[11] Ταχὺ μέντοι τὸν φθόνον τοῦτον καὶ τὰ μίση καὶ τὰς
διαβολὰς ἀπεσκέδασε τοῦ Μαρίου καὶ μετέστησεν ὁ κατασχὼν
τὴν Ἰταλίαν ἀπὸ τῆς ἑσπέρας κίνδυνος, ἅμα τῷ πρῶτον ἐν
χρείᾳ μεγάλου στρατηγοῦ γενέσθαι καὶ περισκέψασθαι τὴν
πόλιν, ᾧ χρωμένη κυβερνήτῃ διαφεύξεται κλύδωνα πολέμου
τοσοῦτον, οὐδενὸς ἀνασχομένου τῶν ἀπὸ γένους μεγάλων ἢ
πλουσίων οἴκων ἐπὶ τὰς ὑπατικὰς κατιόντων ἀρχαιρεσίας, ἀλλ'
ἀπόντα τὸν (2) Μάριον ἀναγορευσάντων. ἄρτι γὰρ
ἀπηγγελμένης αὐτοῖς τῆς Ἰουγούρθα συλλήψεως, αἱ περὶ
Τευτόνων καὶ Κίμβρων φῆμαι προσέπιπτον, ἀπιστίαν μὲν ἐν
ἀρχῇ παρασχοῦσαι πλήθους τε καὶ ῥώμης τῶν ἐπερχομένων
στρατῶν, ὕστερον δὲ τῆς ἀληθείας ὑποδεέστεραι φανεῖσαι.
μυριάδες μὲν γὰρ αἱ μάχιμοι τριάκοντα σὺν ὅπλοις ἐχώρουν,
ὄχλοι δὲ παίδων καὶ γυναικῶν ἐλέγοντο πολλῷ πλείους
συμπεριάγεσθαι, γῆς χρῄζοντες ἣ θρέψει τοσοῦτον πλῆθος, καὶ
πόλεων ἐν αἷς ἱδρυθέντες βιώσονται, καθάπερ πρὸ αὐτῶν
ἐπυνθάνοντο Κελτοὺς τῆς Ἰταλίας (4) τὴν ἀρίστην κατασχεῖν,
Τυρρηνῶν ἀφελομένους. αὐτοὶ μὲν γὰρ ἀμειξίᾳ τῇ πρὸς
ἑτέρους μήκει τε χώρας ἣν ἐπῆλθον ἠγνοοῦντο, τίνες ὄντες
ἀνθρώπων ἢ πόθεν ὁρμηθέντες ὥσπερ νέφος ἐμπέσοιεν
Γαλατίᾳ καὶ Ἰταλίᾳ. καὶ μάλιστα μὲν εἰκάζοντο Γερμανικὰ γένη
τῶν καθηκόντων ἐπὶ τὸν βόρειον ὠκεανὸν εἶναι τοῖς μεγέθεσι
τῶν σωμάτων καὶ τῇ χαροπότητι τῶν ὀμμάτων, καὶ ὅτι
Κίμβρους (6) ἐπονομάζουσι Γερμανοὶ τοὺς λῃστάς. εἰσὶ δ' οἳ τὴν
Κελτικὴν διὰ βάθος χώρας καὶ μέγεθος ἀπὸ τῆς ἔξω θαλάσσης
καὶ τῶν ὑπαρκτίων κλιμάτων πρὸς ἥλιον ἀνίσχοντα κατὰ τὴν
Μαιῶτιν ἐπιστρέφουσαν ἅπτεσθαι τῆς Ποντικῆς Σκυθίας
λέγουσι, κἀκεῖθεν τὰ γένη μεμεῖχθαι· (7) τούτους
ἐξαναστάντας οὐκ ἐκ μιᾶς ὁρμῆς οὐδὲ συνεχῶς, ἀλλ' ἔτους ὥρᾳ
καθ' ἕκαστον ἐνιαυτὸν εἰς τοὔμπροσθεν ἀεὶ χωροῦντας
πολέμῳ, χρόνοις πολλοῖς ἐπελθεῖν τὴν ἤπειρον. διὸ καὶ πολλὰς
κατὰ μέρος ἐπικλήσεις ἐχόντων, κοινῇ Κελτοσκύθας τὸν
στρατὸν ὠνόμαζον. (8) ἄλλοι δέ φασι Κιμμερίων τὸ μὲν πρῶτον
ὑφ' Ἑλλήνων τῶν πάλαι γνωσθὲν(των) οὐ μέγα γενέσθαι τοῦ
παντὸς μόριον, ἀλλὰ φυγὴν ἢ στάσιν τινὰ βιασθεῖσαν ὑπὸ
Σκυθῶν εἰς Ἀσίαν ἀπὸ τῆς Μαιώτιδος διαπερᾶσαι Λυγδάμιος
(9) ἡγουμένου· τὸ δὲ πλεῖστον αὐτῶν καὶ μαχιμώτατον ἐπ'
ἐσχάτοις οἰκοῦν παρὰ τὴν ἔξω θάλασσαν, γῆν μὲν νέμεσθαι
σύσκιον καὶ ὑλώδη καὶ δυσήλιον πάντῃ διὰ βάθος καὶ
πυκνότητα δρυμῶν, οὓς μέχρι τῶν Ἑρκυνίων εἴσω διήκειν,
οὐρανοῦ δ' εἰληχέναι, καθ' ὃ δοκεῖ μέγα λαμβάνων ὁ πόλος
ἔξαρμα διὰ τὴν ἔγκλισιν τῶν παραλλήλων, ὀλίγον ἀπολείπειν
τοῦ κατὰ κορυφὴν ἱσταμένου σημείου πρὸς τὴν οἴκησιν, αἵ θ'
ἡμέραι βραχύτητι καὶ μήκει πρὸς (10) τὰς νύκτας ἴσαι
κατανέμεσθαι τὸν χρόνον· διὸ καὶ τὴν εὐπορίαν τοῦ
μυθεύματος Ὁμήρῳ γενέσθαι πρὸς τὴν (11) νεκυίαν. ἔνθεν οὖν
τὴν ἔφοδον εἶναι τῶν βαρβάρων τούτων ἐπὶ τὴν Ἰταλίαν,
Κιμμερίων μὲν ἐξ ἀρχῆς, τότε δὲ Κίμβρων οὐκ ἀπὸ τρόπου
προσαγορευομένων. ἀλλὰ ταῦτα μὲν εἰκασμῷ μᾶλλον ἢ κατὰ
βέβαιον ἱστορίαν λέγεται. τὸ δὲ πλῆθος οὐκ ἔλαττον, ἀλλὰ
πλέον εἶναι τοῦ λεχθέντος (13) ὑπὸ πολλῶν ἱστόρηται. θυμὸν
δὲ καὶ τόλμαν ἀνυπόστατοι καὶ χειρῶν ἔργα παρὰ τὰς μάχας
ὀξύτητι καὶ βίᾳ πυρὸς ἐοικότες ἐπῄεσαν, οὐδενὸς ἀντέχοντος
αὐτῶν πρὸς τὴν ἔφοδον, ἀλλὰ πάντων μὲν ὅσους ἐπῆλθον ἐν
λόγῳ λείας ἀγομένων καὶ φερομένων, πολλῶν δὲ καὶ μεγάλων
Ῥωμαϊκῶν στρατοπέδων καὶ στρατηγῶν, ὅσοι προεκάθηντο τῆς
ἐκτὸς Ἄλπεων Γαλατίας, ἀνηρπασμένων (14) ἀκλεῶς. οἳ καὶ
μάλιστα τὴν φορὰν αὐτῶν κακῶς ἀγωνισάμενοι κατὰ τῆς
Ῥώμης ἐπεσπάσαντο· νικήσαντες γὰρ οἷς ἐνέτυχον καὶ
χρημάτων πολλῶν κρατήσαντες, ἔγνωσαν μηδαμοῦ γῆς
ἑαυτοὺς ἱδρύειν, πρὶν <ἂν> ἀνατρέψωσι τὴν Ῥώμην καὶ
διαπορθήσωσι τὴν Ἰταλίαν.
| [11] XI. Mais cette envie et cette haine, ces invectives contre Marius,
furent bientôt assoupies et dissipées par le danger qui, du côté du couchant,
vint menacer tout à coup l'Italie. Rome n'eut pas plutôt senti le besoin qu'elle avait
d'un général habile, et cherché des yeux quel était le pilote qui pouvait la sauver
dans une guerre qui s'élevait sur elle comme une affreuse tempête, que voyant les
citoyens des maisons les plus nobles et les plus riches refuser de se mettre sur les
rangs pour demander le consulat, Marius, quoique absent, y fut nommé tout d'une
voix. A peine on savait à Rome la prise de Jugurtha, qu'on y porta la nouvelle de
l'invasion des Teutons et des Cimbres. Tout ce qu'on rapportait du nombre et de la
force de leurs armées parut d'abord incroyable; mais ce qu'on en disait se trouva
bientôt au-dessous de la vérité. Ils étaient trois cent mille combattants, tous bien
armés, et ils traînaient à leur suite une multitude beaucoup plus nombreuse de
femmes et d'enfants, pour qui ils cherchaient des terres capables de nourrir cette
multitude immense, et des villes où ils pussent s'établir; car ils savaient qu'avant
eux les Celtes avaient conquis sur les Toscans la contrée la plus fertile de l'Italie.
Comme ces Barbares avaient peu de commerce avec les autres peuples, et qu'ils
habitaient des pays très éloignés, on ignorait à quelles nations ils appartenaient, et
de quelles contrées il étaient partis pour venir, comme une nuée orageuse, fondre
sur les Gaules et sur l'Italie. Leur grande taille, leurs yeux noirs, et le nom de
Cimbres, que les Germains donnent aux brigands, faisaient seulement conjecturer
qu'ils étaient de ces peuples de la Germanie qui habitent sur les bords de l'Océan
septentrional; d'autres disent que la Celtique, contrée vaste et profonde, s'étend
depuis la mer extérieure et les climats septentrionaux, situés à l'est, jusqu'aux
Palus-Méotides, et touche à la Scythie Portique; que ces deux nations voisines s'étant unies
ensemble, sortirent de leur pays, non en même temps et par une seule émigration;
mais que chaque année, au printemps, elles se mettaient en campagne, et attaquaient
les peuples qui se trouvaient sur leur passage. Bientôt, par des conquêtes
successives, elles s'étendirent dans tout le continent; et quoique chaque peuple dit
un nom différent, on donnait à toute leur armée celui de Celto-Scythes. Selon
d'autres enfin, une portion de ces Cimmériens, qui furent les premiers connus des
anciens Grecs, portion peu considérable eu égard à la nation entière, prit la fuite, ou
fut chassée de son pays par les Scythes, à la suite de quelque sédition, et passa des
Palus-Méotides dans l'Asie, sous la conduite de Lygdamis. Les autres, qui formaient
la partie la plus nombreuse et la plus belliqueuse de la nation, habitaient aux
extrémités de la terre, près de l'océan Hyperboréen, dans un pays couvert partout
de bois et d'ombres épaisses, presque inaccessible aux rayons du soleil, qui ne
peuvent pénétrer dans ces forêts, si vastes et si profondes qu'elles vont se joindre à
la forêt Hercynie. Ils étaient placés sous cette partie du ciel où l'inclinaison des
cercles parallèles donne au pôle une telle élévation, qu'il est presque le zénith de ces
peuples, et que les jours étant, dans leur plus longue comme dans leur plus courte
durée, toujours en égalité avec les nuits, y partagent l'année en deux portions égales
: ce qui a fourni à Homère l'idée de sa fable des enfers. XII. Voilà d'où partirent
pour se rendre en Italie ces Barbares appelés d'abord Cimmériens, d'où leur vint
ensuite vraisemblablement le nom de Cimbres. Au reste, ces faits sont plus fondés
sur des conjectures que sur des preuves historiques; mais la plupart des auteurs
conviennent que leur nombre, loin d'être au-dessous de ce que nous avons dit, était
encore beaucoup plus considérable. Leur courage et leur audace, leur force et leur
vivacité dans les combats, étaient comparables à la violence et à l'impétuosité de la
foudre; rien ne pouvait ni leur résister, ni s'opposer à leur marche : tous les peuples,
sur leur passage, étaient entraînés comme une proie facile. Plusieurs généraux
romains, envoyés avec des armées puissantes pour commander dans la Gaule
Cisalpine, avaient été honteusement enlevés ; et ee fut la lâcheté que ces chefs
montrèrent contre les premières attaques de ces Barbares qui les enhardit à marcher
vers Rome, encouragés par la facilité de leurs victoires sur tous les généraux qu'ils
avaient eu à combattre, et par les richesses immenses qu'ils avaient amassées. Ils
résolurent de ne s'établir nulle part, qu'ils n'eussent détruit Rome et ravagé toute
l'Italie.
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