[18] Οἱ δὲ Τεύτονες ἐπεχείρησαν μὲν ἡσυχάζοντος τοῦ
Μαρίου πολιορκεῖν τὸ στρατόπεδον, βέλεσι δὲ πολλοῖς
ἐντυχόντες ἀπὸ τοῦ χάρακος φερομένοις καί τινας ἐξ αὑτῶν
ἀποβαλόντες, ἔγνωσαν εἰς τοὔμπροσθεν χωρεῖν (2) ὡς
ὑπερβαλοῦντες ἀδεῶς τὰς Ἄλπεις. καὶ συσκευασάμενοι
παρήμειβον τὸ στρατόπεδον τῶν Ῥωμαίων, τότε δὴ μάλιστα
παμπληθεῖς μήκει καὶ χρόνῳ τῆς παρόδου φανέντες· ἡμέραις
γὰρ ἓξ λέγονται τὸν χάρακα τοῦ Μαρίου παραμείψασθαι
συνεχῶς ὁδεύοντες. ἐπορεύοντο δ' ἐγγύς, πυνθανόμενοι τῶν
Ῥωμαίων μετὰ γέλωτος, εἴ τι πρὸς τὰς γυναῖκας ἐπιστέλλοιεν·
αὐτοὶ γὰρ ἔσεσθαι ταχέως παρ' αὐταῖς. ἐπεὶ δὲ παρήλλαξαν
οἱ βάρβαροι καὶ προῄεσαν, ἄρας καὶ αὐτὸς ἐπηκολούθει
σχέδην, ἐγγὺς μὲν ἀεὶ καὶ παρ' αὐτοὺς ἐκείνους ἱδρυόμενος,
ὀχυραῖς δὲ χρώμενος στρατοπεδείαις καὶ χωρία καρτερὰ
προβαλλόμενος, ὥστ' ἐν ἀσφαλεῖ νυκτερεύειν. οὕτω δὴ
προϊόντες ἐγένοντο πρὸς τοῖς καλουμένοις ὕδασι Σεξτίοις, ὅθεν
ἔδει πορευθέντας οὐ πολλὴν ὁδὸν ἐν ταῖς Ἄλπεσιν εἶναι. (6) διὸ
δὴ καὶ Μάριος ἐνταῦθα παρεσκευάζετο μάχεσθαι, καὶ
κατέλαβε τῷ στρατοπέδῳ τόπον ἰσχυρὸν μέν, ὕδωρ δ' ἄφθονον
οὐκ ἔχοντα, βουλόμενος ὥς φασι καὶ τούτῳ παροξῦναι τοὺς
στρατιώτας. πολλῶν γέ τοι δυσχεραινόντων καὶ διψήσειν
λεγόντων, δείξας τῇ χειρὶ ποταμόν τινα ῥέοντα πλησίον τοῦ
βαρβαρικοῦ χάρακος, ἐκεῖθεν αὐτοῖς (8) ἔφησεν εἶναι ποτὸν
ὤνιον αἵματος. "τί οὖν" ἔφασαν "οὐκ εὐθὺς ἡμᾶς ἄγεις ἐπ'
αὐτούς, ἕως ὑγρὸν τὸ αἷμα ἔχομεν;" κἀκεῖνος ἠρέμα τῇ φωνῇ
"πρότερον" εἶπεν "ὀχυρωτέον ἡμῖν τὸ στρατόπεδον."
| [18] XIX. Les Teutons, voyant que Marius se tenait toujours tranquille dans son camp,
entreprirent de le forcer;
mais, accueillis d'une grêle de traits qu'on fit pleuvoir sur eux des retranchements, et
qui leur tuèrent beaucoup de monde, ils résolurent de passer outre, persuadés, qu'ils
franchiraient les Alpes sans obstacle. Ils plient donc bagage, et passent le long du
camp des Romains. Le temps que dura leur passage fit surtout connaître combien
leur nombre était prodigieux. Ils furent, dit-on, six jours entiers à défiler sans
interruption devant les retranchements de Marius; et comme ils passaient près des
Romains, ils leur demandaient, en se moquant d'eux, s'ils n'avaient rien à faire dire à
leurs femmes; qu'ils seraient bientôt auprès d'elles. Quand ils furent tous passés, et
qu'ils eurent pris quelque avance, Marius décampa aussi, et se mit à leur suite. Il se
postait toujours près d'eux, choisissait pour camper des lieux forts d'assiette, qu'il
fortifiait encore par de bons retranchements, afin de passer les nuits en sûreté. En
continuant ainsi leur marche, les deux armées arrivèrent à un lieu qu'on appelle les
Eaux de Sextius, d'où il leur restait peu de chemin à faire pour être au pied des
Alpes. Ce fut là que Marius résolut de les combattre; il prit un poste très
avantageux, mais où l'eau n'était pas abondante; il le choisit, dit-on, à dessein, pour
animer le courage de ses troupes. Comme la plupart se plaignirent qu'ils allaient
souffrir une cruelle soif, Marius leur montrant de la main une rivière qui baignait le
camp des Barbares : « C'est là, leur dit-il, qu'il faut aller acheter de l'eau au prix de
votre sang. — Pourquoi donc, lui répondirent-ils, ne nous y menez-vous pas tout à
l'heure, pendant que le sang coule encore dans nos veines? — Il faut auparavant,
reprit Marius avec douceur, fortifier notre camp. »
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