HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes politiques

Chapitre 7-8

  Chapitre 7-8

[7] Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ σκῶμμα καὶ γελοῖον ἔστιν ὅτε γίγνεται πολιτικοῦ λόγου μέρος, εἰ μὴ πρὸς ὕβριν βωμολοχίαν, ἀλλὰ χρησίμως ἐπιπλήττοντος διασύροντος λέγοιτο. μάλιστα δ´ εὐδοκιμεῖ τὰ τοιαῦτα περὶ τὰς ἀμείψεις καὶ τὰς ἀπαντήσεις· τὸ γὰρ ἐκ παρασκευῆς καὶ κατάρχοντα γελωτοποιοῦντος ἐστι καὶ δόξα κακοηθείας πρόσεστιν, ὡς προσῆν τοῖς Κικέρωνος σκώμμασι καὶ τοῖς Κάτωνος τοῦ πρεσβυτέρου καὶ Εὐξιθέου τοῦ Ἀριστοτέλους συνήθους· οὗτοι γὰρ ἔσκωπτον ἀρχόμενοι πολλάκις. ἀμυνομένῳ δὲ συγγνώμην ἅμα καὶ χάριν καιρὸς δίδωσι, καθάπερ Δημοσθένει πρὸς τὸν αἰτίαν ἔχοντα κλέπτειν χλευάζοντα δ´ αὐτοῦ τὰς νυκτογραφίας, "οἶδ´ ὅτι σε λυπῶ λύχνον καίωνκαὶ πρὸς Δημάδην βοῶντα Δημοσθένης ἐμὲ βούλεται διορθοῦν " ὗς τὴν Ἀθηνᾶν," "αὕτη μέντοι πέρυσιν Ἀθηνᾶ μοιχεύουσα ἐλήφθη." χάριεν δὲ καὶ τὸ Ξεναινέτου πρὸς τοὺς πολίτας λοιδοροῦντας αὐτὸν ὅτι στρατηγὸς ὢν πέφευγε, "μεθ´ ὑμῶν γ´, φίλαι κεφαλαί." τὸ δ´ ἄγαν φυλακτέον ἐν τῷ γελοίῳ καὶ τὸ λυποῦν ἀκαίρως τοὺς ἀκούοντας τὸν λέγοντα ποιοῦν ἀγεννῆ καὶ ταπεινόν, ὥσπερ τὰ Δημοκράτους· ἀναβαίνων μὲν γὰρ εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἔφη, καθάπερ πόλις, μικρὸν ἰσχύειν καὶ μέγα φυσᾶν· ἐν δὲ τοῖς Χαιρωνικοῖς παρελθὼν εἰς τὸν δῆμον, "οὐκ ἂν ἐβουλόμην κακῶς οὕτω πεπραγέναι τὴν πόλιν, ὥστε κἀμοῦ συμβουλεύοντος ὑμᾶς ἀκούεινκαὶ γὰρ καὶ τοῦτο μικροῦ κἀκεῖνο μανικοῦ, πολιτικῷ δ´ οὐδέτερον ἁρμόττον. Φωκίωνος δὲ καὶ τὴν βραχυλογίαν ἐθαύμαζον· γοῦν Πολύευκτος ἀπεφαίνετο ῥήτορα μέγιστον εἶναι Δημοσθένην, δεινότατον δ´ εἰπεῖν Φωκίωνα· πλεῖστον γὰρ αὐτοῦ τὸν λόγον ἐν λέξει βραχυτάτῃ νοῦν περιέχειν. καὶ Δημοσθένης τῶν ἄλλων καταφρονῶν εἰώθει λέγειν, ἀνισταμένου Φωκίωνος, " τῶν ἐμῶν λόγων κοπὶς ἀνίσταται." [7] Ce n'est pas que la plaisanterie et la dérision ne fasse quelquefois partie du langage de l'homme dEtat, pourvu qu'on n'aille pas jusqu'à l'injure et à la bouffonnerie, et que les réprimandes et les railleries aient un but d'utilité. Ce genre réussit particulièrement lorsqu'il s'agit de repondre à des objections ou bien d'en proposer. Mais en faire usage de dessein prémédité et sous forme agressive, c'est vouloir provoquer le rire à tout prix, et s'exposer en outre à une réputation de méchanceté. Ainsi en advenait-il des sarcasmes de Cicéron, de Caton l'Ancien, et d'Euxithée, le familier d'Aristote, lesquels souvent prenaient l'initiative du sarcasme. Quand c'est pour se défendre qu'on emploie cette dernière arme, l'à-propos la justifie et en même temps lui donne de la grâce. En ce genre on cite quelques réponses de Démosthène. Un homme accusé d'être un voleur le raillait de ce qu'il passait la nuit à écrire : « Je sais, lui dit Démosthène, que je te contrarie en tenant une lampe allumée.» Une autre fois Démade criait de toutes ses forces, "que Démosthène voulait le redresser, et que c'était la truie qui en remontrait à Minerve" — « Cette Minerve, répliqua l'orateur, n'en a pas moins été surprise ces jours derniers en flagrant délit d'adultère. » Une agréable réponse est encore celle de Xénénète à ses concitoyens qui lui reprochaient d'avoir pris la fuite quand il était général : « C'était en votre société, ô têtes chéries.» Mais le trop est à éviter dans les propos railleurs. Il ne faut pas blesser mal à propos un auditoire, ou en parlant révéler un fonds de lâcheté et de bassesse. Ainsi fit Démocrate. Montant un jour à la tribune : "Je suis comme notre cité, dit-il : j'ai peu de force et beaucoup de vent". Après l'affaire de Chéronée il se présenta devant le peuple en prononçant ces mots : « J'aurais désiré que la république n'en fût pas réduite à écouter même mes conseils. » Le premier trait est d'un fou, le second, d'un homme bas et vil; et ni l'une ni l'autre parole ne conviennent à un homme d'État. On admirait aussi Phocion pour la brièveté de ses bons mots. C'est ce qui faisait dire à Polyeucte que Démosthène était un très grand orateur, mais que Phocion était l'orateur parfait parce qu'il renfermait le plus de sens dans le moins de paroles; et Démosthène, qui méprisait ses autres adversaires, avait coutume de s'écrier quand Phocion se levait : « Voilà la hache de mes discours qui se lève. »
[8] Μάλιστα μὲν οὖν ἐσκεμμένῳ πειρῶ καὶ μὴ διακένῳ τῷ λόγῳ χρῆσθαι πρὸς τοὺς πολλοὺς μετ´ ἀσφαλείας, εἰδὼς ὅτι καὶ Περικλῆς ἐκεῖνος εὔχετο πρὸ τοῦ δημηγορεῖν μηδὲ ῥῆμα μηδὲν ἀλλότριον τῶν πραγμάτων ἐπελθεῖν αὐτῷ. δεῖ δ´ ὅμως καὶ πρὸς τὰς ἀπαντήσεις τὸν λόγον εὔστροφον ἔχειν καὶ γεγυμνασμένον· ὀξεῖς γὰρ οἱ καιροὶ καὶ πολλὰ φέροντες ἐν ταῖς πολιτείαις αἰφνίδια. διὸ καὶ Δημοσθένης ἠλαττοῦτο πολλῶν, ὥς φασι, παρὰ τὸν καιρὸν ἀναδυόμενος καὶ κατοκνῶν· Ἀλκιβιάδην δ´ Θεόφραστος ἱστορεῖ, μὴ μόνον δεῖ λέγειν ἀλλὰ καὶ ὡς δεῖ βουλευόμενον, πολλάκις ἐν αὐτῷ τῷ λέγειν ζητοῦντα καὶ συντιθέντα τὰς λέξεις ἐνίσχεσθαι καὶ διαπίπτειν. δ´ ὑπὸ τῶν πραγμάτων αὐτῶν ἀνιστάμενος καὶ ὑπὸ τῶν καιρῶν ἐκπλήττει μάλιστα καὶ προσάγεται τοὺς πολλοὺς καὶ μετατίθησιν· οἷον Βυζάντιος Λέων ἧκε δή ποτε τοῖς Ἀθηναίοις στασιάζουσι διαλεξόμενος· ὀφθεὶς δὲ μικρὸς καὶ γελασθεὶς "τί δ´" εἶπεν "εἰ τὴν γυναῖκά μου θεάσαισθε μόλις ἐξικνουμένην πρὸς τὸ γόνυ;" πλείων οὖν ἐγένετο γέλως· "ἀλλ´ ἡμᾶς" ἔφη "μικροὺς οὕτως ὄντας, ὅταν διαφερώμεθα πρὸς ἀλλήλους, Βυζαντίων πόλις οὐ χωρεῖ." Πυθέας δ´ ῥήτωρ, ὅτε πρὸς τὰς Ἀλεξάνδρου τιμὰς ἀντέλεγεν, εἰπόντος τινὸς "οὕτω σὺ νέος ὢν περὶ πραγμάτων τολμᾷς λέγειν τηλικούτων;" "καὶ μὴν Ἀλέξανδρος" εἶπεν "ἐμοῦ νεώτερός ἐστιν, ὃν ψηφίζεσθε θεὸν εἶναι." [8] Attachez-vous donc principalement à faire devant la multitude usage d'une parole méditée et qui ne soit pas vide : c'est le secret d'être sûr de vous. Vous savez que le célèbre Périclès demandait aux Dieux, avant de parler au public, qu'ils ne missent pas sur ses lèvres un seul mot étranger à son sujet. Toutefois il faut pour les objections une parole alerte et exercée : car les occasions sont rapides comme l'éclair, et donnent lieu en politique à mille incidents tout à fait soudains. Sous ce point de vue Démosthène lui-même le cédait, dit-on, à beaucoup d'orateurs, en ce que l'occasion le trouvait incertain et embarrassé. Théophraste nous apprend qu'Alcibiade, au moment même où il prenait la parole, cherchait bien des fois non seulement ce qu'il fallait dire mais encore comment il fallait le dire : de sorte qu'à force de se donner de peine pour trouver ses mots, pour les arranger, il restait court. Mais celui qu'animent les affaires mêmes « et qui s'inspire des circonstances, celui-là frappe puissamment la multitude, se la concilie, et change les dispositicns où elle était. Ainsi, Léon de Byzance s'était présenté pour adresser la parole aux Athéniens divisés par des séditions. Quand on eut vu sa petite taille on éclata de rire : « Que serait-ce donc, s'écria-t-il, si vous voyiez ma femme ! Elle me vient à peine au genou. » On se mit à rire plus fort : « Eh bien, tout petits que nous sommes, quand nous nous querellons, la ville de Byzance n'est pas assez grande pour nous contenir tous deux. » L'orateur Pythéas pariait contre les honneurs proposés en faveur d'Alexandre, et quelqu'un se mit à dire : « Tu es bien jeune pour oser dire ton avis sur des choses si importantes. » — « Alexandre, répondit-il, est plus jeune que moi, et vous décrétez, vous autres, qu'il est Dieu! »


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Dernière mise à jour : 3/11/2005