[11,927] εἴς τινα γὰρ οὖν μοι καιρὸν φαινόμεθα (927a)
τοὺς ἔμπροσθεν λόγους διεξελθεῖν, ὡς ἄρα αἱ τῶν
τελευτησάντων ψυχαὶ δύναμιν ἔχουσίν τινα τελευτήσασαι, ᾗ
τῶν κατ' ἀνθρώπους πραγμάτων ἐπιμελοῦνται· ταῦτα δὲ
ἀληθεῖς μέν, μακροὶ δ' εἰσὶν περιέχοντες λόγοι, πιστεύειν δὲ
ταῖς ἄλλαις φήμαις χρεὼν περὶ τὰ τοιαῦτα, οὕτω πολλαῖσιν καὶ
σφόδρα παλαιαῖς οὔσαις, πιστεύειν δ' αὖ καὶ τοῖς νομοθετοῦσιν
ταῦθ' οὕτως ἔχειν, ἄνπερ μὴ παντάπασιν ἄφρονες φαίνωνται.
ταύτῃ δὲ εἰ ταῦτ' ἐστὶν κατὰ φύσιν, πρῶτον (927b) μὲν τοὺς ἄνω
θεοὺς φοβείσθων, οἳ τῶν ὀρφανῶν τῆς ἐρημίας αἰσθήσεις
ἔχουσιν, εἶτα τὰς τῶν κεκμηκότων ψυχάς, αἷς ἐστιν ἐν τῇ φύσει
τῶν αὑτῶν ἐκγόνων κήδεσθαι διαφερόντως καὶ τιμῶσίν τε
αὐτοὺς εὐμενεῖς εἶναι καὶ ἀτιμάζουσιν δυσμενεῖς, ἔτι δὲ τὰς
τῶν ζώντων μέν, ἐν γήρᾳ δὲ ὄντων καὶ ἐν μεγίσταις τιμαῖς -
ὅπουπερ πόλις εὐνομοῦσα εὐδαιμονεῖ, τούτους οἱ παῖδες
παίδων φιλοστοργοῦντες ζῶσι μεθ' ἡδονῆς· καὶ τὰ περὶ ταῦτα
ὀξὺ μὲν ἀκούουσιν βλέπουσίν τε ὀξύ, τοῖς τε (927c) περὶ αὐτὰ
δικαίοις εὐμενεῖς εἰσιν, νεμεσῶσίν τε μάλιστα αὖ τοῖς εἰς
ὀρφανὰ καὶ ἔρημα ὑβρίζουσιν, παρακαταθήκην εἶναι μεγίστην
ἡγούμενοι καὶ ἱερωτάτην - οἷς ἐπίτροπον καὶ ἄρχοντα πᾶσι δεῖ
τὸν νοῦν, ᾧ καὶ βραχὺς ἐνείη, προσέχοντα, καὶ εὐλαβούμενον
περὶ τροφήν τε καὶ παιδείαν ὀρφανῶν, ὡς ἔρανον εἰσφέροντα
ἑαυτῷ τε καὶ τοῖς αὑτοῦ, κατὰ δύναμιν πάντως πᾶσαν
εὐεργετεῖν. ὁ μὲν δὴ πεισθεὶς τῷ πρὸ τοῦ νόμου μύθῳ καὶ μηδὲν
εἰς ὀρφανὸν ὑβρίσας οὐκ εἴσεται (927d) ἐναργῶς τὴν περὶ τὰ
τοιαῦτα ὀργὴν νομοθέτου, ὁ δὲ ἀπειθὴς καί τινα πατρὸς ἢ
μητρὸς ἔρημον ἀδικῶν διπλῆν τινέτω πᾶσαν τὴν βλάβην ἢ περὶ
τὸν ἀμφιθαλῆ γενόμενος κακός. τὴν δὲ ἄλλην νομοθεσίαν
ἐπιτρόποισίν τε περὶ ὀρφανοὺς ἄρχουσίν τε περὶ τὴν
ἐπιμέλειαν τῶν ἐπιτρόπων, εἰ μὲν μὴ παράδειγμά τε τροφῆς
παίδων ἐλευθέρων ἐκέκτηντο αὐτοὶ τρέφοντες τοὺς αὑτῶν καὶ
τῶν οἰκείων χρημάτων ἐπιμελούμενοι, (927e) ἔτι δὲ νόμους περὶ
αὐτῶν τούτων μετρίως διειρημένους εἶχον, εἶχέν τινα λόγον ἂν
ἐπιτροπικούς τινας νόμους, ὡς ὄντας ἰδίᾳ διαφέροντας πολύ,
τιθέναι, ποικίλλοντας ἐπιτηδεύμασιν ἰδίοις τὸν τῶν ὀρφανῶν
βίον παρὰ τὸν τῶν μή· νῦν δὲ εἰς μὲν τὰ τοιαῦτα σύμπαντα οὐ
πολὺ διαφέρον ἡ παρ' ἡμῖν ὀρφανία κέκτηται τῆς
πατρονομικῆς, τιμαῖς δὲ καὶ ἀτιμίαις ἅμα καὶ ἐπιμελείαισιν
οὐδαμῶς ἐξισοῦσθαι φιλεῖ.
| [11,927] Il me paraît que nous avons dit plus haut fort à propos que les âmes
des morts conservent après la vie une sorte de faculté qui leur permet de
prendre part à ce qui se passe chez les vivants. C'est la vérité, mais
elle serait trop longue à démontrer. Il faut nous en rapporter là-dessus
aux autres traditions, qui sont fort nombreuses et fort anciennes, et en
croire aussi les législateurs qui affirment qu'il en est ainsi, à moins
qu'ils ne paraissent dépourvus de sens. Si donc cela est vrai et dans la
nature, que les gardiens des lois craignent d'abord les dieux d'en haut,
qui sont sensibles à l'état d'abandon des orphelins, qu'ils craignent
ensuite les âmes des défunts, qui prennent naturellement un soin
particulier de leurs descendants et qui sont bienveillants à l'égard de
ceux qui en ont soin et malveillants pour ceux qui les négligent ; qu'ils
craignent enfin les âmes des citoyens vivants, parvenus à la vieillesse et
jouissant des plus grands honneurs ; car dans tout État bien ordonné et
prospère, ces vieillards sont chéris des enfants de leurs enfants, qui
sont heureux de vivre avec eux ; ils ont l'ouïe fine et la vue perçante
pour ce qui regarde les orphelins, et ils sont bienveillants pour ceux qui
font leur devoir envers eux et pleins d'indignation contre ceux qui
insultent à leur abandon, persuadés que ces orphelins sont le plus
important et le plus sacré de tous les dépôts. Le tuteur et le magistrat,
pour peu qu'ils aient de raison, doivent faire attention à tout cela,
prendre soin d'élever et d'instruire les orphelins et leur rendre tous les
services en leur pouvoir, comme s'ils devaient en recevoir un jour le
prix, eux mêmes et leurs enfants.
Quiconque obéira à ces instructions préliminaires à la loi et n'aura
jamais maltraité l'orphelin n'éprouvera certainement pas la colère du
législateur à ce sujet ; mais celui qui les méconnaîtra et qui aura fait
tort à un enfant qui n'a plus ni père ni mère, paiera le dommage au double
de ce qu'il paierait pour avoir maltraité un enfant qui a encore son père
et sa mère. Quant aux lois à faire touchant les devoirs des tuteurs envers
leurs pupilles et ceux des magistrats qui surveillent les tuteurs, si les
uns et les autres n'avaient pas, dans l'éducation qu'ils donnent à leurs
propres enfants et dans l'administration de leurs affaires domestiques,
des modèles de l'éducation qui convient à des enfants de condition libre,
et avec cela des lois suffisamment explicites sur cette matière, il y
aurait quelque raison d'établir des lois particulières sur la tutelle
notablement différentes et de distinguer par des institutions spéciales la
vie des orphelins de celle des autres enfants. Mais aujourd'hui
l'éducation qui se donne chez nous aux orphelins ne diffère guère de celle
qu'un père donne à ses enfants, quoique pour l'honneur, le déshonneur et
les soins que l'on prend il n'y ait pas du tout égalité.
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