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[29] Οὕτως ἁπάντων ἐρώτων ἰσχυρότατος ἅμα
καὶ θειότατός ἐστιν ὁ πόλεσι καὶ δήμοις πρὸς ἕνα
δι´ ἀρετὴν ἐγγιγνόμενος· αἱ δ´ ἀπὸ θεάτρων ἢ νεμήσεων
ἢ μονομάχων ψευδώνυμοι τιμαὶ καὶ ψευδομάρτυρες
ἑταιρικαῖς ἐοίκασι κολακείαις, ὄχλων
ἀεὶ τῷ διδόντι καὶ χαριζομένῳ προσμειδιώντων,
ἐφήμερόν τινα καὶ ἀβέβαιον δόξαν. εὖ μὲν οὖν ὁ
πρῶτος εἰπὼν καταλυθῆναι δῆμον ὑπὸ τοῦ πρώτου
δεκάσαντος συνεῖδεν, ὅτι τὴν ἰσχὺν ἀποβάλλουσιν
οἱ πολλοὶ τοῦ λαμβάνειν ἥττονες γενόμενοι· δεῖ
δὲ καὶ τοὺς δεκάζοντας οἴεσθαι καταλύειν ἑαυτούς,
ὅταν ἀναλωμάτων μεγάλων ὠνούμενοι τὴν δόξαν
ἰσχυροὺς ποιῶσι καὶ θρασεῖς τοὺς πολλούς, ὡς
μέγα τι καὶ δοῦναι καὶ ἀφελέσθαι κυρίους ὄντας.
| [29] Ainsi, de tous les attachements le plus fort et à la
fois le plus divin est celui que des cités et des nations ont
voué à un seul homme à cause de sa vertu. Mais la popularité
que procurent des représentations théâtrales, des distributions
publiques, des combats de gladiateurs, constitue
des hommages faux et mensongers. Ce sont, de la part de
la foule, des caresses de courtisanes. On sourit toujours à
celui qui prodigue des largesses et des faveurs, mais il ne
recueille qu'une gloire éphémère et peu solide. C'est donc
une parole bien vraie que celle-ci : "Le premier qui démembra
la puissance d'un peuple fut celui qui le premier
l'avait séduit par ses libéralités." Ce mot fait bien comprendre
qu'une réunion d'hommes perd sa force quand elle se
déclare inférieure en acceptant des largesses. Il faut bien
se persuader aussi que les séducteurs, tout les premiers, se
ruinent et se détruisent eux-mêmes. Précisément parce
qu'ils achètent à grands frais la popularité ils rendent la
foule puissante et hardie, en lui laissant croire que c'est un
bien précieux et qu'elle est maîtresse de le leur ravir autant
qu'elle le fut de le leur donner.
| [30] Οὐ μὴν διὰ τοῦτο μικρολογητέον ἐν τοῖς
νενομισμένοις φιλοτιμήμασι, τῶν πραγμάτων εὐπορίαν
παρεχόντων· ὡς μᾶλλον οἱ πολλοὶ μὴ
μεταδιδόντα τῶν ἰδίων πλούσιον ἢ πένητα τῶν
δημοσίων κλέπτοντα δι´ ἔχθους ἔχουσιν, ὑπεροψίαν
τοῦτο καὶ περιφρόνησιν αὑτῶν ἐκεῖνο δ´ ἀνάγκην
ἡγούμενοι. γιγνέσθωσαν οὖν αἱ μεταδόσεις πρῶτον
μὲν ἀντὶ μηδενός· οὕτω γὰρ ἐκπλήττουσι καὶ χειροῦνται
μᾶλλον τοὺς λαμβάνοντας· ἔπειτα σὺν καιρῷ
πρόφασιν ἀστείαν καὶ καλὴν ἔχοντι, μετὰ τιμῆς θεοῦ
πάντας ἀγούσης πρὸς εὐσέβειαν· ἐγγίγνεται γὰρ
ἅμα τοῖς πολλοῖς ἰσχυρὰ διάθεσις καὶ δόξα τοῦ τὸ
δαιμόνιον εἶναι μέγα καὶ σεμνόν, ὅταν, οὓς αὐτοὶ
τιμῶσι καὶ μεγάλους νομίζουσιν, οὕτως ἀφειδῶς
καὶ προθύμως περὶ τὸ θεῖον ὁρῶσι φιλοτιμουμένους.
. ὥσπερ οὖν ὁ Πλάτων ἀφεῖλε τῶν παιδευομένων
νέων τὴν ἁρμονίαν τὴν Λύδιον καὶ τὴν
ἰαστί, τὴν μὲν τὸ θρηνῶδες καὶ φιλοπενθὲς ἡμῶν
ἐγείρουσαν τῆς ψυχῆς, τὴν δὲ τὸ πρὸς ἡδονὰς ὀλισθηρὸν
καὶ ἀκόλαστον αὔξουσαν· οὕτω σὺ τῶν
φιλοτιμιῶν ὅσαι τὸ φονικὸν καὶ θηριῶδες ἢ τὸ
βωμολόχον καὶ ἀκόλαστον ἐρεθίζουσι καὶ τρέφουσι,
μάλιστα μὲν ἐξέλαυνε τῆς πόλεως, εἰ δὲ μή, φεῦγε
καὶ διαμάχου τοῖς πολλοῖς αἰτουμένοις τὰ τοιαῦτα
θεάματα· χρηστὰς δὲ καὶ σώφρονας ἀεὶ ποιοῦ τῶν
ἀναλωμάτων ὑποθέσεις, τὸ καλὸν ἢ τὸ ἀναγκαῖον
ἐχούσας τέλος ἢ τὸ γοῦν ἡδὺ καὶ κεχαρισμένον
ἄνευ βλάβης καὶ ὕβρεως προσούσης.
| [30] Ce n'est pas toutefois une raison, lorsqu'on jouit d'une
grande opulence, pour être avare des libéralités qu'autorise
la loi. Une cité exècre encore plus un riche qui ne donne
rien de ses richesses qu'elle n'a en horreur un pauvre qui
vole le trésor public : car elle attribue la conduite du premier
à la fierté et au dédain, l'acte du second à la nécessité.
Que ces largesses soient donc désintéressées avant tout,
attendu qu'ainsi elles frappent et subjuguent davantage ceux
qui les reçoivent. Qu'ensuite on choisisse une circonstance
qui serve de prétexte adroit et honorable. Que, par exemple,
on profite des honneurs réclamés par un dieu. Ces occasions
portent toujours la multitude à la piété : elle incline
fortement à croire à la grandeur et à la majasté des Dieux
lorsque les chefs qu'elle honore et regarde comme grands
montrent sous ses yeux tant de générosité et d'empressement
à leur rendre hommage. Ainsi donc, comme Platon
supprimait de l'éducation des jeunes gens l'étude du mode
lydien et du mode phrygien parce que le premier éveille
dans l'âme des sentiments de tristesse et de mélancolie et
parce que le second augmente le penchant qui nous porte à
la volupté et au dérèglement; de même, je vous engage à
bannir surtout de la ville les largesses dont l'effet serait
d'irriter et d'entretenir des goûts meurtriers et farouches, ou
bien de faire de l'homme d'État une sorte de bouffon et de
débauché. Ou si vous ne pouvez y réussir, évitez les occasions
et combattez la multitude quand elle vous demandera
de tels spectacles. Que les raisons de vos dépenses soient
toujours utiles et honnêtes. Qu'elles se proposent une
fin belle et indispensable ; et si cette fin est le plaisir et
l'agrément, que ce soit sans dommage et sans inconvenance.
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