[197] (197a) (ΣΩ.) Οὐδένα ὤν γε ὃς εἰμί, εἰ μέντοι ἦ ἀντιλογικός· οἷος
ἀνὴρ εἰ καὶ νῦν παρῆν, τούτων τ´ ἂν ἔφη ἀπέχεσθαι καὶ
ἡμῖν σφόδρ´ ἂν ἃ ἐγὼ λέγω ἐπέπληττεν. ἐπειδὴ οὖν ἐσμεν
φαῦλοι, βούλει τολμήσω εἰπεῖν οἷόν ἐστι τὸ ἐπίστασθαι;
φαίνεται γάρ μοι προὔργου τι ἂν γενέσθαι.
(ΘΕΑΙ.) Τόλμα τοίνυν νὴ Δία. τούτων δὲ μὴ ἀπεχομένῳ
σοι ἔσται πολλὴ συγγνώμη.
(ΣΩ.) Ἀκήκοας οὖν ὃ νῦν λέγουσιν τὸ ἐπίστασθαι;
(ΘΕΑΙ.) Ἴσως· οὐ μέντοι ἔν γε τῷ παρόντι μνημονεύω.
(197b) (ΣΩ.) Ἐπιστήμης που ἕξιν φασὶν αὐτὸ εἶναι.
(ΘΕΑΙ.) Ἀληθῆ.
(ΣΩ.) Ἡμεῖς τοίνυν σμικρὸν μεταθώμεθα καὶ εἴπωμεν
ἐπιστήμης κτῆσιν.
(ΘΕΑΙ.) Τί οὖν δὴ φήσεις τοῦτο ἐκείνου διαφέρειν;
(ΣΩ.) Ἴσως μὲν οὐδέν· ὃ δ´ οὖν δοκεῖ ἀκούσας συνδοκίμαζε.
(ΘΕΑΙ.) Ἐάνπερ γε οἷός τ´ ὦ.
(ΣΩ.) Οὐ τοίνυν μοι ταὐτὸν φαίνεται τῷ κεκτῆσθαι τὸ
ἔχειν. οἷον ἱμάτιον πριάμενός τις καὶ ἐγκρατὴς ὢν μὴ φορῶν,
ἔχειν μὲν οὐκ ἂν αὐτὸν αὐτό, κεκτῆσθαί γε μὴν φαῖμεν.
(ΘΕΑΙ.) Ὀρθῶς γε.
(197c) (ΣΩ.) Ὅρα δὴ καὶ ἐπιστήμην εἰ δυνατὸν οὕτω κεκτημένον
μὴ ἔχειν, ἀλλ´ ὥσπερ εἴ τις ὄρνιθας ἀγρίας, περιστερὰς ἤ
τι ἄλλο, θηρεύσας οἴκοι κατασκευασάμενος περιστερεῶνα
τρέφοι, τρόπον μὲν {γὰρ} ἄν πού τινα φαῖμεν αὐτὸν αὐτὰς
ἀεὶ ἔχειν, ὅτι δὴ κέκτηται. ἦ γάρ;
(ΘΕΑΙ.) Ναί.
(ΣΩ.) Τρόπον δέ γ´ ἄλλον οὐδεμίαν ἔχειν, ἀλλὰ δύναμιν
μὲν αὐτῷ περὶ αὐτὰς παραγεγονέναι, ἐπειδὴ ἐν οἰκείῳ περιβόλῳ
ὑποχειρίους ἐποιήσατο, λαβεῖν καὶ σχεῖν ἐπειδὰν
(197d) βούληται, θηρευσαμένῳ ἣν ἂν ἀεὶ ἐθέλῃ, καὶ πάλιν ἀφιέναι,
καὶ τοῦτο ἐξεῖναι ποιεῖν ὁποσάκις ἂν δοκῇ αὐτῷ.
(ΘΕΑΙ.) Ἔστι ταῦτα.
(ΣΩ.) Πάλιν δή, ὥσπερ ἐν τοῖς πρόσθεν κήρινόν τι ἐν ταῖς
ψυχαῖς κατεσκευάζομεν οὐκ οἶδ´ ὅτι πλάσμα, νῦν αὖ ἐν ἑκάστῃ
ψυχῇ ποιήσωμεν περιστερεῶνά τινα παντοδαπῶν ὀρνίθων,
τὰς μὲν κατ´ ἀγέλας οὔσας χωρὶς τῶν ἄλλων, τὰς δὲ κατ´
ὀλίγας, ἐνίας δὲ μόνας διὰ πασῶν ὅπῃ ἂν τύχωσι πετομένας.
(197e) (ΘΕΑΙ.) Πεποιήσθω δή. ἀλλὰ τί τοὐντεῦθεν;
(ΣΩ.) Παιδίων μὲν ὄντων φάναι χρὴ εἶναι τοῦτο τὸ ἀγγεῖον
κενόν, ἀντὶ δὲ τῶν ὀρνίθων ἐπιστήμας νοῆσαι· ἣν δ´ ἂν
ἐπιστήμην κτησάμενος καθείρξῃ εἰς τὸν περίβολον, φάναι
αὐτὸν μεμαθηκέναι ἢ ηὑρηκέναι τὸ πρᾶγμα οὗ ἦν αὕτη ἡ
ἐπιστήμη, καὶ τὸ ἐπίστασθαι τοῦτ´ εἶναι.
(ΘΕΑΙ.) Ἔστω.
| [197] (SOCRATE)
D’aucune, étant l’homme que je suis, mais je le pourrais si j’étais un
disputeur. Si un tel homme était ici en ce moment, il affirmerait bien qu’il
s’abstient de ces termes et me tancerait vertement sur les mots dont je me sers.
Mais puisque nous ne sommes que de pauvres discoureurs, veux-tu que je
m’aventure à dire ce que c’est que savoir ? car il me semble que nous aurions
profit à le faire.
(THÉÉTÈTE)
Ose donc le dire, par Zeus ; et, si tu ne te passes pas de ces termes, on te le
pardonnera facilement.
(SOCRATE)
XXXVI. — Eh bien, as-tu entendu comment on définit aujourd’hui le savoir ?
(THÉÉTÈTE)
Peut-être, mais pour le moment je ne m’en souviens pas.
(SOCRATE)
On dit que c’est avoir la science.
(THÉÉTÈTE)
C’est vrai.
(SOCRATE)
Faisons, nous, un léger changement et disons que c’est posséder la science.
(THÉÉTÈTE)
Mais alors quelle différence mets-tu entre l’un et l’autre ?
(SOCRATE)
Il n’y en a peut-être aucune ; écoute néanmoins ce qu’il m’en semble et aide-moi
à en vérifier la justesse.
(THÉÉTÈTE)
Oui, si j’en suis capable.
(SOCRATE)
Eh bien, posséder ne me paraît pas être la même chose qu’avoir. Par exemple, si
quelqu’un a acheté un habit et en est le maître, mais ne le porte pas, nous
pouvons dire non pas qu’il l’a, mais qu’il le possède.
(THÉÉTÈTE)
Et avec raison.
(SOCRATE)
Vois donc si l’on peut de même posséder la science sans l’avoir, comme un homme
qui aurait pris des oiseaux sauvages, ramiers ou autres, et les nourrirait chez
lui dans un colombier qu’il aurait fait construire. En un sens, nous pourrions
dire qu’il les a toujours, puisqu’il les possède. N’est-ce pas vrai ?
(THÉÉTÈTE)
Si.
(SOCRATE)
Mais, en un autre sens, qu’il n’en a aucun, mais qu’il a sur eux, puisqu’il les
a mis sous sa main dans un enclos à lui, le pouvoir de les prendre et de les
avoir, quand il le voudra, en attrapant tour à tour celui qu’il juge à propos,
et de les lâcher ensuite, et qu’il peut le faire toutes les fois que la
fantaisie lui en prend.
(THÉÉTÈTE)
C’est vrai.
(SOCRATE)
Faisons encore une fois ce que nous avons fait précédemment, en modelant dans
nos âmes je ne sais quelle figure de cire. Faisons à présent dans chaque âme une
sorte de colombier avec toutes sortes d’oiseaux, les uns vivant en troupes et
séparés des autres, les autres par petites bandes, et quelques-uns solitaires et
volant au hasard parmi tous les autres.
(THÉÉTÈTE)
Supposons qu’il est fait, mais après ?
(SOCRATE)
Dans la première enfance, il faut supposer que ce réceptacle est vide et, en
place des oiseaux, nous figurer des sciences. Lors donc que, s’étant rendu
possesseur d’une science, on l’a enfermée dans l’enclos, on peut dire qu’on a
appris ou trouvé la chose dont elle est la science et que cela même est savoir.
(THÉÉTÈTE)
Soit.
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