[16] (1) Πρῶτον δέ φασι καὶ Πίστεως
καὶ Τέρμονος ἱερὸν ἱδρύσασθαι. καὶ τὴν μὲν Πίστιν ὅρκον ἀποδεῖξαι Ῥωμαίοις
μέγιστον, ᾧ χρώμενοι μέχρι νῦν διατελοῦσιν· (2) ὁ δὲ Τέρμων ὅρος ἄν τις εἴη, καὶ
θύουσιν αὐτῷ δημοσίᾳ καὶ ἰδίᾳ κατὰ τοὺς τῶν ἀγρῶν περιορισμούς, νῦν μὲν ἔμψυχα,
τὸ παλαιὸν δὲ ἀναίμακτος ἦν ἡ θυσία, Νομᾶ φιλοσοφήσαντος ὡς χρὴ τὸν ὅριον θεὸν
εἰρήνης φύλακα καὶ δικαιοσύνης μάρτυν ὄντα φόνου καθαρὸν εἶναι. (3) δοκεῖ δὲ καὶ
ὅλως οὗτος ὁρίσαι τὴν χώραν ὁ βασιλεύς, Ῥωμύλου μὴ βουληθέντος ἐξομολογήσασθαι
τῷ μέτρῳ τοῦ οἰκείου τὴν ἀφαίρεσιν τοῦ ἀλλοτρίου· δεσμὸν γὰρ εἶναι τῆς δυνάμεως
τὸν ὅρον, ἂν φυλάττηται, μὴ φυλαττόμενον δὲ τῆς ἀδικίας ἔλεγχον. (4) οὐ μὴν οὐδὲ ἦν
δαψιλὴς χώρα τῇ πόλει κατ´ ἀρχάς, ἀλλὰ τὴν πολλὴν αἰχμῇ προσεκτήσατο Ῥωμύλος·
καὶ ταύτην πᾶσαν ὁ Νομᾶς διένειμε τοῖς ἀπόροις τῶν πολιτῶν, ὡς ἀνάγκην τῆς
ἀδικίας ἀφαιρῶν τὴν ἀπορίαν, καὶ τρέπων ἐπὶ γεωργίαν τὸν δῆμον ἅμα τῇ χώρᾳ
συνεξημερούμενον. (5) οὐδὲν γὰρ ἄλλο τῶν ἐπιτηδευμάτων οὕτως ἔρωτα δριμὺν εἰρήνης
ἐργάζεται καὶ ταχὺν ὡς ὁ ἀπὸ γῆς βίος, ἐν ᾧ καὶ τῆς πολεμικῆς εὐτολμίας τὸ μὲν
ὑπερμαχητικὸν τοῦ οἰκείου διαμένει καὶ πάρεστι, τὸ δὲ εἰς ἀδικίαν καὶ πλεονεξίαν
ἀνειμένον ἐκκέκοπται. (6) διὸ καὶ τὴν γεωργίαν ὁ Νομᾶς οἷον εἰρήνης φίλτρον ἐμμίξας
τοῖς πολίταις καὶ μᾶλλον ὡς ἠθοποιὸν ἢ πλουτοποιὸν ἀγαπήσας τέχνην, εἰς μέρη τὴν
χώραν διεῖλεν, ἃ πάγους προσηγόρευσε, καὶ καθ´ ἕκαστον ἐπισκόπους ἔταξε καὶ
περιπόλους. (7) ἔστι δ´ ὅτε καὶ αὐτὸς ἐφορῶν καὶ τεκμαιρόμενος ἀπὸ τῶν ἔργων τοὺς
τρόπους τῶν πολιτῶν τοὺς μὲν εἰς τιμὰς καὶ πίστεις ἀνῆγε, τοὺς δὲ ῥᾳθύμους καὶ
ἀμελεῖς ψέγων καὶ κακίζων ἐσωφρόνιζε.
| [16] (1) Ce prince fut, dit-on, le premier qui bâtit un temple à la Foi et au dieu Terme, et qui
apprit aux Romains que le plus grand serment qu’ils pussent faire était de jurer par la Foi,
serment qu’ils font encore aujourd’hui. (2) Terme est la borne. On l'honore par des sacrifices
publics et privés qu’on fait auprès des limites des champs. On lui offre aujourd'hui des victimes
vivantes; mais il n’y avait pas alors de sacrifices sanglants: Numa, éclairé par la raison, avait
compris que le dieu des bornes, qui est le gardien de la paix et le témoin de la justice, ne doit
être souillé par aucun meurtre. (3) Il semble qu'il ait fait aussi un bornage complet du territoire
de Rome; Romulus n’avait pas voulu le faire, parce qu’en mesurant ce qui lui appartenait, il
aurait montré ce qu’il avait enlevé aux autres: car les bornes, quand on les respecte, sont le
frein de la puissance; mais si on les arrache, elles deviennent la preuve de l’injustice. (4) Rome
dans ses commencements avait un territoire peu étendu; Romulus l’avait agrandi beaucoup par
ses conquêtes. Ces nouvelles terres, Numa les distribua aux citoyens indigents, afin de les
soustraire à la misère, qui pousse nécessairement au mal, et de tourner vers l’agriculture
l’esprit du peuple, qui en domptant la terre, s’adoucirait lui-même. (5) En effet, il n’est point
d’occupation qui engendre un amour si âpre et si vif de la paix que le travail des champs. On y
conserve cette audace guerrière qui anime à combattre pour la défense de ses propriétés, et l’on
s’y dépouille de cette cupidité qui porte à envahir le bien d’autrui. (6) Numa donc, qui voulait
faire aimer aux citoyens l’agriculture comme l’attrait le plus puissant à la paix, et qui la croyait
encore plus propre à former leurs moeurs qu’à les enrichir, partagea tout le territoire en
plusieurs parties qu’il appela "pagi", et établit dans chacun d’eux des inspecteurs et des
commissaires. (7) Il en faisait parfois lui-même la visite; et, jugeant des moeurs des citoyens
d'après leur travail, il élevait les uns à des postes d'honneurs et de confiance, mais il blâmait
les paresseux et les négligents, tâchant de les améliorer par des remontrances et des punitions.
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