[314] ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δῆτ' ἂν εἴη νόμος; Ἐπισκεψώμεθ' αὐτὸ ὧδε. Εἴ τις ἡμᾶς τὰ νυνδὴ λεγόμενα
ἀνήρετο, « Ἐπειδὴ ὄψει φατὲ (314a) τὰ ὁρώμενα ὁρᾶσθαι, τίνι ὄντι τῇ ὄψει ὁρᾶται;
» Ἄπεκρινάμεθ' ἂν αὐτῷ ὅτι αἰσθήσει ταύτῃ τῇ διὰ τῶν ὀφθαλμῶν δηλούσῃ τὰ
πράγματα· εἰ δ' αὖ ἤρετο ἡμᾶς, « Τί δέ; Ἐπειδὴ ἀκοῇ τὰ ἀκουόμενα ἀκούεται, τίνι
ὄντι τῇ ἀκοῇ; » Ἀπεκρινάμεθ' ἂν αὐτῷ ὅτι αἰσθήσει ταύτῃ τῇ διὰ τῶν ὤτων
δηλούσῃ ἡμῖν τὰς φωνάς. οὕτω τοίνυν καὶ εἰ ἀνέροιτο ἡμᾶς, « Ἐπειδὴ νόμῳ τὰ
νομιζόμενα νομίζεται, τίνι ὄντι τῷ νόμῳ νομίζεται; (314b) Πότερον αἰσθήσει τινὶ
ἢ δηλώσει, ὥσπερ τὰ μανθανόμενα μανθάνεται δηλούσῃ τῇ ἐπιστήμῃ, ἢ εὑρέσει
τινί, ὥσπερ τὰ εὑρισκόμενα εὑρίσκεται, οἷον τὰ μὲν ὑγιεινὰ καὶ νοσώδη ἰατρικῇ,
ἃ δὲ οἱ θεοὶ διανοοῦνται, ὥς φασιν οἱ μάντεις, μαντικῇ; Ἡ γάρ που τέχνη ἡμῖν
εὕρεσίς ἐστιν τῶν πραγμάτων· ἦ γάρ; »
ΕΤΑΙΡΟΣ
Πάνυ γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί οὖν ἂν τούτων ὑπολάβοιμεν μάλιστα τὸν νόμον εἶναι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Τὰ δόγματα ταῦτα καὶ ψηφίσματα, ἔμοιγε δοκεῖ. Τί γὰρ ἂν ἄλλο τις φαίη νόμον
εἶναι; Ὥστε κινδυνεύει, ὃ (314c) σὺ ἐρωτᾷς, τὸ ὅλον τοῦτο, νόμος, δόγμα πόλεως
εἶναι.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Δόξαν, ὡς ἔοικε, λέγεις πολιτικὴν τὸν νόμον.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ ἴσως καλῶς λέγεις· τάχα δὲ ὧδε ἄμεινον εἰσόμεθα. Λέγεις τινὰς σοφούς;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν οἱ σοφοί εἰσιν σοφίᾳ σοφοί;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δέ; Οἱ δίκαιοι δικαιοσύνῃ δίκαιοι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Πάνυ γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν καὶ οἱ νόμιμοι νόμῳ νόμιμοι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οἱ δὲ (314d) ἄνομοι ἀνομίᾳ ἄνομοι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οἱ δὲ νόμιμοι δίκαιοι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οἱ δὲ ἄνομοι ἄδικοι;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἄδικοι.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν κάλλιστον ἡ δικαιοσύνη τε καὶ ὁ νόμος;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὕτως.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Αἴσχιστον δὲ ἡ ἀδικία τε καὶ ἡ ἀνομία;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ τὸ μὲν σῴζει τὰς πόλεις καὶ τἆλλα πάντα, τὸ δὲ ἀπόλλυσι καὶ ἀνατρέπει;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ὡς περὶ καλοῦ ἄρα τινὸς ὄντος δεῖ τοῦ νόμου διανοεῖσθαι, καὶ ὡς ἀγαθὸν αὐτὸ
ζητεῖν.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Πῶς δ' οὔ;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν δόγμα ἔφαμεν εἶναι πόλεως τὸν νόμον;
(314e) ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἔφαμεν γάρ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί οὖν; Οὐκ ἔστιν τὰ μὲν χρηστὰ δόγματα, τὰ δὲ πονηρά;
ΕΤΑΙΡΟΣ
῍´Εστιν μὲν οὖν.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ μὴν νόμος γε οὐκ ἦν πονηρός.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὐ γάρ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκ ἄρα ὀρθῶς ἔχει ἀποκρίνεσθαι οὕτως ἁπλῶς ὅτι νόμος ἐστὶ δόγμα πόλεως.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὐκ ἔμοιγε δοκεῖ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκ ἄρα ἁρμόττοι ἂν τὸ πονηρὸν δόγμα νόμος εἶναι.
ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὐ δῆτα.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλὰ μὴν δόξα γέ τις καὶ αὐτῷ μοι καταφαίνεται ὁ νόμος εἶναι· ἐπειδὴ δὲ οὐχ ἡ
πονηρὰ δόξα, ἆρα οὐκ ἤδη τοῦτο κατάδηλον, ὡς ἡ χρηστή, εἴπερ δόξα νόμος ἐστί;
ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Δόξα δὲ χρηστὴ τίς ἐστιν; Οὐχ ἡ ἀληθής;
| [314] SOCRATE. Qu'est-ce donc que la loi ? Voici comment nous pouvons examiner cette
question. Si, à l'occasion de ce que nous avons dit, quelqu'un nous tenait ce langage :
Vous prétendez que c'est la vue (314a) qui fait voir ce qu'on voit, qu'est-ce donc que
la vue? Nous répondrions que c'est un sens qui, au moyeu des yeux, nous enseigne
ce que c'est que les couleurs. S'il continuait ainsi : C'est par l'ouïe qu'on entend tout
ce qui s'entend; qu'est-ce donc que l'ouïe? Nous répondrions que c'est un sens qui, au
moyen des oreilles, nous enseigne ce que c'est que les sons. Enfin, si le même
interlocuteur nous disait : C'est la loi qui règle ce qui est légitime, qu'est-ce que la loi?
(314b) Est-ce un sens ou un enseignement, comme une science qui nous enseigne ce
que nous apprenons; ou n'est-ce pas une sorte de découverte comme toutes celles que
nous faisons, comme la médecine qui nous découvre ce qui est salutaire et ce qui est
nuisible, comme la divination qui, selon les devins, nous découvre les pensées des
dieux? Car l'art n'est jamais qu'une découverte; n'est-il pas vrai?
L'AMI. Sans aucun doute.
SOCRATE. Laquelle de ces idées choisirons-nous pour définir la loi ?
L'AMI. Il me semble que la loi, c'est ce qui est institué, ce qui est décrété. En effet, que
peut-elle être autre chose? Je croirais donc qu'on peut répondre (314c) à ta question,
qu'en général la loi est ce qui est institué par l'État.
SOCRATE. Il paraît que tu t'arrêtes à cette idée : ainsi la loi est une institution de l'État.
L'AMI. C'est mon sentiment.
SOCRATE. Peut-être as-tu raison. Mais voici qui nous éclairera mieux encore. Il y a
des hommes que tu appelles sages ?
L'AMI. Certainement.
SOCRATE. Or, les sages sont sages par la sagesse.
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Et les justes sont justes par la justice?
L'AMI. Sans aucun doute.
SOCRATE. Ce qui fait qu'on agit légalement, c'est la légalité.
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Et ce qui fait (314d) qu'on agit illégalement, n'est-ce pas l'illégalité?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Ceux qui agissent légalement sont-ils justes?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Au contraire, ceux qui agissent illégalement sont injustes.
L'AMI. Oui, injustes.
SOCRATE. Mais ce sont des choses belles par excellence que la justice et la loi.
L'AMI. Certainement.
SOCRATE. Et des choses tout à fait laides que l'injustice et l'illégalité.
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Les unes ne sont-elles pas le salut des États et de tout ce qui existe, les
autres leur perte et leur ruine?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. De sorte qu'il faut regarder la loi comme une belle chose et la chercher
comme un bien.
L'AMI. Je ne puis le nier.
SOCRATE. Or, nous avons défini la loi une institution de l'état.
(314e) L'AMI. C'est ainsi que nous l'avons définie.
SOCRATE. Et quoi ! N'y a-t-il pas de bonnes et de mauvaises institutions?
L'AMI. Il y en a certainement.
SOCRATE. Et la loi n'est pas une mauvaise institution.
L'AMI. Non.
SOCRATE. Il n'est donc pas exact de dire simplement que la loi est une institution de
l'État.
L'AMI. Je ne le crois pas.
SOCRATE. On ne concevrait pas que la loi fût une mauvaise institution.
L'AMI. Non, certes.
SOCRATE. Mais, moi aussi, je crois que la loi est une institution ; et si ce n'en est pas
une mauvaise, ne faut-il pas de toute nécessité que c'en soit une bonne, puisque c'est
une institution ?
L'AMI. Oui.
SOCRATE. Mais qu'est-ce qu'une bonne institution ? N'est-ce pas celle qui est fondée
sur la vérité ?
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