[39] Βουλευομένοις δὲ τοῖς ἄρχουσι καὶ συνέδροις τῶν
Μιντουρνησίων ἔδοξε μὴ μέλλειν, ἀλλὰ διαχρήσασθαι (2) τὸν
ἄνδρα. καὶ τῶν μὲν πολιτῶν οὐδεὶς ὑπέστη τὸ ἔργον, ἱππεὺς δὲ
Γαλάτης τὸ γένος ἢ Κίμβρος - ἀμφοτέρως γὰρ ἱστορεῖται -
λαβὼν ξίφος ἐπεισῆλθεν αὐτῷ. (3) τοῦ δ' οἰκήματος, ἐν ᾧ ἔτυχε
μέρει κατακείμενος, οὐ πάνυ λαμπρὸν φῶς ἔχοντος, ἀλλ' ὄντος
ἐπισκίου, λέγεται τὰ μὲν ὄμματα τοῦ Μαρίου φλόγα πολλὴν
ἐκβάλλοντα τῷ στρατιώτῃ φανῆναι, φωνὴν δὲ μεγάλην ἐκ τοῦ
παλισκίου γενέσθαι· "σὺ δὴ τολμᾷς ἄνθρωπε Γάιον Μάριον
ἀνελεῖν;" ἐξῆλθεν οὖν εὐθὺς ὁ βάρβαρος φυγῇ, καὶ τὸ ξίφος
ἐν μέσῳ καταβαλὼν ἐχώρει διὰ θυρῶν, τοῦτο μόνον (5) βοῶν·
"οὐ δύναμαι Γάιον Μάριον ἀποκτεῖναι." πάντας οὖν ἔκπληξις
ἔσχεν, εἶτ' οἶκτος καὶ μετάνοια τῆς γνώμης καὶ κατάμεμψις
ἑαυτῶν, ὡς βούλευμα βεβουλευκότων ἄνομον καὶ ἀχάριστον
ἐπ' ἀνδρὶ σωτῆρι τῆς Ἰταλίας, ᾧ (6) μὴ βοηθῆσαι δεινὸν ἦν. "ἴτω
δ' οὖν ὅπῃ χρῄζει φυγάς, ἀνατλησόμενος ἀλλαχόθι τὸ
μεμορμένον. ἡμῖν δ' εὐχώμεθα μὴ νεμεσῆσαι θεούς, Μάριον
ἄπορον καὶ γυμνὸν (7) ἐκ τῆς πόλεως ἐκβαλοῦσιν." ὑπὸ
τοιούτων λογισμῶν εἰσπεσόντες ἀθρόοι καὶ περισχόντες αὐτὸν
ἐξῆγον ἐπὶ τὴν θάλασσαν. ἄλλου δ' ἄλλο τι προθύμως
ὑπηρετοῦντος καὶ σπευδόντων ἁπάντων, ἐγίνετο τριβὴ τοῦ
χρόνου. (8) τὸ γὰρ τῆς λεγομένης Μαρίκας ἄλσος, ὃ σέβονται
καὶ παραφυλάττουσι μηθὲν ἐκεῖθεν ἐκκομισθῆναι τῶν
εἰσκομισθέντων, ἐμποδὼν ἦν τῆς ἐπὶ θάλασσαν ὁδοῦ, καὶ
κύκλῳ περιιόντας ἔδει βραδύνειν, ἄχρι οὗ τῶν πρεσβυτέρων τις
ἐκβοήσας ἔφη μηδεμίαν ἄβατον μηδ' ἀπόρευτον ὁδὸν εἶναι
δι' ἧς σῴζεται Μάριος, καὶ πρῶτος αὐτὸς λαβών τι τῶν
κομιζομένων ἐπὶ ναῦν διὰ τοῦ τόπου διεξῆλθε.
| [39] XLII. Les magistrats et les décurions de Minturnes,
après une longue délibération, résolurent d'exécuter sans retard le décret,
et de faire périr Marius; mais aucun des citoyens ne voulut s'en charger. Enfin il se
présenta un cavalier gaulois ou Cimbre (car on a dit l'un et l'autre), qui entra l'épée à
la main dans la chambre où Marius reposait. Comme elle recevait peu de jour, et
qu'elle était fort obscure, le cavalier, à ce qu'on assure, crut voir des traits de flamme
s'élancer des yeux de Marius; et de ce lieu ténébreux il entendit une voix terrible lui
dire : « Oses-tu, misérable, tuer Caïus Marius! » A l'instant le Barbare prend la
fuite, et jetant son épée, il sort dans la rue, en criant ces seuls mots : « Je ne puis tuer
Caïus Marius. » L'étonnement d'abord, ensuite la compassion et le repentir
gagnèrent bientôt toute la ville. Les magistrats se reprochèrent la résolution qu'ils
avaient prise, comme un excès d'injustice et d'ingratitude envers un homme qui
avait sauvé l'Italie, et à qui l'on ne pouvait sans crime refuser du secours. Qu'il s'en
aille, disaient-ils, errer où il voudra, et accomplir ailleurs sa destinée; et prions les
dieux de ne pas nous punir de ce que nous rejetons de notre ville Marius, nu et
dépourvu de tout secours. D'après ces réflexions, ils se rendent en foule dans sa
chambre, et l'ayant tous environné, ils le font sortir, et le conduisent au bord de la
mer. Comme chacun lui donnait de bon coeur ce qui pouvait lui être utile, il se
passa un temps assez considérable; d'ailleurs il y a, sur le chemin qui mène à la mer,
le bois sacré de la nymphe Marica, singulièrement respectée de tous les
Minturniens, qui ont grand soin de n'en rien laisser sortir de ce qu'on y a une fois
porté. Ne pouvant donc le traverser pour se rendre à la mer, il aurait fallu prendre un
long circuit, qui les aurait fort retardés. Enfin, un des plus vieux de la troupe se mit
à crier qu'il n'y avait point de chemin où il pût être défendu de passer pour sauver
Marius; et lui-même le premier, saisissant quelqu'une des provisions qu'on portait au
vaisseau, il prit son chemin à travers le bois.
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