτοι
τινὲς ἔγραψαν, ὧν ἐστὶν Ἀνδροτίων, οὐκ ἀποκοπῇ χρεῶν, ἀλλὰ
τόκων μετριότητι κουφισθέντας ἀγαπῆσαι τοὺς πένητας, καὶ
σεισάχθειαν ὀνομάσαι τὸ φιλανθρώπευμα τοῦτο καὶ τὴν ἅμα
τούτῳ γενομένην τῶν τε μέτρων ἐπαύξησιν καὶ τοῦ νομίσματος
τιμήν. ἑκατὸν γὰρ ἐποίησε δραχμῶν τὴν μνᾶν πρότερον
ἑβδομήκοντα καὶ τριῶν οὖσαν, ὥστ' ἀριθμῷ μὲν ἴσον, δυνάμει
δ' ἔλαττον ἀποδιδόντων, ὠφελεῖσθαι μὲν τοὺς ἐκτίνοντας
μεγάλα, μηδὲν δὲ βλάπτεσθαι τοὺς κομιζομένους. (5) οἱ δὲ
πλεῖστοι πάντων ὁμοῦ φασι τῶν συμβολαίων ἀναίρεσιν
γενέσθαι τὴν σεισάχθειαν, καὶ τούτοις συνᾴδει μᾶλλον τὰ
ποιήματα. Σεμνύνεται γὰρ Σόλων ἐν τούτοις ὅτι τῆς τε
προϋποκειμένης γῆς
ὅρους ἀνεῖλε πολλαχῆ πεπηγότας·
πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα·
καὶ τῶν ἀγωγίμων πρὸς ἀργύριον γεγονότων πολιτῶν τοὺς μὲν
ἀνήγαγεν ἀπὸ ξένης,
γλῶσσαν οὐκέτ' Ἀττικὴν
ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῆ πλανωμένους·
τοὺς δ' ἐνθάδ' αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα ἔχοντας
ἐλευθέρους φησὶ ποιῆσαι. (6) πρᾶγμα δ' αὐτῷ συμπεσεῖν
λέγεται πάντων ἀνιαρότατον ἀπὸ τῆς πράξεως ἐκείνης. ὡς γὰρ
ὥρμησεν ἀνιέναι τὰ χρέα καὶ λόγους ἁρμόττοντας ἐζήτει καὶ
πρέπουσαν ἀρχήν, ἐκοινώσατο τῶν φίλων οἷς μάλιστα
πιστεύων καὶ χρώμενος ἐτύγχανε, τοῖς περὶ Κόνωνα καὶ
Κλεινίαν καὶ Ἱππόνικον, ὅτι γῆν μὲν οὐ μέλλει κινεῖν, χρεῶν δὲ
ποιεῖν ἀποκοπὰς ἔγνωκεν. οἱ δὲ προλαβόντες εὐθὺς καὶ
φθάσαντες ἐδανείσαντο συχνὸν ἀργύριον παρὰ τῶν πλουσίων
καὶ μεγάλας συνεωνήσαντο χώρας. (7) εἶτα τοῦ δόγματος
ἐξενεχθέντος τὰ μὲν κτήματα καρπούμενοι, τὰ δὲ χρήματα τοῖς
δανείσασιν οὐκ ἀποδιδόντες, εἰς αἰτίαν τὸν Σόλωνα μεγάλην
καὶ διαβολήν, ὥσπερ οὐ συναδικούμενον, ἀλλὰ συναδικοῦντα,
κατέστησαν. ἀλλὰ τοῦτο μὲν εὐθὺς ἐλύθη τὸ ἔγκλημα τοῖς
πέντε ταλάντοις· τοσαῦτα γὰρ εὑρέθη δανείζων, καὶ ταῦτα
πρῶτος ἀφῆκε κατὰ τὸν νόμον. ἔνιοι δὲ πεντεκαίδεκα λέγουσιν,
ὧν καὶ Πολύζηλος ὁ Ῥόδιός ἐστι. τοὺς μέντοι φίλους αὐτοῦ
χρεωκοπίδας καλοῦντες διετέλεσαν.
| [15] Voilà comment il fait parler sur son compte les gens du peuple et les méchants.
X1X. Mais le refus qu'il avait fait de régner ne le rendit pas plus lâche
ni plus mou dans l'administration des affaires.
Il ne céda rien par faiblesse aux citoyens puissants, et ne chercha pas dans ses lois à
flatter ceux qui l'avaient élu. Il conserva tout ce qui lui parut supportable; il ne
voulut pas trancher dans le vif, et appliquer mal à propos des remèdes violents, de
peur qu'après avoir changé et bouleversé toute la ville, il n'eût pas assez de force
pour la rétablir et lui donner une meilleure forme de gouvernement. Il ne se permit
que les changements qu'il crut pouvoir faire adopter par persuasion ou recevoir
d'autorité, en unissant, comme il le disait lui-même, la force à la justice. On lui
demanda quelque temps après s'il avait donné aux Athéniens les lois les meilleures.
« Oui, répondit-il, les meilleures qu'ils pussent recevoir. » Des écrivains modernes
disent que les Athéniens ont coutume d'adoucir la dureté de certaines choses, en les
exprimant par des termes doux et honnêtes : par exemple, ils appellent les
courtisanes, des amies; les impôts, des contributions; les garnisons, des gardes de
ville; les prisons, des maisons. Cet adoucissement fut, à ce qu'il paraît, une invention
de Solon, qui donna le nom de décharge à l'abolition des dettes. XX. Sa première
ordonnance portait que toutes les dettes qui subsistaient seraient abolies, et qu'à
l'avenir les engagements pécuniaires ne seraient plus soumis à la contrainte par
corps. Cependant quelques auteurs, entre autres Androtion, ont dit que Solon
n'abolit pas les dettes ; qu'il en réduisit seulement les intérêts; et que les pauvres,
satisfaits de ce soulagement, donnèrent eux-mêmes le nom de décharge à cette loi
pleine d'humanité. Elle comprenait aussi l'augmentation des mesures et de la valeur
des monnaies. La mine ne valait que soixante-treize drachmes; elle fut portée à cent :
de manière que ceux qui devaient des sommes considérables, en donnant une
valeur égale en apparence, quoique moindre en effet, gagnaient beaucoup, sans
rien faire perdre à leurs créanciers. Cependant la plupart des auteurs
conviennent que cette décharge fut une véritable abolition de toutes les dettes ; et
leur sentiment est confirmé par ce que Solon lui-même en a dit dans ses poésies, où
il se glorifie d'avoir fait disparaître de l'Attique ces écriteaux qui désignaient les
terres engagées pour dettes. Le territoire d'Athènes, disait-il, auparavant
esclave, est libre maintenant; les citoyens qu'on avait adjugés à leurs créanciers ont
été, les uns ramenés des pays étrangers où on les avait vendus, et où ils avaient si
longtemps erré qu'ils n'entendaient plus la langue attique; les autres remis en liberté
dans leur propre pays, où ils étaient réduits au plus honteux esclavage. XXI. Cette
ordonnance lui attira le plus fâcheux déplaisir qu'il put éprouver. Pendant qu'il
s'occupait de cette abolition, qu'il travaillait à la présenter sous les termes les plus
insinuants, et à mettre en tête de sa loi un préambule convenable, il en
communiqua le projet à trois de ses meilleurs amis, Conon, Clinias et Hipponicus,
qui avaient toute sa confiance. Il leur dit qu'il ne toucherait pas aux terres, et qu'il
abolirait seulement les dettes. Ceux-ci, se hâtant de prévenir la publication de la loi,
empruntent à des gens riches des sommes considérables, et en achètent de grands
fonds de terres. Quand le décret eut paru, ils gardèrent les biens, et ne rendirent pas
l'argent qu'ils avaient emprunté. Leur mauvaise foi excita des plaintes amères
contre Solon, et le fit accuser d'avoir été non la dupe de ses amis, mais le complice de
leur fraude. Ce soupçon injurieux fut bientôt détruit, quand on le vit, aux termes de
sa loi, faire la remise de cinq talents qui lui étaient dus, ou même de quinze, selon
quelques auteurs, et entre autres Polyzelus de Rhodes. Cependant ses trois amis
furent appelés depuis les Créocopides.
|