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| [21]  Γίγνεται μὲν οὖν δι´ ἀλλήλων ἀμφότερα
 ταῦτα. λέγουσι δ´ οἱ πλεῖστοι καὶ νομίζουσι πολιτικῆς
 παιδείας ἔργον εἶναι τὸ καλῶς ἀρχομένους
 παρασχεῖν· καὶ γὰρ πλέον ἐστὶ τοῦ ἄρχοντος ἐν
 ἑκάστῃ πόλει τὸ ἀρχόμενον· καὶ χρόνον ἕκαστος
 ἄρχει βραχύν, ἄρχεται δὲ τὸν ἅπαντα χρόνον ἐν
 δημοκρατίᾳ πολιτευόμενος· ὥστε κάλλιστον εἶναι
 μάθημα καὶ χρησιμώτατον τὸ πειθαρχεῖν τοῖς
 ἡγουμένοις, κἂν ὑποδεέστεροι δυνάμει καὶ δόξῃ
 τυγχάνωσιν ὄντες. ἄτοπον γάρ ἐστι τὸν μὲν ἐν τραγῳδίᾳ
 πρωταγωνιστήν, Θεόδωρον ἢ Πῶλον ὄντα
 μισθωτῷ τὰ τρίτα λέγοντι πολλάκις ἕπεσθαι καὶ
 προσδιαλέγεσθαι ταπεινῶς, ἂν ἐκεῖνος ἔχῃ τὸ διάδημα
 καὶ τὸ σκῆπτρον· ἐν δὲ πράξεσιν ἀληθιναῖς
 καὶ πολιτείᾳ τὸν πλούσιον καὶ ἔνδοξον ὀλιγωρεῖν
 καὶ καταφρονεῖν ἄρχοντος ἰδιώτου καὶ πένητος,
 ἐνυβρίζοντα καὶ καθαιροῦντα τῷ περὶ αὑτὸν ἀξιώματι
 τὸ τῆς πόλεως, ἀλλὰ μὴ μᾶλλον αὔξοντα καὶ
 προστιθέντα τὴν ἀφ´ αὑτοῦ δόξαν καὶ δύναμιν τῇ
 ἀρχῇ. καθάπερ ἐν Σπάρτῃ τοῖς ἐφόροις οἵ τε
 βασιλεῖς ὑπεξανίσταντο, καὶ τῶν ἄλλων ὁ κληθεὶς
 οὐ βάδην ὑπήκουεν ἀλλὰ δρόμῳ καὶ σπουδῇ δι´
 ἀγορᾶς θέοντες ἐπεδείκνυντο τὴν εὐπείθειαν τοῖς
 πολίταις, ἀγαλλόμενοι τῷ τιμᾶν τοὺς ἄρχοντας·
 οὐχ ὥσπερ ἔνιοι τῶν ἀπειροκάλων καὶ σολοίκων,
 οἷον ἰσχύος ἑαυτῶν καλλωπιζόμενοι περιουσίᾳ, βραβευτὰς
 ἐν ἀγῶσι προπηλακίζουσι καὶ χορηγοὺς ἐν
 Διονυσίοις λοιδοροῦσι καὶ στρατηγῶν καὶ γυμνασιάρχων
 καταγελῶσιν, οὐκ εἰδότες οὐδὲ μανθάνοντες
 ὅτι τοῦ τιμᾶσθαι τὸ τιμᾶν πολλάκις ἐστὶν
 ἐνδοξότερον. ἀνδρὶ γὰρ ἐν πόλει δυναμένῳ μέγα
 μείζονα φέρει κόσμον ἄρχων δορυφορούμενος ὑπ´
 αὐτοῦ καὶ προπεμπόμενος ἢ δορυφορῶν καὶ προπέμπων·
 μᾶλλον δὲ τοῦτο μὲν ἀηδίαν καὶ φθόνον,
 ἐκεῖνο δὲ τὴν ἀληθινὴν φέρει, τὴν ἀπ´ εὐνοίας,
 δόξαν· ὀφθεὶς δ´ ἐπὶ θύραις ποτὲ καὶ πρότερος
 ἀσπασάμενος καὶ λαβὼν ἐν περιπάτῳ μέσον, οὐδὲν
 ἀφαιρούμενος ἑαυτοῦ, τῇ πόλει κόσμον περιτίθησι.
 | [21] Ces deux éléments se soutiennent donc l'un par l'autre. 
La plupart des gens disent et estiment que le but de la 
science politique est de faire que les citoyens soient bien 
commandés. Dans chaque ville le nombre de ceux qui 
obéissent est plus considérable que celui des dépositaires de 
l'autorité. Le pouvoir n'est exercé par chacun de ceux-ci 
que d'une façon passagère, et tout le reste du temps dans 
les États démocratiques on est commandé. C'est donc un 
apprentissage très honorable et très utile que d'obéir à 
ceux qui sont à la tête du pays, se trouvassent-ils être inférieurs 
en crédit et en gloire. Il serait absurde que dans une 
tragédie un premier acteur, un Théodore, un Polus, marchât 
souvent à la suite d'un comparse chargé des troisièmes 
rôles, qu'il lui parlât avec un air de profonde humilité parce 
que celui-ci porte le diadème et le sceptre, et que dans la 
vie réelle, dans le gouvernement, un homme riche et illustre 
se montrât dédaigneux et méprisant à l'égard d'un simple 
particulier sans fortune qui est revêtu du pouvoir. Ce serait 
outrager et rabaisser la dignité publique pour rehausser la 
sienne propre, tandis que l'on doit plutôt faire contribuer sa 
gloire et son crédit à augmenter l'importance et l'éclat des 
magistratures civiles.
A Sparte les rois se levaient devant les éphores, et quand 
ceux-ci mandaient un citoyen, ce n'était pas lentement qu'il 
se rendait à leurs ordres. On se hâtait avec empressement, 
on traversait en courant la place publique; on rendait tous 
les citoyens témoins de sa docilité; on se faisait gloire, 
enfin, d'honorer les chefs de l'État. Ainsi n'agissent point 
les hommes grossiers et ignorants qui, gonflés en quelque
sorte de leur importance personnelle, prodiguent l'outrage 
aux juges chargés de décerner les prix dans les jeux publics, 
insultent les choréges aux fêtes de Bacchus, et ricanent 
devant les stratéges, devant les gymnasiarques. Ils ne 
savent pas, et ils ne l'ont appris de personne, qu'il y a 
souvent plus de gloire à se montrer respectueux qu'à être 
respecté soi-même. Car un homme qui jouit d'un grand 
crédit dans la cité se donne plus de relief en escortant 
et en accompagnant un magistrat, que celui-ci ne lui en 
donnerait en se mêlant à son cortége et à sa suite. Ou 
plutôt, dans ce dernier cas l'homme considérable exciterait 
le mécontentement et la jalousie, et dans le premier sa politesse 
lui assure une gloire véritable, une gloire fondée sur 
la bienveillance. Les déférences extérieures de ce personnage 
important qui se présente à la porte du magistrat, 
qui le salue le premier, qui lui donne la place du milieu 
à la promenade, ne lui enlèvent rien à lui-même, et ajoutent 
à la dignité de la république.
 |  | [22] Δημοτικὸν δὲ καὶ βλασφημίαν ἐνεγκεῖν καὶ
 ὀργὴν ἄρχοντος ἢ τὸ τοῦ Διομήδους ὑπειπόντα
  τούτῳ μὲν γὰρ κῦδος ἅμ´ ἕψεται
  ἢ τὸ τοῦ Δημοσθένους, ὅτι νῦν οὐκ ἔστι Δημοσθένης
 μόνον ἀλλὰ καὶ θεσμοθέτης ἢ χορηγὸς ἢ στεφανηφόρος.
 ἀναθετέον οὖν τὴν ἄμυναν εἰς τὸν χρόνον· ἢ
 γὰρ ἐπέξιμεν ἀπαλλαγέντι τῆς ἀρχῆς ἢ κερδανοῦμεν
 ἐν τῷ περιμένειν τὸ παύσασθαι τῆς ὀργῆς.
 | [22] C'est encore un moyen de se rendre populaire que 
de supporter patiemment les accusations injurieuses et la 
colère de celui qui commande, ou d'y répondre, comme 
Diomède, en disant :
"Ces injures pour moi deviennent glorieuses ",
ou, encore, comme Démosthènes : « A l'heure qu'il est je 
ne suis pas Démosthènes seulement : je suis un thesmothète, 
un chorége; je suis le citoyen qui porte une couronne. 
Il faut différer toutes représailles jusqu'à l'occasion 
favorable : je veux dire qu'on demandera réparation à l'offenseur 
quand il sera sorti de charge, ou quand on aura gagné, 
en différant, que la colère qu'on avait ressentie soit passée.
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