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| [23]  Σπουδῇ μέντοι καὶ προνοίᾳ περὶ τὰ κοινὰ
 καὶ φροντίδι πρὸς ἅπασαν ἀρχὴν ἀεὶ διαμιλλητέον,
 ἂν μὲν ὦσι χαρίεντες, αὐτὸν ὑφηγούμενον ἃ δεῖ καὶ
 φράζοντα καὶ διδόντα χρῆσθαι τοῖς βεβουλευμένοις
 ὀρθῶς καὶ τὸ κοινὸν εὐδοκιμεῖν ὠφελοῦντας· ἐὰν δ´
 ἐνῇ τις ἐκείνοις ὄκνος ἢ μέλλησις ἢ κακοήθεια πρὸς
 τὴν πρᾶξιν, οὕτω χρὴ παριέναι καὶ λέγειν αὐτὸν εἰς
 τοὺς πολλοὺς καὶ μὴ παραμελεῖν μηδ´ ὑφίεσθαι τῶν
 κοινῶν, ὡς οὐ προσῆκον, ἄρχοντος ἑτέρου, πολυπραγμονεῖν
 καὶ παραδιοικεῖν. ὁ γὰρ νόμος ἀεὶ τῷ
 τὰ δίκαια πράσσοντι καὶ γιγνώσκοντι τὰ συμφέροντα
 τὴν πρώτην τάξιν ἐν τῇ πολιτείᾳ δίδωσιν.
 "ἦν δέ τις," φησίν, "ἐν τῷ στρατεύματι Ξενοφῶν,
 οὔτε στρατηγὸς οὔτε λοχαγός," ἀλλὰ τῷ φρονεῖν τὰ
 δέοντα καὶ τολμᾶν αὑτὸν εἰς τὸ ἄρχειν καταστήσας
 διέσῳσε τοὺς Ἕλληνας. καὶ τῶν Φιλοποίμενος
 ἔργων ἐπιφανέστατόν ἐστι τό, τοῦ Νάβιδος Μεσσήνην
 καταλαβόντος οὐκ ἐθέλοντος δὲ τοῦ στρατηγοῦ
 τῶν Ἀχαιῶν βοηθεῖν ἀλλ´ ἀποδειλιῶντος,
 αὐτὸν ὁρμήσαντα μετὰ τῶν προθυμοτάτων ἄνευ
 δόγματος ἐξελέσθαι τὴν πόλιν. οὐ μὴν διὰ μικρὰ
 δεῖ καὶ τὰ τυχόντα καινοτομεῖν, ἀλλ´ ἐπὶ τοῖς
 ἀναγκαίοις ὡς ὁ Φιλοποίμην, ἢ τοῖς καλοῖς ὡς
 Ἐπαμεινώνδας, ἐπιβαλὼν τέτταρας μῆνας τῇ βοιωταρχίᾳ
 παρὰ τὸν νόμον, ἐν οἷς εἰς τὴν Λακωνικὴν
 ἐνέβαλε καὶ τὰ περὶ Μεσσήνην ἔπραξεν· ὅπως, κἂν
 ἀπαντᾷ τις ἐπὶ τούτῳ κατηγορία καὶ μέμψις, ἀπολογίαν
 τῆς αἰτίας τὴν ἀνάγκην ἔχωμεν ἢ παραμυθίαν
 τοῦ κινδύνου τὸ μέγεθος τῆς πράξεως καὶ τὸ κάλλος.
 | [23] Par son zèle, sa prévoyance et sa sollicitude pour le 
bien public, on doit constamment rivaliser avec quelques
magistrats que ce soit. Quand ils s'y prêtent de bonne 
grâce on les aide à se diriger, on confère avec eux, on leur 
communique les projets utiles que l'on a médités, et l'on 
trouve ainsi le moyen de concourir glorieusement au bien 
public. Quand ils montrent de l'indifférence, de l'hésitation, 
du mauvais vouloir pour agir, il faut alors se mettre en 
avant, prendre publiquement la parole, et ne pas compromettre 
par sa propre négligence les intérêts de l'État sous 
prétexte qu'il est malséant de se mêler et de s'occuper d'une 
administration confiée aux mains d'un autre. Car la loi 
donne toujours la première place dans un État à celui qui 
agit et qui pense de la manière la plus utile. Xénophon écrit 
en parlant de lui-même : "Il y avait dans l'armée un certain 
Xénophon, qui n'était ni général, ni centurion." Mais 
en même temps, fort de ses heureuses conceptions et de son 
audace, il s'installa au commandement et sauva la Grèce. 
Un des exploits les plus glorieux de Philopémen est celui-ci. 
Agis s'était emparé de Mécène, ei le général des Achéens, 
au lieu de venir au secours de cette ville, préparait une retraite 
honteuse. Philopémen s'élance avec les plus déterminés 
sans avoir reçu d'ordre, et la ville est reconquise.
Il est vrai que pour obtenir des résultats médiocres et 
vulgaires il ne faut pas substituer ainsi un pouvoir nouveau. 
On n'est autorisé à de tels actes que par une nécessité 
impérieuse, comme celle dans laquelle se trouvait Philopémen, 
ou par une meilleure occasion de se couvrir de gloire, 
comme il advint à Epaminondas. Il se prorogea de quatre 
mois dans les fonctions de béotarque contrairement à la 
loi, mais durant ce laps de temps il envahissait le territoire 
lacédémonien et faisait son expédition de Messène. 
Dans ces cas là si nous sommes accueillis par des accusations 
et des reproches, nous nous justifions en alléguant la 
nécessité, ou bien nous prenons le parti de nous consoler 
de l'accusation par la grandeur et la beauté de ce que nous 
avons accompli.
 |  | [24] Ἰάσονος τοῦ Θεσσαλῶν μονάρχου γνώμην
 ἀπομνημονεύουσιν, ἐφ´ οἷς ἐβιάζετο καὶ παρηνώχλει
 τινάς, ἀεὶ λεγομένην, ὡς ἀναγκαῖον ἀδικεῖν
 τὰ μικρὰ τοὺς βουλομένους τὰ μεγάλα δικαιοπραγεῖν.
 τοῦτον μὲν οὖν ἄν τις εὐθὺς καταμάθοι
 τὸν λόγον ὡς ἔστι δυναστευτικός· ἐκεῖνο δὲ πολιτικώτερον
 παράγγελμα, τὸ τὰ μικρὰ τοῖς πολλοῖς
 προΐεσθαι χαριζόμενον ἐπὶ τῷ τοῖς μείζοσιν ἐνίστασθαι
 καὶ κωλύειν ἐξαμαρτάνοντας. ὁ γὰρ
 αὖ περὶ πάντα λίαν ἀκριβὴς καὶ σφοδρός, οὐδὲν
 ὑποχωρῶν οὐδ´ ὑπείκων ἀλλὰ τραχὺς ἀεὶ καὶ ἀπαραίτητος,
 ἀντιφιλονεικεῖν τὸν δῆμον αὐτῷ καὶ
 προσδυσκολαίνειν ἐθίζει,
  μικρὸν δὲ δεῖ ποδὸς
 χαλάσαι μεγάλῃ κύματος ἀλκῇ,
  τὰ μὲν αὐτὸν ἐνδιδόντα καὶ συμπαίζοντα κεχαρισμένως
 οἷον ἐν θυσίαις καὶ ἀγῶσι καὶ θεάτροις,
 τὰ δ´ ὥσπερ ἐν οἰκίᾳ νέων ἁμαρτήματα προσποιούμενον
 παρορᾶν καὶ παρακούειν, ὅπως ἡ τοῦ
 νουθετεῖν καὶ παρρησιάζεσθαι δύναμις ὥσπερ φαρμάκου
 μὴ κατακεχρημένη μηδ´ ἕωλος ἀλλ´ ἀκμὴν
 ἔχουσα καὶ πίστιν ἐν τοῖς μείζοσι μᾶλλον καθάπτηται
 καὶ δάκνῃ τοὺς πολλούς. Ἀλέξανδρος μὲν
 γὰρ ἀκούσας τὴν ἀδελφὴν ἐγνωκέναι τινὰ τῶν
 καλῶν καὶ νέων οὐκ ἠγανάκτησεν εἰπών, ὅτι
 κἀκείνῃ τι δοτέον ἀπολαῦσαι τῆς βασιλείας· οὐκ
 ὀρθῶς τὰ τοιαῦτα συγχωρῶν οὐδ´ ἀξίως ἑαυτοῦ·
 δεῖ γὰρ ἀρχῆς τὴν κατάλυσιν καὶ ὕβριν ἀπόλαυσιν
 μὴ νομίζειν. δήμῳ δ´ ὕβριν μὲν οὐδεμίαν εἰς
 πολίτας οὐδὲ δήμευσιν ἀλλοτρίων οὐδὲ κοινῶν
 διανέμησιν ὁ πολιτικὸς ἐφήσει κατὰ δύναμιν, ἀλλὰ
 πείθων καὶ διδάσκων καὶ δεδιττόμενος διαμαχεῖται
 ταῖς τοιαύταις ἐπιθυμίαις, οἵας οἱ περὶ Κλέωνα
 βόσκοντες καὶ αὔξοντες πολύν, ὥς φησιν ὁ Πλάτων,
 κηφῆνα τῇ πόλει κεκεντρωμένον ἐνεποίησαν. ἐὰν
 δ´ ἑορτὴν πάτριον οἱ πολλοὶ καὶ θεοῦ τιμὴν πρόφασιν
 λαβόντες ὁρμήσωσι πρός τινα θέαν ἢ νέμησιν
 ἐλαφρὰν ἢ χάριν τινὰ φιλάνθρωπον ἢ φιλοτιμίαν,
 ἔστω πρὸς τὰ τοιαῦτα ἡ τῆς ἐλευθερίας ἅμα καὶ
 τῆς εὐπορίας ἀπόλαυσις αὐτοῖς. καὶ γὰρ τοῖς
 Περικλέους πολιτεύμασι καὶ τοῖς Δημητρίου πολλὰ
 τοιαῦτ´ ἔνεστι, καὶ Κίμων ἐκόσμησε τὴν ἀγορὰν
 πλατάνων φυτείαις καὶ περιπάτοις· Κάτων δὲ τὸν
 δῆμον ὑπὸ Καίσαρος ὁρῶν ἐν τοῖς περὶ Κατιλίναν
 διαταρασσόμενον καὶ πρὸς μεταβολὴν τῆς πολιτείας
 ἐπισφαλῶς ἔχοντα συνέπεισε τὴν βουλὴν
 ψηφίσασθαι νεμήσεις τοῖς πένησι, καὶ τοῦτο
 δοθὲν ἔστησε τὸν θόρυβον καὶ κατέπαυσε τὴν ἐπανάστασιν.
 ὡς γὰρ ἰατρός, ἀφελὼν πολὺ τοῦ
 διεφθορότος αἵματος, ὀλίγον ἀβλαβοῦς τροφῆς
 προσήνεγκεν, οὕτως ὁ πολιτικὸς ἀνήρ, μέγα τι
 τῶν ἀδόξων ἢ βλαβερῶν παρελόμενος, ἐλαφρᾷ
 πάλιν χάριτι καὶ φιλανθρώπῳ τὸ δυσκολαῖνον
 καὶ μεμψιμοιροῦν παρηγόρησεν.
 | [24] On cite de Jason, roi de Thessalie, un mot qu'il répétait 
constamment à propos de certaines violences et de 
certaines vexations par lui exercées : « II est nécessaire, 
disait-il, de commettre des injustices dans les petites choses 
si l'on veut être juste dans les grandes. » Il est facile de reconnaître 
tout d'abord combien cette maxime de gouvernement 
est favorable à la tyrannie. Mais il est un autre précepte 
plus digne d'un homme d'Etat : c'est, qu'il faut glisser 
avec indulgence sur les fautes légères de la multitude, afin de 
pouvoir lui résister et la contenir quand elle donne dans des 
écarts plus considérables. Car si l'on est trop minutieux et 
trop exigeant, si l'on ne veut céder et relâcher sur rien, si l'on 
se montre toujours rude et inflexible, on habitue le peuple 
à résister à son tour et à opposer un esprit de révolte.
"Du gouvernail il faut détendre un peu la barre 
Quand les flots s'agitent beaucoup".
Tantôt on usera d'indulgence, tantôt on se prêtera de bonne 
grâce aux plaisirs du peuple par des sacrifices, des combats 
publics, des représentations théâtrales; tantôt, comme il arrive 
dans les familles pour les fautes des jeunes gens, on 
fera semblant de ne pas voir et de ne pas entendre. De cette 
manière le droit de réprimander et de parler avec franchise 
conservera toute sa vigueur, comme un remède puissant. 
Loin de s'user ou de s'affaiblir, la parole du chef de l'État 
sera efficace et persuasive, et dans les circonstances importantes 
il agira plus vivement, il mordra mieux sur la foule. 
Alexandre ayant appris que sa soeur avait eu des relations 
avec un beau jeune homme ne manifesta aucun courroux, 
disant « qu'à elle aussi, il fallait bien donner quelques-uns 
des priviléges de la royauté. » Indulgence non légitime 
toutefois, et qui était indigne de lui : car on ne doit pas 
regarder comme un exercice du souverain pouvoir ce qui 
en est la ruine et la honte.
Un chef d'État ne permettra jamais à son peuple d'insulter 
des citoyens, de faire main basse sur des biens étrangers, 
de s'adjuger les deniers publics. Il s'y opposera de tout
son pouvoir en employant tour à tour la persuasion, les 
conseils, la crainte. Il combattra des désirs tels que ceux 
qui nourris et augmentés par Créon déchaînèrent dans la 
ville, suivant le mot de Platon, tout un essaim de guèpes 
armées de leurs dards. Si cependant, sous prétexte de célébrer 
une fête nationale ou d'honorer un Dieu, la multitude 
désirait quelque spectacle, une légère distribution, une 
faveur qui flattât son humanité ou son amour-propre, il 
faudrait en pareil cas la laisser jouir de sa liberté en même 
temps que de ses abondantes ressources.
L'administration de Périclès et celle de Démétrius offrent 
plusieurs exemples de ce genre. Cimon, aussi, orna la place 
publique de platanes et de promenades. Caton, voyant que 
pendant la conjuration de Catilina César cherchait à soulever 
le menu peuple et qu'une révolution était imminente, 
persuada au Sénat de décréter des distributions d'argent au 
profit des citoyens pauvres. Cette libéralité arrêta les troubles 
et fit cesser les soulèvements. Car comme un médecin 
qui a enlevé à son malade beaucoup de sang corrompu 
lui administre un peu de bonne nourriture, de même 
l'homme d'Etat qui a supprimé un grand abus, aussi honteux 
que préjudiciable, concède ensuite quelque faveur sans 
importance, dont l'aimable opportunité prévient toutes 
plaintes et tous murmures.
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