[5] (1) Ἤδη δὲ καὶ δόξαν αὐτοῦ καὶ δύναμιν ἀπὸ τῆς ἀρετῆς ἐν τῇ πόλει μεγάλην
ἔχοντος, ἡ βουλὴ τοῖς πλουσίοις ἀμύνουσα πρὸς τὸν δῆμον ἐστασίασε, πολλὰ καὶ
δεινὰ πάσχειν ὑπὸ τῶν δανειστῶν δοκοῦντα. (2) τοὺς μὲν γὰρ κεκτημένους
μέτρια πάντων ἀφῃροῦντο τῶν ὄντων ἐνεχυρασμοῖς καὶ πράσεσι, τοὺς δὲ
παντελῶς ἀπόρους αὐτοὺς ἀπῆγον, καὶ τὰ σώματα καθείργνυσαν αὐτῶν
ὠτειλὰς ἔχοντα τετρωμένων πολλάκις καὶ πεπονηκότων ἐν ταῖς ὑπὲρ τῆς
πατρίδος στρατείαις, ὧν τὴν τελευταίαν ἐδέξαντο πρὸς Σαβίνους, τῶν τε
πλουσίων ἐπαγγειλαμένων μετριάσειν καὶ τῆς βουλῆς τὸν ἄρχοντα Μάνιον
Οὐαλέριον ἐγγυήσασθαι ψηφισαμένης. (3) ἐπεὶ δὲ κἀκείνην ἀγωνισαμένοις τὴν
μάχην προθύμως καὶ κρατήσασι τῶν πολεμίων οὐδὲν ἐγίνετο παρὰ τῶν
δανειστῶν ἐπιεικές, οὐδ´ ἡ βουλὴ προσεποιεῖτο μεμνῆσθαι τῶν ὡμολογημένων,
ἀλλ´ ἀγομένους πάλιν περιεώρα καὶ ῥυσιαζομένους, θόρυβοι δὲ καὶ συστάσεις
ἦσαν ἐν τῇ πόλει πονηραί, καὶ τοὺς πολεμίους οὐκ ἔλαθε ταραχωδῶς ἔχων ὁ
δῆμος, ἀλλ´ ἐμβαλόντες ἐπυρπόλουν τὴν χώραν, τῶν δ´ ἀρχόντων εἰς τὰ ὅπλα
τοὺς ἐν ἡλικίᾳ καλούντων οὐδεὶς ὑπήκουεν, οὕτω διέστησαν αἱ γνῶμαι πάλιν
τῶν ἐν τέλει, (4) καί τινες μὲν ᾤοντο δεῖν ὑφέσθαι τοῖς πένησι καὶ χαλάσαι τὸ
σύντονον ἄγαν καὶ νόμιμον, ἔνιοι δ´ ἀντέτεινον, ὧν ἦν καὶ Μάρκιος, οὐ τὸ τῶν
χρημάτων μέγιστον ἡγούμενος, ἀρχὴν δὲ καὶ πεῖραν ὕβρεως ὄχλου καὶ
θρασύτητος ἐπανισταμένου τοῖς νόμοις, εἰ σωφρονοῦσι, παύειν καὶ σβεννύναι
παρακελευόμενος.
| [5] (1) Alors que, grâce à sa valeur, Marcius avait déjà
grande réputation et détenait un grand pouvoir à Rome, le
Sénat, protecteur des riches, en vint à s'opposer à la
plèbe, qui s'estimait fréquemment et gravement lésée par les
usuriers. (2) Ceux-ci en effet, à force de prises de gage et
de mises en vente, dépouillaient de tous leurs biens les
gens qui s'étaient modérément enrichis; quant aux indigents
complets, ils les traquaient, jetant en prison ces pauvres
corps qui portaient les cicatrices de bien des blessures et
des fatigues endurées pendant les campagnes pour la patrie.
La dernière de ces campagnes, ils l'avaient faite contre les
Sabins, attendu que les riches avaient alors promis de se
modérer et que le Sénat avait engagé par un vote le
magistrat Manius Valerius à garantir cette promesse. (3)
Néanmoins, en faveur de ceux qui, une fois encore, s'étaient
portés au combat avec ardeur et avaient maté l'ennemi, il
ne vint aucune mesure acceptable de la part des créanciers;
le Sénat ne faisait pas non plus mine de se souvenir des
accords conclus et voyait avec indifférence ces gens à
nouveau appréhendés et retenus en gage. Il y eut alors dans
la ville des tumultes et des soulèvements fâcheux, et ce
trouble populaire n'échappa nullement aux ennemis, qui se
jetèrent sur le pays et le brûlèrent. Les magistrats
appelèrent aux armes les hommes en âge de servir, mais
personne n'obéit, tant les avis des dirigeants divergeaient
à nouveau. (4) Certains croyaient devoir céder aux pauvres
et assouplir l'excessive raideur de la loi; mais
quelques-uns tiraient en sens contraire, parmi lesquels
Marcius: non qu'il accordât une très grande importance à
l'aspect financier, mais il tenait le soulèvement populaire
contre les lois pour un début et une arrogante tentative de
violence, et il recommandait aux responsables d'y bien
réfléchir et d'y mettre fin en l'éteignant.
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