HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, III, livre VI

Chapitre 15

 Chapitre 15

[3,6,15] Ἐπὶ μὲν οὖν τῶν τὸ πῦρ ἐξ ἡλίου περὶ αὐτὰ συναγόντων ἅτε παρὰ αἰσθητοῦ πυρὸς λαμβανόντων τὴν περὶ αὐτὰ γινομένην ἔξαψιν τὸ αἰσθητοῖς εἶναι καὶ αὐτοῖς ὑπάρχει· διὸ καὶ φαίνεται, ὅτι ἔξω τὰ συνιστάμενα καὶ ἐφεξῆς καὶ πλησίον καὶ ἅπτεται καὶ πέρατα δύο· δ´ ἐπὶ τῆς ὕλης λόγος ἄλλον ἔχει τρόπον τὸ ἔξω. γὰρ ἑτερότης τῆς φύσεως ἀρκεῖ οὐδὲν πέρατος διπλοῦ δεομένη, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον παντὸς πέρατος ἀλλοτρία τῇ ἑτερότητι τῆς οὐσίας καὶ οὐδαμῇ συγγενείᾳ τὸ ἀμιγὲς ἔχουσα· καὶ τὸ αἴτιον τοῦ μένειν ἐπ´ αὐτῆς τοῦτο, ὅτι μή τι τὸ εἰσιὸν ἀπολαύει αὐτῆς, οὐδ´ αὐτὴ τοῦ εἰσιόντος· ἀλλ´ ὥσπερ αἱ δόξαι καὶ αἱ φαντασίαι ἐν ψυχῇ οὐ κέκρανται, ἀλλ´ ἄπεισι πάλιν ἑκάστη ὡς οὖσα ἐστι μόνη οὐδὲν ἐφέλκουσα οὐδὲ καταλείπουσα, ὅτι μὴ ἐμέμικτο· καὶ τὸ ἔξω, οὐχ ὅτι ἐπέκειτο, καὶ ἐφ´ ἐστιν οὐχ ὁράσει ἕτερον, ἀλλ´ λόγος φησίν. Ἐνταῦθα μὲν οὖν εἴδωλον ὂν φαντασία οὐκ εἰδώλου τὴν φύσιν οὔσης τῆς ψυχῆς, καίπερ πολλὰ δοκοῦσα ἄγειν καὶ ὅπῃ θέλει ἄγειν, χρῆται μὲν αὐτῇ οὐδὲν ἧττον ὡς ὕλῃ ἀνάλογον, οὐ μέντοι ἔκρυψε ταῖς παρ´ αὐτῆς ἐνεργείαις πολλάκις ἐξωθουμένη οὐδὲ ἐποίησεν αὐτήν, οὐδ´ εἰ μετὰ πάσης ἔλθοι, κεκρύφθαι καί τι αὐτὴν φαντάζεσθαι· ἔχει γὰρ ἐν αὐτῇ ἐνεργείας καὶ λόγους ἐναντίους, οἷς ἀπωθεῖται τὰ προσιόντα. δὲἀσθενεστέρα γάρ ἐστιν {} ὡς πρὸς δύναμιν πολλῷ ψυχῆς καὶ ἔχει οὐδὲν τῶν ὄντων οὔτ´ ἀληθὲς οὔτ´ αὖ οἰκεῖον ψεῦδοςοὐκ ἔχει δὲ δι´ ὅτου φανῇ ἐρημία πάντων οὖσα, ἀλλὰ γίνεται μὲν αἰτία ἄλλοις τοῦ φαίνεσθαι, οὐ δύναται δὲ εἰπεῖν οὐδὲ τοῦτο, ὡς «ἐγὼ ἐνταῦθα», ἀλλ´ εἴ ποτε ἐξεύροι αὐτὴν λόγος βαθύς τις ἐξ ἄλλων ὄντων, ὡς ἄρα ἐστί τι ἀπολελειμμένον πάντων τῶν ὄντων καὶ τῶν ὕστερον δοξάντων εἶναι, ἑλκόμενον εἰς πάντα καὶ ἀκολουθοῦν ὡς δόξαι καὶ αὖ οὐκ ἀκολουθοῦν. [3,6,15] Les objets qui concentrent les rayons du soleil, recevant du feu sensible ce qui s'enflamme à leur foyer, sont eux-mêmes visibles. Ils apparaissent, parce que les images qui se forment sont autour et auprès d'eux, qu'elles se touchent, et enfin qu'il y a deux limites dans ces objets. Mais, quand la raison {séminale} est dans la matière, elle lui est extérieure d'une tout autre manière : c'est qu'elle a une nature différente. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait ici deux limites : la matière et la raison sont étrangères l'une à l'autre par la différence d'essence et l'opposition de nature qui rend leur mélange impossible. La cause qui fait que chacune demeure en elle-même, c'est que ce qui entre dans la matière ne la possède pas, non plus que la matière ne possède ce qui entre en elle. C'est ainsi que l'opinion et l'imagination ne se mêlent pas dans notre âme, que chacune d'elles reste ce qu'elle est, sans rien entraîner ni rien laisser, parce qu'il n'y a pas là de mixtion. Ces puissances sont extérieures l'une à l'autre, non qu'elles soient juxtaposées, mais parce qu'elles ont entre elles une différence qui est saisie par la raison au lieu de l'être par la vue. Ici l'imagination est une espèce de fantôme (quoique l'âme elle-même ne soit pas un fantôme, qu'elle paraisse faire et qu'elle fasse en effet beaucoup d'actes comme elle veut) ; l'imagination, dis-je, est alors avec l'âme à peu près dans le même rapport que la forme avec la matière. Cependant, elle ne cache point l'âme, qui l'écarté souvent par ses opérations ; jamais elle ne saurait la cacher tout à fait, lors même qu'elle la pénétrerait tout entière et qu'elle paraîtrait la voiler complètement. En effet, l'âme renferme en elle-même des opérations et des raisons contraires {à l'imagination}, par lesquelles elle écarte les fantômes qui viennent l'assiéger. Mais la matière, étant infiniment plus faible que l'âme, n'a absolument rien des êtres, soit de vrai, soit de faux, qui lui appartienne en propre. Elle n'a rien qui puisse la faire apparaître elle-même, elle est le dénuement absolu de toutes choses. Elle est seulement pour les autres choses une forme d'apparence ; mais elle ne saurait dire : Je suis ici ou là. Si une raison profonde parvient à découvrir la matière en partant des autres êtres, elle affirme que la matière est une chose complètement abandonnée des êtres véritables; mais comme les choses postérieures aux êtres véritables paraissent elles-mêmes être, la matière est en quelque sorte étendue en toutes ces choses, semble à la fois les suivre et ne pas les suivre.


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Dernière mise à jour : 5/05/2010