[162] Ἐπειδὴ δέ φαμεν ἀληθῆ λέγειν, ἀνάγκη (162a) ἡμῖν φάναι καὶ ὄντα λέγειν.
Ἀνάγκη.
Ἔστιν ἄρα, ὡς ἔοικε, τὸ ἓν οὐκ ὄν· εἰ γὰρ μὴ ἔσται μὴ ὄν, ἀλλά πῃ τοῦ
εἶναι ἀνήσει πρὸς τὸ μὴ εἶναι, εὐθὺς ἔσται ὄν.
Παντάπασι μὲν οὖν.
Δεῖ ἄρα αὐτὸ δεσμὸν ἔχειν τοῦ μὴ εἶναι τὸ εἶναι μὴ ὄν, εἰ μέλλει μὴ εἶναι,
ὁμοίως ὥσπερ τὸ ὂν τὸ μὴ ὂν ἔχειν μὴ εἶναι, ἵνα τελέως αὖ (εἶναι) ᾖ· οὕτως
γὰρ ἂν τό τε ὂν μάλιστ' ἂν εἴη καὶ τὸ μὴ ὂν οὐκ ἂν εἴη, μετέχοντα τὸ μὲν
ὂν οὐσίας τοῦ εἶναι ὄν, μὴ οὐσίας δὲ τοῦ εἶναι μὴ (162b) ὄν, εἰ μέλλει
τελέως εἶναι, τὸ δὲ μὴ ὂν μὴ οὐσίας μὲν τοῦ μὴ εἶναι (μὴ) ὄν, οὐσίας δὲ
τοῦ εἶναι μὴ ὄν, εἰ καὶ τὸ μὴ ὂν αὖ τελέως μὴ ἔσται.
Ἀληθέστατα.
Οὐκοῦν ἐπείπερ τῷ τε ὄντι τοῦ μὴ εἶναι καὶ τῷ μὴ ὄντι τοῦ εἶναι μέτεστι,
καὶ τῷ ἑνί, ἐπειδὴ οὐκ ἔστι, τοῦ εἶναι ἀνάγκη μετεῖναι εἰς τὸ μὴ εἶναι.
Ἀνάγκη.
Καὶ οὐσία δὴ φαίνεται τῷ ἑνί, εἰ μὴ ἔστιν.
Φαίνεται.
Καὶ μὴ οὐσία ἄρα, εἴπερ μὴ ἔστιν.
Πῶς δ' οὔ;
Οἷόν τε οὖν τὸ ἔχον πως μὴ ἔχειν οὕτω, μὴ μεταβάλλον ἐκ ταύτης τῆς ἕξεως;
Οὐχ οἷόν τε.
Πᾶν ἄρα τὸ τοιοῦτον (162c) μεταβολὴν σημαίνει, ὃ ἂν οὕτω τε καὶ μὴ οὕτως
ἔχῃ.
Πῶς δ' οὔ;
Μεταβολὴ δὲ κίνησις· ἢ τί φήσομεν;
Κίνησις.
Οὐκοῦν τὸ ἓν ὄν τε καὶ οὐκ ὂν ἐφάνη;
Ναί.
Οὕτως ἄρα καὶ οὐχ οὕτως ἔχον φαίνεται.
Ἔοικεν.
Καὶ κινούμενον ἄρα τὸ οὐκ ὂν ἓν πέφανται, ἐπείπερ καὶ μεταβολὴν ἐκ τοῦ
εἶναι ἐπὶ τὸ μὴ εἶναι ἔχον.
Κινδυνεύει.
Ἀλλὰ μὴν εἰ μηδαμοῦ γέ ἐστι τῶν ὄντων, ὡς οὐκ ἔστιν εἴπερ μὴ ἔστιν, οὐδ'
ἂν μεθίσταιτό ποθέν ποι.
Πῶς γάρ;
Οὐκ ἄρα τῷ γε (162d) μεταβαίνειν κινοῖτ' ἄν.
Οὐ γάρ.
Οὐδὲ μὴν ἐν τῷ αὐτῷ ἂν στρέφοιτο· ταὐτοῦ γὰρ οὐδαμοῦ ἅπτεται. ὂν γὰρ ἐστὶ
τὸ ταὐτόν· τὸ δὲ μὴ ὂν ἔν τῳ τῶν ὄντων ἀδύνατον εἶναι.
Ἀδύνατον γάρ.
Οὐκ ἄρα τὸ ἕν γε μὴ ὂν στρέφεσθαι ἂν δύναιτο ἐν ἐκείνῳ ἐν ᾧ μὴ ἔστιν.
Οὐ γὰρ οὖν.
Οὐδὲ μὴν ἀλλοιοῦταί που τὸ ἓν ἑαυτοῦ, οὔτε τὸ ὂν οὔτε τὸ μὴ ὄν· οὐ γὰρ ἂν
ἦν ὁ λόγος ἔτι περὶ τοῦ ἑνός, εἴπερ ἠλλοιοῦτο αὐτὸ ἑαυτοῦ, ἀλλὰ περὶ ἄλλου
τινός.
Ὀρθῶς.
Εἰ δὲ μήτ' ἀλλοιοῦται μήτε ἐν ταὐτῷ στρέφεται μήτε μεταβαίνει, ἆρ' (162e)
ἄν πῃ ἔτι κινοῖτο;
Πῶς γάρ;
Τό γε μὴν ἀκίνητον ἀνάγκη ἡσυχίαν ἄγειν, τὸ δὲ ἡσυχάζον ἑστάναι.
Ἀνάγκη.
Τὸ ἓν ἄρα, ὡς ἔοικεν, οὐκ ὂν ἕστηκέ τε καὶ κινεῖται.
Ἔοικεν.
Καὶ μὴν εἴπερ γε κινεῖται, μεγάλη ἀνάγκη αὐτῷ ἀλλοιοῦσθαι·
| [162] — Mais, puisque nous prétendons avoir dit vrai, nous
prétendons (162a) aussi nécessairement avoir dit ce qui est. —
Nécessairement. — L'un est donc n'étant pas, car s'il n'est pas n'étant
pas, s'il laisse arriver quelque chose de l'être dans le non-être, de
non-être aussitôt il devient un être. — Sans aucun doute. — Il faut donc,
pour ne pas être, qu'il soit attaché au non-être par l'être du non-être,
de même que l'être, pour posséder parfaitement l'être, doit avoir le
non-être du non-être. En effet, c'est ainsi seulement que l'être sera et
que le non-être ne sera pas, l'être en participant à l'être d'être un être
et au non être d'être un non-être ; (162b) car ce n'est que de cette
manière qu'il sera parfaitement un être; le non-être, au contraire, en
participant au non-être de ne pas être un non être et à l'être d'être un
non-être ; car ce n'est aussi que de cette manière que le non-être sera
parfaitement le non-être. — Très bien. — Puis donc que l'être participe
du non-être, et le non-être de l'être, l'un aussi, s'il n'est pas, doit
nécessairement participer de l'être par rapport au non-être. —
Nécessairement. — Nous voyons donc l'être appartenir à l'un, s'il n'est
pas. — Nous le voyons. — Et le non-être aussi, par cela même qu'il n'est
pas. — Oui. — Mais est-il possible qu'une chose qui est d'une certaine
manière ne soit pas de cette manière sans qu'elle change de manière
d'être? — Cela n'est pas possible. — Ainsi, être d'une manière et être
d'une autre (162c) indique toujours un changement. — Sans doute. — Or, le
changement, c'est du mouvement; ou bien devons-nous dire autrement? —
C'est du mouvement. — Mais l'un ne nous a-t-il pas paru être et n'être pas ?
— Oui. — Il nous a donc paru être d'une manière et n'être pas de cette
manière. — Oui. — L'un n'étant pas nous a donc paru en mouvement .
puisqu'il nous a paru avoir changé de l'être au non-être. — Il semble. —
Cependant, si l'un ne fait aucunement partie des êtres, comme en effet il
n'en peut faire partie s'il n'est pas, il ne peut pas passer d'un endroit
à un autre. — Sans contredit. — Il ne peut donc se mouvoir (162d) en
changeant de lieu. — Non. — Mais il ne peut pas non plus tourner dans le
même lieu, n'ayant pas de rapport avec le même ; car le même est un être ;
or, ce qui n'est pas ne peut être dans aucun être. — C'est impossible. —
L'un, n'étant pas, ne peut donc pas tourner en quelque chose où il n'est
pas. — Non. — Cependant, l'un ne change pas non plus en s'altérant, ni
s'il est, ni s'il n'est pas; car, il ne pourrait être question de l'un
s'il changeait de nature, mais d'autre chose. — C'est juste. — Or, s'il
ne s'altère pas, ni ne tourne pas dans un même lieu, ni ne change pas de
lieu, (162e) pourra-t-il encore être en mouvement? — Non, sans doute. —
Mais ce qui n'est pas en mouvement reste nécessairement tranquille, et ce
qui reste tranquille est en repos. — Nécessairement. — Donc, l'un, en tant
qu'il n'est pas, est, à ce qu'il paraît, et en repos et en mouvement. —
Oui. — Mais s'il est en mouvement, il faut absolument qu'il subisse une
altération ;
|