[10] οὐ μὴν ἀλλὰ τῶν Μεγαρέων ἐπιμενόντων πολλὰ κακὰ
καὶ δρῶντες ἐν τῷ πολέμῳ καὶ πάσχοντες, ἐποιήσαντο
Λακεδαιμονίους διαλλακτὰς καὶ δικαστάς. οἱ μὲν οὖν πολλοὶ
τῷ Σόλωνι συναγωνίσασθαι λέγουσι τὴν Ὁμήρου δόξαν·
ἐμβαλόντα γὰρ αὐτὸν ἔπος εἰς νεῶν κατάλογον ἐπὶ τῆς δίκης
ἀναγνῶναι·
Αἴας δ' ἐκ Σαλαμῖνος ἄγεν δυοκαίδεκα νῆας,
στῆσε δ' ἄγων ἵν' Ἀθηναίων ἵσταντο φάλαγγες.
(2) αὐτοὶ δ' Ἀθηναῖοι ταῦτα μὲν οἴονται φλυαρίαν εἶναι, τὸν δὲ
Σόλωνά φασιν ἀποδεῖξαι τοῖς δικασταῖς ὅτι Φιλαῖος καὶ
Εὐρυσάκης, Αἴαντος υἱοί, Ἀθήνησι πολιτείας μεταλαβόντες
παρέδοσαν τὴν νῆσον αὐτοῖς, καὶ κατῴκησαν ὁ μὲν ἐν
Βραυρῶνι τῆς Ἀττικῆς, ὁ δὲ ἐν Μελίτῃ· καὶ δῆμον ἐπώνυμον
Φιλαίου τῶν Φιλαϊδῶν ἔχουσιν, ὅθεν ἦν Πεισίστρατος. (3) ἔτι δὲ
μᾶλλον ἐξελέγξαι τοὺς Μεγαρέας βουλόμενον ἰσχυρίσασθαι
περὶ τῶν νεκρῶν ὡς οὐχ ὃν τρόπον ἐκεῖνοι θάπτουσι
κεκηδευμένων, ἀλλ' ὃν αὐτοί. θάπτουσι δὲ Μεγαπεῖς πρὸς ἕω
τοὺς νεκροὺς στρέφοντες, Ἀθηναῖοι δὲ πρὸς ἑσπέραν. Ἡρέας δὲ
ὁ Μεγαρεὺς ἐνιστάμενος λέγει καὶ Μεγαρεῖς πρὸς ἑσπέραν
τετραμμένα τὰ σώματα τῶν νεκρῶν τιθέναι· καὶ μεῖζον ἔτι
τούτου, μίαν ἕκαστον Ἀθηναίων ἔχειν θήκην, Μεγαρέων δὲ καὶ
τρεῖς καὶ τέσσαρας ἐν μιᾷ κεῖσθαι. (4) τῷ μέντοι Σόλωνι καὶ
Πυθικούς τινας βοηθῆσαι λέγουσι χρησμούς, ἐν οἷς ὁ θεὸς
Ἰαονίαν τὴν Σαλαμῖνα προσηγόρευσε. ταύτην τὴν δίκην
ἐδίκασαν Σπαρτιατῶν πέντε ἄνδρες, Κριτολαΐδας,
Ἀμομφάρετος, Ὑψηχίδας, Ἀναξίλας, Κλεομένης.
| [10] XII. Cependant les Mégariens s'obstinaient à vouloir reprendre Salamine.
Mais enfin les deux peuples, après avoir souffert réciproquement autant
de maux qu'ils avaient pu en faire, prirent les Lacédémoniens pour arbitres, et s'en
rapportèrent à leur décison. On dit généralement que Solon, dans cette dispute,
s'appuya de l'autorité d'Homère; que, le jour du jugement, il cita un vers de l'Iliade,
tiré du dénombrement des vaisseaux, auquel il en ajouta un autre de sa façon : "Ajax,
de Salamine amenait les héros; Sous un chef si vaillant marchaient douze vaisseaux;
Il alla les ranger auprès de ceux d'Athènes". Mais les Athéniens traitent ce récit de
conte puéril : ils assurent que Solon prouva clairement aux juges que Phyléus et
Eurysacès, fils d'Ajax, ayant reçu le droit de bourgeoisie à Athènes, firent don de
leur île aux Athéniens, et s'établirent, l'un à Braurone, l'autre à Mélitte, deux bourgs
de l'Attique; et que Phyléus donna son nom au bourg des Phyléides, d'où était
Pisistrate. Solon, ajoutent-ils, pour détruire plus sûrement la prétention des
Mégariens, établit la propriété des Athéniens sur cette île par la manière dont on y
enterrait les morts, qui était la même qu'à Athènes, et qui différait de celle de
Mégare. Dans cette dernière ville, on leur tournait le visage du côté du levant, au
lieu que les Athéniens le leur tournaient vers le couchant. Il est vrai qu'Héréas le
Mégarien nie le fait, et soutient qu'à Mégare les morts étaient enterrés le visage
tourné au couchant. Une preuve plus forte alléguée par cet historien, c'est qu'à
Athènes chaque mort avait un tombeau séparé, et qu'à Mégare on en mettait trois ou
quatre dans une même sépulture. Mais on prétend que Solon eut pour lui des
oracles de la Pythie, dans lesquels le dieu donnait à Salamine le nom de ville
ionienne. Ce procès fut jugé par cinq Spartiates, Critolaïdas, Amompharetus,
Hypséchidas, Anaxilas et Cléomène.
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