[6,3] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Γ
Διὰ τί πεινῶντες μέν, ἐὰν πίωσι, παύονται, διψῶντες δ´, ἐὰν
φάγωσιν, ἐπιτείνονται
Ῥηθέντων δὲ τούτων ὁ ἑστιῶν ἡμᾶς καὶ ταῦτ´ ἔφη
μετρίως λέγεσθαι καὶ πρὸς ἄλλην ἀπορίαν τὰς τῶν πόρων
κενώσεις καὶ ἀναπληρώσεις ** ἐν τῷ παραυτίκα,
τοῖς δὲ διψῶσι τοὐναντίον, ἐὰν ἐμφάγωσιν, ἐπιτείνειν
συμβαίνει τὸ δίψος. ’τοῦτο δὲ τὸ πάθος οἱ τοὺς πόρους
ὑποτιθέμενοι ῥᾷστα καὶ πιθανώτατά μοι δοκοῦσιν, εἰ
καὶ μὴ πολλὰ μόνον πιθανῶς, αἰτιολογεῖν. πᾶσι γὰρ
ὄντων πόρων, ἄλλας πρὸς ἄλλα συμμετρίας ἐχόντων,
οἱ μὲν εὐρύτεροι τὴν ξηρὰν ἅμα καὶ τὴν ὑγρὰν τροφὴν
ἀναλαμβάνουσιν, οἱ δ´ ἰσχνότεροι τὸ μὲν ποτὸν
παραδέχονται, τὸ δὲ σιτίον οὐ παραδέχονται. ποιεῖ
δὲ τὴν μὲν δίψαν ἡ τούτων κένωσις, ἡ δ´ ἐκείνων
τὴν πεῖναν. ὅθεν, ἐὰν μὲν φάγωσιν οἱ διψῶντες, οἱ
μὲν οὐ βοηθοῦνται, τῶν πόρων διὰ λεπτότητα τὴν
ξηρὰν τροφὴν μὴ δεχομένων ἀλλ´ ἐπιδεῶν τοῦ οἰκείου
διαμενόντων· οἱ δὲ πεινῶντες ἐὰν πίνωσιν, ἐνδυόμενα
τὰ ὑγρὰ τοῖς μείζοσι πόροις καὶ ἀναπληροῦντα
τὰς κενότητας αὐτῶν ἀνίησι τὸ σφοδρὸν ἄγαν τῆς πείνης.‘
Ἐμοὶ δὲ τὸ μὲν συμβαῖνον ἀληθὲς ἐφαίνετο, τῇ δ´
ὑποθέσει τῆς αἰτίας οὐ προσεῖχον. ’καὶ γὰρ εἰ τοῖς πόροις
τούτοις‘ ἔφην, ’ὧν ἔνιοι περιέχονται καὶ ἀγαπῶσι,
κατατρήσειέ τις τὴν σάρκα, πλαδαρὰν καὶ τρομώδη καὶ
σαθρὰν ἂν ποιήσειε· τό τε μὴ ταὐτὰ τοῦ σώματος
μόρια τὸ ποτὸν προσδέχεσθαι καὶ τὸ σιτίον ἀλλ´ ὥσπερ
ἠθμοῖς καταρρεῖσθαι καὶ ἀποκρίνεσθαι κομιδῇ πλασματῶδες
καὶ ἀλλόκοτον. αὕτη γὰρ ἡ πρὸς τὸ ὑγρὸν ἀνάμιξις,
θρύπτουσα τὰ σιτία καὶ συνεργὰ λαμβάνουσα τὸ θερμὸν
τὸ ἐντὸς καὶ τὸ πνεῦμα, πάντων ὀργάνων ἀκριβέστατα
πάσαις τομαῖς καὶ διαιρέσεσι λεπτύνει τὴν τροφήν, ὥστε
πᾶν μόριον αὐτῆς παντὶ μορίῳ γίνεσθαι φίλον καὶ οἰκεῖον,
οὐκ ἐναρμόττον ὥσπερ ἀγγείοις καὶ τρήμασιν ἀλλ´ ἑνούμενον
καὶ προσφυόμενον. ἄνευ δὲ τούτων οὐδὲ λέλυται
τῆς ἀπορίας τὸ μέγιστον· οἱ γὰρ ἐμφαγόντες, ἂν μὴ
πίωσιν, οὐ μόνον οὐ λύουσιν ἀλλὰ καὶ προσεπιτείνουσι τὸ
δίψος· πρὸς τοῦτο δ´ οὐδὲν εἴρηται. σκόπει δὲ καὶ τὰ
παρ´ ἡμῶν‘ ἔφην, ’εἰ φαινομένας ὑποθέσεις λαμβάνομεν,
πρῶτον μὲν λαμβάνοντες τὸ ὑγρὸν ὑπὸ τοῦ ξηροῦ διαφθείρεσθαι
δαπανώμενον, τῷ δ´ ὑγρῷ τὸ ξηρὸν βρεχόμενον
καὶ μαλασσόμενον διαχύσεις ἴσχειν καὶ ἀναθυμιάσεις·
δεύτερον δὲ μὴ νομίζοντες ἔκθλιψιν εἶναι παντάπασιν μήτε
τῆς ξηρᾶς τροφῆς τὴν πεῖναν μήτε τῆς ὑγρᾶς τὴν δίψαν,
ἀλλὰ τοῦ μετρίου καὶ ἀρκοῦντος ἔνδειαν· οἷς γὰρ ὅλως
ἂν ἐλλίπῃ θάτερον, οὔτε πεινῶσιν οὔτε διψῶσιν ἀλλ´
εὐθὺς ἀποθνήσκουσιν. ὑποκειμένων δὲ τούτων οὐ χαλεπὸν
ἤδη τὴν αἰτίαν συνιδεῖν. ἡ μὲν γὰρ δίψα τοῖς φαγοῦσιν
ἐπιτείνεται τῶν σιτίων τῇ ξηρότητι, εἴ τι διεσπαρμένον
ὑγρὸν καὶ ἀπολειπόμενον ἀσθενὲς καὶ ὀλίγον ἐν
τῷ σώματι, συλλεγόντων καὶ προσεξικμαζόντων· ὥσπερ
ἔξω γῆν ὁρῶμεν καὶ κόνιν καὶ ψάμμον τὰ μιγνύμενα τῶν
ὑγρῶν ἀναλαμβάνουσαν εἰς ἑαυτὴν καὶ ἀφανίζουσαν. τὴν
δὲ πεῖναν αὖ πάλιν ἀναγκαίως τὸ ποτὸν ἀνίησιν· ἡ γὰρ
ὑγρότης τὰ ὑπόντα σιτία περισκελῆ καὶ γλίσχρα βρέξασα
καὶ διαχέασα, χυμῶν ἐγγενομένων καὶ ἀτμῶν, | ἀναφέρει
τούτοις εἰς τὸ σῶμα καὶ προστίθησι τοῖς δεομένοις· ὅθεν
οὐ κακῶς ὄχημα τῆς τροφῆς τὸ ὑγρὸν ὁ Ἐρασίστρατος
προσεῖπεν· τὰ γὰρ ὑπὸ ξηρότητος ἢ πάχους ἀργὰ καὶ
βαρέα μιγνύμενον ἀναπέμπει καὶ συνεξαίρει. πολλοὶ δὲ καὶ
μὴ πιόντες ἀλλὰ λουσάμενοι μόνον ἐπαύσαντο συντόμως
σφόδρα πεινῶντες· ἐνδυομένη γὰρ ἔξωθεν ἡ ὑγρότης
εὐχυμότερα ποιεῖ καὶ τροφιμώτερα τῷ ἐγχαλᾶσθαι τὰ
ἐντός, ὥστε τῆς πείνης τὸ σφόδρα πικρὸν καὶ θηριῶδες
ἐνδιδόναι καὶ παρηγορεῖσθαι. διὸ καὶ πολὺν ζῶσιν ἔνιοι
τῶν ἀποκαρτερούντων χρόνον, ἂν ὕδωρ μόνον λαμβάνωσιν,
ἄχρι ἂν οὗ πᾶν ἐξικμασθῇ τὸ τρέφειν καὶ προστίθεσθαι
τῷ σώματι δυνάμενον.‘
| [6,3] QUESTION III :
Pourquoi la faim cesse si l'on a bu, et pourquoi, au contraire,
quand on a soif et que l'on mange, la soif augmente.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
CELUI QUI REÇOIT A SOUPER — PLUTARQUE — AUTRES ASSISTANTS.
1. Ala suite de ces propos, celui qui nous recevait à souper
prit la parole : "Ces explications, dit-il, sont satisfaisantes
et pour répondre à la question même et pour résoudre ce
qui reste encore de difficulté concernant l'évacuation et la
réplétion qui se produisent immédiatement dans les pores.
Voyons à expliquer comment, au contraire, lorsqu'on est altéré
et que l'on mange, on sent augmenter l'ardeur de sa
soif. Ceux qui attribuent cet effet à une disposition différente
dans le placement des pores me semblent donner
une solution aussi facile que naturelle ; ou plutôt ils sont
les seuls qui remontent à la cause probable. Car, tous les
corps étant poreux, la dimension des pores y varie. Les uns,
plus larges, reçoivent la nourriture solide et la nourriture
liquide tout ensemble; les autres, plus étroits, n'admettent
que le breuvage. L'évacuation de ceux-ci cause la soif, celle
des premiers, la faim. Par suite de cela, si ceux qui ont soif
mangent, ils n'éprouvent pas de soulagement, parce que
les pores, à cause de leur capacité étroite, ne reçoivent pas
la nourriture sèche et solide, et ces hommes demeurent
privés de ce qui leur est propre; mais si lorsqu'on a faim
on vient à boire, alors le liquide qui pénètre les plus grands
pores et qui en remplit les vides, diminue ainsi le trop de
violence de la faim."
2. Quant à moi, l'effet produit me paraissait véritable,
mais c'était à la cause prétendue que je ne donnais pas mon
acquiescement. "Car, disais-je, admettre que la chair soit
transpercée de ces pores auquels quelques-uns tiennent
avec tant de prédilection, ce serait la rendre flasque, tremblante
et vermoulue. D'ailleurs, prétendre que les mêmes
parties du corps ne reçoivent pas ensemble les aliments liquides
et les aliments solides, et qu'ils soient coulés et
tamisés séparément, cela me semble une opinion forgée à
plaisir et tout à fait étrange. Car le mélange même de
l'humide, attendrissant les vides à l'aide de la chaleur interne
et des esprits animaux, atténue la nourriture d'une
manière plus tranchée que ne pourraient faire tous les outils
par mille sortes d'incisions et de coupures, de manière
que chaque parcelle des aliments devient analogue et appropriée
à toutes les parties du corps, Sans s'y adapter comme
à des vases ou à des ouvertures , elle s'unit et s'identifie avec lui.
« Mais si l'on omet ce point, ce qui est le noeud principal
de la question n'est pas résolu. Car ceux qui mangent sans
boire, non seulement n'apaisent pas leur soif, mais encore
l'irritent davantage, et c'est un point sur lequel rien
n'a été dit. Voyez si mes explications ne s'appuient pas sur
des hypothèses vraisemblables. D'abord, nous supposons
que l'humide disparaît absorbé par le sec, et que le sec,
détrempé et amolli par l'humide, s'étend et se résout en vapeurs.
En second lieu, nous n'admettons pas que la faim
soit une suppression complète de nourriture solide, ni la soif
une suppression de nourriture liquide. Nous voyons dans
l'une et dans l'autre un manque de proportion et de suffisance :
puisque ceux à qui l'une de ces nourritures manque
complétement n'éprouvent ni faim ni soif, mais meurent
aussitôt. Cela une fois admis, il n'est plus difficile de trouver
la cause des deux effets. La soif s'augmente chez ceux
qui mangent, parce que les aliments, en raison de leur sécheresse,
concentrent l'humidité restée dans le corps en
proportions faibles et minimes, et la font s'évaporer : comme,
au dehors de nous, nous voyons la terre, la poussière et
plus encore la chaux absorber l'eau qu'on y mêle et la
faire disparaître. Au contraire, la faim est nécessairement
calmée par la boisson. L'humidité qui détrempe, qui étend
la nourriture restée sèche et exiguë à l'intérieur, produit
des sucs et des vapeurs qu'elle fait remonter dans le corps
et qu'elle applique aux parties qui en ont besoin. Aussi
n'est-ce pas sans raison qu'Erasistrate appelait l'humidité
« le véhicule de la nourriture ». Car les aliments que la
sécheresse de l'estomac ou quelque autre affection rend
inefficaces et lourds, l'humidité, en s'y mêlant, les déplace et
les élève vers les parties supérieures. Bien des gens, même
sans avoir bu, et s'étant seulement baignés, ont apaisé
une soif ardente et continue qui les dévorait. L'humidité,
en pénétrant du dehors, relâche les parties intérieures,
développe ainsi dans le corps des sucs plus substantiels
et plus nourriciers : de manière que l'ardeur excescive
de la faim, ce que j'appellerai sa férocité, se calme et
s'adoucit. Voilà pourquoi ceux qui veulent se laisser mourir
d'inanition vivent longtemps encore si seulement ils
prennent de l'eau. Ils périssent quand s'est tout à fait
évaporé ce qui peut nourrir le corps et s'assimiler à lui. »
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