[9] ἄλλοι δέ φασιν οὐ τοῦτον τὸν τρόπον γενέσθαι τὴν
κατάληψιν, ἀλλὰ πρῶτον μὲν αὐτῷ τὸν ἐν Δελφοῖς θεὸν χρῆσαι·
ἀρχηγοὺς χώρας θυσίαις ἥρωας ἐνοίκους
ἵλασο, τοὺς κόλποις Ἀσωπιὰς ἀμφικαλύπτει,
οἳ φθίμενοι δέρκονται ἐς ἠέλιον δύνοντα·
τὸν δὲ Σόλωνα διαπλεύσαντα νυκτὸς εἰς τὴν νῆσον ἐντεμεῖν
σφάγια Περιφήμῳ καὶ Κυχρεῖ τοῖς ἥρωσιν. (2) εἶτα παρὰ τῶν
Ἀθηναίων ἐθελοντὰς λαβεῖν πεντακοσίους, δόγματος
γενομένου τούτους, ἄν κατασχῶσι τὴν νῆσον, κυρίους εἶναι τοῦ
πολιτεύματος. ἀναχθέντα δὲ συχναῖς ἁλιάσιν ἅμα
τριακοντόρου συμπαραπλεούσης ὑφορμίσασθαι τῇ Σαλαμῖνι
κατὰ χηλήν τινα πρὸς τὴν Εὔβοιαν ἀποβλέπουσαν.
πυθομένους δὲ τοὺς ἐν Σαλαμῖνι Μεγαρεῖς ἔκ τινος φήμης
οὐδὲν βέβαιον, αὐτοὺς μὲν εἰς τὰ ὅπλα θορυβουμένους
βαδίζειν, ναῦν δ' ἀποστεῖλαι κατασκεψομένην τῶν πολεμίων·
(3) ἧς ἐγγὺς ἐλθούσης κρατῆσαι τὸν Σόλωνα καὶ καθεῖρξαι τοὺς
Μεγαρεῖς. ἐμβιβάσαι δὲ τῶν Ἀθηναίων τοὺς κρατίστους
κελεύσαντα πλεῖν ἐπὶ τὴν πόλιν, ὡς ἂν ἐνδέχηται μάλιστα
κρύπτοντας ἑαυτούς· ἅμα δὲ τοὺς ἄλλους Ἀθηναιους
ἀναλαβόντα πεζῇ συμφέρεσθαι τοῖς Μεγαρεῦσι· καὶ τῆς μάχης
ἔτι συνεστώσης φθάσαι τοὺς ἀπὸ τῆς νεὼς καταλαβόντας τὴν
πόλιν. (4) ἔοικε δὲ τῷ λόγῳ τούτῳ καὶ τὰ δρώμενα μαρτυρεῖν.
ναῦς γάρ τις Ἀττικὴ προσέπλει σιωπῇ τὸ πρῶτον, εἶτα κραυγῇ
καὶ ἀλαλαγμῷ προσφερομένων εἷς ἀνήρ ἔνοπλος ἐξαλλόμενος
μετὰ βοῆς ἔθει πρὸς ἄκρον τὸ Σκιράδιον ἐκ γῆς
προσφερομένοις. πλησίον δὲ τοῦ Ἐνυαλίου τὸ ἱερόν ἐστιν
ἱδρυσαμένου Σόλωνος. ἐνίκησε γὰρ τοὺς Μεγαρέας, καὶ ὅσοι μὴ
διεφθάρησαν ἐν τῇ μάχῃ, πάντας ὑποσπόνδους ἀφῆκεν.
| [9] XI.
D'autres prétendent que ce ne fut pas là le moyen dont Solon se servit pour
surprendre cette ile, mais que, sur un oracle d'Apollon, qui était conçu en ces termes :
"Commence par offrir de pieux sacrifices; Sur les bords d'Asopus honore ces héros
Dont le soleil couchant éclaire les tombeaux, Et que des voeux ardents te les rendent
propices". Solon se rendit la nuit à Salamine, et immola des victimes aux héros
Périphémus et Cychréus. Ensuite les Athéniens lui ayant donné trois cents
volontaires, à qui ils assurèrent, par un décret, le gouvernement de l'île s'ils s'en
rendaient les maîtres, Solon les embarqua sur des bateaux de pêcheurs, escortés par
une galère à trente rames, et alla jeter l'ancre vers la pointe de cette île qui regarde
l'Eubée. Les Mégariens, qui n'avaient eu sur sa marche que des avis vagues et
incertains, coururent aux armes en tumulte, et envoyèrent à la découverte un
vaisseau, qui, s'étant trop approché de la flotte des Athéniens, fut pris par Solon. Ce
général mit aux fers les soldats qui le montaient, et les remplaça par l'élite des siens,
à qui il ordonna de cingler vers Salamine, en se tenant le plus couverts qu'ils
pourraient. Lui-même prend le reste de ses troupes, et va par terre attaquer les
Mégariens. Pendant qu'il en était aux mains avec eux, les soldats qu'il avait fait
embarquer arrivent à Salamine, et s'en emparent. Ce récit semble confirmé par ce
qui se pratiquait anciennement à Athènes. Tous les ans un vaisseau partait de cette
ville, et se rendait sans bruit à Salamine. Des habitants de l'île venaient
tumultuairement au-devant du vaisseau ; alors un Athénien s'élançant sur le rivage,
les armes à la main, courait, en jetant de grands cris, vers cette troupe qui venait de
la terre, du côté du promontoire de Scirade, près duquel on voit encore un
temple de Mars, que Solon fit bâtir après avoir vaincu les Mégariens. Tous ceux qui
n'avaient pas péri dans le combat furent renvoyés aux conditions qu'il plut à Solon
de leur prescrire.
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