[1,878] (878a) Ἐμπεδοκλῆς Μέτωνος Ἀκραγαντῖνος τέτταρα μὲν λέγει στοιχεῖα, πῦρ
ἀέρα ὕδωρ γῆν, δύο δ´ ἀρχικὰς δυνάμεις, φιλίαν τε καὶ νεῖκος· ὧν ἡ μέν
ἐστιν ἑνωτικὴ τὸ δὲ διαιρεικόν. Φησὶ δ´ οὕτως·
Τέσσαρα τῶν πάντων ῥιζώματα πρῶτον ἄκουε·
Ζεὺς αἰθὴρ Ἥρη τε φερέσβιος ἠδ´ Ἀιδωνεύς,
Νῆστίς θ´, ἣ δακρύοις τέγγει κρούνωμα βρότειον. »
Δία μὲν γὰρ λέγει τὴν ζέσιν καὶ τὸν αἰθέρα, Ἥρην τε φερέσβιον τὸν ἀέρα,
τὴν δὲ γῆν τὸν Ἀιδωνέα, Νῆστιν δὲ καὶ κρούνωμα βρότειον οἱονεὶ τὸ σπέρμα
καὶ τὸ ὕδωρ.
(878b) Σωκράτης Σωφρονίσκου Ἀθηναῖος καὶ Πλάτων Ἀρίστωνος Ἀθηναῖος (αἱ
γὰρ αὐταὶ περὶ παντὸς ἑκατέρου δόξαι) τρεῖς ἀρχάς, τὸν θεὸν τὴν ὕλην τὴν
ἰδέαν. Ἔστι δὲ ὁ θεὸς ὁ νοῦς τοῦ κόσμου, ὕλη δὲ τὸ ὑποκείμενον πρῶτον
γενέσει καὶ φθορᾷ, ἰδέα δ´ οὐσία ἀσώματος ἐν τοῖς νοήμασι καὶ ταῖς
φαντασίαις τοῦ θεοῦ. {Ὁ δὲ θεὸς νοῦς ἐστι τοῦ κόσμου.}
Ἀριστοτέλης δὲ Νικομάχου Σταγειρίτης ἀρχὰς μὲν ἐντελέχειαν ἤτοι εἶδος ὕλην
στέρησιν· στοιχεῖα δὲ τέτταρα, πέμπτον δέ τι σῶμα αἰθέριον ἀμετάβλητον.
Ζήνων Μνασέου Κιτιεὺς ἀρχὰς μὲν τὸν θεὸν καὶ τὴν ὕλην, (878c) ὧν ὁ μέν
ἐστι τοῦ ποιεῖν αἴτιος ἡ δὲ τοῦ πάσχειν, στοιχεῖα δὲ τέτταρα. {- - -}
δʹ. Πῶς συνέστηκεν ὁ κόσμος.
Ὁ τοίνυν κόσμος συνέστη περικεκλασμένῳ σχήματι ἐσχηματισμένος τὸν τρόπον
τοῦτον. Τῶν ἀτόμων σωμάτων ἀπρονόητον καὶ τυχαίαν ἐχόντων τὴν κίνησιν
συνεχῶς τε (878d) καὶ τάχιστα κινουμένων εἰς τὸ αὐτό, πολλὰ σώματα
συνηθροίσθη, {καὶ} διὰ τοῦτο ποικιλίαν ἔχοντα καὶ σχημάτων καὶ μεγεθῶν.
Ἀθροιζομένων δ´ ἐν ταὐτῷ τούτων, τὰ μέν, ὅσα μείζονα ἦν καὶ βαρύτατα,
πάντως ὑπεκάθιζεν· ὅσα δὲ μικρὰ καὶ περιφερῆ καὶ λεῖα καὶ εὐόλισθα, ταῦτα
καὶ ἐξεθλίβετο κατὰ τὴν σύνοδον τῶν σωμάτων εἴς τε τὸ μετέωρον ἀνεφέρετο.
Ὡς δ´ οὖν ἐξέλιπε μὲν ἡ πληκτικὴ δύναμις μετεωρίζουσα, οὐκέτι δ´ ἦγεν ἡ
πληγὴ πρὸς τὸ μετέωρον, ἐκωλύετο δὲ ταῦτα κάτω φέρεσθαι, ἐπιέζετο πρὸς
τοὺς τόπους τοὺς δυναμένους δέξασθαι· (878e) οὗτοι δ´ ἦσαν οἱ πέριξ, καὶ
πρὸς τούτοις τὸ πλῆθος τῶν σωμάτων περιεκλᾶτο, περιπλεκόμενα δ´ ἀλλήλοις
κατὰ τὴν περίκλασιν τὸν οὐρανὸν ἐγέννησεν· τῆς δ´ αὐτῆς ἐχόμεναι φύσεως
αἱ ἄτομοι, ποικίλαι οὖσαι, καθὼς εἴρηται, πρὸς τὸ μετέωρον ἐξωθούμεναι
τὴν τῶν ἀστέρων φύσιν ἀπετέλουν· τὸ δὲ πλῆθος τῶν ἀναθυμιωμένων σωμάτων
ἔπληττε τὸν ἀέρα καὶ τοῦτον ἐξέθλιβε· πνευματούμενος δ´ οὗτος κατὰ τὴν
κίνησιν καὶ συμπεριλαμβάνων τὰ ἄστρα (878f) συμπεριῆγε ταῦτα καὶ τὴν νῦν
περιφορὰν αὐτῶν μετέωρον ἐφύλαττε. Κἄπειτα ἐκ μὲν τῶν ὑποκαθιζόντων
ἐγεννήθη ἡ γῆ, ἐκ δὲ τῶν μετεωριζομένων οὐρανὸς πῦρ ἀήρ. Πολλῆς δ´ ὕλης
ἔτι περιειλημμένης ἐν τῇ γῇ, πυκνουμένης τε ταύτης κατὰ τὰς ἀπὸ τῶν
πνευμάτων πληγὰς καὶ τὰς ἀπὸ τῶν ἀστέρων αὔρας, προσεθλίβετο πᾶς ὁ
μικρομερὴς σχηματισμὸς ταύτης καὶ τὴν ὑγρὰν φύσιν ἐγέννα· ῥευστικῶς δ´
αὕτη διακειμένη κατεφέρετο πρὸς τοὺς κοίλους τόπους καὶ δυναμένους χωρῆσαί
τε καὶ στέξαι, ἢ καθ´ αὑτὸ τὸ ὕδωρ ὑποστὰν ἐκοίλανε τοὺς ὑποκειμένους
τόπους. Τὰ μὲν οὖν κυριώτατα μέρη τοῦ κόσμου τὸν τρόπον τοῦτον ἐγεννήθη.
| [1,878] (878a) Empédocle d'Agrigente, fils de Méton, admet quatre éléments, le
feu, l'air, l'eau et la terre ; et deux principes ou facultés, l'amitié et
la discorde, dont l'une unit les substances, et l'autre les sépare. Voici
comme il s'exprime :
"Le brillant Jupiter et l'aimable Junon,
La féconde Nestis, le sévère Pluton,
Exerçant de concert la suprême puissance,
A ce vaste univers ont donné l'existence".
Il donne au feu et à l'éther le nom de Jupiter, à l'air celui
de Junon vivifiante, à la terre celui de Pluton, et à l'eau celui de
Nestis, qui est le principe de la fécondité humaine.
Socrate, fils de Sophronisque, et Platon, fils d'Ariston, tous deux
Athéniens, ont eu l'un et l'autre les mêmes opinions sur la formation de
l'univers. Ils établissent trois principes, Dieu, la matière et
l'idée. Dieu est l'intelligence suprême ; la matière est le premier
sujet de la génération et de la corruption ; l'idée est l'essence
incorporelle des choses, laquelle existe dans la pensée et l'imagination
divine, et Dieu est l'âme du monde.
Aristote de Stagire, fils de Nicomachus, suppose plusieurs principes, qui
sont l'entéléchie ou la forme, la matière et la privation. Il dit qu'il y
a quatre éléments, et une cinquième substance de nature éthérée et immuable.
Zénon le Citien, fils de Mnaséas, établit deux principes, Dieu et la
matière, (878c) dont l'un est cause efficiente et l'autre sujet. Il admet
aussi quatre éléments.
CHAPITRE IV. Comment le monde a été formé.
Le monde a pris de la manière suivante la forme sphérique qu'il a
maintenant. Les atomes n'ayant qu'un mouvement fortuit, qui n'était pas
l'effet d'une faculté intelligente, (878d) et étant mus constamment avec
beaucoup de rapidité autour d'un même point, plusieurs de ces corps se
réunirent, et prirent nécessairement différentes figures et
différentes grandeurs. Ainsi resserrés dans un même espace, les plus
grands et les plus pesants occupèrent le bas ; et tous ceux qui étaient
légers, ronds, polis et glissants, pressés par le choc de tous ces corps,
gagnèrent l'espace supérieur. Dès que la puissance dont l'impulsion les
forçait de s'élever se fut affaiblie, et que le choc ne fut plus capable
de les faire monter, comme en même temps il leur était impossible de
descendre, ils furent poussés vers les lieux qui pouvaient les recevoir,
(878e) c'est-à-dire vers les espaces qui les environnaient, où un grand
nombre de corps s'étant repliés, formèrent le ciel par leur réunion et
leur réflexion mutuelle. Les atomes de même nature et de forme différente,
poussés, comme on l'a déjà dit, vers les régions supérieures, produisirent
les astres. Le grand nombre de corps qui s'élevèrent en exhalaisons
frappèrent l'air, le comprimèrent; et cet élément ayant acquis par cette
impression la nature du vent, il environna les astres, (878f) les entraîna
dans sa marche, et produisit cette révolution des corps célestes qui dure
encore aujourd'hui. Des atomes qui occupèrent l'espace inférieur se forma
la terre, et de ceux qui s'étaient élevés dans les parties supérieures
naquirent le ciel, le feu et l'air. Comme il restait beaucoup de matière
renfermée dans la terre, et qu'elle avait été condensée par la pression
des vents et par le souffle des astres, chacune de ces petites parties fut
comprimée et produisit la substance humide. Celle-ci, par sa fluidité
naturelle, alla occuper les endroits creux qui pouvaient la recevoir et la
contenir, ou bien le séjour qu'elle fit sur certains lieux y produisit des
cavités. C'est ainsi que se formèrent les principales parties du monde.
|