[9,861] μείζους τὰς ζημίας (861a) θήσομεν, τῶν δ' ἐλάττους; ἢ πάντων
ἐξ ἴσης, ὡς οὐκ ὄντων ἀδικημάτων τὸ παράπαν ἑκουσίων;”
(Κλεινίας)
ὀρθῶς μέντοι λέγεις, ὦ ξένε· καὶ τούτοις δὴ τί χρησόμεθα τοῖς
νῦν λεγομένοις;
(Ἀθηναῖος) καλῶς ἤρου. πρῶτον μὲν τοίνυν αὐτοῖς τόδε χρησώμεθα.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
CHAPITRE VI. (Ἀθηναῖος)
ἀναμνησθῶμεν ὡς ἔμπροσθεν νυνδὴ καλῶς ἐλέγομεν ὅτι περὶ
τὰ δίκαια εἴη παμπόλλη τις ἡμῶν ταραχή τε καὶ ἀσυμφωνία.
τοῦτο δὲ λαβόντες πάλιν ἐρωτῶμεν ἡμᾶς (861b) αὐτούς· “ἆρ'
οὖν περὶ τὴν τούτων ἀπορίαν οὔτ' ἐξευπορήσαντες οὔτε
διορισάμενοι τί ποτ' ἐστὶν ταῦτα ἀλλήλων διαφέροντα, ἃ δὴ
κατὰ πάσας τὰς πόλεις ὑπὸ νομοθετῶν πάντων τῶν πώποτε
γενομένων ὡς δύο εἴδη τῶν ἀδικημάτων ὄντα, τὰ μὲν ἑκούσια,
τὰ δὲ ἀκούσια, ταύτῃ καὶ νομοθετεῖται· ὁ δὲ παρ' ἡμῶν νυνδὴ
ῥηθεὶς λόγος, ὥσπερ παρὰ θεοῦ λεχθείς, τοσοῦτον μόνον εἰπὼν
ἀπαλλάξεται, δοὺς δὲ οὐδένα λόγον ὡς (861c) ὀρθῶς εἴρηκεν,
κατανομοθετήσει τινὰ τρόπον;” οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ ἀνάγκη πως
ταῦτα ἔμπροσθεν τοῦ νομοθετεῖν δηλῶσαι δύο τε ὄντα καὶ τὴν
διαφορὰν ἄλλην, ἵνα, ὅταν ἑκατέρῳ τις τὴν δίκην ἐπιτιθῇ, πᾶς
ἐπακολουθῇ τοῖς λεγομένοις καὶ δυνατὸς ᾖ τό τε πρεπόντως
τεθὲν ἁμῇ γέ πῃ κρῖναι καὶ τὸ μή.
(Κλεινίας)
καλῶς ἡμῖν φαίνῃ λέγειν, ὦ ξένε· δυοῖν γὰρ θάτερον ἡμᾶς
χρεών, ἢ μὴ λέγειν ὡς πάντα ἀκούσια τὰ ἀδικήματα, ἢ (861d)
τοῦτο ὡς ὀρθῶς εἴρηται πρῶτον διορίσαντας δηλῶσαι.
(Ἀθηναῖος)
τούτοιν τοίνυν τοῖν δυοῖν τὸ μὲν οὐκ ἀνεκτὸν ἐμοὶ πάντως που
γίγνεσθαι, τό γε δὴ μὴ λέγειν, οὕτως οἰόμενον ἔχειν τἀληθές -
οὐ γὰρ ἂν νόμιμον οὐδ' ὅσιον ἂν εἴη - κατὰ τίνα δὲ τρόπον
ἐστὸν δύο, εἰ μὴ τῷ τε ἀκουσίῳ καὶ τῷ ἑκουσίῳ διαφέρετον
ἑκάτερον; ἀλλὰ ἄλλῳ τινὶ δή ποτε πειρατέον ἁμῶς γέ πως δηλοῦν.
(Κλεινίας)
παντάπασι μὲν οὖν, ὦ ξένε, τοῦτό γε οὐχ οἷόν τε ἄλλως πως
ἡμᾶς διανοηθῆναι.
(861e) (Ἀθηναῖος)
ταῦτα ἔσται. φέρε δή, βλάβαι μέν, ὡς ἔοικεν, ἀλλήλων τῶν
πολιτῶν ἐν ταῖς κοινωνίαις τε καὶ ὁμιλίαις πολλαὶ γίγνονται,
καὶ τό γε ἑκούσιόν τε καὶ ἀκούσιον ἐν αὐταῖς ἄφθονόν ἐστι.
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
μὴ τοίνυν τις τὰς βλάβας πάσας ἀδικίας τιθείς, οὕτως οἴηται
καὶ τὰ ἄδικα ἐν αὐταῖσι ταύτῃ γίγνεσθαι διπλᾶ, τὰ μὲν ἑκούσια
δή, τὰ δ' ἀκούσια - βλάβαι γὰρ ἀκούσιοι τῶν πάντων
| [9,861] et fixerons-nous pour les fautes et les injustices volontaires des punitions
plus sévères et de moins sévères pour les autres, ou les mêmes pour toutes,
puisqu'il n'y a point d'injustices absolument volontaires ?
CLINIAS : Ce que tu dis est sensé, étranger, et là-dessus à quoi nous
déciderons-nous ?
L'ATHÉNIEN : Ta question vient à propos. Voici donc d'abord ce que nous
ferons.
CLINIAS : Quoi ?
CHAPITRE VI.
L'ATHÉNIEN : Rappelons, comme nous l'avons dit avec raison précédemment, que
nos idées sur la justice sont pleines de confusion et de contradictions.
Cela posé, faisons-nous à nous-mêmes cette question : Est-ce que, sans
avoir trouvé de solution à ces difficultés, sans avoir défini en quoi
consiste cette différence entre les fautes que dans tous les États tous
les législateurs qui ont existé jusqu'ici ont classées en deux espèces,
les volontaires et les involontaires, et légiféré, en conséquence, si,
dis-je, le discours que nous venons de tenir passera sans autre
explication, comme s'il venait de la bouche d'un dieu et si, sans donner
aucune raison pour prouver qu'il est juste, il fera passer des lois en
quelque sorte contraires à celles des autres législateurs. Cela ne se peut
pas, et il est indispensable, avant de légiférer, de montrer que les
fautes sont de deux espèces, ainsi que leurs autres différences, afin que,
quand nous infligerons à chaque espèce la punition qu'elle mérite, chacun
suive le fil de nos discours, et soit à même de juger à peu près ce qui
aura été bien ou mal ordonné dans nos lois.
CLINIAS : C'est bien dit, à mon avis, étranger. Il faut, en effet, de deux
choses l'une, ou ne pas dire que toutes les injustices sont involontaires,
ou distinguer les unes des autres et montrer que nous avons eu raison de
le dire.
L'ATHÉNIEN : De ces deux choses, il y en a une que je ne saurais admettre,
c'est de ne pas dire ce que je crois être la vérité : ce n'est pas dans
mon caractère et je croirais commettre une impiété ; mais de quelle
manière elles sont deux et si elles ne diffèrent pas entre elles en ce que
les unes sont volontaires et les autres involontaires, de quelle autre
manière elles diffèrent, voilà ce qu'il faut essayer de montrer d'une
façon ou d'une autre.
CLINIAS : Sans contredit, étranger; sur ce point, il ne nous est pas
possible de penser autrement.
L'ATHÉNIEN : Cela viendra. Voyons : il ne vous échappe pas que les citoyens,
dans leur commerce et leurs rapports mutuels, se font souvent tort les uns
aux autres et qu'en ces rencontres les torts volontaires et les torts
involontaires sont également fréquents.
CLINIAS : Sans doute.
L'ATHÉNIEN : Il ne faut donc pas s'imaginer que tous les torts soient des
injustices ni croire que dans ces torts il y a une double injustice, l'une
volontaire et l'autre involontaire ; car, chez tous les citoyens,
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