| 
       
   | 
    
       
       
        
| [5] Οὐ μὴν ἀμελητέον γε διὰ τοῦτο τῆς περὶ τὸν
 λόγον κάριτος καὶ δυνάμεως ἐν ἀρετῇ θεμένους τὸ
 σύμπαν, ἀλλὰ τὴν ῥητορικὴν νομίσαντας μὴ δημιουργὸν
 ἀλλά τοι συνεργὸν εἶναι πειθοῦς, ἐπανορθωτέον
 τὸ τοῦ Μενάνδρου
  τρόπος ἔσθ´ ὁ πείθων τοῦ λέγοντος, οὐ λόγος·
  καὶ γὰρ ὁ τρόπος καὶ ὁ λόγος· εἰ μὴ νὴ Δία φήσει
 τις, ὡς τὸν κυβερνήτην ἄγειν τὸ πλοῖον οὐ τὸ πηδάλιον,
 καὶ τὸν ἱππέα στρέφειν τὸν ἵππον οὐ τὸν
 χαλινόν, οὕτω πόλιν πείθειν οὐ λόγῳ, ἀλλὰ τρόπῳ
 χρωμένην ὥσπερ οἴακι καὶ χαλινῷ τὴν πολιτικὴν
 ἀρετήν, ᾗπερ εὐστροφώτατον ζῷον, ὥς φησι Πλάτων,
 οἷον ἐκ πρύμνης ἁπτομένην καὶ κατευθύνουσαν.
 ὅπου γὰρ οἱ μεγάλοι βασιλεῖς ἐκεῖνοι καὶ διογενεῖς,
 ὡς Ὅμηρός φησιν, ἁλουργίσι καὶ σκήπτροις καὶ
 δορυφόροις καὶ θεῶν χρησμοῖς ἐξογκοῦσιν ἑαυτούς,
 καὶ δουλούμενοι τῇ σεμνότητι τοὺς πολλοὺς ὡς
 κρείττονες, ὅμως ἐβούλοντο "μύθων ῥητῆρες"
 εἶναι καὶ οὐκ ἠμέλουν τῆς τοῦ λέγειν χάριτος,
 οὐδ´ ἀγορέων, ἵνα τ´ ἄνδρες ἀριπρεπέες τελέθουσιν,
 οὐδὲ Διὸς Βουλαίου μόνον ἔχρῃζον οὐδ´ Ἄρεος
 Ἐνυαλίου καὶ Στρατίας Ἀθηνᾶς, ἀλλὰ καὶ τὴν
 Καλλιόπην παρεκάλουν
 ἣ δὴ βασιλεῦσιν ἅμ´ αἰδοίοισιν ὀπηδεῖ,
 πραΰνουσα πειθοῖ καὶ κατᾴδουσα τῶν δήμων τὸ
 αὔθαδες καὶ βίαιον· ἦ που δυνατὸν ἄνθρωπον ἰδιώτην
 ἐξ ἱματίου καὶ σχήματος δημοτικοῦ πόλιν ἄγειν
 βουλόμενον ἐξισχῦσαι καὶ κρατῆσαι τῶν πολλῶν,
 εἰ μὴ λόγον ἔχοι συμπείθοντα καὶ προσαγόμενον;
 οἱ μὲν οὖν τὰ πλοῖα κυβερνῶντες ἑτέροις χρῶνται
 κελευσταῖς, ὁ δὲ πολιτικὸς ἐν ἑαυτῷ μὲν ὀφείλει
 τὸν κυβερνῶντα νοῦν ἔχειν ἐν ἑαυτῷ δὲ τὸν ἐγκελευόμενον
 λόγον, ὅπως μὴ δέηται φωνῆς ἀλλοτρίας
 μηδ´ ὥσπερ Ἰφικράτης ὑπὸ τῶν περὶ Ἀριστοφῶντα
 καταρρητορευόμενος λέγῃ "βελτίων μὲν
 ὁ τῶν ἀντιδίκων ὑποκριτὴς δρᾶμα δὲ τοὐμὸν
 ἄμεινον," μηδὲ πολλάκις δέηται τῶν Εὐριπιδείων ἐκείνων
 εἴθ´ ἦν ἄφωνον σπέρμα δυστήνων βροτῶν·
 καὶ
 φεῦ φεῦ, τὸ μὴ τὰ πράγματ´ ἀνθρώποις ἔχειν
 φωνήν, ἵν´ ἦσαν μηδὲν οἱ δεινοὶ λέγειν.
 ταῦτα μὲν γὰρ ἴσως Ἀλκαμένει καὶ Νησιώτῃ καὶ
 Ἰκτίνῳ καὶ πᾶσι τοῖς βαναύσοις καὶ χειρώναξι τὸ
 δύνασθαι λέγειν ἀπομνυμένοις δοτέον ἀποδιδράσκειν·
 ὥσπερ Ἀθήνησιν ἀρχιτεκτόνων ποτὲ δυεῖν
 ἐξεταζομένων πρὸς δημόσιον ἔργον ὁ μὲν αἱμύλος
 καὶ κομψὸς εἰπεῖν λόγον τινὰ διελθὼν περὶ τῆς
 κατασκευῆς μεμελετημένον ἐκίνησε τὸν δῆμον, ὁ
 δὲ βελτίων τῇ τέχνῃ λέγειν δ´ ἀδύνατος, παρελθὼν
 εἰς μέσον εἶπεν "ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὡς οὗτος
 εἴρηκεν, ἐγὼ ποιήσω." τὴν γὰρ Ἐργάνην οὗτοι
 μόνον θεραπεύουσιν, ὥς φησι Σοφοκλῆς, οἱ "παρ´
 ἄκμονι τυπάδι βαρείᾳ" καὶ πληγαῖς ὑπακούουσαν
 ὕλην ἄψυχον δημιουργοῦντες· ὁ δὲ τῆς Πολιάδος
 Ἀθηνᾶς καὶ τῆς Βουλαίας Θέμιδος,
  ἥ τ´ ἀνδρῶν ἀγορὰς ἠμὲν λύει ἠδὲ καθίζει,
  προφήτης, ἑνὶ χρώμενος ὀργάνῳ τῷ λόγῳ τὰ μὲν
 πλάττων καὶ συναρμόττων, τὰ δ´ ἀντιστατοῦντα
 πρὸς τὸ ἔργον ὥσπερ ὄζους τινὰς ἐν ξύλῳ καὶ
 διπλόας ἐν σιδήρῳ μαλάσσων καὶ καταλεαίνων,
 κοσμεῖ τὴν πόλιν. διὰ τοῦτ´ ἦν ἡ κατὰ Περικλέα
 πολιτεία "λόγῳ μέν," ὥς φησι Θουκυδίδης,
 "δημοκρατία, ἔργῳ δ´ ὑπὸ τοῦ πρώτου ἀνδρὸς
 ἀρχὴ" διὰ τὴν τοῦ λόγου δύναμιν. 
ἐπεὶ καὶ Κίμων ἀγαθὸς ἦν καὶ Ἐφιάλτης καὶ Θουκυδίδης,
 ἀλλ´ ἐρωτηθεὶς οὗτος ὑπ´ Ἀρχιδάμου τοῦ βασιλέως
 τῶν Σπαρτιατῶν πότερον αὐτὸς ἢ Περικλῆς
 παλαίει βέλτιον "οὐκ ἂν εἰδείη τις" εἶπεν· "ὅταν
 γὰρ ἐγὼ καταβάλω παλαίων, ἐκεῖνος λέγων μὴ
 πεπτωκέναι νικᾷ καὶ πείθει τοὺς θεωμένους."
 τοῦτο δ´ οὐκ αὐτῷ μόνον ἐκείνῳ δόξαν ἀλλὰ καὶ
 τῇ πόλει σωτηρίαν ἔφερε· πειθομένη γὰρ αὐτῷ
 τὴν ὑπάρχουσαν εὐδαιμονίαν ἔσῳζε, τῶν δ´ ἐκτὸς
 ἀπείχετο. Νικίας δὲ τὴν αὐτὴν προαίρεσιν ἔχων,
 πειθοῦς δὲ τοιαύτης ἐνδεὴς ὢν καὶ καθάπερ ἀμβλεῖ
 χαλινῷ τῷ λόγῳ πειρώμενος ἀποστρέφειν τὸν
 δῆμον, οὐ κατέσχεν οὐδ´ ἐκράτησεν, ἀλλ´ ᾤχετο
 βίᾳ φερόμενος εἰς Σικελίαν καὶ συνεκτραχηλιζόμενος.
 τὸν μὲν οὖν λύκον οὔ φασι τῶν ὤτων
 κρατεῖν, δῆμον δὲ καὶ πόλιν ἐκ τῶν ὤτων ἄγειν
 δεῖ μάλιστα, μή, καθάπερ ἔνιοι τῶν ἀγυμνάστων
 περὶ λόγον λαβὰς ἀμούσους καὶ ἀτέχνους ζητοῦντες
 ἐν τοῖς πολλοῖς τῆς γαστρὸς ἕλκουσιν εὐωχοῦντες
 ἢ τοῦ βαλλαντίου διδόντες, ἢ πυρρίχας τινὰς ἢ
 μονομάχων θεάματα παρασκευάζοντες ἀεὶ δημαγωγοῦσι,
 μᾶλλον δὲ δημοκοποῦσι. δημαγωγία
 γὰρ ἡ διὰ λόγου πειθομένων ἐστίν, αἱ δὲ τοιαῦται
 τιθασεύσεις τῶν ὄχλων οὐδὲν ἀλόγων ζῴων ἄγρας
 καὶ βουκολήσεως διαφέρουσιν.
 | [5] Ce n'est pas à dire pour cela, qu'il faille négliger l'a-
grément et la puissance de la parole. La vertu, sans doute, 
doit être tout; mais il est juste de regarder l'art oratoire, 
sinon comme capable de faire naître la persuasion, au moins 
d'y contribuer; et il y a lieu de rectifier ces vers de Ménandre :
"C'est non par ses discours, mais par son caractère, 
Qu'on persuade un peuple et que l'on sait lui plaire."
C'est à la fois par le caractère et par les discours. A moins, 
en vérité, qu'on aille prétendre que le pilote dirige le vaisseau 
sans que le gouvernail y aide, que c'est le cavalier et 
non la bride qui fait manoeuvrer le cheval, et que, de même, 
le talent politique suffit, sans le secours de la parole, pour 
inspirer de la confiance aux peuples. Ce n'est pas la parole 
de l'homme d'État qui lui est utile, mais son caractère, 
seul gouvernail, seule bride nécessaire, diront quelques-uns, 
pour tenir la foule, cet animal si versatile, 
comme Platon l'appelle, cet animal qui veut être conduit 
et dirigé comme du haut d'une poupe.
Pourtant voyez ces puissants monarques issus du sang des dieux,
ainsi que les désigne Homère. Ils avaient beau être couverts 
de pourpre, porter le sceptre, s'entourer de gardes, 
citer des oracles divins pour rendre leur dignité plus imposante; 
ils avaient beau vouloir que la multitude rampât avec
une humilité servile devant leur majesté suprême, ils n'en 
prétendaient pas moins être d'habiles orateurs. 
Ils ne négligeaient ni les charmes du langage,
ni les succès acquis par l'éloquence, 
Lesquels des héros même augmentent la puissance.
Ils ne recouraient pas seulement à Jupiter conseiller, à
Mars homicide, à Minerve guerrière : ils invoquaient aussi Calliope
"Des princes révérés la compagne assidue",
Calliope, qui par sa voix persuasive adoucit et conjure l'humeur 
indépendante et emportée des peuples. Comment donc 
serait-il possible qu'un simple particulier, voulant conduire 
une cité, fût capable, lui qui n'a qu'un manteau, qu'un 
extérieur tout vulgaire, de maîtriser et de dominer la multitude, 
s'il n'avait la parole pour l'aider à persuader et à 
conduire ses concitoyens? Les pilotes qui dirigent un vaisseau 
ont sous leurs ordres des subalternes, qui sont les "céleustes", 
mais c'est en soi-même que l'homme d'État doit 
trouver l'esprit qui gouverne, la parole qui ordonne; et 
c'est chose importante, qu'il ne recoure jamais à une voix 
étrangère. Il ne faut pas que, comme Iphicrate pressé par 
l'éloquence victorieuse d'Antiphon, il dise : "Le comédien 
de notre partie adverse vaut mieux, mais notre pièce est
meilleure." Il ne faut pas qu'il ait besoin d'alléguer souvent 
ce vers d'Euripide : "Race maudite, Humains, que n'êtes-vous muets" 
ni encore :
"Pourquoi les faits, hélas ! n'ont-ils pas la parole ! 
Ou n'aurait nul besoin d'orateurs".	
De semblables échappatoires devraient peut-être se concéder 
à un Alcamène, à un Nésiotès, à un Ictinus, et à tous 
ces hommes qui, artisans de profession et vivant du travail 
de leurs mains, se déclaraient incapables de parler en public.
C'est ainsi qu'à Athènes, un jour, deux architectes se présentaient 
concurremment pour être chargés de la construction 
d'un édifice public. L'un d'eux, parleur séduisant et 
fleuri, débita un discours très savant sur la science en elle-même, 
et fit impression sur le peuple. L'autre, meilleur 
dans son art, mais incapable de manier la parole, se présenta 
dans l'assemblée, et s'écria : « Ce qu'il a dit, Athéniens, 
moi je l'exécuterai. » Les gens de cette dernière espèce, 
il faut bien le dire, n'honorent que Minerve l'ouvrière, 
comme l'appelle Sophocle.
Sur l'enclume penchés, à force de marteaux
ils fabriquent une matière inanimée, qui n'obéit qu'à la 
violence et aux coups ; mais d'autres se font les organes de 
Minerve Poliade et de Thémis, la bonne conseillère,
lui forme tour à tour et rompt les assemblées.
La parole leur suffit. Avec cet unique instrument ils façonnent, 
ils ajustent tout. Les résistances qu'ils éprouvent 
dans leurs travaux, ce sont comme des noeuds dans le bois, 
des pailles dans le fer ils y emploient le rabot et la lime; 
bref, ils donnent à la ville toute sa beauté. C'est pour cela 
que le Gouvernement, sous Périclès, avait le nom de République, 
comme le remarque Thucydide : mais de fait l'autorité était 
aux mains d'un seul, grâce à ce pouvoir de l'éloquence.
Certes, Cimon était un citoyen irréprochable aussi bien 
qu'Ephialte, aussi bien que Thucydide; mais écoutez un 
mot de ce dernier. On lui demandait (l'interrogateur était
Archidamus, roi de Sparte), qui de lui ou de Périclès 
était le plus habile à la lutte. « C'est ce que personne 
ne pourrait savoir, répondit Thucydide : car lorsque je 
l'ai terrassé, lorsque je le tiens sous moi, il prétend n'être 
pas tombé, et il parvient à le faire croire aux spectateurs. » 
Du reste, cette supériorité ne fut pas seulement 
la gloire de Périclès : elle assura encore le salut de la 
cité. Docile aux conseils de ce grand orateur, Athènes 
conserva la prospérité dont elle jouissait, et s'abstint des 
affaires du dehors. Nicias fut, il est vrai , animé des 
mêmes intentions, mais il était loin d'être aussi persuasif. 
Sa parole, quand il cherchait à détourner le peuple, était 
comme une bride trop lâche : il n'avait pas la vigueur qui 
domine. Forcé de quitter la place, il partit pour la Sicile, 
et s'y cassa le cou.
Le proverbe dit qu'«il n'y a pas à tenir un loup par les 
oreilles. » Mais c'est par les oreilles, principalement, que 
l'on tient un peuple ou une cité. On ne suivra donc pas 
l'exemple de certains ambitieux qui, peu exercés à parler, 
cherchent des moyens vulgaires et grossiers dans le but de 
capter les citoyens et d'agir sur le peuple. Ils le prennent 
soit par le ventre en lui donnant des banquets, soit par la 
bourse en lui faisant des largesses, soit par la vue en organisant 
des pyrrhiques ou des spectacles de gladiateurs. Ce 
sont là des moyens fréquemment employés pour conduire 
le peuple, disons mieux, pour le violenter : car conduire une 
cité suppose l'emploi de la parole et de la persuasion, tandis 
que dompter ainsi les foules, c'est les traiter comme ces animaux 
sauvages qu'on prend à la chasse et par des appâts.
 |  | [6] Ὁ μέντοι λόγος ἔστω τοῦ πολιτικοῦ μήτε
 νεαρὸς καὶ θεατρικός, ὥσπερ πανηγυρίζοντος καὶ
 στεφανηπλοκοῦντος ἐξ ἁπαλῶν καὶ ἀνθηρῶν ὀνομάτων·
 μήτ´ αὖ πάλιν, ὡς ὁ Πυθέας τὸν Δημοσθένους
 ἔλεγεν, ἐλλυχνίων ὄζων καὶ σοφιστικῆς
 περιεργίας ἐνθυμήμασι πικροῖς καὶ περιόδοις πρὸς
 κανόνα καὶ διαβήτην ἀπηκριβωμέναις· ἀλλ´ ὥσπερ
 οἱ μουσικοὶ τὴν θίξιν ἀξιοῦσι τῶν χορδῶν ἠθικὴν
 καταφαίνεσθαι μὴ κρουστικήν, οὕτω τῷ λόγῳ τοῦ
 πολιτευομένου καὶ συμβουλεύοντος καὶ ἄρχοντος
 ἐπιφαινέσθω μὴ δεινότης μηδὲ πανουργία, μηδ´ εἰς
 ἔπαινον αὐτοῦ τιθέσθω τὸ ἑκτικῶς ἢ τεχνικῶς ἢ
 διαιρετικῶς, ἀλλ´ ἤθους ἀπλάστου καὶ φρονήματος
 ἀληθινοῦ καὶ παρρησίας πατρικῆς καὶ προνοίας καὶ
 συνέσεως κηδομένης ὁ λόγος ἔστω μεστός, ἐπὶ τῷ
 καλῷ τὸ κεχαρισμένον ἔχων καὶ ἀγωγὸν ἔκ τε
 σεμνῶν ὀνομάτων καὶ νοημάτων ἰδίων καὶ πιθανῶν.
 δέχεται δ´ ὁ πολιτικὸς λόγος δικανικοῦ μᾶλλον καὶ
 γνωμολογίας καὶ ἱστορίας καὶ μύθους καὶ μεταφοράς,
 αἷς μάλιστα κινοῦσιν οἱ χρώμενοι μετρίως
 καὶ κατὰ καιρόν· ὡς ὁ εἰπὼν "μὴ ποιήσητε ἑτερόφθαλμον
 τὴν Ἑλλάδα," καὶ Δημάδης τὰ ναυάγια
 λέγων πολιτεύεσθαι τῆς πόλεως, καὶ Ἀρχίλοχος
 μηδ´ ὁ Ταντάλου λίθος
 τῆσδ´ ὑπὲρ νήσου κρεμάσθω·
 καὶ Περικλῆς τὴν λήμην τοῦ Πειραιῶς ἀφελεῖν
 κελεύων· καὶ Φωκίων ἐπὶ τῆς Λεωσθένους νίκης
 καλὸν τὸ στάδιον εἶναι, δεδιέναι δὲ τοῦ πολέμου
 τὸν δόλιχον. καθόλου δ´ ὁ μὲν ὄγκος καὶ τὸ μέγεθος
 τῷ πολιτικῷ μᾶλλον ἁρμόττει, παράδειγμα
 δ´ οἵ τε Φιλιππικοὶ καὶ τῶν Θουκυδίδου δημηγοριῶν
 ἡ Σθενελαΐδα τοῦ Ἐφόρου καὶ Ἀρχιδάμου
 τοῦ βασιλέως ἐν Πλαταιαῖς καὶ Περικλέους ἡ μετὰ
 τὸν λοιμόν· ἐπὶ δὲ τῶν Ἐφόρου καὶ Θεοπόμπου
 καὶ Ἀναξιμένους ῥητορειῶν καὶ περιόδων, ἃς
 περαίνουσιν ἐξοπλίσαντες τὰ στρατεύματα καὶ
 παρατάξαντες, ἔστιν εἰπεῖν
 οὐδεὶς σιδήρου ταῦτα μωραίνει πέλας.
 
  | [6] Du reste, que la parole de l'homme d'Etat ne soit ni 
prétentieuse, ni théâtrale, comme celle des orateurs d'apparat 
qui tressent des guirlandes de mots élégants et fleuris. 
Qu'elle ne mérite pas, d'un autre côté, le reproche 
adressé par Pythéas à Démosthènes, de sentir l'huile. Qu'on 
n'y remarque pas cette recherche minutieuse habituelle aux 
sophistes, ces arguments rigoureux, ces périodes tirées en 
quelque sorte à la ligne et au cordeau. Mais comme les
musiciens veulent qu'en frappant les cordes d'une lyre on 
touche le coeur et non pas le tympan, de même les discours 
d'un homme politique, d'un membre d'assemblée délibérante, 
d'un magistrat, doivent être remarquables par 
leur gravité et non par leur artifice. Il ne faut pas qu'il se 
fasse un mérite d'avoir parlé en homme qui en a l'habitude,
en orateur habile, en dialecticien consommé. Une honnête 
franchise, une dignité vraie, une sincérité toute patriotique, 
de la prévoyance, une sollicitude intelligente, voilà ce qui 
doit faire le fonds de ses harangues. A la noblesse des vues 
on voudra qu'il joigne la grâce de la parole, et qu'il séduise 
à la fois par la gravité de l'expression, par l'originalité et 
la bonne foi des pensées.
Il est vrai que l'éloquence politique admet bien plus que 
celle du barreau les sentences, les traits d'histoire, les 
fables, et les figures dont l'usage modéré et opportun frappe 
surtout la multitude. Ainsi un orateur s'écriait : "Ne 
privez pas la Grèce d'un de ses yeux". Ainsi Démade disait, 
"qu'il administrait les naufrages de la république".
Ainsi Archiloque s'écriait :
"Que, délivrée enfin de ce roc de Tantale,
L'île ne craigne plus une chute fatale".
Périclès demandait « que l'on ôtât certaine tache de l'oeil 
du Pirée. » Phocion, à propos de la victoire remportée 
par Léosthène, disait : « C'est une belle carrière à fournir : 
mais gare au second tour de stade ! » En un mot, l'éloquence 
politique doit plutôt avoir de la grandeur et de la majesté. 
Je citerai pour modèle en ce genre les Philippiques, et, 
parmi les harangues de Thucydide, celle de l'Ephore Sthénelaïdas, 
celle du roi Archidamus à Platée, celle de Périclès 
après la peste. Mais s'il s'agit des compositions oratoires
d'un Ephorus, d'un Théopompe, d'un Anaximène, s'il s'agit 
des belles périodes qu'ils débitent en armant leurs soldats 
et en les rangeant en bataille, il est permis de s'écrier :
Si près du fer peut-on débiter ces folies!
 |    |     |