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| [9] Δεῖ δὲ καὶ φωνῆς εὐεξίᾳ καὶ πνεύματος ῥώμῃ
 πρὸς οὐ φαῦλον ἀλλὰ πάμμαχον ἀγῶνα τὸν τῆς
 πολιτείας ἠθληκότα κομίζειν τὸν λόγον, ὡς μὴ πολλάκις
 ἀπαγορεύοντα καὶ σβεννύμενον ὑπερβάλλῃ
 τις αὐτὸν
 ἅρπαξ κεκράκτης, κυκλοβόρου φωνὴν ἔχων.
 Κάτων δέ, περὶ ὧν οὐκ ἤλπιζε πείσειν τῷ προκατέχεσθαι
 χάρισι καὶ σπουδαῖς τὸν δῆμον ἢ τὴν
 βουλήν, ἔλεγε τὴν ἡμέραν ὅλην ἀναστὰς καὶ τὸν
 καιρὸν οὕτως ἐξέκρουε. περὶ μὲν οὖν τῆς τοῦ
 λόγου παρασκευῆς καὶ χρείας ἱκανὰ ταῦτα τῷ
 δυναμένῳ τὸ ἀκόλουθον προσεξευρίσκειν.
 
 | [9] Il faut encore que la solidité de la voix et la vigueur 
des poumons permettent de consacrer un organe d'athlète 
aux luttes politiques : car elles n'ont rien de frivole et sont 
de perpétuels combats. Autrement l'orateur épuisé, à bout 
de forces, sera dominé
"Par un larron braillard, à la voix mugissante".
Lorsque Caton désespérait d'agir par la persuasion sur 
le sénat ou sur le peuple parce que la faveur et l'intrigue 
avaient prévalu, il parlait durant toute la journée à la tribune, 
et faisait ainsi perdre à ses adversaires l'occasion sur 
laquelle ils comptaient.
Ce que je viens de dire sur la préparation exigée par le 
discours et sur les moyens de le faire valoir, est suffisant 
à quiconque saura trouver en soi ce qui complète cette matière.
 |  | [10] Εἰσβολαὶ δὲ καὶ ὁδοὶ δύο τῆς πολιτείας
 εἰσίν, ἡ μὲν ταχεῖα καὶ λαμπρὰ πρὸς δόξαν οὐ
 μὴν ἀκίνδυνος, ἡ δὲ πεζοτέρα καὶ βραδυτέρα τὸ
 δ´ ἀσφαλὲς ἔχουσα μᾶλλον. οἱ μὲν γὰρ εὐθὺς
 ὥσπερ ἐξ ἄκρας πελαγίου πράξεως ἐπιφανοῦς καὶ
 μεγάλης ἐχούσης δὲ τόλμαν ἄραντες ἀφῆκαν ἐπὶ
 τὴν πολιτείαν, ἡγούμενοι λέγειν ὀρθῶς τὸν Πίνδαρον ὡς
 ἀρχομένου δ´ ἔργου πρόσωπον
 χρὴ θέμεν τηλαυγές·
 καὶ γὰρ δέχονται προθυμότερον οἱ πολλοὶ κόρῳ
 τινὶ καὶ πλησμονῇ τῶν συνήθων τὸν ἀρχόμενον,
 ὥσπερ ἀγωνιστὴν θεαταί, καὶ τὸν φθόνον ἐκπλήττουσιν
 αἱ λαμπρὰν ἔχουσαι καὶ ταχεῖαν αὔξησιν
 ἀρχαὶ καὶ δυνάμεις. οὔτε γὰρ πῦρ φησιν ὁ Ἀρίστων
 καπνὸν ποιεῖν οὔτε δόξαν φθόνον, ἢν εὐθὺς
 ἐκλάμψῃ καὶ ταχέως, ἀλλὰ τῶν κατὰ μικρὸν αὐξανομένων
 καὶ σχολαίως ἄλλον ἀλλαχόθεν ἐπιλαμβάνεσθαι·
 διὸ πολλοὶ πρὶν ἀνθῆσαι περὶ τὸ βῆμα
 κατεμαράνθησαν. ὅπου δ´, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ Λάδα λέγουσιν,
 ὁ ψόφος ἦν ὕσπληγος ἐν οὔασιν,
 ἔνθα κἀστεφανοῦτο πρεσβεύων ἢ θριαμβεύων ἢ
 στρατηγῶν ἐπιφανῶς, οὔθ´ οἱ φθονοῦντες οὔθ´ οἱ
 καταφρονοῦντες ὁμοίως ἐπὶ τοιούτων ἰσχύουσιν.
 οὕτω παρῆλθεν εἰς δόξαν Ἄρατος, ἀρχὴν ποιησάμενος
 πολιτείας τὴν Νικοκλέους τοῦ τυράννου
 κατάλυσιν· οὕτως Ἀλκιβιάδης, τὰ Μαντινικὰ
 συστήσας ἐπὶ Λακεδαιμονίους. Πομπήιος δὲ καὶ
 θριαμβεύειν ἠξίου μήπω παριὼν εἰς σύγκλητον· οὐκ
 ἐῶντος δὲ Σύλλα, "πλείονες" ἔφη "τὸν ἥλιον
 ἀνατέλλοντα προσκυνοῦσιν ἢ δυόμενον"· καὶ Σύλλας
 ὑπεῖξε τοῦτ´ ἀκούσας. καὶ Σκιπίωνα δὲ Κορνήλιον
 οὐκ ἀφ´ ἧς ἔτυχεν ἀρχῆς ὁ Ῥωμαίων δῆμος ἀγορανομίαν
 μετερχόμενον ἐξαίφνης ὕπατον ἀπέδειξε
 παρὰ τὸν νόμον, ἀλλὰ θαυμάσας αὐτοῦ μειρακίου
 μὲν ὄντος τὴν ἐν Ἰβηρίᾳ μονομαχίαν καὶ νίκην,
 μικρὸν δ´ ὕστερον τὰ πρὸς Καρχηδόνι χιλιαρχοῦντος
 ἔργα, περὶ ὧν καὶ Κάτων ὁ πρεσβύτερος ἀνεφώνησεν
 οἶος πέπνυται, τοὶ δὲ σκιαὶ ἀίσσουσιν.
 νῦν οὖν ὅτε τὰ πράγματα τῶν πόλεων οὐκ ἔχει
 πολέμων ἡγεμονίας οὐδὲ τυραννίδων καταλύσεις
 οὐδὲ συμμαχικὰς πράξεις, τίν´ ἄν τις ἀρχὴν ἐπιφανοῦς
 λάβοι καὶ λαμπρᾶς πολιτείας; αἱ δίκαι τε
 λείπονται αἱ δημόσιαι καὶ πρεσβεῖαι πρὸς αὐτοκράτορα
 ἀνδρὸς διαπύρου καὶ θάρσος ἅμα καὶ νοῦν
 ἔχοντος δεόμεναι. πολλὰ δ´ ἔστι καὶ τῶν παρειμένων
 ἐν ταῖς πόλεσι καλῶν ἀναλαμβάνοντα καὶ
 τῶν ἐξ ἔθους φαύλου παραδυομένων ἐπ´ αἰσχύνῃ
 τινὶ τῆς πόλεως ἢ βλάβῃ μεθιστάντα πρὸς αὑτὸν
 ἐπιστρέφειν. ἤδη δὲ καὶ δίκη μεγάλη καλῶς δικασθεῖσα
 καὶ πίστις ἐν συνηγορίᾳ πρὸς ἀντίδικον
 ἰσχυρὸν ὑπὲρ ἀσθενοῦς καὶ παρρησία πρὸς ἡγεμόνα
 μοχθηρὸν ὑπὲρ τοῦ δικαίου κατέστησεν ἐνίους εἰς
 ἀρχὴν πολιτείας ἔνδοξον. οὐκ ὀλίγοι δὲ καὶ δι´
 ἔχθρας ηὐξήθησαν, ἐπιχειρήσαντες ἀνθρώποις ἐπίφθονον
 ἔχουσιν ἀξίωμα καὶ φοβερόν· εὐθὺς γὰρ ἡ
 τοῦ καταλυθέντος ἰσχὺς τῷ κρατήσαντι μετὰ βελτίονος
 δόξης ὑπάρχει. τὸ μὲν γὰρ ἀνδρὶ χρηστῷ
 καὶ δι´ ἀρετὴν πρωτεύοντι προσμάχεσθαι κατὰ
 φθόνον, ὡς Περικλεῖ Σιμμίας, Ἀλκμέων δὲ
 Θεμιστοκλεῖ, Πομπηίῳ δὲ Κλώδιος, Ἐπαμεινώνδᾳ
 δὲ Μενεκλείδης ὁ ῥήτωρ, οὔτε πρὸς δόξαν καλὸν
 οὔτ´ ἄλλως συμφέρον· ὅταν γὰρ ἐξαμαρτόντες οἱ
 πολλοὶ πρὸς ἄνδρα χρηστόν, εἶθ´ ὃ γίγνεται ταχέως
 ἐπ´ ὀργῇ μετανοήσωσι, πρὸς τοῦτο τὴν ῥᾴστην
 ἀπολογίαν δικαιοτάτην νομίζουσιν, ἐπιτρῖψαι τὸν
 ἀναπείσαντα καὶ καταρξάμενον. τὸ μέντοι φαῦλον
 ἄνθρωπον, ἀπονοίᾳ δὲ καὶ δεινότητι πεποιημένον
 ὑφ´ αὑτῷ τὴν πόλιν, οἷος ἦν Κλέων Ἀθήνησι καὶ
 Κλεοφῶν, ἐπαναστάντα καθελεῖν καὶ ταπεινῶσαι
 λαμπρὰν ποιεῖται τὴν πάροδον ὥσπερ δράματος τῆς πολιτείας. 
 οὐκ ἀγνοῶ δ´ ὅτι καὶ βουλήν τινες
 ἐπαχθῆ καὶ ὀλιγαρχικὴν κολούσαντες, ὥσπερ
 Ἐφιάλτης Ἀθήνησι καὶ Φορμίων παρ´ Ἠλείοις,
 δύναμιν ἅμα καὶ δόξαν ἔσχον· ἀλλὰ μέγας ἀρχομένῳ
 πολιτείας οὗτος ὁ κίνδυνός ἐστι. διὸ καὶ βελτίονα
 Σόλων ἔλαβεν ἀρχήν, διεστώσης ἐς τρία μέρη τῆς
 πόλεως, τὸ τῶν Διακρίων λεγομένων καὶ τὸ τῶν
 Πεδιέων καὶ τὸ τῶν Παραλίων· οὐδενὶ γὰρ ἐμμίξας
 ἑαυτόν, ἀλλὰ κοινὸς ὢν πᾶσι καὶ πάντα λέγων καὶ
 πράττων πρὸς ὁμόνοιαν ᾑρέθη νομοθέτης ἐπὶ τὰς
 διαλύσεις καὶ κατέστησεν οὕτω τὴν ἀρχήν. ἡ
 μὲν οὖν ἐπιφανεστέρα πάροδος εἰς τὴν πολιτείαν
 τοσαύτας ἔχει καὶ τοιαύτας ἀρχάς.
 
 | [10] Il y a deux voies pour se jeter dans la carrière politique. 
L'une, rapide et brillante, conduit à la gloire, mais 
n'est pas exempte de périls; l'autre est plus terre à terre, 
plus lente, mais elle offre plus de sûreté. Il en est qui 
tout d'abord débutent par un acte brillant, considérable, 
mais audacieux : c'est en quelque sorte un promontoire 
avancé, d'où ils s'élancent sur cette mer orageuse des affaires 
publiques. Ils pensent que Pindare a raison de dire :
"Il faut, en commençant, éblouir tous les yeux".
On se dégoûte, on se lasse en général des gens auxquels 
on est habitué, et l'on accepte avec avidité un débutant : 
comme il arrive pour les athlètes dans les jeux. Mais l'envie 
tombe devant l'éclat et la promptitude de certains débuts, 
de certaines puissances.
De même que le feu qui s'allume soudain ne fait pas de 
fumée, dit Ariston, de même la gloire n'excite pas la jalousie 
quand tout d'abord elle brille d'une vive lueur. Ceux 
qui ne s'élèvent que lentement et à loisir donnent, au contraire, 
prise de tout côté. De là vient que beaucoup d'hommes 
d'État ont vu leur gloire se flétrir avant qu'elle se fût 
épanouie à la tribune. Mais lorsque, comme il est dit de 
l'athlète Ladas, qui,
"La corde du départ retentissant encore,
avait déjà gagné la couronne"; lorsque, dis-je, un homme 
d'État commence par une glorieuse ambassade, un triomphe, 
une grande expédition militaire, alors ni l'envie, ni le dédain 
ne peuvent facilement l'atteindre. Ainsi conquirent 
soudain la gloire Aratus, qui dès son entrée aux affaires 
renversa le tyran Nicoclès, et Alcibiade qui organisa la 
coalition des Mantinéens contre Lacédémone. Pompée 
demandait que les honneurs du triomphe lui fussent accordés 
avant de s'être présenté au sénat ; et comme Sylla s'y opposait : 
« Il y a plus d'adorateurs pour le soleil levant, dit 
Pompée, que pour le soleil couchant ». Ce qu'ayant entendu 
Sylla, il ne résista pas davantage. Cornélius Scipion 
ne dut pas à une circonstance fortuite son brillant début 
dans les charges publiques. Si, quand il briguait seulement 
l'édilité, le peuple romain l'éleva subitement au consulat 
contrairement aux lois, c'est que l'on était plein d'admiration 
pour le jeune général qui, déjà célèbre par un combat singulier 
et par une victoire en Espagne, avait déployé tant de
valeur contre les Carthaginois en qualité de tribun, et avait 
justifié ce que disait de lui Caton l'Ancien:
"Seul il est inspiré; les autres, ombres vaines, 
S'agitent au hasard".
Aujourd'hui que les républiques n'ont pas d'expéditions 
militaires à diriger, de tyrannies à abattre, d'alliances à 
ménager, par quel coup brillant, par quelle entreprise d'éclat 
un jeune homme peut-il signaler son entrée aux affaires ? 
Il lui reste les procès civils qui s'instruisent devant 
les tribunaux; il lui reste les ambassades auprès du Prince, 
lesquelles demandent un homme plein d'ardeur, doué à 
la fois de hardiesse et de prudence. En outre il est de 
belles institutions tombées en désuétude dans les villes et 
que l'on peut relever. Il est des abus, qu'une habitude coupable 
a introduits et qui sont aussi honteux que nuisibles 
pour un État : on peut se consacrer à leur réforme. Du reste, 
un grand procès équitablement jugé, une noble fidélité dans 
la défense d'un client faible qui lutte contre un puissant adversaire, 
la franchise déployée au nom de la justice devant 
un magistrat prévaricateur, ont mis plusieurs hommes 
d'État à même de débuter glorieusement. Un assez grand 
nombre encore ont dû leur avancement à leur haine et à 
leurs tentatives contre des gens en place odieux et redoutés : 
car tout aussitôt la puissance de celui qu'ils ont abattu 
devient, en même temps qu'une gloire plus belle, le partage 
du victorieux. Au contraire, attaquer par jalousie un 
homme de bien que ses vertus ont placé à la tête de la république, 
comme Simmias se constituait agresseur de Périclès, 
Alcméon, de Thémistocle, Clodius, de Pompée, l'orateur 
Ménéclide, d'Epaminondas, c'est là une conduite qui 
n'est ni glorieuse, ni surtout profitable.
Quand la multitude a manqué à ce qu'elle devait à un 
homme de bien, et qu'ensuite elle ne tarde pas, comme il 
arrive, de regretter cette violence, elle estime que la réparatien 
la plus équitable, qui est aussi la plus facile, consiste 
à écraser celui qui avait persuadé cet acte d'injustice et qui 
en avait commencé l'exécution. Mais qu'un pervers, à force 
d'audace extravagante et de scélératesse, ait mis sous lui 
toute une cité, comme firent Cléon et Clitophon pour Athènes, 
si un homme de coeur se lève pour abattre ce téméraire 
et l'anéantir il se ménage une entrée brillante sur le théâtre 
des affaires publiques.
Je n'ignore pas que quelques-uns, en réprimant aussi les 
tendances odieuses et oligarchiques d'un sénat, comme 
Ephialte fit à Athènes et Phormion chez les Éléens, ont 
acquis à la fois de la puissance et de la gloire, mais en 
politique un pareil début est très périlleux. Solon, pour 
commencer, s'y prit bien plus habilement. Comme la ville 
était partagée en trois factions, la montagne, la plaine et le 
littoral, il ne s'attacha à aucune de ces trois factions, se 
montra bienveillant pour toutes. A force de parler et 
d'agir dans des vues de conciliation il fut choisi pour législateur 
afin de tout pacifier, et il rétablit ainsi la solidité du 
gouvernement. Voilà les nombreux et différents moyens 
de débuter d'une manière brillante dans les affaires publiques.
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