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| [25] Οὐ χεῖρον δὲ καὶ μετάγειν ἐπ´ ἄλλα χρειώδη
 τὸ σπουδαζόμενον, ὡς ἐποίησε Δημάδης, ὅτε τὰς
 προσόδους εἶχεν ὑφ´ ἑαυτῷ τῆς πόλεως· ὡρμημένων
 γὰρ ἐκπέμπειν τριήρεις βοηθοὺς τοῖς ἀφισταμένοις
 Ἀλεξάνδρου καὶ χρήματα κελευόντων παρέχειν
 ἐκεῖνον, "ἔστιν ὑμῖν," ἔφη, "χρήματα· παρεσκευασάμην
 γὰρ εἰς τοὺς χόας, ὥσθ´ ἕκαστον
 ὑμῶν λαβεῖν ἡμιμναῖον· εἰ δ´ εἰς ταῦτα βούλεσθε
 μᾶλλον, αὐτοὶ καταχρῆσθε τοῖς ἰδίοις." καὶ τοῦτον
 τὸν τρόπον, ὅπως μὴ στεροῖντο τῆς διανομῆς,
 ἀφέντων τὸν ἀπόστολον, ἔλυσε τὸ πρὸς Ἀλέξανδρον
 ἔγκλημα τοῦ δήμου. πολλὰ γὰρ ἀπ´ εὐθείας οὐκ
 ἔστιν ἐξῶσαι τῶν ἀλυσιτελῶν, ἀλλὰ δεῖ τινος
 ἁμωσγέπως καμπῆς καὶ περιαγωγῆς, οἵᾳ καὶ
 Φωκίων ἐχρῆτο κελευόμενος εἰς Βοιωτίαν ἐμβαλεῖν
 παρὰ καιρόν· ἐκήρυξε γὰρ εὐθὺς ἀκολουθεῖν ἀφ´
 ἥβης τοὺς μέχρι ἐτῶν ἑξήκοντα· καὶ θορύβου τῶν
 πρεσβυτέρων γενομένου "τί δεινόν;" εἶπεν· "ἐγὼ
 γὰρ ὁ στρατηγὸς ὀγδοήκοντα γεγονὼς ἔτη μεθ´
 ὑμῶν ἔσομαι." τούτῳ δὴ τῷ τρόπῳ καὶ πρεσβείας
 διακοπτέον ἀκαίρους, συγκαταλέγοντα πολλοὺς τῶν
 ἀνεπιτηδείως ἐχόντων, καὶ κατασκευὰς ἀχρήστους,
 κελεύοντα συνεισφέρειν, καὶ δίκας καὶ ἀποδημίας
 ἀπρεπεῖς, ἀξιοῦντα συμπαρεῖναι καὶ συναποδημεῖν.
 πρώτους δὲ τοὺς γράφοντας τὰ τοιαῦτα
 καὶ παροξύνοντας ἕλκειν δεῖ καὶ παραλαμβάνειν·
 ἢ γὰρ ἀναδυόμενοι τὴν πρᾶξιν αὐτοὶ διαλύειν
 δόξουσιν ἢ μεθέξουσι τῶν δυσχερῶν παρόντες.
 | [25] Il n'est pas mauvais, non plus, de détourner vers d'autres 
choses qui soient utiles l'ardeur et les désirs du peuple. 
Ainsi fit Démade pendant qu'il avait sous son intendance 
les revenus de l'Etat. On' voulait absolument envoyer des 
galères au secours de ceux qui s'étaient révoltés contre 
Alexandre, et l'on sommait Démade d'en fournir l'argent. "Il 
est à votre disposition, dit Démade. J'en avais préparé à 
l'approche des fêtes de Bacchus afin de distribuer à chacun 
de vous une demi-mine, mais si vous aimez mieux l'employer 
à cet usage, disposez-en : il est à vous." Pour ne pas
être privés de la distribution ils renoncèrent à l'envoi d'une 
flotte, et de cette manière Démade garantit le peuple des 
suites qu'aurait pu entraîner le courroux d'Alexandre.
Il y a en effet bien des propositions qu'il serait impossible 
de repousser ouvertement, quoiqu'elles ne soient rien moins 
qu'avantageuses. Ilfaut à tout prix louvoyer et user de détour. 
C'est ce que fit Phocion quand les Athéniens lui ordonnaient 
d'entrer à un moment inopportun en Béotie. Il fit proclamer 
sur-le-champ, que tous les hommes depuis l'âge de puberté
jusqu'à soixante ans eussent à le suivre. De là grand tumulte 
chez les vieillards : « Qu'y a-t-il d'étrange ? dit Phocion. 
Moi, votre général, qui ai quatre-vingts ans, je serai 
avec vous » C'est par de semblables expédients que l'on 
doit couper court aux ambassades déplacées, en les composant 
de plusieurs membres qui y soient tout à fait impropres ; 
aux constructions inutiles, en exigeant à cet effet une 
contribution de chaque citoyen; à de scandaleuses enquêtes 
judiciaires, en sommant les parties de comparaître elles-mêmes 
et devant des tribunaux éloignés. Ce sont, avant 
tous, ceux qui proposent de tels décrets et qui poussent à 
leur accomplissement qu'il faut contraindre à les exécuter. 
Ou ils reculeront, et il deviendra évident qu'ils frappent de 
nullité la proposition; ou ils accepteront, et une partie des 
difficultés seront supportées personnellement par eux.
 |  | [26] Ὅπου μέντοι μέγα δεῖ τι περανθῆναι καὶ
 χρήσιμον ἀγῶνος δὲ πολλοῦ καὶ σπουδῆς δεόμενον,
 ἐνταῦθα πειρῶ τῶν φίλων αἱρεῖσθαι τοὺς κρατίστους
 ἢ τῶν κρατίστων τοὺς πραοτάτους· ἥκιστα
 γὰρ ἀντιπράξουσιν οὗτοι καὶ μάλιστα συνεργήσουσι,
 τὸ φρονεῖν ἄνευ τοῦ φιλονεικεῖν ἔχοντες. οὐ μὴν
 ἀλλὰ καὶ τῆς ἑαυτοῦ φύσεως ἔμπειρον ὄντα δεῖ
 πρὸς ὃ χείρων ἑτέρου πέφυκας αἱρεῖσθαι τοὺς
 μᾶλλον δυναμένους ἀντὶ τῶν ὁμοίων, ὡς ὁ Διομήδης
 ἐπὶ τὴν κατασκοπὴν μεθ´ ἑαυτοῦ τὸν φρόνιμον
 εἵλετο, τοὺς ἀνδρείους παρελθών. καὶ γὰρ αἱ
 πράξεις μᾶλλον ἰσορροποῦσι καὶ τὸ φιλόνεικον οὐκ
 ἐγγίγνεται πρὸς ἀλλήλους τοῖς ἀφ´ ἑτέρων ἀρετῶν
 καὶ δυνάμεων φιλοτιμουμένοις. λάμβανε δὴ καὶ
 δίκης συνεργὸν καὶ πρεσβείας κοινωνόν, ἂν λέγειν
 μὴ δυνατὸς ᾖς, τὸν ῥητορικόν, ὡς Πελοπίδας
 Ἐπαμεινώνδαν· κἂν ᾖς ἀπίθανος πρὸς ὁμολίαν τῷ
 πλήθει καὶ ὑψηλός, ὡς Καλλικρατίδας, τὸν εὔχαριν
 καὶ θεραπευτικόν· κἂν ἀσθενὴς καὶ δύσεργος τὸ
 σῶμα, τὸν φιλόπονον καὶ ῥωμαλέον, ὡς Νικίας
 Λάμαχον. οὕτω γὰρ ἂν ἦν ὁ Γηρυόνης ζηλωτὸς
 ἔχων σκέλη πολλὰ καὶ χεῖρας καὶ ὀφθαλμούς, εἰ
 πάντα μιᾷ ψυχῇ διῴκει. τοῖς δὲ πολιτικοῖς
 ἔξεστι μὴ σώματα μηδὲ χρήματα μόνον, ἀλλὰ καὶ
 τύχας καὶ δυνάμεις καὶ ἀρετάς, ἂν ὁμονοῶσιν, εἰς
 μίαν χρείαν συντιθέντας εὐδοκιμεῖν μᾶλλον ἄλλου
 περὶ τὴν αὐτὴν πρᾶξιν· οὐχ ὥσπερ οἱ Ἀργοναῦται
 τὸν Ἡρακλέα καταλιπόντες ἠναγκάζοντο διὰ τῆς
 γυναικωνίτιδος κατᾳδόμενοι καὶ φαρμακευόμενοι: 
σῴζειν ἑαυτοὺς καὶ κλέπτειν τὸ νάκος.
 Χρυσὸν μὲν εἰς ἔνια τῶν ἱερῶν εἰσιόντες ἔξω
 καταλείπουσι, σίδηρον δ´ ὡς ἁπλῶς εἰπεῖν εἰς
 οὐδὲν συνεισφέρουσιν. ἐπεὶ δὲ κοινόν ἐστιν ἱερὸν
 τὸ βῆμα Βουλαίου τε Διὸς καὶ Πολιέως καὶ
 Θέμιδος καὶ Δίκης, αὐτόθεν μὲν ἤδη φιλοπλουτίαν
 καὶ φιλοχρηματίαν, ὥσπερ σίδηρον μεστὸν ἰοῦ
 καὶ νόσημα τῆς ψυχῆς, ἀποδυσάμενος εἰς ἀγορὰς
 καπήλων ἢ δανειστῶν ἀπόρριψον,
  αὐτὸς δ´ ἀπονόσφι τραπέσθαι
  τὸν ἀπὸ δημοσίων χρηματιζόμενον ἡγούμενος ἀφ´
 ἱερῶν κλέπτειν, ἀπὸ τάφων, ἀπὸ φίλων, ἐκ προδοσίας,
 ἀπὸ ψευδομαρτυρίας, σύμβουλον ἄπιστον
 εἶναι, δικαστὴν ἐπίορκον, ἄρχοντα δωροδόκον, οὐδεμιᾶς
 ἁπλῶς καθαρὸν ἀδικίας. ὅθεν οὐ δεῖ πολλὰ
 περὶ τούτων λέγειν.
 | [26] Quand il s'agira de mener à bonne fin quelque projet 
considérable et utile, mais demandant beaucoup de luttes 
et de travaux sérieux, tâchez alors de réunir ceux de vos 
amis qui ont le plus d'autorité, et dans ce nombre, les plus 
conciliants. Ils vous opposeront moins de résistance et vous 
seconderont mieux, parce qu'ils mettront leurs conseils à 
votre service sans éprouver le désir de faire triompher leur 
opinion. Mais il faut aussi qu'un administrateur connaisse 
l'étendue de ses facultés naturelles, qu'il sache à quoi il est 
moins propre qu'un autre, et qu'il choisisse pour coopérateurs 
ceux qui sont plus capables que lui et non pas ceux
qui lui ressemblent. Par exemple nous voyons Diomède 
allant à la découverte, prendre avec lui le plus prudent des 
Grecs et ne s'inquiéter pas des hommes courageux. Ainsi 
les actes se trouvent mieux contre-balancés, et la jalousie ne 
se glisse pas entre gens que l'honneur dirige, parce que des vertus 
et des facultés qui ne sont pas les mêmes ont pu être utilisées.
S'agit-il de vous faire assister dans une cause ou accompagner 
dans une ambassade; choisissez, si vous êtes privé 
du talent de la parole, un homme éloquent, comme Pélopidas 
prenait Epaminondas. Si vous n'avez pas le don 
d'agir par la persuasion sur la multitude et que vous péchiez 
par trop de hauteur, comme Callicratidas, adressez-vous 
à un ami dont le langage soit gracieux et flatte le 
peuple. Si vous êtes faible de corps et peu apte aux travaux 
pénibles, choisissez un auxiliaire laborieux et robuste, 
comme Nicias avait choisi Lamachus : car le sort de Géryon 
qui possédait plusieurs jambes, plusieurs bras, plusieurs 
yeux, ne saurait être digne d'envie qu'à la condition 
que tout cela fût dirigé par une seule âme. Or un homme 
peut faire servir à l'utilité publique non seulement les 
corps et les fortunes, mais encore les succès, les talents et 
les vertus des autres, s'il sait entretenir la concorde, et 
ainsi il réussira mieux dans une même entreprise qu'un 
autre qui serait plus habile. C'est ce que ne comprirent 
pas les Argonautes qui, ayant abandonné Hercule, furent 
obligés de recourir aux enchantements et aux sorcelleries 
d'une femme pour se sauver eux-mêmes et dérober la fameuse toison.
L'or que l'on porte sur soi doit être laissé à la porte de 
certains temples lorsqu'on y pénètre. Quant au fer, 
déclarons-le formellement, il n'entre dans aucun lieu sacré. 
Eh bien, puisque la tribune est un temple commun à Jupiter 
président des assemblées et protecteur des villes, commun 
également à Thémis et à l'Équité, il faut en bannir incontinent, 
comme si c'était du fer, l'avarice et l'amour des 
richesses, véritables maladies, véritable rouille. Purifions-en 
nos âmes, et reléguons ces vices dans les marchés où se 
trouvent réunis les cabaretiers et les agioteurs :
"Tenons-nous écartés d'un pareil voisinage".
Celui qui s'enrichit des deniers publics doit être regardé 
comme aussi coupable que s'il volait dans les temples, sur 
les tombeaux, dans la bourse de ses amis, que s'il devait 
cet argent à une trahison, à un faux témoignage. En un tel 
homme il faut voir un conseiller déloyal, un juge parjure, 
un magistrat vénal, un misérable enfin qui n'est pur d'aucune 
injustice. Par conséquent il n'est pas nécessaire de 
longuement s'étendre sur un pareil sujet.
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