[161] Εἶναι μὲν δὴ τῷ ἑνὶ οὐχ οἷόν τε, εἴπερ γε μὴ ἔστι, μετέχειν δὲ πολλῶν
οὐδὲν (161a) κωλύει, ἀλλὰ καὶ ἀνάγκη, εἴπερ τό γε ἓν ἐκεῖνο καὶ μὴ ἄλλο μὴ
ἔστιν. Εἰ μέντοι μήτε τὸ ἓν μήτ' ἐκεῖνο μὴ ἔσται, ἀλλὰ περὶ ἄλλου του ὁ
λόγος, οὐδὲ φθέγγεσθαι δεῖ οὐδέν· εἰ δὲ τὸ ἓν ἐκεῖνο καὶ μὴ ἄλλο ὑπόκειται
μὴ εἶναι, καὶ τοῦ ἐκείνου καὶ ἄλλων πολλῶν ἀνάγκη αὐτῷ μετεῖναι.
Καὶ πάνυ γε.
Καὶ ἀνομοιότης ἄρα ἐστὶν αὐτῷ πρὸς τὰ ἄλλα· τὰ γὰρ ἄλλα τοῦ ἑνὸς ἕτερα
ὄντα ἑτεροῖα καὶ εἴη ἄν.
Ναί.
Τὰ δ' ἑτεροῖα οὐκ ἀλλοῖα;
Πῶς δ' οὔ;
Τὰ δ' ἀλλοῖα οὐκ (161b) ἀνόμοια;
Ἀνόμοια μὲν οὖν.
Οὐκοῦν εἴπερ τῷ ἑνὶ ἀνόμοιά ἐστι, δῆλον ὅτι ἀνομοίῳ τά γε ἀνόμοια ἀνόμοια
ἂν εἴη.
Δῆλον.
Εἴη δὴ ἂν καὶ τῷ ἑνὶ ἀνομοιότης, πρὸς ἣν τὰ ἄλλα ἀνόμοια αὐτῷ ἐστιν.
Ἔοικεν.
Εἰ δὲ δὴ τῶν ἄλλων ἀνομοιότης ἔστιν αὐτῷ, ἆρ' οὐκ ἀνάγκη ἑαυτοῦ ὁμοιότητα
αὐτῷ εἶναι;
Πῶς;
Εἰ ἑνὸς ἀνομοιότης ἔστι τῷ ἑνί, οὐκ ἄν που περὶ τοῦ τοιούτου ὁ λόγος εἴη
οἵου τοῦ ἑνός, οὐδ' ἂν ἡ ὑπόθεσις εἴη περὶ ἑνός, ἀλλὰ περὶ ἄλλου ἢ ἑνός.
Πάνυ (161c) γε.
Οὐ δεῖ δέ γε.
Οὐ δῆτα.
Δεῖ ἄρα ὁμοιότητα τῷ ἑνὶ αὐτοῦ ἑαυτῷ εἶναι.
Δεῖ.
Καὶ μὴν οὐδ' αὖ ἴσον γ' ἐστὶ τοῖς ἄλλοις· εἰ γὰρ εἴη ἴσον, εἴη τε ἂν ἤδη
καὶ ὅμοιον ἂν εἴη αὐτοῖς κατὰ τὴν ἰσότητα. ταῦτα δ' ἀμφότερα ἀδύνατα,
εἴπερ μὴ ἔστιν ἕν.
Ἀδύνατα.
Ἐπειδὴ δὲ οὐκ ἔστι τοῖς ἄλλοις ἴσον, ἆρα οὐκ ἀνάγκη καὶ τἆλλα ἐκείνῳ μὴ
ἴσα εἶναι;
Ἀνάγκη.
Τὰ δὲ μὴ ἴσα οὐκ ἄνισα;
Ναί.
Τὰ δὲ ἄνισα οὐ τῷ ἀνίσῳ ἄνισα;
Πῶς δ' οὔ;
Καὶ ἀνισότητος δὴ μετέχει τὸ ἕν, (161d) πρὸς ἣν τἆλλα αὐτῷ ἐστιν ἄνισα;
Μετέχει.
Ἀλλὰ μέντοι ἀνισότητός γε ἐστὶ μέγεθός τε καὶ σμικρότης.
Ἔστι γάρ.
Ἔστιν ἄρα καὶ μέγεθός τε καὶ σμικρότης τῷ τοιούτῳ ἑνί;
Κινδυνεύει.
Μέγεθος μὴν καὶ σμικρότης ἀεὶ ἀφέστατον ἀλλήλοιν.
Πάνυ γε.
Μεταξὺ ἄρα τι αὐτοῖν ἀεί ἐστιν.
Ἔστιν.
Ἔχεις οὖν τι ἄλλο εἰπεῖν μεταξὺ αὐτοῖν ἢ ἰσότητα;
Οὔκ, ἀλλὰ τοῦτο.
Ὅτῳ ἄρα ἔστι μέγεθος καὶ σμικρότης, ἔστι καὶ ἰσότης αὐτῷ μεταξὺ τούτοιν
οὖσα.
(161e) Φαίνεται.
Τῷ δὴ ἑνὶ μὴ ὄντι, ὡς ἔοικε, καὶ ἰσότητος ἂν μετείη καὶ μεγέθους καὶ
σμικρότητος.
Ἔοικεν.
Καὶ μὴν καὶ οὐσίας γε δεῖ αὐτὸ μετέχειν πῃ.
Πῶς δή;
Ἔχειν αὐτὸ δεῖ οὕτως ὡς λέγομεν· εἰ γὰρ μὴ οὕτως ἔχει, οὐκ ἂν ἀληθῆ
λέγοιμεν ἡμεῖς λέγοντες τὸ ἓν μὴ εἶναι· εἰ δὲ ἀληθῆ, δῆλον ὅτι ὄντα αὐτὰ
λέγομεν. ἢ οὐχ οὕτως;
Οὕτω μὲν οὖν.
| [161] — Sans doute si l'un n'existe pas, on ne peut pas dire qu'il existe. Mais
rien ne l'empêche de participer (161a) de beaucoup de choses, et il faut même
qu'il en participe, si c'est l'un, si c'est celui-là qui n'existe pas, et
non pas autre chose. Si, au contraire, ce n'est pas l'un, si ce n'est pas
celui-là qui n'existe pas, et qu'il soit question d'une autre chose, il
n'est plus possible d'en dire un mot. Mais si c'est l'un, ce que nous
désignons par celui-là, et non autre chose, qu'on suppose ne pas exister,
il faut bien qu'il participe et de celui-là et de beaucoup d'autres
choses. — A la bonne heure. — Il y a donc aussi en lui dissemblance par
rapport aux autres choses; car les autres choses étant différentes de
l'un, doivent être aussi de nature différente. — Oui. — Et ce qui est de
nature différente n'est-il pas divers ? — Sans contredit. — Et ce qui est
divers, (161b) n'est-il pas dissemblable ? — Oui. — Et s'il y a des choses
dissemblables à l'un, il est évident que ces choses dissemblables sont
dissemblables à quelque chose qui leur est dissemblable. — Oui. — Il y a
donc aussi dans l'un une dissemblance, par rapport à laquelle les autres
choses lui sont dissemblables. — C'est évident. — Or, s'il a en lui une
dissemblance à l'égard des autres choses, n'aura-t-il pas nécessairement
une ressemblance avec lui-même ? — Comment? — S'il y avait dans l'un de la
dissemblance à l'égard de l'un, il ne pourrait pas être question d'une
chose telle que l'un, et notre hypothèse ne porterait pas sur l'un, mais
sur autre chose que l'un. (161c) — Certainement. — Or, c'est ce qui ne
doit pas être. — Non. — Il faut donc que l'un ait de la ressemblance avec
lui-même ? — Il le faut. — Mais il n'est pas non plus égal aux autres
choses; car s'il leur était égal, dès lors il leur serait semblable en
vertu de cette égalité; or, l'un et l'autre est impossible, si l'un
n'existe pas. — Impossible. — Puisqu'il n'est pas égal aux autres choses,
n'est-il pas nécessaire que les autres choses ne soient pas non plus
égales à lui ? — C'est nécessaire. — Et ce qui n'est pas égal, n'est-il
pas inégal ? — Oui. — Et ce qui est inégal n'est-il pas inégal à l'inégal?
— Sans contredit. — L'un participe donc aussi de l'inégalité (161d) par
rapport à laquelle les autres choses lui sont inégales. — Il en participe.
— Or, à l'inégalité appartiennent la grandeur et la petitesse. — Oui. —
L'un aura donc aussi de la grandeur et de la petitesse. — Il y a
apparence. — La grandeur et la petitesse sont toujours éloignées l'une de
l'autre. — Assurément. — Il y a donc entre elles quelque chose
d'intermédiaire. — Oui. — Connais-tu quelque autre chose qui puisse être
intermédiaire entre elles, que l'égalité? — Non, aucune autre que
celle-là. — Ainsi, ce qui a la grandeur et la petitesse a aussi l'égalité
qui en forme l'intermédiaire. — Évidemment. — Il paraît donc que l'un qui
n'existe pas, participe de l'égalité, de la grandeur et de la petitesse.
(161e) — Il paraît. — Mais il faut encore qu'il participe aussi de l'être.
— Comment cela ? — Il faut qu'il en soit de l'un comme nous disons là; si
non, nous ne dirions pas vrai en disant que l'un n'existe pas ; et si
nous avons dit vrai, il est évident que nous avons dit ce qui est ;
n'est-ce pas ? — Oui.
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