HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les lois, livre VI

Page 757

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[6,757] (757a) δοῦλοι γὰρ ἂν καὶ δεσπόται οὐκ ἄν ποτε γένοιντο φίλοι, οὐδὲ ἐν ἴσαις τιμαῖς διαγορευόμενοι φαῦλοι καὶ σπουδαῖοι - τοῖς γὰρ ἀνίσοις τὰ ἴσα ἄνισα γίγνοιτ' ἄν, εἰ μὴ τυγχάνοι τοῦ μέτρου - διὰ γὰρ ἀμφότερα ταῦτα στάσεων αἱ πολιτεῖαι πληροῦνται. παλαιὸς γὰρ λόγος ἀληθὴς ὤν, ὡς ἰσότης φιλότητα ἀπεργάζεται, μάλα μὲν ὀρθῶς εἴρηται καὶ ἐμμελῶς· ἥτις δ' ἐστί ποτε ἰσότης τοῦτο αὐτὸ δυναμένη, διὰ τὸ μὴ (757b) σφόδρα σαφὴς εἶναι σφόδρα ἡμᾶς διαταράττει. δυοῖν γὰρ ἰσοτήτοιν οὔσαιν, ὁμωνύμοιν μέν, ἔργῳ δὲ εἰς πολλὰ σχεδὸν ἐναντίαιν, τὴν μὲν ἑτέραν εἰς τὰς τιμὰς πᾶσα πόλις ἱκανὴ παραγαγεῖν καὶ πᾶς νομοθέτης, τὴν μέτρῳ ἴσην καὶ σταθμῷ καὶ ἀριθμῷ, κλήρῳ ἀπευθύνων εἰς τὰς διανομὰς αὐτήν· τὴν δὲ ἀληθεστάτην καὶ ἀρίστην ἰσότητα οὐκέτι ῥᾴδιον παντὶ ἰδεῖν. Διὸς γὰρ δὴ κρίσις ἐστί, καὶ τοῖς ἀνθρώποις ἀεὶ σμικρὰ μὲν ἐπαρκεῖ, πᾶν δὲ ὅσον ἂν ἐπαρκέσῃ πόλεσιν (757c) καὶ ἰδιώταις, πάντ' ἀγαθὰ ἀπεργάζεται· τῷ μὲν γὰρ μείζονι πλείω, τῷ δ' ἐλάττονι σμικρότερα νέμει, μέτρια διδοῦσα πρὸς τὴν αὐτῶν φύσιν ἑκατέρῳ, καὶ δὴ καὶ τιμὰς μείζοσι μὲν πρὸς ἀρετὴν ἀεὶ μείζους, τοῖς δὲ τοὐναντίον ἔχουσιν ἀρετῆς τε καὶ παιδείας τὸ πρέπον ἑκατέροις ἀπονέμει κατὰ λόγον. ἔστιν γὰρ δήπου καὶ τὸ πολιτικὸν ἡμῖν ἀεὶ τοῦτ' αὐτὸ τὸ δίκαιον· οὗ καὶ νῦν ἡμᾶς ὀρεγομένους δεῖ καὶ πρὸς ταύτην τὴν ἰσότητα, Κλεινία, ἀποβλέποντας, τὴν νῦν (757d) φυομένην κατοικίζειν πόλιν. ἄλλην τε ἄν ποτέ τις οἰκίζῃ, πρὸς ταὐτὸν τοῦτο σκοπούμενον χρεὼν νομοθετεῖν, ἀλλ' οὐ πρὸς ὀλίγους τυράννους πρὸς ἕνα καὶ κράτος δήμου τι, πρὸς δὲ τὸ δίκαιον ἀεί, τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ νυνδὴ λεχθέν, τὸ κατὰ φύσιν ἴσον ἀνίσοις ἑκάστοτε δοθέν· ἀναγκαῖόν γε μὴν καὶ τούτοις παρωνυμίοισί ποτε προσχρήσασθαι πόλιν ἅπασαν, εἰ μέλλει στάσεων ἑαυτῇ μὴ προσκοινωνήσειν κατά (757e) τι μέρος - τὸ γὰρ ἐπιεικὲς καὶ σύγγνωμον τοῦ τελέου καὶ ἀκριβοῦς παρὰ δίκην τὴν ὀρθήν ἐστιν παρατεθραυμένον, ὅταν γίγνηται - διὸ τῷ τοῦ κλήρου ἴσῳ ἀνάγκη προσχρήσασθαι δυσκολίας τῶν πολλῶν ἕνεκα, θεὸν καὶ ἀγαθὴν τύχην καὶ τότε ἐν εὐχαῖς ἐπικαλουμένους ἀπορθοῦν αὐτοὺς τὸν κλῆρον πρὸς τὸ δικαιότατον. [6,757] parce qu'il ne saurait y avoir d'amitié entre les esclaves et les maîtres, ni entre les gens de rien et les hommes de mérite. Entre gens inégaux, l'égalité devient inégalité, si la proportion n'est pas gardée, et ce sont ces deux extrêmes de l'égalité et de l'inégalité qui remplissent les États de séditions. Rien n'est plus vrai, plus exact et plus juste que la vieille maxime qui dit que l'égalité engendre l'amitié. Mais quelle est l'égalité propre à produire cet effet, c'est ce qui n'est pas aisé à discerner et nous met dans l'embarras. Car il y a deux sortes d'égalité qui portent le même nom, mais qui, à beaucoup d'égards, sont à peu près contraires l'une à l'autre, l'une qui consiste dans la mesure, le poids et le nombre, que tout État et tout législateur peuvent faire passer dans la distribution des honneurs, en laissant au tirage au sort le soin de la régler ; pour l'autre, la plus vraie et la meilleure, il n'est pas aisé à tout le monde de la distinguer. C'est à Zeus que le discernement en appartient, mais le peu qui s'en trouve dans les États et chez les particuliers produit des biens de toute sorte. C'est elle qui accorde plus à celui qui est plus grand, moins à celui qui est plus petit, à l'un et à l'autre dans la mesure de sa nature. C'est elle aussi qui attribue de plus grands honneurs aux plus vertueux et de moindres à ceux qui sont dénués de vertu et d'éducation, rendant ainsi à l'un à l'autre ce qui lui revient proportionnellement à son mérite. C'est cette justice même que nous devons toujours mettre à la base du gouvernement ; c'est à elle que nous devons tendre à présent ; c'est sur cette égalité, Clinias, que nous devons tenir les yeux dans la fondation de notre colonie, et, quelque autre État que l'on fonde, c'est le même but qu'il faut considérer en légiférant, et non pas l'intérêt de quelques tyrans, ou d'un seul ou l'autorité de la multitude, mais toujours la justice, qui n'est, comme nous venons de le dire, que l'égalité établie toujours entre des choses inégales conformément à leur nature. Cependant il n'est pas d'État qui ne doive, s'il ne veut pas s'exposer à des séditions en quelqu'une de ses parties, recourir aussi à des mesures qui ressemblent à l'égalité, car la douceur et la condescendance que l'on montre en cela sont des brèches pratiquées dans l'égalité exacte et parfaite, contrairement à la justice. C'est pourquoi, pour éviter la mauvaise humeur de la multitude, on est obligé de recourir à l'égalité du tirage au sort, en invoquant et priant les dieux et la bonne fortune de redresser le sort vers ce qui est le plus juste.


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Dernière mise à jour : 1/03/2007