[278] (278a) (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς γὰρ οὔ;
356. (Ξένος)
ταὐτὰ δέ γε ταῦτα ἐν ἄλλαις ἀμφιγνοοῦντες πάλιν δόξῃ τε
ψεύδονται καὶ λόγῳ.
357. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάνυ μὲν οὖν.
358. (Ξένος)
ἆρ' οὖν οὐχ ὧδε ῥᾷστον καὶ κάλλιστον ἐπάγειν αὐτοὺς ἐπὶ
τὰ μήπω γιγνωσκόμενα;
359. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς;
360. (Ξένος)
ἀνάγειν πρῶτον ἐπ' ἐκεῖνα ἐν οἷς ταὐτὰ ταῦτα ὀρθῶς
ἐδόξαζον, ἀναγαγόντας δὲ τιθέναι παρὰ τὰ μήπω (278b)
γιγνωσκόμενα, καὶ παραβάλλοντας ἐνδεικνύναι τὴν αὐτὴν
ὁμοιότητα καὶ φύσιν ἐν ἀμφοτέραις οὖσαν ταῖς συμπλοκαῖς,
μέχριπερ ἂν πᾶσι τοῖς ἀγνοουμένοις τὰ δοξαζόμενα
ἀληθῶς παρατιθέμενα δειχθῇ, δειχθέντα δέ, παραδείγματα
οὕτω γιγνόμενα, ποιήσῃ τῶν στοιχείων ἕκαστον πάντων ἐν
πάσαις ταῖς συλλαβαῖς τὸ μὲν ἕτερον ὡς τῶν ἄλλων ἕτερον
ὄν, τὸ (278c) δὲ ταὐτὸν ὡς ταὐτὸν ἀεὶ κατὰ ταὐτὰ ἑαυτῷ
προσαγορεύεσθαι.
361. (Νεώτερος Σωκράτης)
παντάπασι μὲν οὖν.
362. (Ξένος)
οὐκοῦν τοῦτο μὲν ἱκανῶς συνειλήφαμεν, ὅτι
παραδείγματός γ' ἐστὶ τότε γένεσις, ὁπόταν ὂν ταὐτὸν ἐν
ἑτέρῳ διεσπασμένῳ δοξαζόμενον ὀρθῶς καὶ συναχθὲν περὶ
ἑκάτερον ὡς συνάμφω μίαν ἀληθῆ δόξαν ἀποτελῇ;
363. (Νεώτερος Σωκράτης)
φαίνεται.
364. (Ξένος)
θαυμάζοιμεν ἂν οὖν εἰ ταὐτὸν τοῦτο ἡμῶν ἡ ψυχὴ (278d)
φύσει περὶ τὰ τῶν πάντων στοιχεῖα πεπονθυῖα τοτὲ μὲν ὑπ'
ἀληθείας περὶ ἓν ἕκαστον ἔν τισι συνίσταται, τοτὲ δὲ περὶ
ἅπαντα ἐν ἑτέροις αὖ φέρεται, καὶ τὰ μὲν αὐτῶν ἁμῇ γέ πῃ
τῶν συγκράσεων ὀρθῶς δοξάζει, μετατιθέμενα δ' εἰς τὰς
τῶν πραγμάτων μακρὰς καὶ μὴ ῥᾳδίους συλλαβὰς ταὐτὰ
ταῦτα πάλιν ἀγνοεῖ;
365. (Νεώτερος Σωκράτης)
καὶ θαυμαστόν γε οὐδέν.
366. (Ξένος)
πῶς γάρ, ὦ φίλε, δύναιτο ἄν τις ἀρχόμενος ἀπὸ (278e) δόξης
ψευδοῦς ἐπί τι τῆς ἀληθείας καὶ μικρὸν μέρος ἀφικόμενος
κτήσασθαι φρόνησιν;
367. (Νεώτερος Σωκράτης)
σχεδὸν οὐδαμῶς.
368. (Ξένος)
οὐκοῦν ταῦτα εἰ ταύτῃ πέφυκεν, οὐδὲν δὴ πλημμελοῖμεν ἂν
ἐγώ τε καὶ σὺ πρῶτον μὲν ἐπιχειρήσαντες ὅλου
παραδείγματος ἰδεῖν τὴν φύσιν ἐν σμικρῷ κατὰ μέρος ἄλλῳ
παραδείγματι, μετὰ δὲ ταῦτα μέλλοντες, ἐπὶ τὸ τοῦ
βασιλέως μέγιστον ὂν ταὐτὸν εἶδος ἀπ' ἐλαττόνων
φέροντές ποθεν, διὰ παραδείγματος ἐπιχειρεῖν αὖ τὴν τῶν
κατὰ πόλιν θεραπείαν τέχνῃ γνωρίζειν, ἵνα ὕπαρ ἀντ'
ὀνείρατος ἡμῖν γίγνηται;
369. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάνυ μὲν οὖν ὀρθῶς.
| [278] (SOCRATE LE JEUNE)
Sans doute.
(L’ÉTRANGER)
Mais s’ils trouvent ces mêmes éléments dans d’autres syllabes, ils ne les
reconnaissent plus et en jugent et en parlent d’une manière erronée.
(SOCRATE LE JEUNE)
Certainement.
(L’ÉTRANGER)
Or le moyen le plus facile et le plus beau de les amener à connaître ce qu’ils
ne connaissent pas encore, ne serait-ce pas celui-ci ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Lequel ?
L’ ÉTRANGER
Les ramener d’abord aux groupes où ils avaient des opinions correctes sur ces
mêmes lettres, puis, cela fait, les placer devant les groupes qu’ils ne
connaissent pas encore et leur faire voir, en les comparant, que les lettres ont
la même forme et la même nature dans les deux composés, jusqu’à ce qu’on leur
ait montré, en face de tous les groupes qu’ils ignorent, ceux qu’ils
reconnaissent exactement, et que ces groupes ainsi montrés deviennent des
paradigmes qui leur apprennent, pour chacune des lettres, dans quelque syllabe
qu’elle se trouve, à désigner comme autre que les autres celle qui est autre, et
comme toujours la même et identique à elle-même celle qui est la même.
(SOCRATE LE JEUNE)
J’en suis entièrement d’accord.
(L’ÉTRANGER)
Maintenant nous voyons bien, n’est-ce pas, que ce qui constitue un paradigme,
c’est le fait que le même élément est reconnu exactement dans un autre groupe
distinct et que sur l’un et l’autre, comme s’ils formaient un seul ensemble, on
se forme une opinion vraie unique.
(SOCRATE LE JEUNE)
Apparemment.
(L’ÉTRANGER)
Nous étonnerons-nous donc que notre âme, naturellement sujette aux mêmes
incertitudes en ce qui concerne les éléments de toutes choses, tantôt se tienne
ferme sur la vérité à l’égard de chaque élément dans certains composés, et
tantôt se fourvoie sur tous les éléments de certains autres et qu’elle se forme
d’une manière ou d’une autre une opinion droite sur certains éléments de ces
combinaisons et qu’elle les méconnaisse quand ils sont transposés dans les
syllabes longues et difficiles de la réalité ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Il n’y a là rien d’étonnant.
(L’ÉTRANGER)
Le moyen, en effet, mon ami, quand on part d’une opinion fausse, d’atteindre
même la moindre parcelle de vérité et d’acquérir de la sagesse ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Ce n’est guère possible.
(L’ÉTRANGER)
Si donc il en est ainsi, nous ne ferions certainement pas mal, toi et moi, après
avoir d’abord essayé de voir la nature de l’exemple en général dans un petit
exemple particulier, d’appliquer ensuite le même procédé, expérimenté sur de
petits objets, à l’objet très important qu’est la royauté, pour tenter de
nouveau, au moyen de l’exemple, de reconnaître méthodiquement ce que c’est que
le soin des choses de l’Etat et de passer ainsi du rêve à la veille. N’est-ce
pas juste ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Tout à fait juste.
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