[4] (1) Ὁ δὲ
Νομᾶς ἐκλείπων τὰς ἐν ἄστει διατριβὰς ἀγραυλεῖν τὰ πολλὰ καὶ πλανᾶσθαι μόνος
ἤθελεν, ἐν ἄλσεσι θεῶν καὶ λειμῶσιν ἱεροῖς καὶ τόποις ἐρήμοις ποιούμενος τὴν
δίαιταν. (2) ὅθεν οὐχ ἥκιστα τὴν ἀρχὴν ὁ περὶ τῆς θεᾶς ἔλαβε λόγος, ὡς ἄρα Νομᾶς
ἐκεῖνος οὐκ ἀδημονίᾳ τινὶ ψυχῆς καὶ πλάνῃ τὸν μετὰ ἀνθρώπων ἀπολέλοιπε βίον,
ἀλλὰ σεμνοτέρας γεγευμένος ὁμιλίας καὶ γάμων θείων ἠξιωμένος, Ἠγερίᾳ δαίμονι
συνὼν ἐρώσῃ καὶ συνδιαιτώμενος, εὐδαίμων ἀνὴρ καὶ τὰ θεῖα πεπνυμένος γέγονεν.
(3) ὅτι μὲν οὖν ταῦτα πολλοῖς τῶν πάνυ παλαιῶν μύθων ἔοικεν, οὓς οἱ Φρύγες τε περὶ
Ἄττεω καὶ Βιθυνοὶ περὶ Ἡροδότου καὶ περὶ Ἐνδυμίωνος Ἀρκάδες ἄλλοι τε περὶ ἄλλων
εὐδαιμόνων δή τινων καὶ θεοφιλῶν γενέσθαι δοκούντων παραλαβόντες ἠγάπησαν, οὐκ
ἄδηλόν ἐστι. (4) καί που λόγον ἔχει τὸν θεόν, οὐ φίλιππον οὐδὲ φίλορνιν, ἀλλὰ
φιλάνθρωπον ὄντα, τοῖς διαφερόντως ἀγαθοῖς ἐθέλειν συνεῖναι, καὶ μὴ δυσχεραίνειν
μηδὲ ἀτιμάζειν ἀνδρὸς ὁσίου καὶ σώφρονος ὁμιλίαν. (5) ὡς δὲ καὶ σώματος ἀνθρωπίνου
καὶ ὥρας ἐστί τις θεῷ καὶ δαίμονι κοινωνία καὶ χάρις, ἔργον ἤδη καὶ τοῦτο
πεισθῆναι. (6) Καίτοι δοκοῦσιν οὐκ ἀπιθάνως Αἰγύπτιοι διαιρεῖν ὡς γυναικὶ μὲν οὐκ
ἀδύνατον πνεῦμα πλησιάσαι θεοῦ καί τινας ἐντεκεῖν ἀρχὰς γενέσεως, ἀνδρὶ δὲ οὐκ
ἔστι σύμμιξις πρὸς θεὸν οὐδὲ ὁμιλία σώματος. ἀγνοοῦσι δὲ ὅτι τὸ μιγνύμενον ᾧ
μίγνυται τὴν ἴσην ἀνταποδίδωσι κοινωνίαν. (7) οὐ μὴν ἀλλὰ φιλίαν γε πρὸς ἄνθρωπον
εἶναι θεῷ καὶ τὸν ἐπὶ ταύτῃ λεγόμενον ἔρωτα καὶ φυόμενον εἰς ἐπιμέλειαν ἤθους
καὶ ἀρετῆς, πρέπον ἂν εἴη. (8) καὶ οὐ πλημμελοῦσιν οἱ τὸν Φόρβαντα καὶ τὸν Ὑάκινθον
καὶ τὸν Ἄδμητον ἐρωμένους Ἀπόλλωνος γεγονέναι μυθολογοῦντες, ὥσπερ αὖ καὶ τὸν
Σικυώνιον Ἱππόλυτον, ᾧ δὴ καί φασιν, ὁσάκις τύχοι διαπλέων εἰς Κίρραν ἐκ
Σικυῶνος, τὴν Πυθίαν, οἷον αἰσθανομένου τοῦ θεοῦ καὶ χαίροντος, ἀποθεσπίζειν
τόδε τὸ ἡρῷον· « Καὶ δ´ αὖθ´ Ἱππολύτοιο φίλον κάρα εἰς ἅλα βαίνει. » Πινδάρου δὲ καὶ
τῶν μελῶν ἐραστὴν γενέσθαι τὸν Πᾶνα μυθολογοῦσιν. (9) ἀπέδωκε δέ τινα τιμὴν καὶ
Ἀρχιλόχῳ καὶ Ἡσιόδῳ τελευτήσασι διὰ τὰς Μούσας τὸ δαιμόνιον. (10) Σοφοκλεῖ δὲ καὶ
ζῶντι τὸν Ἀσκληπιὸν ἐπιξενωθῆναι λόγος ἐστὶ πολλὰ μέχρι δεῦρο διασώζων τεκμήρια,
καὶ τελευτήσαντι τυχεῖν ταφῆς ἄλλος θεός, ὡς λέγεται, παρέσχεν. (11) ἆρα οὖν ἄξιόν
ἐστι, ταῦτα συγχωροῦντας ἐπὶ τούτων, ἀπιστεῖν εἰ Ζαλεύκῳ καὶ Μίνῳ καὶ Ζωροάστρῃ
καὶ Νομᾷ καὶ Λυκούργῳ βασιλείας κυβερνῶσι καὶ πολιτείας διακοσμοῦσιν εἰς τὸ αὐτὸ
ἐφοίτα τὸ δαιμόνιον, ἢ τούτοις μὲν εἰκός ἐστι καὶ σπουδάζοντας θεοὺς ὁμιλεῖν ἐπὶ
διδασκαλίᾳ καὶ παραινέσει τῶν βελτίστων, ποιηταῖς δὲ καὶ λυρικοῖς μινυρίζουσιν,
εἴπερ ἄρα, χρῆσθαι παίζοντας; εἰ δὲ λέγει τις ἄλλως, κατὰ Βακχυλίδην, "Πλατεῖα
κέλευθος." (12) οὐδὲ γὰρ ἅτερος λόγος ἔχει τι φαῦλον, ὃν περὶ Λυκούργου καὶ Νομᾶ καὶ
τοιούτων ἄλλων ἀνδρῶν λέγουσιν, ὡς δυσκάθεκτα καὶ δυσάρεστα πλήθη χειρούμενοι
καὶ μεγάλας ἐπιφέροντες ταῖς πολιτείαις καινοτομίας, προσεποιήσαντο τὴν ἀπὸ τοῦ
θεοῦ δόξαν, αὐτοῖς ἐκείνοις πρὸς οὓς ἐσχηματίζοντο σωτήριον οὖσαν.
| [4] (1) Alors Numa, abandonnant le séjour de la ville, alla, par goût, habiter la campagne,
passant la plus grande partie de son temps à se promener seul dans les bois et les prairies
consacrées aux dieux, dans les lieux déserts. (2) Ce fut cet amour de la retraite qui fit courir le
bruit que ce n’était ni la mélancolie, ni la douleur, qui portait Numa à fuir le commerce des
hommes; qu’il avait trouvé une société plus auguste, celle d’une déesse qui l’avait jugé digne
de son alliance; que la nymphe Égérie ayant conçu pour lui une vive passion, lui avait offert sa
couche et lui faisait mener la vie la plus heureuse, en éclairant son esprit par la connaissance
des choses divines. (3) Ce récit, comme il est aisé de le voir, ressemble fort à ces anciennes
fables que quelques peuples ont reçues de leurs pères, et qui sont arrivées jusqu’à nous; telles
sont celles des Phrygiens au sujet d’Attis, des Bithyniens sur Rhodoïtes, des Cariens sur
Endymion, et sur beaucoup d’autres qui ont passé pour bienheureux et amis de divinités. (4) À
la vérité, il est naturel de croire que Dieu, qui aime non les chevaux ou les oiseaux, mais les
hommes, se communique volontiers à ceux qui excellent en vertu, et ne dédaigne pas de
converser avec un homme religieux et saint: (5) mais qu’un dieu ou qu'un démon aille jusqu'à
s'éprendre de la beauté d'un corps humain et s’unisse à lui, c’est ce qui est difficile à admettre.
(6) Les Égyptiens, cependant, font à ce sujet une distinction qui ne semble pas dénuée de
fondement: ils disent qu'il n'est pas impossible que le souffle d'un dieu s'approche d'une femme
pour y faire naître des principes de fécondité, mais qu'un homme ne peut avoir aucune union
corporelle, aucun commerce avec une déesse. Toutefois ils méconnaissent le fait qu'une
substance qui se mêle à une autre lui communique une part d'elle-même égale à celle qu'elle en
reçoit. (7) Mais ce qu’on peut raisonnablement admettre, c’est qu'un dieu ait de l’amitié pour un
homme; que de cette amitié naît en eux le sentiment qu’on appelle amour, et qui de leur part
n’est qu’un soin plus particulier de former les moeurs de ceux qu’ils affectionnent, et de les
rendre vertueux. (8) C’est ainsi qu’on peut justifier ce que les poètes racontent de l’amour
d’Apollon pour Phorbas, pour Hyacinthe, pour Admète, et aussi pour Hippolyte de Sicyone, qui
n’allait jamais par mer de cette ville à Cirrha, sans que la Pythie, saisie de l’esprit du dieu, qui
sentait l’approche de ce jeune homme et se réjouissait de son retour, ne prononçât ce vers
héroïque: "Hippolyte revient; il traverse la mer." On dit aussi que Pan aima Pindare et ses
poésies. (9) Archiloque aussi et Hésiode furent honorés par la divinité après leur mort, à cause
des Muses. (10) Une tradition rapporte qu’Esculape alla loger chez Sophocle, du vivant de ce
poète, et qu’il subsiste encore aujourd'hui des preuves de cette visite: on ajoute qu’après sa
mort un autre dieu lui procura un tombeau. (11) Si nous croyons que les immortels ont ainsi
honoré ces poètes, est-il juste de refuser de croire que Zaleucus, Minos, Zoroastre, Numa et
Lycurgue, qui tous ont gouverné des royaumes et organisé des constitutions, avaient des
entretiens avec la divinité? N’est-il pas vraisemblable que ces divinités ont conversé
sérieusement avec ces grands hommes, pour les instruire et leur donner les meilleurs conseils,
s'il est vrai qu’elles se sont amusées à fréquenter des poètes lyriques occupés à fredonner des
airs? Au reste, si quelqu’un est d’un sentiment différent, je lui dirai avec Bacchylide: "Le
chemin est ouvert." (12) Car je ne suis pas éloigné de croire ce que certains auteurs ont dit, que
Lycurgue, Numa et d'autres personnages célèbres ayant à conduire des peuples rustiques,
difficiles à manier, et voulant leur faire adopter de grands changements, avaient supposé cette
communication avec les dieux, pour le bien même de ceux à qui ils la faisaient croire.
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