[9,862] οὔτ' ἀριθμοῖς οὔτε μεγέθεσιν ἐλάττους εἰσὶ τῶν (862a) ἑκουσίων -
σκοπεῖσθε δὲ εἴτε τι λέγω λέγων ἃ μέλλω λέγειν, εἴτε καὶ μηδὲν
τὸ παράπαν. οὐ γάρ φημι ἔγωγε, ὦ Κλεινία καὶ Μέγιλλε, εἴ τίς
τινά τι πημαίνει μὴ βουλόμενος ἀλλ' ἄκων, ἀδικεῖν μέν, ἄκοντα
μήν, καὶ ταύτῃ μὲν δὴ νομοθετήσω, τοῦτο ὡς ἀκούσιον ἀδίκημα
νομοθετῶν, ἀλλ' οὐδὲ ἀδικίαν τὸ παράπαν θήσω τὴν τοιαύτην
βλάβην, οὔτε ἂν μείζων οὔτε ἂν ἐλάττων τῳ γίγνηται·
πολλάκις δὲ ὠφελίαν οὐκ ὀρθὴν γενομένην τὸν τῆς ὠφελίας
αἴτιον ἀδικεῖν φήσομεν, ἐὰν ἥ γ' (862b) ἐμὴ νικᾷ. σχεδὸν γάρ, ὦ
φίλοι, οὔτ' εἴ τίς τῳ δίδωσίν τι τῶν ὄντων οὔτ' εἰ τοὐναντίον
ἀφαιρεῖται, δίκαιον ἁπλῶς ἢ ἄδικον χρὴ τὸ τοιοῦτον οὕτω
λέγειν, ἀλλ' ἐὰν ἤθει καὶ δικαίῳ τρόπῳ χρώμενός τις ὠφελῇ
τινά τι καὶ βλάπτῃ, τοῦτό ἐστιν τῷ νομοθέτῃ θεατέον, καὶ πρὸς
δύο ταῦτα δὴ βλεπτέον, πρός τε ἀδικίαν καὶ βλάβην, καὶ τὸ μὲν
βλαβὲν ὑγιὲς τοῖς νόμοις εἰς τὸ δυνατὸν ποιητέον, τό τε
ἀπολόμενον σῴζοντα καὶ τὸ (862c) πεσὸν ὑπό του πάλιν
ἐξορθοῦντα, καὶ τὸ θανατωθὲν ἢ τρωθέν, ὑγιές, τὸ δὲ ἀποίνοις
ἐξιλασθὲν τοῖς δρῶσι καὶ πάσχουσιν ἑκάστας τῶν βλάψεων, ἐκ
διαφορᾶς εἰς φιλίαν πειρατέον ἀεὶ καθιστάναι τοῖς νόμοις.
(Κλεινίας) καλῶς ταῦτά γε.
(Ἀθηναῖος)
τὰς τοίνυν ἀδίκους αὖ βλάβας καὶ κέρδη δέ, ἐάν τις ἀδικῶν τινα
κερδαίνειν ποιῇ, τούτων ὁπόσα μὲν ἰατά, ὡς οὐσῶν ἐν ψυχῇ
νόσων, ἰᾶσθαι· τὸ δὲ τῆς ἰάσεως ἡμῖν τῆς ἀδικίας τῇδε ῥέπειν
χρὴ φάναι.
(Κλεινίας) πῇ;
(862d) (Ἀθηναῖος)
ὅπως ὅτι τις ἂν ἀδικήσῃ μέγα ἢ σμικρόν, ὁ νόμος αὐτὸν διδάξει
καὶ ἀναγκάσει τὸ παράπαν εἰς αὖθις τὸ τοιοῦτον ἢ μηδέποτε
ἑκόντα τολμῆσαι ποιεῖν ἢ διαφερόντως ἧττον πολύ, πρὸς τῇ τῆς
βλάβης ἐκτίσει. ταῦτα εἴτε ἔργοις ἢ λόγοις, ἢ μεθ' ἡδονῶν ἢ
λυπῶν, ἢ τιμῶν ἢ ἀτιμιῶν, καὶ χρημάτων ζημίας ἢ καὶ δώρων, ἢ
καὶ τὸ παράπαν ᾧτινι τρόπῳ ποιήσει τις μισῆσαι μὲν τὴν
ἀδικίαν, στέρξαι δὲ ἢ μὴ μισεῖν τὴν τοῦ δικαίου φύσιν, αὐτό
ἐστιν τοῦτο ἔργον (862e) τῶν καλλίστων νόμων. ὃν δ' ἂν
ἀνιάτως εἰς ταῦτα ἔχοντα αἴσθηται νομοθέτης, δίκην τούτοισι
καὶ νόμον θήσει τίνα; γιγνώσκων που τοῖς τοιούτοις πᾶσιν ὡς
οὔτε αὐτοῖς ἔτι ζῆν ἄμεινον, τούς τε ἄλλους ἂν διπλῇ ὠφελοῖεν
ἀπαλλαττόμενοι τοῦ βίου, παράδειγμα μὲν τοῦ μὴ ἀδικεῖν τοῖς
ἄλλοις γενόμενοι, ποιοῦντες δὲ ἀνδρῶν κακῶν ἔρημον τὴν πόλιν,
| [9,862] les torts involontaires ne sont pas moindres que les volontaires, ni pour
le nombre, ni pour la grandeur. Mais voyez si ce que je vais dire est fondé
ou ne mérite aucune attention. Je ne dis pas, moi, Clinias et Mégillos,
que, si quelqu'un cause un dommage à un autre sans le vouloir et contre
son gré, il commet une injustice, mais involontairement, et, dans ma loi,
je ne rangerai pas ce dommage parmi les injustices involontaires ; je ne
le considérerai même pas comme une injustice, quelque grand ou petit qu'il
soit. Souvent même nous dirons, si mon avis l'emporte, que l'auteur d'un
service malhonnête est coupable d'injustice. Ce n'est pas en effet, mes
amis, parce que quelqu'un aura donné ou enlevé quelque chose à un autre,
qu'il faut dire simplement que son action est juste ou injuste ; mais dans
quel esprit, avec quelle juste intention on a rendu service ou causé un
dommage, voilà ce que le législateur doit considérer, et il doit avoir
égard à ces deux choses, l'injustice et le dommage. A l'égard du dommage,
il doit dans la mesure du possible le réparer par ses lois, en restituant
ce qui est perdu, en redressant ce qui est tombé par la faute de
quelqu'un, en expiant la mort et guérissant les blessures, et s'efforcer
toujours en établissant sa législation de réconcilier par des
compensations celui qui a causé et celui qui a souffert le dommage, et de
leur désaccord faire sortir l'amitié.
CLINIAS : C'est parfait ainsi.
L'ATHÉNIEN : Pour les dommages injustes et les gains qu'on peut procurer à
autrui par une injustice, le législateur doit guérir tout ce qui peut être
considéré comme une maladie de l'âme, et qui est guérissable, et pour
cette guérison de l'injustice voici à quelle fin elle doit tendre.
CLINIAS : Quelle fin ?
L'ATHÉNIEN : C'est que la loi se propose d'instruire l'auteur d'une
injustice, grande ou petite et le contraindre absolument à l'avenir ou à
ne plus jamais oser commettre volontairement de pareilles fautes, ou du
moins à les commettre beaucoup plus rarement, en exigeant d'ailleurs le
remboursement du dommage. De quelque manière qu'on s'y prenne, soit par
des actes, soit par des paroles, par des plaisirs ou des peines, des
honneurs ou des opprobres, des amendes pécuniaires ou des présents pour
faire haïr l'injustice, pour faire aimer ou ne pas haïr la justice, ce ne
peut être que l'ouvrage des plus belles lois. Mais pour ceux que le
législateur aura reconnus inguérissables, quel châtiment et quelle loi
portera-t-il ? Comme il sait que pour de telles gens il n'est plus
avantageux de vivre et qu'en quittant la vie, ils peuvent procurer aux
autres une double utilité, puisque par leur exemple ils les détournent de
mal faire et qu'ils vident la cité d'hommes méchants,
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