[9,858] (Ἀθηναῖος)
τὸ μηδεμίαν ἀνάγκην εἶναι νομοθετεῖν, ἀλλ' αὐτοὺς (858a) ἐν
σκέψει γενομένους περὶ πάσης πολιτείας πειρᾶσθαι κατιδεῖν τό
τε ἄριστον καὶ τὸ ἀναγκαιότατον, τίνα τρόπον ἂν γιγνόμενον
γίγνοιτο. καὶ δὴ καὶ τὸ νῦν ἔξεστιν ἡμῖν, ὡς ἔοικεν, εἰ μὲν
βουλόμεθα, τὸ βέλτιστον σκοπεῖν, εἰ δὲ βουλόμεθα, τὸ
ἀναγκαιότατον περὶ νόμων· αἱρώμεθα οὖν πότερον δοκεῖ.
(Κλεινίας)
γελοίαν, ὦ ξένε, προτιθέμεθα τὴν αἵρεσιν, καὶ ἀτεχνῶς ὥσπερ
κατεχομένοις νομοθέταις ὅμοιοι γιγνοίμεθ' (858b) ἂν ὑπὸ
μεγάλης τινὸς ἀνάγκης ἤδη νομοθετεῖν, ὡς οὐκέτ' ἐξὸν εἰς
αὔριον· ἡμῖν δ' - εἰπεῖν σὺν θεῷ - ἔξεστι, καθάπερ ἢ λιθολόγοις ἢ
καί τινος ἑτέρας ἀρχομένοις συστάσεως, παραφορήσασθαι
χύδην ἐξ ὧν ἐκλεξόμεθα τὰ πρόσφορα τῇ μελλούσῃ
γενήσεσθαι συστάσει, καὶ δὴ καὶ κατὰ σχολὴν ἐκλέξασθαι.
τιθῶμεν οὖν ἡμᾶς νῦν εἶναι μὴ τοὺς ἐξ ἀνάγκης
οἰκοδομοῦντας, ἀλλὰ τοὺς ἐπὶ σχολῆς ἔτι τὰ μὲν
παρατιθεμένους, τὰ δὲ συνιστάντας· ὥστε ὀρθῶς ἔχει τὰ μὲν
ἤδη τῶν (858c) νόμων λέγειν ὡς τιθέμενα, τὰ δ' ὡς
παρατιθέμενα.
(Ἀθηναῖος)
γένοιτο γοῦν ἄν, ὦ Κλεινία, κατὰ φύσιν μᾶλλον ἡμῖν ἡ σύνοψις
τῶν νόμων. ἴδωμεν γὰρ οὖν, ὦ πρὸς θεῶν, τὸ τοιόνδε περὶ
νομοθετῶν.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον δή;
(Ἀθηναῖος)
γράμματα μέν που καὶ ἐν γράμμασιν λόγοι καὶ ἄλλων εἰσὶ
πολλῶν ἐν ταῖς πόλεσιν γεγραμμένοι, γράμματα δὲ καὶ τὰ τοῦ
νομοθέτου καὶ λόγοι.
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
πότερον οὖν τοῖς μὲν τῶν ἄλλων συγγράμμασιν, (858d)
ποιητῶν καὶ ὅσοι ἄνευ μέτρων καὶ μετὰ μέτρων τὴν αὑτῶν εἰς
μνήμην συμβουλὴν περὶ βίου κατέθεντο συγγράψαντες,
προσέχωμεν τὸν νοῦν, τοῖς δὲ τῶν νομοθετῶν μὴ προσέχωμεν;
ἢ πάντων μάλιστα;
(Κλεινίας) πολύ γε.
(Ἀθηναῖος)
ἀλλὰ δῆτα οὐ χρὴ τὸν νομοθέτην μόνον τῶν γραφόντων περὶ
καλῶν καὶ ἀγαθῶν καὶ δικαίων συμβουλεύειν, διδάσκοντα οἷά
τέ ἐστι καὶ ὡς ἐπιτηδευτέον αὐτὰ τοῖς μέλλουσιν εὐδαίμοσιν
ἔσεσθαι;
(Κλεινίας) καὶ πῶς οὔ;
(858e) (Ἀθηναῖος)
ἀλλὰ αἰσχρὸν δὴ μᾶλλον Ὁμήρῳ τε καὶ Τυρταίῳ καὶ τοῖς
ἄλλοις ποιηταῖς περὶ βίου τε καὶ ἐπιτηδευμάτων κακῶς θέσθαι
γράψαντας, Λυκούργῳ δὲ ἧττον καὶ Σόλωνι καὶ ὅσοι δὴ
νομοθέται γενόμενοι γράμματα ἔγραψαν; ἢ τό γε ὀρθόν,
πάντων δεῖ γραμμάτων τῶν ἐν ταῖς πόλεσι τὰ περὶ τοὺς νόμους
γεγραμμένα φαίνεσθαι διαπτυττόμενα μακρῷ κάλλιστά τε καὶ
ἄριστα,
| [9,858] L'ATHÉNIEN : C'est que rien ne nous force à légiférer, et que, nous
étant mis à examiner les formes générales du gouvernement, nous essayons de
découvrir ce qu'il y a de meilleur et de plus nécessaire et de quelle
manière on pourrait le réaliser. Et ainsi il nous est loisible à présent
d'examiner, si nous voulons, ce qu'il y a de meilleur en fait de lois, ou,
si nous préférons, ce qui est le plus nécessaire. Choisissons donc ce
qu'il nous plaira.
CLINIAS : Nous prêterions à rire, étranger, en nous proposant un tel choix,
et nous ressemblerions tout bonnement à des législateurs qu'une nécessité
pressante contraint à faire des lois sur-le-champ, parce qu'on ne peut les
remettre au lendemain. Pour nous, grâce à Dieu, il nous est loisible,
comme aux maçons ou à d'autres artisans qui commencent une construction,
de rassembler pêle-mêle les matériaux pour y choisir ce qui servira à
notre construction future et de faire ensuite notre choix à loisir.
Considérons donc que nous sommes à présent, non pas de ceux qui bâtissent
par nécessité, mais de ceux qui assemblent à loisir une partie des
matériaux et emploient les autres, en sorte qu'il est juste de dire que
certaines de nos lois sont déjà posées et les autres à pied d'oeuvre.
L'ATHÉNIEN : Il serait en tout cas, Clinias, plus naturel de prendre une vue
d'ensemble des lois. Considérons donc, au nom des dieux, une chose au
sujet des législateurs.
CLINIAS : Quelle chose ?
L'ATHÉNIEN : C'est qu'il y a, dans les États, à côté des écrits et des
discours des législateurs, des écrits et, dans ces écrits, des discours de
beaucoup d'autres personnes.
CLINIAS : Sans doute.
L'ATHÉNIEN : Eh bien, est-ce aux écrits des autres, poètes et prosateurs qui
ont laissé à la postérité les conseils qu'ils ont rédigés sur la conduite
de la vie, ou aux écrits des législateurs que nous devons prêter attention ?
N'est-ce pas avant tout à ces derniers ?
CLINIAS : Si, et de beaucoup.
L'ATHÉNIEN : N'est-ce pas même au législateur seul entre tous les écrivains
qu'il appartient de donner des conseils sur le beau, le bien, le juste,
d'expliquer en quoi consistent ces trois choses et comment. il faut les
pratiquer pour être heureux ?
CLINIAS : Assurément si.
L'ATHÉNIEN : Serait-il plus honteux pour Homère, pour Tyrtée et les autres
poètes de nous avoir mal instruits dans leurs écrits sur la vie et les
devoirs qu'elle comporte que pour Lycurgue, Solon et tous les législateurs
qui ont laissé des écrits ? Et n'est-il pas dans l'ordre que, de tous les
écrits qui paraissent dans les États, ceux qui concernent les lois
paraissent aux yeux des lecteurs les plus beaux et les meilleurs de beaucoup,
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