[160] (160a)
Ὅμοια μὲν γὰρ ἂν ὄντα ἢ ἀνόμοια ἑνὸς ἂν τοῦ ἑτέρου εἴδους μετέχοι, ἀμφότερα δὲ ὄντα δυοῖν τοῖν ἐναντίοιν· ταῦτα δὲ ἀδύνατον ἐφάνη.
Ἀληθῆ.
Οὐδ' ἄρα τὰ αὐτὰ οὐδ' ἕτερα, οὐδὲ κινούμενα οὐδὲ ἑστῶτα, οὐδὲ γιγνόμενα
οὐδὲ ἀπολλύμενα, οὐδὲ μείζω οὐδὲ ἐλάττω οὐδὲ ἴσα· οὐδὲ ἄλλο οὐδὲν πέπονθε
τῶν τοιούτων· εἰ γάρ τι τοιοῦτον πεπονθέναι ὑπομένει τὰ ἄλλα, καὶ ἑνὸς καὶ
δυοῖν καὶ τριῶν καὶ περιττοῦ καὶ ἀρτίου μεθέξει, ὧν αὐτοῖς ἀδύνατον (160b)
ἐφάνη μετέχειν τοῦ ἑνός γε πάντῃ πάντως στερομένοις.
Ἀληθέστατα.
Οὕτω δὴ ἓν εἰ ἔστιν, πάντα τέ ἐστι τὸ ἓν καὶ οὐδὲ ἕν ἐστι καὶ πρὸς ἑαυτὸ
καὶ πρὸς τὰ ἄλλα ὡσαύτως.
Παντελῶς μὲν οὖν.
Εἶεν· εἰ δὲ δὴ μὴ ἔστι τὸ ἕν, τί χρὴ συμβαίνειν ἆρ' οὐ σκεπτέον μετὰ
τοῦτο;
Σκεπτέον γάρ.
Τίς οὖν ἂν εἴη αὕτη ἡ ὑπόθεσις, εἰ ἓν μὴ ἔστιν; ἆρά τι διαφέρει τῆσδε, εἰ
μὴ ἓν μὴ ἔστιν;
Διαφέρει μέντοι.
Διαφέρει μόνον, ἢ καὶ πᾶν (160c) τοὐναντίον ἐστὶν εἰπεῖν εἰ μὴ ἓν μὴ ἔστι
τοῦ εἰ ἓν μὴ ἔστιν;
Πᾶν τοὐναντίον.
Τί δ' εἴ τις λέγοι εἰ μέγεθος μὴ ἔστιν ἢ σμικρότης μὴ ἔστιν ἤ τι ἄλλο τῶν
τοιούτων, ἆρα ἐφ' ἑκάστου ἂν δηλοῖ ὅτι ἕτερόν τι λέγοι τὸ μὴ ὄν;
Πάνυ γε.
Οὐκοῦν καὶ νῦν δηλοῖ ὅτι ἕτερον λέγει τῶν ἄλλων τὸ μὴ ὄν, ὅταν εἴπῃ ἓν εἰ
μὴ ἔστι, καὶ ἴσμεν ὃ λέγει;
Ἴσμεν.
Πρῶτον μὲν ἄρα γνωστόν τι λέγει, ἔπειτα ἕτερον τῶν ἄλλων, ὅταν εἴπῃ ἕν,
εἴτε τὸ εἶναι αὐτῷ προσθεὶς εἴτε (160d) τὸ μὴ εἶναι· οὐδὲν ἧττον
γιγνώσκεται, τί τὸ λεγόμενον μὴ εἶναι, καὶ ὅτι διάφορον τῶν ἄλλων. Ἢ οὔ;
Ἀνάγκη.
Ὧδε ἄρα λεκτέον ἐξ ἀρχῆς, ἓν εἰ μὴ ἔστι, τί χρὴ εἶναι. πρῶτον μὲν οὖν αὐτῷ
τοῦτο ὑπάρχειν δεῖ, ὡς ἔοικεν, εἶναι αὐτοῦ ἐπιστήμην, ἢ μηδὲ ὅτι λέγεται
γιγνώσκεσθαι, ὅταν τις εἴπῃ ἓν εἰ μὴ ἔστιν.
Ἀληθῆ.
Οὐκοῦν καὶ τὰ ἄλλα ἕτερα αὐτοῦ εἶναι, ἢ μηδὲ ἐκεῖνο ἕτερον τῶν ἄλλων
λέγεσθαι;
Πάνυ γε.
Καὶ ἑτεροιότης ἄρα ἐστὶν αὐτῷ πρὸς τῇ ἐπιστήμῃ. (160e) οὐ γὰρ τὴν τῶν
ἄλλων ἑτεροιότητα λέγει, ὅταν τὸ ἓν ἕτερον τῶν ἄλλων λέγῃ, ἀλλὰ τὴν
ἐκείνου.
Φαίνεται.
Καὶ μὴν τοῦ γε ἐκείνου καὶ τοῦ τινὸς καὶ τούτου καὶ τούτῳ καὶ τούτων καὶ
πάντων τῶν τοιούτων μετέχει τὸ μὴ ὂν ἕν· οὐ γὰρ ἂν τὸ ἓν ἐλέγετο οὐδ' ἂν
τοῦ ἑνὸς ἕτερα, οὐδ' ἐκείνῳ ἄν τι ἦν οὐδ' ἐκείνου, οὐδ' ἄν τι ἐλέγετο, εἰ
μήτε τοῦ τινὸς αὐτῷ μετῆν μήτε τῶν ἄλλων τούτων.
Ὀρθῶς.
| [160] (160a) car si elles étaient semblables ou dissemblables, elles
participeraient d'une de ces idées contraires, et de toutes les deux, si
elles étaient semblables et dissemblables à la fois; or, c'est ce que nous
avons trouvé impossible. — II est vrai. — Elles ne sont donc ni mêmes ni
autres, ni en mouvement ni en repos ; elles ne naissent ni ne périssent ;
elles ne sont ni plus grandes, ni plus petites, ni égales ; bref, elles
n'ont aucune de ces qualités ; car, si elles en admettaient quelqu'une,
elles participeraient de l'un, du double, du triple, de l'impair, du pair,
(160b) ce que nous avons vu être impossible, dès qu'elles sont entièrement
privées de l'un. — Très vrai. — Ainsi donc, si l'un existe, l'un est
toutes choses, et il n'est plus un ni pour lui, ni pour les autres choses.
— Incontestablement. — A la bonne heure. Après cela, ne faut-il
pas examiner ce qui doit arriver si l'un n'existe pas? — Certainement, il
le faut. — Qu'est-ce donc que cette supposition : si l'un n'existe pas?
diffère-t-elle de celle-ci: si le non-un n'existe pas? — Certes elle en
diffère. — En diffère-t-elle seulement, (160c) ou plutôt cette supposition
: si le non-un n'existe pas, n'est-elle pas tout le contraire de celle-ci
: si l'un n'existe pas? — Tout le contraire. — Mais quoi! quand on dit :
si la grandeur n'existe pas, si la petitesse n'existe pas, ni rien de
cette sorte, ne désigne-t-on pas comme différente chaque chose dont on dit
qu'elle n'existe pas ? — Tout à fait. — Eh bien ! dans le cas présent,
lorsque l'on dit : si l'un n'existe pas, ne donne-t-on pas à entendre que
cette chose qu'on dit ne pas être, est différente de toutes les autres ;
et savons-nous quelle est cette chose dont on parle ? — Nous le savons. —
D'abord on parle de quelque chose qui peut être connu, et ensuite de
quelque chose de différent de toute autre chose, si on parle de l'un, soit
(160d) qu'on lui attribue l'être ou le non-être; car, pour dire d'une
chose qu'elle n'est pas, il n'en faut pas moins connaître ce qu'elle est,
et qu'elle diffère de toutes les autres. N'est-il pas vrai ? —
Nécessairement. — Reprenons donc du commencement, et voyons ce qu'il y
aura si l'un n'existe pas. D'abord, il faut qu'il y ait une connaissance
de l'un, sous peine de ne pas savoir ce qu'on dit quand on dit : si l'un n'existe
pas. — Fort bien. — Et ne faut-il pas encore que les autres choses soient
différentes de lui, sans quoi on ne pourrait pas dire qu'il est lui-même
autre que les autres choses ? — Assurément. — Outre la science, il faut
donc attribuer à l'un la différence ; (160e) car ce n'est pas de la
différence des autres choses que l'on parle, quand on dit que l'un est
différent des autres choses, mais de sa différence à lui. — Certainement.
— L'un qui n'existe pas participe donc du celui-là, du quelque chose, du
celui-ci, et du à celui-ci, du ceux-ci, enfin de toutes les choses de
cette sorte ; car, autrement on ne pourrait pas parler de l'un ni des
choses différentes de l'un ; on ne pourrait dire qu'il y a quelque chose à
celui-là ou de celui-là, ni qu'il est lui-même quelque chose, s'il ne
participait pas de quelque chose et de tout le reste. — C'est vrai.
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